Six ans. Six longues années loin de Paris, loin de ma fille. Lorsque l'avion militaire a atterri, je n'avais qu'une hâte : retrouver Léa, ma Louloute. J'ai choisi de lui faire la surprise, de l'attendre à la sortie de son prestigieux lycée parisien. Mais la scène que j'ai découverte m'a glacée sur place. Au centre d'un cercle d'élèves moqueurs, une blonde arrogante, vêtue de luxe, giflait violemment une jeune fille frêle, vêtue d'un uniforme usé. La blonde a crié: « Voleuse ! Tu oses voler mon stylo ? » Un filet de sang a coulé de la lèvre de la victime, qui encaissait les coups sans un mot. C'est alors que trois voitures de luxe se sont arrêtées. En sont descendus Jean-Luc, Marc et Pierre, les parrains de ma fille, ceux à qui j'avais confié Léa et ma fortune. Mon cœur s'est serré, persuadée qu'ils allaient mettre fin à cette horreur. Mais la blonde agressive a couru vers eux en pleurnichant: « Parrains ! Regardez ce que cette voleuse m'a fait ! » Jean-Luc l'a serrée avec tendresse. Marc et Pierre l'ont entourée. Jean-Luc a lancé un regard glacial à la victime, qui tremblait : « Encore toi, Camille ? » Camille ? Ma fille s'appelle Léa. J'ai reculé dans l'ombre, le corps pétrifié. J'ai appelé le secrétariat du lycée. La secrétaire a ri doucement: « Léa Dubois ? Mademoiselle Dubois va parfaitement bien, elle vient de remporter le premier prix du concours de piano. » Mon sang s'est glacé. La pianiste prodige, c'était la description de ma fille. La blonde agressive. Alors qui était cette fille à terre, ensanglantée et terrorisée ? La blonde, choyée par mes amis, a pointé un doigt accusateur: « C'est elle, la fille de la femme de ménage. » La fille de ma gouvernante Coralie, Camille. La victime, que Jean-Luc avait appelée Camille, a murmuré: « Je n'ai rien volé... » La blonde a éclaté de rire : « Menteuse ! » Elle lui a donné un coup de pied dans le ventre, la faisant gémir. Mes amis... ils regardaient sans rien faire. Jean-Luc avait l'air satisfait. Marc était cynique. Pierre détournait le regard. Un sentiment de trahison, froid et tranchant, s'est insinué en moi. Le monde que je pensais retrouver intact était en train de se fissurer. Puis Coralie Martin, mon ancienne gouvernante, est apparue. Élégante et arrogante, elle a approché la victime à terre. Son visage s'est tordu de dégoût. Sans un mot, elle a poussé la jeune fille. « Camille ! Espèce de bonne à rien ! Tu ne comprends donc rien ? » Et là, tout s'est éclairci. L'horrible vérité m'a frappée de plein fouet. La blonde agressive n'était pas Léa. C'était Camille Martin, la fille de ma gouvernante. Et la victime... la jeune fille frêle, terrorisée, battue... Ses yeux. Ces grands yeux sombres qui me fixaient, emplis d'une détresse infinie, étaient ceux de mon mari décédé. C'étaient les yeux de ma fille. Ma Louloute. C'était Léa. Le monde a basculé. L'air m'a manqué. Ma propre fille, traitée comme une servante, battue, humiliée. Et la fille de ma gouvernante avait pris sa place, volé son nom, sa vie, ses privilèges. Choyée par les hommes à qui j'avais confié la prunelle de mes yeux. La rage a brisé les chaînes de ma stupeur. Un son rauque est sorti de ma poitrine: « LÂCHEZ-LA ! » Tous les regards se sont tournés vers moi. Mais je ne voyais qu'elle. Ses yeux se sont agrandis, une lueur de reconnaissance et d'un espoir insensé a brillé à travers ses larmes. Maman ?
Six ans. Six longues années loin de Paris, loin de ma fille.
Lorsque l'avion militaire a atterri, je n'avais qu'une hâte : retrouver Léa, ma Louloute.
J'ai choisi de lui faire la surprise, de l'attendre à la sortie de son prestigieux lycée parisien.
Mais la scène que j'ai découverte m'a glacée sur place.
Au centre d'un cercle d'élèves moqueurs, une blonde arrogante, vêtue de luxe, giflait violemment une jeune fille frêle, vêtue d'un uniforme usé.
La blonde a crié: « Voleuse ! Tu oses voler mon stylo ? »
Un filet de sang a coulé de la lèvre de la victime, qui encaissait les coups sans un mot.
C'est alors que trois voitures de luxe se sont arrêtées. En sont descendus Jean-Luc, Marc et Pierre, les parrains de ma fille, ceux à qui j'avais confié Léa et ma fortune.
Mon cœur s'est serré, persuadée qu'ils allaient mettre fin à cette horreur.
Mais la blonde agressive a couru vers eux en pleurnichant: « Parrains ! Regardez ce que cette voleuse m'a fait ! »
Jean-Luc l'a serrée avec tendresse. Marc et Pierre l'ont entourée.
Jean-Luc a lancé un regard glacial à la victime, qui tremblait : « Encore toi, Camille ? »
Camille ? Ma fille s'appelle Léa.
J'ai reculé dans l'ombre, le corps pétrifié. J'ai appelé le secrétariat du lycée.
La secrétaire a ri doucement: « Léa Dubois ? Mademoiselle Dubois va parfaitement bien, elle vient de remporter le premier prix du concours de piano. »
Mon sang s'est glacé. La pianiste prodige, c'était la description de ma fille. La blonde agressive.
Alors qui était cette fille à terre, ensanglantée et terrorisée ?
La blonde, choyée par mes amis, a pointé un doigt accusateur: « C'est elle, la fille de la femme de ménage. »
La fille de ma gouvernante Coralie, Camille.
La victime, que Jean-Luc avait appelée Camille, a murmuré: « Je n'ai rien volé... »
La blonde a éclaté de rire : « Menteuse ! »
Elle lui a donné un coup de pied dans le ventre, la faisant gémir.
Mes amis... ils regardaient sans rien faire. Jean-Luc avait l'air satisfait. Marc était cynique. Pierre détournait le regard.
Un sentiment de trahison, froid et tranchant, s'est insinué en moi.
Le monde que je pensais retrouver intact était en train de se fissurer.
Puis Coralie Martin, mon ancienne gouvernante, est apparue. Élégante et arrogante, elle a approché la victime à terre.
Son visage s'est tordu de dégoût. Sans un mot, elle a poussé la jeune fille.
« Camille ! Espèce de bonne à rien ! Tu ne comprends donc rien ? »
Et là, tout s'est éclairci.
L'horrible vérité m'a frappée de plein fouet.
La blonde agressive n'était pas Léa. C'était Camille Martin, la fille de ma gouvernante.
Et la victime... la jeune fille frêle, terrorisée, battue...
Ses yeux. Ces grands yeux sombres qui me fixaient, emplis d'une détresse infinie, étaient ceux de mon mari décédé.
C'étaient les yeux de ma fille.
Ma Louloute.
C'était Léa.
Le monde a basculé. L'air m'a manqué.
Ma propre fille, traitée comme une servante, battue, humiliée.
Et la fille de ma gouvernante avait pris sa place, volé son nom, sa vie, ses privilèges. Choyée par les hommes à qui j'avais confié la prunelle de mes yeux.
La rage a brisé les chaînes de ma stupeur. Un son rauque est sorti de ma poitrine: « LÂCHEZ-LA ! »
Tous les regards se sont tournés vers moi. Mais je ne voyais qu'elle.
Ses yeux se sont agrandis, une lueur de reconnaissance et d'un espoir insensé a brillé à travers ses larmes.
Maman ?
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