MARQUEE PAR LE LOUP

MARQUEE PAR LE LOUP

Ando Plume

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Dans un monde où les loups et les humains coexistent dans un fragile équilibre, le protagoniste découvre qu'il est lié à une ancienne lignée de loups-garous, un héritage qu'il ignorait jusqu'à présent. Lorsqu'une mystérieuse jeune fille, Catalina, est enlevée par une faction obscure, il se lance dans une quête périlleuse pour la retrouver. Guidé par le Livre des Anciens Loups, un artefact renfermant des secrets millénaires, il devra affronter des forces redoutables, percer les mystères de sa propre identité, et embrasser le loup en lui pour sauver celle qu'il aime. Mais à chaque pas, le doute grandit : est-il le sauveur... ou l'arme d'une prophétie oubliée ?

Chapitre 1 1

Je n'étais qu'un adolescent lorsque ma vie a basculé dans l'horreur. J'avais dix-sept ans, insouciant et encore protégé par le cocon familial. Nous vivions en Roumanie, en 1940, une époque de bouleversements et de ténèbres. Les ombres du nazisme s'étendaient sur l'Europe, dévastant tout sur leur passage. La Pologne, notre voisine, était déjà tombée sous leur joug, et les persécutions contre les Juifs s'intensifiaient chaque jour dans notre propre pays. Nous étions une famille juive, et cela suffisait à nous condamner.

Depuis des siècles, l'antisémitisme gangrénait la Roumanie. Son venin s'était infiltré dans l'âme de la nation dès 1579, lorsqu'un prince de Moldavie, Petru Schiopul, ordonna l'expulsion des Juifs, les accusant faussement de nuire aux commerces et d'exploiter les chrétiens. Cette haine n'avait cessé de grandir et de se nourrir du temps. Mais ce qui se préparait à présent dépassait tout ce que l'on aurait pu imaginer.

Les universités, autrefois sanctuaires du savoir, étaient devenues des foyers de haine. Des mouvements extrémistes se multipliaient, poussés par la propagande du ministère de l'Intérieur. Parmi eux, un groupe se démarquait par sa violence inouïe : la Légion de l'Archange Michel. Son fanatisme, alimenté par la peur et la haine, en faisait une force redoutable. Ils formaient des cellules clandestines, semant la terreur dans les rues et orchestrant des assassinats ciblés contre les Juifs. Très vite, leur influence grandit, et ils adoptèrent un nom plus sinistre encore : la Garde de Fer. Ce nom résonnait comme un glas funèbre pour des milliers d'innocents.

Ma famille n'échappa pas à cette vague de terreur. Nous étions pourtant riches, propriétaires d'un majestueux château perché sur les montagnes, loin de l'agitation de Bucarest. Mais l'argent ne protégeait plus personne. Mon père, autrefois un homme respecté et influent, avait vu son monde s'effondrer. Son travail lui avait été arraché sous prétexte de son sang juif, et avec lui, notre illusion de sécurité. Nous n'étions plus que des cibles marquées d'une étoile, condamnées à l'exil ou à la mort.

L'air était devenu irrespirable, chargé de peur et de trahison. Les rues chuchotaient des rumeurs de rafles, de massacres et de déportations imminentes. Nous savions que notre tour viendrait. Mais jamais nous n'aurions imaginé que l'horreur frapperait si vite, si brutalement...

Le vent glacé de l'hiver soufflait à travers les montagnes, apportant avec lui un sentiment d'incertitude qui s'était installé dans mon cœur depuis trop longtemps. Le paysage autour de notre maison était devenu un symbole de notre déclin, un déclin que j'avais du mal à accepter. La Roumanie, autrefois terre de promesses et de prospérité, se transformait sous nos yeux en un endroit où même les rêves les plus chers étaient arrachés sans pitié.

C'était en 1940, un été qui allait marquer un tournant dans notre vie, que tout avait basculé. Avant cela, mon père était un homme respecté, puissant même, parmi les plus influents de la Roumanie. Il avait fondé et dirigé une entreprise sidérurgique prospère, une entreprise qu'il avait bâtie avec ses propres mains, aidé par des milliers de travailleurs roumains. Il était juif, mais cela ne l'avait jamais empêché de gravir les échelons de la société. En fait, il était tellement respecté que ses conseils financiers étaient recherchés par les plus grandes figures du pays. Mais l'Allemagne nazie, avec ses ambitions de domination, avait changé la donne.

Tout commença lentement, un murmure dans les couloirs du pouvoir. Les accords commerciaux entre l'Allemagne et la Roumanie exigeaient de plus en plus de concessions, et l'une d'elles était l'exclusion des Juifs des secteurs économiques sensibles. Mais, comme toujours, les politiciens roumains étaient prêts à tout pour servir les intérêts allemands, même à vendre leur propre peuple.

Un jour de l'été 1940, mon père arriva à l'usine comme d'habitude, mais il se rendit vite compte que tout avait changé. L'usine, autrefois le cœur battant de notre famille, était désormais fermée. Les portes étaient condamnées, les fenêtres brisées, et les travailleurs renvoyés chez eux. Il se souvint encore du regard désespéré d'un ouvrier qui lui confia, avant de disparaître dans l'ombre, que l'État avait pris le contrôle de l'usine. Mon père, sans se laisser abattre, se précipita dans la ville, cherchant à récupérer ce qu'il avait perdu. Il consulta les avocats, mais aucun d'eux ne daigna lui venir en aide. La peur paralysait tout le monde. Les menaces d'arrestation, voire de pire, étaient omniprésentes. C'est là que mon père réalisa que son combat était perdu.

Il se tourna alors vers ce qu'il lui restait : sa famille. Loin des affaires, loin des intrigues politiques, il chercha à protéger ses proches. Nous fuyâmes la ville, nous réfugiant dans les montagnes. Là, isolés du monde, nous commencions à cultiver notre propre terrain, à devenir autosuffisants. Mais malgré la sécurité apparente de notre retraite, une tension lourde persistait. Mes parents interdisaient formellement à mes frères, ma sœur et moi de retourner en ville. Trop dangereux, disaient-ils. Mais à 17 ans, les interdictions n'étaient que des défis à relever.

C'est ainsi qu'un matin de décembre, alors que je m'apprêtais à aller chercher du bois pour le poêle, quelque chose d'inexplicable se produisit. La forêt m'attirait, une étrange force me poussait dans la direction opposée à celle de la quête de bois. Peut-être était-ce la curiosité, un désir irrésistible de découvrir ce qui se passait ailleurs, là où mes parents tentaient de nous protéger du monde extérieur.

J'avais entendu des rumeurs, des murmures dans l'ombre. Les paysans chuchotaient entre eux, et mes frères échangeaient des regards inquiets la nuit. Même mes parents, lors de leurs conversations à voix basse, semblaient effrayés. Ma mère, habituellement si forte, pleurait souvent, et mon père, le regard sombre, l'enlaçait en silence. Ils étaient terrifiés, et pour la première fois de ma vie, je compris que l'ombre de la peur s'était installée dans nos vies. Ce qui se passait dans le pays n'était pas simplement une crise économique, mais une menace bien plus grande. Quelque chose de terrible était sur le point de se produire, et nous n'avions aucune idée de ce qui nous attendait.

Je savais que ce que j'étais sur le point de faire était une folie pure, mais l'envie de comprendre, de voir la vérité de mes propres yeux, m'y poussait inexorablement.

Je n'avais jamais quitté le domaine familial avant ce jour-là. Le château et la forêt étaient tout ce que je connaissais. J'avais l'habitude de la sécurité, de la tranquillité, de la chaleur du foyer. Mais quelque chose en moi se rebellait, une curiosité, un besoin de savoir. Je savais que je devais revenir avant la nuit pour ne pas inquiéter ma mère, mais cet appel à l'aventure était trop fort.

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