L'éclat des opposés La science a prouvé que les opposés s'attirent, mais leur cas était différent. Ils étaient aussi différents que le jour et la nuit, mais à cause d'une stupide tradition, ils furent forcés de s'unir. Il n'était pas son prince charmant, et elle n'était pas son mannequin sexy. Il avait juré de ne jamais l'appeler sienne, et elle détestait être appelée Mme King. Pourtant, leurs familles avaient un avis différent : sa mère l'aimait comme une fille depuis le moment où elle l'avait connue, et ses parents étaient impressionnés par sa façade. Mais elle connaissait la vérité sur son mari non désiré ; oui, il était un homme riche, séduisant et accompli, et cela, elle pouvait l'admettre. Oui, il avait le corps et les traits d'un dieu grec : une silhouette athlétique et puissante, des yeux verts profonds et des cheveux bruns. Sa mâchoire était anguleuse, et le sourire qui ornait son visage était dangereusement sexy. Mais c'était un snob arrogant et un coureur de jupons... Il traitait les filles comme des objets, mais elles tombaient stupidement amoureuses de lui. Sa mère croyait qu'Ella était parfaite pour lui, mais il savait que cette fille têtue, impulsive, extrêmement indépendante et ronde ne lui apporterait que des ennuis. Elle lui avait déjà volé son nom de famille... mais il avait promis de faire de sa vie un enfer. Tous droits réservés.
Léo King s'appuyait contre le vieux bar, le regard perdu dans l'immensité de la baie vitrée qui offrait une vue imprenable sur la ville. Les lumières scintillaient comme des étoiles tombées du ciel, et, pourtant, l'homme semblait plus éloigné que jamais de ce paysage. Son esprit vagabondait ailleurs, en territoire inconnu, où il se retrouvait souvent ces derniers temps. Le monde de l'héritage, des affaires et des responsabilités pesait sur ses épaules, mais ce n'était pas ce qui le tourmentait ce soir. Ce qui le rongeait, ce qui creusait des trous invisibles dans son âme, c'était Ella.
Les rires de ses collègues, les voix familières qui remplissaient la pièce, l'étaient beaucoup moins. Tout était devenu flou autour de lui, comme si l'air était plus lourd, plus difficile à respirer. À côté de lui, son meilleur ami, Julien Lefevre, murmurait quelque chose sur une transaction à venir, mais Léo n'écoutait pas. Ses pensées tournaient en boucle autour d'elle, autour de la situation dans laquelle il s'était retrouvé. Un mariage arrangé, une tradition que sa famille exigeait, une promesse qu'il n'avait jamais envisagée d'accepter. Il n'était pas fait pour ça, et elle non plus. Tout était un jeu pour ses parents, une danse politique dont ils étaient les chorégraphes invisibles.
Son regard se fixa sur la silhouette d'Ella, là-bas, dans l'autre coin de la salle, entourée de quelques invités, un sourire poli sur les lèvres. Elle semblait parfaite, comme toujours. Trop parfaite, presque. C'était ce qu'il détestait. Elle portait cette façade d'indépendance, cette assurance qu'il avait, dès le premier jour, perçue comme une menace. Mais ce n'était pas ce qui le troublait. Non, c'était la vérité qui se cachait derrière ses yeux. Un mystère qu'il n'avait jamais voulu résoudre, mais qu'il était condamné à déchiffrer. Il savait qu'elle n'était pas la naïve jeune femme qu'elle laissait paraître. Elle avait des secrets. Tout en elle l'énervait. Mais à chaque fois qu'il posait les yeux sur elle, quelque chose en lui se brisait, un éclat de curiosité qui se transformait en désir. Un désir qu'il s'était promis de ne jamais ressentir pour elle. Pourtant, chaque fois qu'elle s'éloignait de lui, l'espace autour de lui semblait se réduire, comme un vide soudain qu'il ne pouvait combler.
Il tourna la tête vers Julien, qui s'était arrêté de parler, attendant clairement une réaction. Mais il n'y en eut pas. Léo lui lança un regard absent, un simple mouvement de la tête pour indiquer qu'il avait entendu. Tout ce qu'il voulait, c'était s'éloigner de cet endroit, de cette fête qui sonnait faux. Ses pensées s'étaient encore perdues en Ella, et la vision de ses yeux brillants, cette lueur de défi, restait gravée dans son esprit. Elle ne lui obéissait pas. Elle ne s'adaptait pas à ce qu'il avait imaginé. Et ça, c'était insupportable.
La musique dansait autour de lui, une mélodie sourde et hypnotique, mais il n'entendait plus que le bruit de son propre cœur. Les émotions refoulées ne pouvaient plus être ignorées. Il fallait qu'il prenne une décision. Mais la décision qu'il redoutait de prendre depuis le début, il savait que cette dernière allait changer la donne pour toujours. S'il se détournait d'elle, ce serait la fin. S'il se laissait aller à ses sentiments, ce serait la fin. Quoi qu'il fasse, tout allait s'effondrer. Le mariage, l'héritage, la famille, tout cela serait alors relégué au second plan. Et il était sûr d'une chose : il ne voulait pas tout perdre à cause d'un simple caprice.
Elle n'était pas son idéal. Elle ne correspondait en rien à ce qu'il aurait choisi pour lui-même. Et pourtant, il la voyait différemment de la manière dont il l'avait toujours perçue. Elle n'était pas cette image froide, calculatrice, de la jeune femme parfaite qu'il s'était toujours imaginée. Non, elle était bien plus complexe. Et peut-être que, tout au fond, il en était conscient. C'était cette complexité qui l'attirait, même s'il n'arrivait pas encore à l'admettre. Il n'avait pas l'intention de la laisser pénétrer son monde. Mais quelque chose lui disait que c'était déjà trop tard. Ce désir qu'il repoussait, cette attirance qu'il ne voulait pas reconnaître, ils étaient là, imprégnant chaque moment passé avec elle.
Les bruits de la soirée se faisaient de plus en plus lointains, un brouillard qui s'épaississait dans son esprit. Soudain, il se sentit observé, une sensation familière qu'il avait déjà vécue plus d'une fois. Il tourna brusquement la tête et croisa le regard d'Ella. Elle le fixait, non pas avec curiosité, mais avec défi. Elle savait exactement ce qu'elle faisait, et, plus encore, elle savait qu'il la voyait. Léo sentit un frisson lui parcourir l'échine. Il détourna les yeux, mais l'éclat de ses prunelles restait gravé dans son esprit. Elle était là, dans son monde, et il était de plus en plus incapable de l'ignorer.
Un silence lourd s'installa entre eux, mais ce n'était pas un silence vide. Il y avait quelque chose dans l'air, quelque chose de puissant, de dangereux. Les deux savaient que quelque chose allait se passer. Et lorsque leurs regards se croisèrent à nouveau, une certitude naquit en lui. Il ne pourrait jamais l'ignorer. Ni elle, ni ce qu'ils étaient devenus l'un pour l'autre. Et il n'était pas sûr que cette situation leur soit favorable. Mais il savait que la seule chose qu'il puisse faire désormais, c'était d'accepter ce qui venait, d'accepter cette force invisible qui les reliait, même si elle risquait de tout détruire.
La soirée continuait de tourner autour d'eux, mais tout semblait à présent suspendu dans le temps. Léo ne savait pas combien de minutes ou d'heures s'étaient écoulées depuis ce premier échange de regards, mais il se sentait emprisonné. Un poids invisible s'était abattu sur ses épaules, plus lourd que toutes les responsabilités qui étaient les siennes, plus pesant que le fardeau de l'héritage qu'il devait un jour porter. Il aurait dû se concentrer sur la conversation avec Julien, sur les propositions que ses associés lui soumettaient, sur tout ce qui faisait partie de son monde. Mais tout cela lui paraissait soudainement dérisoire. Parce que dans la pièce, il n'y avait plus qu'elle. Dans l'air, il n'y avait plus que la tension entre eux, presque palpable, invisible mais pourtant présente.
Léo jeta un coup d'œil furtif en direction de la table où Ella était assise. Elle ne semblait pas perturber par la situation, pas même par son regard insistant. Elle continuait de sourire, de parler avec aisance et de briller, comme si elle n'était pas du tout affectée par la tension qui semblait se charger autour de lui. Pourtant, dans ses yeux, Léo devinait quelque chose de plus, un secret qu'il était persuadé qu'elle ne partageait avec personne. Elle savait ce qu'elle faisait, et plus que jamais, elle semblait avoir une emprise sur lui qu'il ne comprenait pas. Il se sentit nu, vulnérable, une sensation qu'il n'avait jamais appréciée, encore moins en présence de quelqu'un comme elle.
Mais quelque chose changea en lui à cet instant précis. La prise de conscience qu'il avait tenté de repousser toute la soirée s'imposa à lui avec une force dévastatrice. Ce qu'il ressentait n'était pas simplement un agacement ou une répulsion vis-à-vis de cette femme imposée dans sa vie. C'était bien plus complexe que ça. Il avait du respect pour elle, une admiration cachée qu'il n'avait jamais voulu reconnaître. Mais ce respect se mêlait à une colère sourde, à une rancune profonde qu'il ne pouvait effacer. Il détestait la situation dans laquelle il se trouvait. Et pourtant, il ne pouvait nier qu'il était à la fois attiré et agacé par cette présence.
Il chercha à fuir cette situation, à se distraire, mais les murs de la pièce semblaient se refermer sur lui. Tout était devenu trop suffocant. La musique, les rires des invités, les conversations de fond, tout cela n'était que bruit dans un monde qui n'avait plus de sens. Il n'entendait plus rien d'autre que le battement de son propre cœur, martelant son esprit, le pressant de prendre une décision. Mais la décision n'était pas simple. Pas avec elle.
Il avait toujours voulu rester maître de son destin, de ses émotions, de ses choix. Mais Ella... Elle lui échappait. Tout en elle lui échappait. Son caractère, sa beauté, sa façon d'être à la fois distante et pourtant présente. Elle déstabilisait tout ce qu'il croyait savoir sur lui-même. Et, alors qu'il se noyait dans ses pensées tourmentées, il remarqua qu'elle se levait, s'éloignant lentement du groupe avec une démarche sûre, presque imperceptible, mais résolue. Elle se dirigeait directement vers lui.
Léo sentit une étincelle de nervosité traverser son corps. Son regard croisa celui d'Ella une dernière fois avant qu'elle ne disparaisse dans la foule. Il se leva, le corps tendu, ses mains se crispant involontairement autour du verre qu'il tenait encore. Il voulait l'éviter, fuir cette conversation, fuir ce qu'il pressentait déjà, mais il ne le pouvait plus. Ils étaient désormais liés, inextricablement liés par une tradition vieille de plusieurs générations, par des règles qu'il n'avait pas choisies, mais qu'il devait désormais respecter.
Elle se tenait là, devant lui, parfaitement calme, comme si elle avait toujours su que ce moment finirait par arriver. Léo se força à respirer profondément avant de croiser son regard. Mais il n'eût pas le temps de dire quoi que ce soit. Ella brisa le silence.
- Nous devons parler.
Sa voix n'était ni douce ni agressive, simplement ferme, comme si elle avait anticipé chaque mot qu'il allait dire. Comme si elle savait déjà ce qui allait suivre. Léo s'étonna de la confiance qui émanait d'elle, de cette maîtrise qu'elle semblait avoir sur la situation. Il se sentit déstabilisé, mais il ne pouvait pas lui accorder cette victoire. Pas encore.
- Je n'ai rien à dire, répondit-il, son ton plus tranchant qu'il ne l'aurait voulu.
Mais Ella ne sembla pas se laisser intimider. Elle s'approcha encore, s'arrêtant juste assez près pour qu'il sente la chaleur de son corps. Un frisson traversa l'échine de Léo. Ses yeux se plongèrent dans les siens, et pendant un moment, il perdit le fil du temps. Ce qu'il voulait lui dire s'échappa de son esprit.
- Alors, tu penses que tout ceci peut continuer ainsi, sans qu'on parle vraiment ? demanda-t-elle, la voix plus basse, mais plus insistante.
Léo eut un sourire amer, plus pour lui-même que pour elle. Oui, il pensait que tout pourrait continuer ainsi, que l'impossibilité de cette situation finirait par lasser l'un ou l'autre. Mais il savait au fond de lui que ce n'était pas le cas. Tout ce qu'il avait construit, tout ce en quoi il croyait, vacillait sous l'ombre de cette femme, sous ses yeux, sous ce que représentait cette union forcée. Elle n'était pas ce qu'il avait imaginé. Non, elle était bien plus.
Il s'éloigna légèrement, secouant la tête, comme pour tenter de remettre de l'ordre dans ses pensées.
- Je n'ai pas besoin de toi, dit-il enfin, sa voix pleine d'une froideur qu'il peinait à dissimuler.
Mais Ella ne bougea pas. Elle attendait, silencieuse, comme si elle savait que le pire était encore à venir, mais que ce n'était qu'une question de temps avant que tout éclate.
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