Le vent glacial de Paris mordait mon visage, alors que je disposais mes créations artisanales sur le trottoir. Chaque pièce, un bout de mon âme, n'était plus qu'un objet à vendre, pour quelques euros, quelques médicaments. Ma petite Manon, cinq ans, était rongée par une maladie rare du sang, et la musicothérapie, seul remède à ses douleurs, était un gouffre financier. Paul, mon mari, avait disparu il y a trois mois, après m'avoir promis de trouver « un moyen pour Manon ». Son absence résonnait dans notre petit appartement glacial qui sentait le désespoir. « Quand est-ce que Papa revient ? » me demanda Manon, sa voix faible, ses grands yeux sombres fixés sur la fenêtre. Je serrai ma fille contre moi, le cœur serré, ravalant les larmes de ma propre peine. Comment lui expliquer que cet homme, son père, celui qui avait toujours été un modèle d'intégrité, les avait abandonnées ? Le lendemain, jour de l'anniversaire de Manon, nous étions devant le magasin d'instruments de musique, là où Manon avait repéré un petit violon d'occasion. Le propriétaire nous barra le passage, l'air gêné, pour nous dire que Paul était passé le matin même. Il avait acheté presque tout son stock d'instruments pour enfants, « pour son neveu ». À travers la vitrine, je l'ai vu. Mon Paul. Souriant, radieux, tenant par la main ma belle-sœur, Sophie, dans son manteau de fourrure. Sur ses épaules, Léo, mon neveu, brandissait fièrement un violon miniature flambant neuf. Mon regard balaya le magasin, cherchant désespérément le petit violon d'occasion. Il était là, en mille morceaux, jeté près d'une poubelle. « Monsieur Dubois l'a dit trop vieux, juste bon à jeter. Il l'a fait tomber... accidentellement, » ajouta le propriétaire. Manon tremblait, les larmes silencieuses coulaient sur ses joues, alors qu'elle me murmurait, étranglée par les sanglots : « Papa est riche, n' est-ce pas ? Il peut acheter tous ces instruments pour Léo. Alors... pourquoi ? Pourquoi il ne veut même pas m' acheter un violon d' occasion qui est cassé ? » Je la serrai contre moi, incapable de répondre. La cruauté de la vérité s'abattait sur moi : Paul n'avait jamais été sans argent. Il avait gaspillé toutes nos économies pour Sophie et Léo, nous abandonnant, moi et sa propre fille malade. Cette nuit-là, la fièvre de Manon monta en flèche. Le dernier flacon de médicaments était vide. Je n'avais plus un sou. Je composai le numéro de Paul. « Quoi encore ? » Sa voix était lasse, irritée. « Paul, Manon est très malade. Sa fièvre est montée d'un coup, elle a du mal à respirer. J'ai besoin d'argent pour les médicaments, tout de suite. » « Tu exagères toujours tout, Adèle. Donne-lui du paracétamol, ça va passer. Je suis occupé là. » « Je n'ai plus rien ! Paul, tu ne comprends pas ? C'est grave ! S'il te plaît... » « Écoute, j'ai une journée importante demain avec Léo. On va à Disneyland. Je ne peux pas être dérangé pour un simple rhume. Arrête de m'appeler. » Il raccrocha. Il avait bloqué mon numéro. La rage et le désespoir m'envahirent. « C'est fini. Je suis seule. » Une force nouvelle monta en moi. Je ne le supplierai plus jamais. Je n'attendrai plus un sauveur qui ne viendra jamais. Si Paul avait choisi son camp, alors moi aussi. Mon camp, c'était Manon. Je me battrais pour elle, avec ou sans lui. Je survivrai. Je leur ferai payer.
Le vent glacial de Paris mordait mon visage, alors que je disposais mes créations artisanales sur le trottoir.
Chaque pièce, un bout de mon âme, n'était plus qu'un objet à vendre, pour quelques euros, quelques médicaments.
Ma petite Manon, cinq ans, était rongée par une maladie rare du sang, et la musicothérapie, seul remède à ses douleurs, était un gouffre financier.
Paul, mon mari, avait disparu il y a trois mois, après m'avoir promis de trouver « un moyen pour Manon ».
Son absence résonnait dans notre petit appartement glacial qui sentait le désespoir.
« Quand est-ce que Papa revient ? » me demanda Manon, sa voix faible, ses grands yeux sombres fixés sur la fenêtre.
Je serrai ma fille contre moi, le cœur serré, ravalant les larmes de ma propre peine.
Comment lui expliquer que cet homme, son père, celui qui avait toujours été un modèle d'intégrité, les avait abandonnées ?
Le lendemain, jour de l'anniversaire de Manon, nous étions devant le magasin d'instruments de musique, là où Manon avait repéré un petit violon d'occasion.
Le propriétaire nous barra le passage, l'air gêné, pour nous dire que Paul était passé le matin même.
Il avait acheté presque tout son stock d'instruments pour enfants, « pour son neveu ».
À travers la vitrine, je l'ai vu.
Mon Paul.
Souriant, radieux, tenant par la main ma belle-sœur, Sophie, dans son manteau de fourrure.
Sur ses épaules, Léo, mon neveu, brandissait fièrement un violon miniature flambant neuf.
Mon regard balaya le magasin, cherchant désespérément le petit violon d'occasion.
Il était là, en mille morceaux, jeté près d'une poubelle.
« Monsieur Dubois l'a dit trop vieux, juste bon à jeter. Il l'a fait tomber... accidentellement, » ajouta le propriétaire.
Manon tremblait, les larmes silencieuses coulaient sur ses joues, alors qu'elle me murmurait, étranglée par les sanglots :
« Papa est riche, n' est-ce pas ? Il peut acheter tous ces instruments pour Léo. Alors... pourquoi ? Pourquoi il ne veut même pas m' acheter un violon d' occasion qui est cassé ? »
Je la serrai contre moi, incapable de répondre.
La cruauté de la vérité s'abattait sur moi : Paul n'avait jamais été sans argent.
Il avait gaspillé toutes nos économies pour Sophie et Léo, nous abandonnant, moi et sa propre fille malade.
Cette nuit-là, la fièvre de Manon monta en flèche.
Le dernier flacon de médicaments était vide.
Je n'avais plus un sou.
Je composai le numéro de Paul.
« Quoi encore ? » Sa voix était lasse, irritée.
« Paul, Manon est très malade. Sa fièvre est montée d'un coup, elle a du mal à respirer. J'ai besoin d'argent pour les médicaments, tout de suite. »
« Tu exagères toujours tout, Adèle. Donne-lui du paracétamol, ça va passer. Je suis occupé là. »
« Je n'ai plus rien ! Paul, tu ne comprends pas ? C'est grave ! S'il te plaît... »
« Écoute, j'ai une journée importante demain avec Léo. On va à Disneyland. Je ne peux pas être dérangé pour un simple rhume. Arrête de m'appeler. »
Il raccrocha.
Il avait bloqué mon numéro.
La rage et le désespoir m'envahirent.
« C'est fini. Je suis seule. »
Une force nouvelle monta en moi.
Je ne le supplierai plus jamais.
Je n'attendrai plus un sauveur qui ne viendra jamais.
Si Paul avait choisi son camp, alors moi aussi.
Mon camp, c'était Manon.
Je me battrais pour elle, avec ou sans lui.
Je survivrai.
Je leur ferai payer.
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