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Souvenirs de l'aube

Chapitre 3 No.3

Nombre de mots : 2774    |    Mis à jour : 20/04/2023

nominatifs dédiés aux serviettes de table, le gros mur en pierre de taille se poursuivaitjusqu'aupignonnord-Estdubâtiment;au bout de ce mur, en angle, tr

es. La salle à manger pouvait accueillir près de 90 personnes (élèves, professeurs et éducateurs compris) sur de belles tables en bois de quatre et six places. En cuisine, Jean-René, le Chef, et sa femme Jacqueline, s'affairaient pour le repas. Une fois à table, je restais isolé dans mon coin : je n'ai jamais été du genre sauvage mais, ce premier soir, il m'était difficile d'établir un premier contact avec des inconnus, aussi sympathiques semblaient-ils. J'étais encore dans mes pensées en me projetant sur les prochaines v

loin d'imaginer la dureté des attitudes. Et je pus m'y frotter sans délai puisque je fus rapidement pris pour cible : atteint d'un handicap visuel important – une aniridie (absence d'iris) –, impliquant une grande sensibilité à la lumière, assortie d'une forte myopie et d'une acuité très basse, j'étais une proie facile pour qui avait envie de se défouler. Les moqueries n'ont donc pas tardé à se manifester. Si certaines pouvaient être prises sur le ton de la boutade dénuée de méchanceté, bien qu'il arrivait que je m'en offusque car, à cette époque je prenais la mouche assez facilement et mes camarades savais en user, d'autres étaient clairement beaucoup plus blessantes. Même s'il ne s'agissait vraiment pas ici de harcèlement, je dois admettre qu'il n'était franchement pas facile de faire front sans une certaine habitude. Il me fallut du temps pour prendre ces invectives avec dégagement et philosophie. Mais si ces malveill

ma vue, malgré mes grosses lunettes aux verres teintés vert foncé et dotés d'une épaisse correction. Mais, arriver à jouer, quand on est myope et pourvu d'une acuité d'un peu moins d'un dixième, devenait pour moi un vrai challenge. Il n'est donc pas difficile d'imaginer avec quelle maladresse je m'obstinais

ir ma colère. Pourtant, cela se voyait tellement que leur moquerie m

profonde. De ma gorge serrée, j'appelais d'une voix étriquée « Maman »... à plusieurs reprises. J'aurais tellement voulu qu'elle soit près de moi à ce moment précis... Je devais me rendre à l'évidence : le temps était venu que je me prenne en charge, que je devienne plus fort. Une notion complexe à intégrer au seuil de l'adolescence. Un long moment, je restais assis, la tête dans les mains, réfléchissant à ma condition, sur les marches du petit escalier qui mène à l'entrée du hall de la Ferme. Soudain, séchant mes larmes, je vis arriver Mr Coiron. Outre ses fonctions de professeur et d'éducateur, il savait rester proche

Desmarets qui, le soir venu, consacra son « Forum » à mon sujet dans un discours aux propos cinglants sur l'acceptation de la différence et le respect d'autrui, la vie en société et le savoir-vivre individuel. Il restitua le contexte de mon incident de l'après-midi en étant très explicite, face à tout le

equelmêmelebruit d'un pet de mouche n'aurait été toléré. Durant quelques minutes, Monsieur Desmarets, debout lui aussi, souvent les mains jointes à plat devant son visage, comme pour nous communiquer pieusement le fruit bienfaiteur de son intense réflexion, nous livrait ses points de vue sur le quotidien de l'école, différents sujets de société, sur les valeurs morales individuelles, l'éducation... Un véritable moment de leçon de vie, ponctué d'exemples concrets, d'anecdotes ou d'incitation à

italienne, résidant à Abidjan, en Côte d'Ivoire). Ouvert, sensible et sincère, Fabrice a su m'apporter le long soutien dont j'avais besoin pour m'intégrer au mieux au Val d'Arly. Il était toujours près de moi en cas de coup dur : prêt à me défendre si l'un ou l'autre de mes camarades me provoquait. Cependant, il ne me couvait pas, préférant ob

la proximité avec les enseignants et l'attention qu'ils savaient porteràchacundenous.Jeprisrapidementl'habitudede ce confort de travail jusqu'au jour où, ma table fut le point central d'un incident fâcheux. Un matin, à l'intercours de 10 h 15, deux de mes camarades, Frédéric F. et mon bien-aimé Fabrice Di Sangro se taquinaient comme deux chiots, se battant pour rire quand Frédéric fut propulsé en arrière et chuta lourdement sur ma table, derrière lequel j'étais assis. La table bascula sous le poids de mon camarade, brisant au passage, un de ses pieds. Frédéric se releva sans dommage et, surpris, cet événement fit éclater de rire les deux compères. Mais, désappointé par la situation, je n'eus pas tout à fait la même réaction : « cela ne pouvait arriver qu'à moi », pensais-je. Nous avons alors tenté de réparer, ou plutôt, de rafistoler tant bien que mal, le pied cassé, mais la réparation de fortune ne tenait pas et le pied tombait à la moindre occasion : dès que j'étais concentré sur une page d'écriture ou de lecture, que la porte de la classe claquait par courant d'air, les vibrations occasionnées sur le sol suffisaient à décrocher le pied malade et faire basculer cette table, entraînant toutes mes affaires posées dessus. Je la maudissais de plus en plus, et Frédéric aussi puisqu'il était à l'origine de ce désagrément : je me promettais de lui faire connaître un vrai « retour de bâton ». Entre t

Nicolas Roux... s'étaient interposés dans l'embrasure de la porte de la salle pour m'empêcher de sortir. Me sentant piégé, tel le taureau dans l'arène à la merci de ses picadors, je m'en pris au premier venu : Guy N., pourtant bâti comme une armoire à glace, récolta le pactole de mon trop plein de rage par un cou

me plaindre de Frédéric : devenu doux comme un agneau, faisant preuve de gentillesse et même de dévotion à répétition ; étrangement, nous étions devenus de

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