Prologue En ce moment mĂȘme, des vieux sont assis dans le salon . Je sais pertinemment ce qui les emmene mais mon coeur et ma raison sont en dĂ©saccord; je ne sais quoi leur repondre. Mon oncle s'est retournĂ© pour me faire face: -Ces gens ici presents disent avoir ĂštĂš envoyĂ© par Khalil. Mais je leur ai dit que ce n'Ă©tait pas moi qui me mariais donc le dernier mot te revient . Alors es tu prĂȘte Ă te marier avec Khalil ? Durant tout son monologue, je ne l'ai pas regardĂ© dans les yeux , tĂȘte baissĂše , je jouais avec mes doigts. Comme j'avais dit tantĂŽt, je ne sais quoi repondre. Nul ne doute de mon amour pour Khalil mais trop de choses se sont passĂšes entre lui et moi ce qui fait qu'aujourd'hui, j'ai grave peur de lui. Je ne me sens plus prĂȘte Ă m'engager dans une telle relation.
Chapitre 1
*****Khalil*****
Quand je suis arrivĂ© aux portes de l'aĂ©roport avec mes deux enfants, je me suis retournĂ© pour regarder la ville une derniĂšre fois. Ce n'est pas la peine de me mentir, cette ville me manquera certes mais je suis tout de mĂȘme soulagĂ© de rentrer chez moi.
Ăa ne saurait ĂȘtre simple d'avoir 2 enfants avec soi et des bagages Ă transporter, mais je rends grĂące Ă Dieu de pouvoir comporter sur un ami, un frĂšre qui est avec moi pour m'aider. AlĂ© nous a dĂ©posĂ©s Ă Roissy avec sa voiture et il est encore lĂ car il sait que j'ai besoin de lui.
Au moment des enregistrements, nous avons compris qu'il fallait se dire au revoir. Il s'est courbé pour saluer les enfants une derniÚre fois.
-N'oublie pas de saluer ta maman pour moi.
-Non jamais, elle est aussi ta maman.
-Paris sera vide sans toi.
-Paris ne sera jamais vide. J'ai déjà pris tout l'argent que je devais prendre à l'homme blanc.
-Donc plus rien avec ta femme ?
-Ex-femme. Tu sais bien que j'en ai fini avec elle.
-Et les enfants ?
-C'est elle qui me les a amenés en me disant bien de ne pas les laisser en France aprÚs mon départ. Je peux m'occuper tout seul de mes enfants, ce n'est pas un problÚme.
-C'est dommage.
-Je sais. Mais « bro, t'as tout fait ». Merci encore.
On se serre la main, il s'en va et moi je me mets dans la file avec les enfants.
Avec nos nombreux bagages, si je ne trouve pas Pape Ă l'aĂ©roport de Dakar, je sĂ©parerai sa tĂȘte de son cou.
********
-Papa, on arrive quand ?
Vous venez d'entendre mon fils Mouhamed, c'est mon ainé.
-Dans peu de temps.
-Maman va venir ?
-Oui elle va nous rejoindre plus tard.
Je lui donne cette rĂ©ponse pour le calmer. Je le connais il va me poser une tonne de questions et va rĂ©veiller sa sĆur. En parlant d'elle, elle est en train de s'Ă©tirer.
-Ecoute, taisons-nous. Essaie de dormir. Si on continue de parler, Rokhaya se réveillera et ça va m'importuner.
Puisqu'il est obĂ©issant, il pose sa tĂȘte sur la fenĂȘtre de l'avion. Je le vois qui essaie de s'endormir. Je le connais il est trop turbulent pour avoir le sommeil facile.
Mouhamed a 5 ans au moment oĂč Rokhaya n'en a que 2.
Pendant un instant, je repense Ă ma vie ses derniĂšres annĂ©es. Je suis venu ici avec un visa Ă©tudiant et Ă la base quand je dĂ©barquais, je savais que je n'allais pas rester aprĂšs avoir fini mes Ă©tudes. Quand j'ai obtenu mon master, l'entreprise au sein duquel j'ai fait mon stage m'a fait une proposition d'emploi. J'ai changĂ© de statut pour devenir un travailleur. A cet instant, je ne voyais que l'argent. Retourner au SĂ©nĂ©gal ne faisait mĂȘme plus partie de mes projets.
J'ai menti Ă mon fils, je lui ai dit que sa mĂšre allait nous rejoindre alors que c'est sĂ»r que ça ne lui effleure mĂȘme pas l'esprit. Elle prĂ©fĂšre la France Ă n'importe quelle autre chose. Pourtant si aujourd'hui elle peut parler un français Ă la parisienne, aprĂšs Dieu c'est grĂące Ă moi. Mais les femmes sĂ©nĂ©galaises ont tendance Ă avoir la mĂ©moire courte.
Mes pensĂ©es vont sur comment j'ai connu Coura. Je ne dirai que ma mĂšre nous a mis ensemble mais je peux oser dire que c'est grĂące Ă elle si je me suis mariĂ© avec Coura. Ma mĂšre a toujours insistĂ© sur le fait qu'elle voulait quelqu'un de la famille pour belle-fille que ça soit avec moi comme avec mes frĂšres. Raison pour laquelle quand je suis arrivĂ© en France mĂȘme si j'ai eu des copines de race blanche, j'avais toujours en tĂȘte que quand je me marierai, ce sera avec une de cousines.
Ma mÚre n'a fait que nous orienter sur ce qu'elle voulait. Elle nous a toujours laissé le choix.
J'ai connu Coura grùce à un de nos cousins. Malgré notre lien de parenté, je ne la connaissais pas depuis l'enfance. J'ai toujours été du genre secret, j'allais rarement chez mes oncles. Quand on s'est connu, j'étais en France et elle au Sénégal.
On commençait à discuter sur facebook avant de migrer sur skype. Les connaisseurs savent de quoi je parle. C'était la vielle époque, maintenant c'est Whatsapp qui fait le buzz.
Quand j'ai épousé Coura on avait fait que 5 mois de relation amoureuse. On était cousin-cousine mais on ne s'était jamais vu. A dire vrai la premiÚre fois qu'on s'est vu les yeux dans les yeux, nous étions déjà mariés. Personne ne m'a forcé. Je l'ai épousé parce que j'étais follement amoureux d'elle au grand bonheur de ma mÚre, elle qui s'est faite une grande joie de voir son fils épouser sa niÚce.
Il nous faudra plus que 5 heures de vol pour vous raconter toute mon histoire avec Coura. En plus on nous demande d'attacher nos ceintures.
Rokhaya s'est rĂ©veillĂ©e mais c'est pas grave car nous sommes arrivĂ©s. Quant Ă Mouhamed, comme j'avais dit tout Ă l'heure, il n'a pas fermĂ© l'Ćil. Trop excitĂ©, ce gosse !!!
J'ai attaché les ceintures des enfants ainsi que la mienne, en priant Dieu qu'on ait aucun problÚme pour l'atterrissage.
*******
Ils font trop chier les douaniers avec leur contrĂŽle, ai-je vraiment la tĂȘte d'un commerçant ? Je n'ai que des habits et quelques petits cadeaux dans ces valises...
Par sa chance pour sa peau et pour la mienne, j'aperçois Pape à la sortie de l'aéroport.
-Pape avant mĂȘme de quitter Roissy, j'ai commencĂ© Ă me plaindre. Je pensais que tu me l'aurais mis Ă l'envers.
-Mec, faut vraiment que tu apprennes Ă me faire confiance.
-Je te connais frangin, t'es trop distrait.
-Distrait mais pas au point d'oublier de venir te chercher sachant que tu as deux gosses avec toi. Si tu étais seul là ça n'aurait pas été un problÚme.
Et en plus il en rigole!!! Ok.
-On verra ce qui t'attend.
-La daronne la connaissant, elle va tous nous zapper Ă cause de toi...Se plaint-il.
-Dis plutĂŽt Ă cause de ses petits enfants
-Et puis d'ailleurs pourquoi tu la portes elle ? Elle ne marche toujours pas ?
Il parle de Rokhaya qui se trouve actuellement dans mes bras.
-T'en vois toi des gosses qui marchent pas à deux ans ? Vas-y avance, Mohamed a l'air crevé
-Ok, chef !
Apres avoir rangé les valises dans le coffre de la voiture j'ai installé les enfants à l'arriÚre et je suis allé devant, à cÎté de Pape.
Il a passĂ© tout le trajet Ă clasher les parents sur leurs disputes lĂ©gendaires .Papa ne vit pas Ă la maison mais y passe pas mal de temps. Il vit Ă GuĂ©diawaye et Maman aux Maristes, ses enfants Ă savoir nous on a collaborĂ© pour construire une maison en son nom, une assez grande maison Ă Ă©tage, chacun de nous y a sa chambre et mĂȘme certains de nos cousins et cousines y vivent . On est cinq 3 hommes et 2 filles. Ma sĆur ainĂ©e est Ă la maison et ma petite sĆur celle qui vient juste aprĂšs moi s'est dĂ©jĂ mariĂ©e mais nous rappelle toujours qu'elle a une chambre dans cette maison mĂȘme si une cousine y loge . De toutes les façons je ne comprends rien Ă sa logique, Ă©tant mariĂ©e pourquoi se soucier d'une chambre se trouvant chez ta mĂšre ? Surtout que ce sont les hommes qui l'ont construite cette maison, aucune femme n'a dĂ©pensĂ© un rond.
*****
Je suis sĂ»re que maman elle est sortie dĂšs qu'elle a entendu le bruit du moteur, je l'aperçois juste devant le portail prĂȘte Ă nous accueillir et entourĂ©e de ses autres petits enfants, plus les deux que j'ai avec moi on aura vraiment l'impression d'ĂȘtre dans une crĂšche. DĂ©jĂ , ma grande sĆur Dior a trois gosses, mon autre frĂšre qui vit en Italie avec sa femme ils en ont aussi trois et Pape en a deux en plus de nos cousins et cousines dont certains n'ont mĂȘme pas encore 10ans, ce qui est sĂ»re c'est que Rokhaya et Mohamed ne risque pas de s'ennuyer avec tout ce monde autour.
J'ai salué ma maman pour ensuite la laisser avec les enfants. Je vais aller retrouver les autres membres de la famille à l'intérieur. J'y trouve les femmes de Pape et de Bathie
-Donc tu reviens vraiment pour de bon ??? MĂȘme si je suis de dos je reconnais la voix de Dior.
Je me retourne pour faire face Ă ma grande sĆur
-Comme je l'ai dit à Alé, j'ai déjà pris ce que j'avais à bouffer de l'argent du blanc.
-De toutes les façons, la France ne vaut plus rien...AprÚs plusieurs demandes de visa qui ont échoué, Dior a des raisons de détester la France.
-Ah non, je refuse d'accepter que tu critiques la France... Défendis-je le pays qui m'a formé.
-En plus Khalil il n'est pas fou, s'il est revenu c'est bien parce qu'il a une trĂšs bonne proposition...Intervient Anta, ma belle-sĆur.
-Evidemment, je ne vais pas laisser un bon boulot pour venir chĂŽmer au SĂ©nĂ©gal. J'ai toujours voulu revenir certes mais il me fallait bien ĂȘtre sĂ»r que je serai bien une fois revenu, j'ai quand mĂȘme une famille Ă entretenir.
Des bruits se font entendre, des jacassements je dirais, je comprends alors que maman est entrée avec les mÎmes.
Pape et mes deux cousins maternels se sont chargés de monter les valises.
-Dior, s'il te plaĂźt peux-tu t'occuper des gamins ou me trouver quelqu'un pour le faire, il faut qu'ils se changent. Rokhaya doit avoir la couche pleine. Moi, je monte me doucher.
Sans mĂȘme attendre une rĂ©ponse je me dirigeais dĂ©jĂ vers les escaliers avec ma valise oĂč j'ai mis l'essentiel de mes affaires, direction ma salle de bain.
*******
Tout dans cette chambre me rappelle Coura. C'est ici que tout a commencĂ©, elle y a passĂ© un an avant de me rejoindre en France, aprĂšs avoir rĂ©gler tous ses papiers. Si elle ne m'avait pas rejoint j'en aurais Ă©tĂ© maudit je crois. Coura s'est disputĂ© avec tout le monde et ne s'entendait avec personne dans cette maison. Elle m'appelait chaque jour pour se plaindre et mes sĆurs en faisaient pareil. J'en avais juste marre.
Quelqu'un frappe Ă la frappe
-Entrez
-C'est Yama, ma cousine qui est sous la tutelle de Dior, elle est venue Ă Dakar pour les Ă©tudes
-Le dĂźner est servi.
-Ok, je descends tout de suite. Les enfants ont déjà pris leur bain ?
-Oui bien sûr
-Ok j'arrive
Je prends mon téléphone que j'avais déposé sur la commode et je suis descendu, ils étaient tous dans le salon.
-Toi tu dormais ou quoi ?
Me demande ma mÚre, elle porte Rokhaya sur ses genoux. Je ne voyais pas Mouhamed, sûrement avec les autres enfants dans leur chambre.
-Non, je ne dormais pas je me reposais juste.
-C'est normal avec ce voyage, du coup tu commences quand ?
-Le lundi qui suit lundi prochain. Il faut vraiment que je me repose.
-Dieu n'impose à aucune ùme une charge supérieure à sa capacité.
-Mais on ne m'avait pas dit que le diner Ă©tait servi ?
-Tu as faim ??? S'incruste Dior dans la conversation.
-Bien sĂ»r que j'ai faim et ça doit ĂȘtre pire pour les enfants.
-ChĂ©ri tu ne vas pas bouder ça, c'est bientĂŽt prĂȘt lĂ ...Dit Nafi.
Je n'ai jamais compris pourquoi Nafi aimait se payer ma tĂȘte, mais j'ai trop faim pour riposter d'autant plus que c'est elle qui a cuisinĂ© donc je laisse passer. Et avec son mari, c'est pareil bien que je sois plus ĂągĂ© ils croient trop que je suis leur Ă©gal.
******
Ouhla lĂ j'ai arrĂȘtĂ© de me plaindre, c'est du Thieb bou djeun (Riz aux poissons). Avec ce qu'on a mangĂ© dans l'avion, il nous faut bien quelque chose de plus savoureux.
-J'espére juste que ça va continuer ainsi et que je n'aurai pas droit à du "mbakhal "un jour.
-Toi tu te prends pour qui ?
-Mais Dior, laisse-moi parler de mes préférences culinaires.
-Préférences tu dis ??? Saches que tu auras bel et bien du "Mbakhal ", t'es plus en France
-Et c'est une raison de manger n'importe quoi ?
-Donc pour toi « Mbakhal » c'est du n'importe quoi ?
-Qu'on se dise la vérité, oui ça l'est.
-Mais Dior laisses-le parler, n'est-ce pas c'est moi qui cuisine demain on verra bien.
Non mais sérieusement Nafi...
-Euh Pape, tu peux gérer ta femme pour l'amour du ciel. Si tu crois que je suis revenu bredouille de la France détrompes-toi, tu me mets du « Mbakhal » je vais manger dehors. C'est tout.
- Ăa te regarde ça
Ma mÚre quant à elle n'a pas pipé mot, elle rigolait plutÎt.
AprÚs le dßner on est resté discuter un moment ensuite je suis allé me coucher avec les enfants on était trop fatiguée
D'ici la semaine prochaine je m'arrangerai pour voir mes gars car une fois le boulot entamé je n'aurai plus le temps.
*******
Les jours qui ont suivi se sont passé normalement. Comme prévu, j'ai pu les voir. Pendant tout ce temps que j'ai passé en France, nous avons toujours gardé le contact.
Par contre, ce qui me plaisait moins, toute notre discussion était centrée sur ma situation avec Coura. Ils disent ne pas comprendre ce qui s'est passé
- Durant mes trois mois de test passé dans notre entreprise implantée à Paris, on avait déjà rompu elle et moi. Quand je lui ai dit que l'entreprise m'avait embouché et que je devais revenir au pays elle m'a clairement fait savoir qu'elle ne rentrerait pas, du coup j'ai aussi été clair avec elle, je l'ai répudiée. Elle est libre de se lier avec qui elle veut désormais.
-Et tu n'as mĂȘme pas essayĂ© de nĂ©gocier avec elle...Me dit Ouzin, franchement il est incroyable.
-Mais qu'est-ce que tu ne comprends pas au juste ? Avant mĂȘme d'accepter l'offre de l'entreprise, ça faisait deux mois que je dormais sur le canapĂ©.
-Canapé ??? S'étrangle Moussa.
-Oui dans le salon. Avec Coura sur le mĂȘme lit, c'Ă©tait des coups de pied, des coups de coude. Sachant que je dois me lever tĂŽt pour aller bosser, je prĂ©fĂšre lui cĂ©der la chambre.
-Peut ĂȘtre qu'elle a cru que c'Ă©tait un piĂšge quand tu lui as dit que tu revenais. Rappelle-toi lors de vos derniĂšres vacances tu avais la ferme intention de retourner sans elle. Heureusement que les vieux ont nĂ©gociĂ©.
Moussa il m'en parle à croire que je pouvais oublier ça
-Mais bon, le mariage et divorce vont de paires. Evitez juste d'affecter vos enfants et de disloquer votre famille...Dit Ouzin.
-Ma mĂšre a Ă©tĂ© claire lĂ -dessus "sachez juste que vous ĂȘtes incapables de me mettre en mal avec mes frĂšres ". Je lui ai dit qu'on y songe mĂȘme pas.
-Parlons d'autre chose.
-C'est pas trop tĂŽt...RĂ©pondis-je Ă Ouzin.
-You fait un concert samedi, viens on y va.
-Oui je viendrai mais sachez que si je viens de France, je suis plus un modou-modou (immigré). Que nul ne dépende de moi.
-Personne n'attendait ça de toi.
-Tant mieux.
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