- EH MERDE!
Les freins grinçèrent et du gravier ricocha sous le châssis. Les rouges arrières de son joli cabriolet BMW série 4 rouge firent voler un nuage de poussière et de cailloux, et il s'arrêta en zigzaguant.
Elle serra fermement le volant et tenta d'écraser la pédale de freins tandis qu'elle dérapait, le coeur au bord des lèvres.
Sa vie était peut être sur le point de se finir, ici et maintenant, alors que ses soeurs l'attendaient pour la soirée organisé par le comte Fernández, et elle n'avait rien trouvé de mieux que "oh merde"?
Lorsque sa voiture s'arrêta enfin brusquement, son coeur battait si fort que le son fut presque assourdissant dans le silence soudain.
Ce supplice terrifiant n'avait duré que quelques secondes tout au plus, mais elle avait l'impression d'avoir perdu plusieurs années de sa vie.
Les paupières fermement clauses, elle ouvrit un oeil, s'attendant à moitié de se découvrir suspendu au dessus du vide, à quelques secondes de tomber de la montagne sur laquelle elle roulait si vite.
Mais non, les quatres roues étaient maintenu par un énorme accotement retenant le gravier, créé apparemment pour les connes comme elle qui ne faisaient pas attention et prenaient le dernier virage trop vite.
Anna fit la grimace et s'obligea à détendre ses doigts crispés sur le volant, les serrant et les desserrant avant de couper le moteur d'une main tremblante.
Elle referma les yeux, jeta les yeux sur le siège passager et prit un instant pour s'adosser contre l'appuie-tête et respirer.
Elle devait se calmer. Elle devait se remettre les idées en place avant de reprendre la route, sinon, elle finirait vraiment par se tuer.
Elle voyait bien les gros titres:" La dernière fille de M.Gomez se tue dans un terrible accident! "
Quand son coeur reprit un rythme normal, elle descendit de voiture, les jambes raides et tremblantes, posa les mains sur la capote d'un rouge chaud et brillant et baissa la tête.
Après quelques secondes, elle se releva, épousseta son short en jeans et étudia son environnement. Elle était sur une longue route sinueuse qui grimpait la montagne.
Des feuilles vert foncé fremissaient sous l'effet d'une légère brise, les cigales chantaient dans les arbres et une brume s'élevait de la chaussée.
L'air était aussi lourd et humide qu'on pouvait s'y attendre au Texas, au mois d'août, et elle n'arrivait pas à savourer l'idée alléchante de se laisser fondre sur le bord de la route, pas avec la famille qui l'attendait au Mexique.
Elle remonta en voiture, remit le moteur en marche et alluma la climatisation. L'air frais qui lui souffla au visage l'aidait à s'eclaircir les idées.
Elle alluma la radio fort, et reprit la route. Elle laisserai derrière lui son ranch, ses chevaux, les terres de ses grands parents qu'elle prenait soin désormais, et se lançaient vers la grande civilisation.
Elle n'avait pas la moindre idée de qui elle voudrait être, mais elle savait exactement qui elle ne voulait pas être.
Elle avait commencé à travailler dans Orlando's entreprise, c'était chouette la bas surtout avec Nina et Catrine, mais elle s'était vite lassée.
Ce n'était pas cette vie qu'elle avait voulu. Puis elle s'était découvert une passion pour les chevaux et elle s'est toute de suite installé dans le ranch familial.
Elle s'arrêta à une station service pour faire le plein et prendre un café. Comme elle n'avait pas pu trouver de Starbucks assez proche sur son système de navigation embarqué, elle devrait se contenter de celui de la station-service.
À la pompe, elle enfonça sa carte dans la machine, après que la carte eu passé, elle la récupéra puis retourna à sa voiture tout en sirotant son café.
Comme elle faisait le plein, elle consulta un par un les messages que ses soeurs et ses parents avaient envoyé.
《 Coucou sista, je viens à peine d'arriver chez maman avec les jumeaux, on t'attend tous et ne me dis pas que t'es encore au Texas à cette heure》
Xoxo Cristela
Hélas, si seulement Cris savait! Elle avait encore des heures de route devant elle avant de pouvoir traverser la frontière!
《 Hey chouquette, Qénân a enfin décidé de se bouger le cul et de venir chez maman pour la fête, ouf! J'espère arriver avant toi. Bises》
Xoxo Sefora
Qénân le mari surprotecteur de sa soeur! Il n'est pas Cheikh pour rien! Pensa Anna avec un soupir.
《 Anna ma chérie, t'es pas encore arrivée, ne me dis pas qu'un beau mec t'as retardé!》
Xoxo maman♡
Sa mère était pas croyable! Pensa Anna avec un sourire en relisant le message. Après les cactus et les graviers elle ne voyait pas vraiment ce qui pourrait la retarder.
L'embout de la pompe émit un "clac" sonore à ses côtés, la faisant sursauter et la sortant de ses pensées.
Elle remit la pompe en place, referma son réservoir et remonta derrière le volant, qu'elle agrippa de ses mains moites et mit le pied sur l'accélérateur.
Au moins c'était moins que deux jours, et maintenant elle avait déjà parcourue une journée entière, bientot elle arrivera à la frontière.
Le soleil était déjà en train de se baisser quand Anna se gara devant la grande bâtisse de ses parents. Elle était fatiguée par ce long voyage.
Elle descendit de la voiture tout exténuée pour prendre son bagage quand sa mère accourut vers elle tout sourire.
-Enfin tu es là ma chérie, dit- sa mère
-Bonsoir aussi Màmà. Je vais très bien merci de le demander, répliqua-t-elle lasse.
- Désolée ma puce, mais je suis tellement occupée en ce moment que je perds la tête. J'ai absolument besoin que tu m'aide pour la...
- Comme ci je le savais, coupa-t-elle en soupirant, mais t'as même pas besoin de compter sur moi, je suis hyper fatiguée et je rêve d'un bon crème à la glace.
Elle traîna sa mallette derrière elle, tandis que sa mère courut la retrouver
- S'il te plaît, ma chérie, supplia-t-elle.
- D'accord maman.
- Tu vas aider Cristela dans la cuisine, tandis que moi je vais terminer les décorations de la salle avec Sefora. Ton père va rentrer de voyage un peu tard.
Anna rejoignit Cristela d'un pas traînant dans la cuisine en se demandant quand pourra-t-elle enfin mettre sa tête sur un bon oreiller.
Son beau frère descendait d'une échelle quand il la vit.
- T'as une sale tronche, lui dit-il en grimaçant.
- Ça se voit tant que ça! Dit-elle d'un ton morne.