Toutes les plus belles histoires d'amour commencent par « il Ă©tait une fois ». Lorsque j'Ă©tais petite, je rĂȘvais ainsi de mon prince charmant, de son Ă©cuyer blanc, de notre vie simple et heureuse... J'avais cependant un petit problĂšme avec le « ils se mariĂšrent et eurent beaucoup d'enfants ». Je ne comptais appartenir Ă personne. Je voulais demeurer libre. Le jour oĂč monsieur le prince m'Ă©nerve, je prend ma valise, son Ă©cuyer et bye bye. Pas de mariage, pas d'enfants, pas d'engagement enchaĂźnĂ©. Juste une putain de belle histoire, une putain de passion dĂ©vorante et rien de plus. Les sentiments ne doivent pas exister.
Le ciel qui nous surplombait semblait infini. La lune Ă©tait pleine et sans nuage pour la couvrir. En tournant mon regard, j'Ă©tais Ă©bloui par la multitude d'Ă©toiles qui constellaient cette nuit.
Soudain, sans le sentir approcher, mon visage fut enveloppé par deux grandes mains glaciales. Son odeur mentholée m'enivra. Son souffle courait sur mes lÚvres. BientÎt il collait son corps puissant au mien. Je ne pouvais plus fuir. Mais, en avais je seulement envie ? Les idées embrouillées, je ne pensais plus qu'à une chose : lui. Je le désirais depuis si longtemps.
« Embrasses moi... » sa voix venait de rompre le silence et le peu de concentration qu'il me restait.
« Donne toi à moi... embrasse moi ! » son ton était devenu plus autoritaire. Il m'exigeais comme on réclame un trophée.
Nos lÚvres à moins d'un centimÚtre, je le goûtais presque lorsque je le repoussais violemment.
« Je ne suis la propriété de personne. Lùche moi ! » sur mes mots il sourit avec arrogance.
L'une de ses mains glissa derriĂšre ma tĂȘte et plaqua ainsi mon visage au sien dans un baiser plus que brĂ»lant. Mon esprit hurlait sa rage mais mon corps se consumait de dĂ©sir pour lui. Comme Ă chaque fois, il avait atteint mes barriĂšres et les avait faite cĂ©der sans efforts. Je le dĂ©testais du plus profond de mon ĂȘtre mais je le voulais tellement corps et Ăąme...
« Ouvre. » ses dents mordillaient la lÚvre inférieure, m'invitant à lui ouvrir.
Je le laissais entrer et sa langue caressa la mienne dans une danse sensuel. Sa main gauche s'aventura le long de mon cou, et glissa de plus en plus bas.
« Ah... hum... a... arrĂȘte ! » ma voix se voulais forte, au contraste de ma volontĂ©. Mais mes gĂ©missements ne donnaient Ă cet homme brutal que plus d'engouement.
C'est alors qu'avec une impressionnante force, je le repoussa d'un coup. Ma main le gifla avant mĂȘme de m'apercevoir que je le faisais. RĂ©alisant mon geste et devant son regard brĂ»lant de colĂšre ou de dĂ©sir, je ne saurais le dire. Je me suis enfuie en courant comme si ma vie en dĂ©pendait. Par chance, il ne m'avait pas suivi. Le souffle court je passais mes doigts sur mes lĂšvres. Je pouvais encore sentir son goĂ»t dĂ©licat. Mon dieu ! Le rouge envahit mon visage au souvenir de cet instant.
« Drin drin drin » je fĂ»t rĂ©veillĂ©e en sursaut par l'alarme de mon tĂ©lĂ©phone. Bon sang, il Ă©tait dĂ©jĂ huit heure. Le soleil perçait mes volets. Ma main couvrant mon front je me mise Ă rire. C'Ă©tait ridicule. Chaque nuit je faisais le mĂȘme rĂȘve. Et chaque nuit, il rĂ©ussissait toujours Ă m'avoir. MalgrĂ© mon intention tous les soirs de lui rĂ©sister, une fois endormie ma volontĂ© m'abandonnait.
*****
Je pansais ma jument lorsqu'un bras se glissa dans mon dos. Me frottant affectueusement de bas en haut. Je savais parfaitement qui Ă©tait l'auteur de ce geste. Je ne bougeais pas d'un pouce.
« Toi tu vas finir vampirisĂ© par les cours ! Ăa fait une heure que tu lui brosses le mĂȘme flanc. » Rigola t'il contre mon oreille.
« Peter ! » Sa prĂ©sence me fit sourire aussitĂŽt. Je me blottis un instant contre sa poitrine. M'offrant une minute de douceur au rythme de son cĆur battant.
Peter Ă©tait un jeune homme d'une vingtaine d'annĂ©es. Ătudiant en fac d'histoire il avait rĂ©ussi sa licence et prĂ©parĂ© son master. C'est un garçon brillant. J'avais fait sa connaissance au lycĂ©e mais ce n'est que l'annĂ©e derniĂšre que nous Ă©tions vraiment devenus trĂšs proche.
J'envisageais de lui demander de faire une collocation, car les loyers Ă©taient Ă©levĂ©s dĂšs qu'on quittait la rĂ©sidence universitaire. Mais Peter avait refusĂ©. Il prĂ©tendait prĂ©fĂ©rĂ© vivre seul, pourtant il Ă©tait tellement sociable. Toujours entourĂ© de nombreuses personnes, homme comme femme, tout le monde semblait l'apprĂ©cier. Il ne cherchait pas Ă ĂȘtre populaire mais il attirait la sympathie. On voulait absolument devenir son ami lorsqu'on le rencontrait.
« Hé ! Tu es partie jolie miss ? » Me siffla t'il d'un ton enjoué en me pinçant la joue pour me ramener à la réalité.
« Euh non non, j'ai fini. Je la sangle et on y va ! » répliquai-je rapidement.
« Parfait ! » Son sourire jusqu'aux oreilles me fit rougir.
Il Ă©tait si solaire. Si gentil. Un charme fou se dĂ©gageait de ce grand brun. Je me souviens la premiĂšre fois que je l'avais rencontrĂ©. Nous Ă©tions au lycĂ©e. J'Ă©tais secrĂštement amoureuse de lui mais il ne m'accordait mĂȘme pas un regard. J'avais ainsi passĂ© trois annĂ©es Ă le suivre des yeux sans jamais l'aborder directement. Son magnĂ©tisme m'impressionnait. Et puis, j'ai rĂ©alisĂ© Ă la rentrĂ©e suivante que nous Ă©tions sur le mĂȘme campus !
J'étais assise sous un arbre, à déguster mon sandwich jambon beurre. Il n'avait plus rien à voir avec le charmant lycéen que j'avais laissé l'été passé. Il m'avait d'abord laissé une impression étrange. Je l'avais pris pour un monstre. Sa chevelure noir ébÚne, ses yeux sans iris... il m'avait fait penser à un corbeau. Son aura semblait aussi obscur que le reste. J'avais eu peur je dois bien l'avouer. Pourtant, dÚs qu'il m'avait sourit, tout s'était volatilisé. En réalité, il n'avait pas tellement changé.
On avait passé notre pause à faire connaissance. Je l'avais aussitÎt adoré. Puis dÚs le lendemain notre rituel de déjeuner ensemble était en place.
« Tu veux que je t'aide ? » s'inquiéta t'il en revenant vers moi.
« Non je te remercie. » je le rassurais par un sourire.
Il installa son tabouret pour pouvoir monter. En effet, alors que je l'oubliais trÚs souvent, Peter était handicapé. Il avait une prothÚse à la place de sa jambe gauche. Ce détail ne me choquait plus. Mais je fus trÚs surprise lorsque je l'avais découvert. Il s'était alors confié. L'été qui avait suivis la fin du lycée, il avait été victime d'un accident de la route. Un chauffard les avait percuté sur le cÎté, lui et sa famille. Sa jambe avait été broyée par la carrosserie de leur véhicule. Depuis il en avait fait son deuil. Mais sa famille demeurait un sujet trÚs sensible. Je lui trouvais une résilience dingue au travers ce drame.
On monta enfin nos chevaux et parti en balade.
à peine avais je passé l'orée du bois qu'une silhouette se dessina au loin. Un sentiment étrange me parcouru en un grand frisson. Ce n'était pas la premiÚre fois que je l'apercevais, mais sans attendre, je fis partir ma jument au galop. Je devais m'enfuir.
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