La voiture a dérapé, un cri de métal a déchiré la nuit, puis le monde est devenu douleur. Ma tête a heurté la vitre, une décharge électrique m' a parcourue, se concentrant sur mon ventre où ma fille de neuf mois dormait. À l' hôpital, les contractions ont commencé, se mêlant à la douleur de mes blessures. J' ai aperçu Marc, mon mari, ma bouée de sauvetage. Mais il ne cherchait pas son épouse ensanglantée ni notre enfant à naître. « Docteur Fournier, votre femme est ici, elle a été dans l'accident. Et votre cousine, Mademoiselle Sophie Dubois, vient d'arriver aussi. Elles sont toutes les deux en travail. » Son regard s'est figé, puis s' est rempli d'une tendresse inconnue. Il s'est précipité vers la chambre de Sophie, la « lumière de la lune », sans même me jeter un regard. Mon cœur s'est brisé. Le médecin a prononcé le mot : « césarienne d' urgence ». J'ai respiré, enfin. Puis Marc est entré, son masque chirurgical déjà en place. « Pas de césarienne, » a-t-il lancé, sa voix froide comme la glace. « Elle peut accoucher par voie basse. Je suis le chef de service. Je n'ai pas le temps à perdre ici. Sophie a une crise de panique. Elle a plus besoin de l'anesthésiste que Jeanne. Après tout, une femme qui accouche, ça a toujours mal. Ce n'est pas une maladie. » Chaque mot était un coup de poignard. Il m' abandonnait, me laissait souffrir, seule. Les draps se sont souillés d' un vert écœurant. « Le bébé est en grande souffrance ! » Autour de moi, la panique montait, mais Marc ne venait pas. Il était juste à côté, avec Sophie, pendant que moi et notre enfant mourions littéralement. La haine, froide, pure, a remplacé la peur. La douleur s'est estompée, le noir m' a envahie. Était-ce la mort ? Une délivrance ? « On la perd ! Son cœur s' arrête ! » Puis la voix du Docteur Mercier, ferme, impérieuse : « Jeanne, m' entendez-vous ? Battez-vous. Pour votre bébé. Césarienne d'urgence maintenant ! » Le cri faible, mais si vivant, de ma fille. Puis encore le noir. J'étais survivante, mais à quel prix ? Le réveil fut brutal. Le téléphone a sonné. « C'est Marc Fournier. Allez dans ses affaires, elle a acheté du lait en poudre spécial d'Allemagne. Sophie en a besoin pour son fils. Apportez-le-moi dans la chambre 302. » Il ne demandait pas si j' allais bien, ni de notre fille. Seulement le lait, pour ELLE. L'infirmière, blessée pour moi, a chuchoté : « Il... Il a déjà pris le lait hier soir, Madame Fournier. Il a dit aux infirmières de la nurserie que, de toute façon, vous n'en auriez probablement plus besoin. » La rage m' a transpercer. Il me croyait morte, et il distribuait déjà mes affaires. Ce n'était pas de la négligence. C'était une tentative d'effacer mon existence. Je ne pleurerais plus. Je survivrais, et il le paierait cher. Très cher.
La voiture a dérapé, un cri de métal a déchiré la nuit, puis le monde est devenu douleur.
Ma tête a heurté la vitre, une décharge électrique m' a parcourue, se concentrant sur mon ventre où ma fille de neuf mois dormait.
À l' hôpital, les contractions ont commencé, se mêlant à la douleur de mes blessures. J' ai aperçu Marc, mon mari, ma bouée de sauvetage.
Mais il ne cherchait pas son épouse ensanglantée ni notre enfant à naître.
« Docteur Fournier, votre femme est ici, elle a été dans l'accident. Et votre cousine, Mademoiselle Sophie Dubois, vient d'arriver aussi. Elles sont toutes les deux en travail. »
Son regard s'est figé, puis s' est rempli d'une tendresse inconnue. Il s'est précipité vers la chambre de Sophie, la « lumière de la lune », sans même me jeter un regard.
Mon cœur s'est brisé.
Le médecin a prononcé le mot : « césarienne d' urgence ». J'ai respiré, enfin.
Puis Marc est entré, son masque chirurgical déjà en place.
« Pas de césarienne, » a-t-il lancé, sa voix froide comme la glace. « Elle peut accoucher par voie basse. Je suis le chef de service. Je n'ai pas le temps à perdre ici. Sophie a une crise de panique. Elle a plus besoin de l'anesthésiste que Jeanne. Après tout, une femme qui accouche, ça a toujours mal. Ce n'est pas une maladie. »
Chaque mot était un coup de poignard. Il m' abandonnait, me laissait souffrir, seule.
Les draps se sont souillés d' un vert écœurant. « Le bébé est en grande souffrance ! »
Autour de moi, la panique montait, mais Marc ne venait pas. Il était juste à côté, avec Sophie, pendant que moi et notre enfant mourions littéralement.
La haine, froide, pure, a remplacé la peur.
La douleur s'est estompée, le noir m' a envahie. Était-ce la mort ? Une délivrance ?
« On la perd ! Son cœur s' arrête ! »
Puis la voix du Docteur Mercier, ferme, impérieuse : « Jeanne, m' entendez-vous ? Battez-vous. Pour votre bébé. Césarienne d'urgence maintenant ! »
Le cri faible, mais si vivant, de ma fille. Puis encore le noir. J'étais survivante, mais à quel prix ?
Le réveil fut brutal. Le téléphone a sonné.
« C'est Marc Fournier. Allez dans ses affaires, elle a acheté du lait en poudre spécial d'Allemagne. Sophie en a besoin pour son fils. Apportez-le-moi dans la chambre 302. »
Il ne demandait pas si j' allais bien, ni de notre fille. Seulement le lait, pour ELLE.
L'infirmière, blessée pour moi, a chuchoté : « Il... Il a déjà pris le lait hier soir, Madame Fournier. Il a dit aux infirmières de la nurserie que, de toute façon, vous n'en auriez probablement plus besoin. »
La rage m' a transpercer. Il me croyait morte, et il distribuait déjà mes affaires. Ce n'était pas de la négligence. C'était une tentative d'effacer mon existence.
Je ne pleurerais plus. Je survivrais, et il le paierait cher. Très cher.
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