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A l'aube des jours

A l'aube des jours

herlinmaud

5.0
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Chapitres

Après la catastrophe planétaire qui a tué des milliards d'êtres humains, quelques milliers seulement ont survécu et trouvé refuge sur une autre planète. Désireux de ne pas reproduire les mêmes erreurs du passé, il a été convenu de retourner à d'anciennes valeurs, ce qui ne semble pas déplaire à Isabelle, nouvelle arrivante à Canton Vallée, et qui va découvrir la vie à la campagne.

Chapitre 1 L'arrivée

Cher journal,

Il y a maintenant près d’un demi-siècle que les humains ont fui la Terre. Elle devenait dangereuse et inhabitable. Par leur mode de vie, leur avidité, ils l’avaient complètement détruite et elle se vengeait de tout ce qu’elle avait subi de trop longues années. Trente-six vaisseaux ont quitté la planète et seulement douze sont arrivés à destination, sur Oréa, la planète habitable la plus proche. Ils n’étaient plus que quelques milliers de survivants, tous les autres avaient péri sur Terre. Personne n’a jamais eu de nouvelles des autres vaisseaux, tous ignorent encore aujourd’hui ce qu’il s’est produit, mais une chose est certaine… il y a eu une prise de conscience collective. Peu désireux de commettre les mêmes erreurs et subir le même sort, il a été décidé d’un commun accord de revenir à un ancien mode de vie plus sain, tout en combinant une technologie plus saine elle aussi et moins polluante.

Ma mère me racontait souvent des histoires le soir, avant que je ne m’endorme. Elle me disait souvent que nous sommes revenus à d’anciennes valeurs, que nous sommes retournés dans le passé. Certains appellent cette époque l’Ere de la Régression, d’autres l’Ere de l’Optimisme et d’autres encore l’Ere du Renouveau. Elle aimait comparer ce nouveau mode de vie à l’ancien, où les robots et les machines avaient envahi le quotidien des gens. La publicité était partout, incitait à la consommation, et les voitures qui permettaient de se déplacer vite, mais sans le moindre effort. Une société de consommation où tout avait été calculé, réfléchi, pour que les humains en deviennent totalement dépendants, qu’ils deviennent des esclaves sans force ni volonté. C’était sa vision des choses et c’était terrifiant. Je n’enviais pas cette vie. Et puis, son visage s’illuminait tout à coup quand elle parlait d’aujourd’hui. Le travail dans les champs avec des véhicules silencieux et non polluants, les déplacements à chevaux, les petits villages d’une centaine d’habitants qui fleurissaient çà et là, les petites écoles qui accueillaient seulement une dizaine d’élèves, un avantage non négligeable pour un meilleur apprentissage, ou encore d’anciens métiers qui voyaient à nouveau le jour et qui n’existaient plus autrefois.

Ici, elle était heureuse et épanouie, je le ressentais dans sa voix qui vibrait de joie, je le voyais dans ses yeux qui pétillaient, je l’entendais par les chants qu’elle fredonnait.

Nous ne sommes pas à l’abri des soucis et des problèmes, ce monde-ci n’est pas parfait, mais il est celui dans lequel je vis, moi, Isabelle Morel. Et j’ai hâte de découvrir ce que l’avenir va me réserver.

Souriante, Isabelle referma son livre à l’instant même où quelqu’un frappait à sa porte. Intriguée, la jeune femme se releva prestement et se dirigea d’un pas ferme vers la porte d’entrée pour l’ouvrir à la volée sur un petit homme trapu et chauve. Tout sourire, il releva ses lunettes rondes sur son nez et se racla bruyamment la gorge.

- Bonjour, mademoiselle, je suis le maire de Canton Vallée, Robert Marchal, et je suis heureux de vous accueillir parmi nos nouveaux habitants. Je voulais m’assurer que tout allait bien. Vous êtes bien installée ? Vous avez pu rapatrier tous vos meubles et toutes vos affaires ?

- Oui, il n’y a aucun souci, je vous remercie.

Quand ses yeux passèrent par-dessus l’épaule d’Isabelle pour balayer la pièce derrière elle, son sourire s’évanouit brièvement et il pointa du doigt une étagère effondrée.

- Je vois que vous avez eu un petit souci…

- Ce n’est rien, elle était vieille de toute manière, lui assura Isabelle.

- Si vous le souhaitez, nous avons un menuisier au bout de l’allée principale. Quand vous aurez le temps, passez lui rendre visite. Dites-lui que c’est moi qui vous envoie.

- C’est très aimable de votre part, je vous remercie.

Le maire sembla chercher quelque-chose à ajouter mais, comme un silence gênant s’installait, il se contenta simplement de saluer Isabelle d’un bref mouvement de la tête avant de s’en aller.

Tout sourire, la jeune femme attrapa son manteau et quitta la chaleur de sa maison pour affronter le froid hivernal. Il lui fallut une dizaine de minutes pour rejoindre le centre de la ville. Les habitations avaient été volontairement construites à l’extérieur de la ville, notamment pour le cadre paysager et le calme de la campagne. Isabelle approuvait cette perspective et se réjouissait à l’avance des jours heureux qu’elle allait vivre ici, à Canton Vallée. Elle imaginait déjà son avenir, dessinait des projets, imaginait des plans et rêvait à une merveilleuse rencontre, un grand mariage et croyait entendre les éclats de rire d’enfants. Tout ça la rendait guillerette.

Toujours souriante, son arrivée en ville fut pourtant différente de ce à quoi elle s’était attendue. Il n’y avait que très peu de commerces, mais pourtant une grande affluence. Les chevaux et les calèches envahissaient les rues, ainsi que de nombreuses personnes qui se promenaient de bonne heure. C’était une ville de petite taille et pourtant plus vivante qu’une fourmilière. Étonnée et aussi un peu perdue, Isabelle chercha du regard l’enseigne du menuisier, sans la trouver.

Alors elle commença à avancer prudemment en soulevant légèrement sa robe pour qu’elle ne soit pas tâchée de boue, attirant l’attention d’une femme qui s’approcha pour l’aborder.

- Excusez-moi, puis-je vous aider ?

Isabelle eut un sursaut de surprise et s’arrêta net. Elle tourna la tête en direction de la voix et son regard croisa celui d’une belle femme, dans la quarantaine, élégamment coiffée et modestement habillée. Elle lui inspirait le respect et la confiance. Son sourire chaleureux et ses yeux pétillants la mirent rapidement à l’aise.

- Euh, je suis à la recherche du menuisier.

- Il ne commence que dans une heure, lui répondit l’inconnue. Je ne vous ai jamais vue auparavant, vous êtes nouvelle ?

- Oui, en effet. Je suis la nouvelle couturière.

- Oh, alors bienvenue à Canton Vallée ! Et si nous allions prendre un café pour faire les présentations ? Je pourrais ainsi vous parler un peu de la ville et de ses habitants, si vous le souhaitez ?

- Ce serait volontiers, je vous remercie !

- Au fait, je m’appelle Marianne Besson.

- Isabelle Morel, ravie de faire votre rencontre.

Marianne glissa son bras sous le sien pour l’amener en direction du café. Déconcertée par ce geste quelque peu familier, Isabelle se laissa pourtant entraîner.

Quand elle pénétra dans le café, une agréable odeur douce-amère lui chatouilla les narines. L’endroit était plutôt cosy, chaleureux, et décoré avec très bon goût. Il n’y avait que quelques personnes assises aux tables et qui savouraient de bon matin leur café ou leur chocolat, parfois accompagné d’une viennoiserie. Séduite, Isabelle entendit aussitôt son estomac gronder. Gênée, elle évita soigneusement le regard de Marianne, les joues roses, tandis que la jeune femme l’attirait vers une table.

- Je vous invite, dit-elle.

- Oh, ce n’est pas nécessaire.

- J’insiste.

Devant ce ton ferme et cet air décidé, Isabelle ne put que céder et accepta, tandis que la serveuse s’approchait d’elles pour prendre commande. Isabelle se contenta d’un simple chocolat, embarrassée à l’idée qu’une quasi parfaite inconnue paie à sa place. Comme Marianne avait probablement deviné son malaise, elle commanda un repas pour deux.

- Vous êtes donc la nouvelle couturière de Canton Vallée, alors ? demanda-t-elle, souriante. Nous vous attendions avec impatience.

- Ah oui ?

- De nombreuses femmes ont besoin de faire retoucher leurs vêtements, notamment deux futures mères dont le ventre s’arrondit de jour en jour. D’où venez-vous, si je peux me permettre ?

- Une grande ville, Campreas, j’imagine que vous devez connaître.

Marianne haussa les sourcils, l’air surpris, alors que la serveuse revenait vers elle pour déposer leur commande sur la table en leur souhaitant un bon appétit. Étonnée par son ignorance, Isabelle glissa ses deux mains autour de la tasse brûlante pour se réchauffer.

- Vous ne connaissez vraiment pas ?

- J’ai toujours vécu ici, avoua Marianne. Je connais quelques noms de villes et villages alentours, mais Campreas…

- Je ne devrais pas être étonnée, cette ville se situe littéralement à l’autre bout du continent, il m’a fallu à peu près un mois pour arriver jusqu’ici. Là-bas, on y trouve de nombreux commerces, il y a également des habitations en centre-ville et le mode de vie est moins… rustique, moins campagnard. Disons que la ville n’est pas entourée de champs, elle fait directement importer toute sa nourriture des villages qui l’entourent.

- Oh… Alors les gens qui vivent là-bas doivent mener une vie tranquille et paisible, j’imagine.

- Loin de là s’en faut, lui assura Isabelle. Ils n’ont peut-être pas à travailler de leurs mains comme les agriculteurs ou les mineurs, mais ils exercent d’autres métiers qui ne sont pas toujours évidents : médecins, avocats, juges, policiers… Certains considèrent ces métiers plus difficiles encore que de travailler dans un champ.

- Ah oui ? s’étonna Marianne en portant sa tasse à ses lèvres pour boire une gorgée de café.

- J’ai notamment connu un psychologue qui a fini par faire une dépression à force d’écouter ses clients. Le comble de l’ironie, sourit Isabelle.

- Oh… J’en suis navrée… Et comment va-t-il, aujourd’hui ?

- Beaucoup mieux. Il travaille dans les champs, maintenant.

Les deux jeunes femmes éclatèrent de rire, amusées, et Isabelle remercia encore une fois Marianne pour le repas alors qu’elle se servait dans les viennoiseries.

- Finalement, aucun métier n’est facile et vivre dans une ville aussi grande que Campreas ne doit pas être évident.

- Non, en effet. La vie, là-bas, même si elle n’en n’a pas l’air, est tout de même stressante, angoissante et oppressante…

- Et c’est pour cette raison-là que vous avez décidé de la fuir ?

- En quelque sorte… Contre l’avis de mon père qui m’a reniée.

- Oh…

Marianne reposa doucement sa tasse pour prendre la main d’Isabelle dans la sienne, compatissante.

- Ils ont décidé d’arrêter l’expansion de Campreas pour ne pas reproduire les erreurs d’antan, mais il n’empêche que cette vie-là ne me convenait tout de même pas. Je préfère le calme et la sérénité de la campagne.

- Je comprends tout à fait.

La sonnette de la porte retentit et Isabelle leva automatiquement les yeux. Elle se figea aussitôt quand son regard croisa celui de l’inconnu qui venait de franchir la porte. Ses yeux bleu électrique la sondèrent longuement. Il esquissa un léger sourire et se dirigea d’un pas tranquille vers le comptoir.

- Isabelle ?

- Mmh ?

Isabelle secoua brièvement la tête, les joues roses, gênée par ce moment d’égarement. Marianne, elle, paraissait amusée et un grand sourire fendait son visage.

- C’est Maxime, le menuisier.

- C’est lui ?

- Oui, gloussa Marianne. Il est plutôt séduisant, n’est-ce pas ?

- Euh… Je n’ai pas franchement d’avis là-dessus et puis la beauté, aux yeux des autres, ne dépend que des goûts de chacun. Bon, euh… Je dois y aller, ravie d’avoir fait votre connaissance.

La scène semblait manifestement divertir Marianne qui ne se départait pas de son sourire. De plus en plus mal-à-l’aise, Isabelle se releva maladroitement alors que Maxime arrivait à sa hauteur et la saluait d’un signe poli de la tête.

Une étrange bouffée de chaleur l’envahit et elle sentit ses jambes faiblir avant que l’obscurité ne se referme sur elle.

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