Le vrombissement sourd des moteurs résonnait dans la cabine feutrée, chaque vibration semblant annoncer l'imminence d'un moment décisif.
- Nous amorçons la descente, Monsieur Kane. Atterrissage prévu dans moins de quinze minutes.
La voix grave du pilote tira Morgan de sa lecture. Il releva les yeux, croisant le regard attentif de l'homme qui venait de se retourner brièvement vers lui. Les papiers qu'il étudiait depuis le décollage de St. Thomas glissèrent entre ses doigts, mais il les rattrapa machinalement avant qu'ils ne tombent.
- Quinze minutes, murmura-t-il, sa voix basse et mesurée résonnant dans l'habitacle. Très bien, Joe. Merci.
- Avec plaisir, Monsieur Kane, répondit Joe d'un ton affable, reportant son attention sur les instruments de bord. Si le temps se maintient, vous aurez une vue imprenable sur l'île. On dirait que la tempête qu'ils annonçaient nous a épargnés.
Morgan hésita un instant, contemplant les dossiers qu'il avait étudiés avec une attention presque fébrile pendant tout le vol. D'un geste lent, il les referma et les rangea dans sa mallette, fermant les attaches d'un clic sec.
- Vous avez souvent des tempêtes ici ? demanda-t-il en desserrant le col de sa chemise.
Joe laissa échapper un rire franc.
- Des tempêtes ? Non, monsieur ! Pulpit Island, c'est presque le paradis sur terre. Un climat doux, un peu de pluie pour rafraîchir, beaucoup de soleil et une brise qui garde la chaleur supportable. Pas d'ouragans depuis 1973.
Morgan acquiesça, observant à travers le hublot la mer émeraude qui s'étendait à perte de vue.
- Je ne pense pas rester assez longtemps pour m'en faire une opinion, dit-il d'un ton laconique.
Soudain, au loin, une île émergea des eaux scintillantes, bordée de plages nacrées et d'une végétation luxuriante.
- C'est elle, là-bas ? demanda Morgan en plissant les yeux.
Joe jeta un coup d'œil par-dessus l'aile.
- Non, monsieur. C'est Little Orchis. Pulpit Island est juste derrière. Vous voulez un petit tour aérien avant d'atterrir ?