AprÚs de longues semaines à le regarder de loin, il n'est presque plus un secret pour moi, Adriana Dean. Nous n'avons que quelques cours en commun, mais c'est suffisant pour le garder prÚs de moi. Luke Adams est certes inaccessible, mais je veux tenter une histoire... je désire l'aimer autant que je ne le peux avant de partir... La derniÚre case à cocher avant de lùcher prise est : "conquérir celui que ton coeur désire".
- Ce n'est qu'en fermant les yeux que j'ai vu combien j'ai perdu. Mon sourire a perdu de ses couleurs, le rendant faux et froid. Crois-moi, j'aurais voulu ĂȘtre lĂ plus longtemps pour toi, car tu m'as dĂ©jĂ tant donnĂ©... Mais je veux te rĂ©compenser par ce Ă©niĂšme baiser, et te montrer que jamais je ne te laisserai tomber. Mon Ăąme sera Ă jamais reconnaissante pour tes bienfaits, et l'amour que tu lui as portĂ©e. Je t'ai aimĂ© une fois, aujourd'hui je ne suis plus lĂ , mais pour l'Ă©ternitĂ© mon amour est Ă toi.
Je ne suis pas assez cruelle pour te demander de me prendre la main, mais par pitié, penses le plus souvent à moi... je t'en prie, ne m'oublie pas.
Un silence rĂ©sonne dans l'auditorium. J'ouvre les yeux Ă la fin de ma poĂ©sie, qui, je l'avoue, est plus une interprĂ©tation qu'une rĂ©citation. Mon regard croise celui du jeune homme au dernier rang. Il a l'habitude de rester la tĂȘte enfouie dans ses bras, mais il a pris la peine de me fixer attentivement comme si c'est la premiĂšre fois. Cependant, moi je l'ai vu Ă plusieurs reprises, j'ai pris le temps de l'observer et mon cĆur s'est Ă chaque fois Ă©pris d'un amour brĂ»lant.
- Oh... euh, débute le professeur de littérature, trÚs bien mademoiselle Adriana Dean, c'est ça ?
Je hoche silencieusement la tĂȘte, serrant la feuille entre mes doigts.
- « A+ », toutes mes félicitations, l'émotion était tellement intense que je... enfin, bon ! Venez me voir à la fin du cours.
- Pas d'soucis. Merci.
Je lui adresse un signe de la tĂȘte, et me fonds dans les allĂ©es pour m'assoir Ă ma place. Je souffle tranquillement en rouvrant mon ordinateur. Cependant, mon cĆur me pousse Ă me retourner mĂȘme si je ne le veux pas. De nouveau, son regard creusĂ© d'un bleu sombre me toise. Plusieurs frissons viennent me faire sursauter, oh mon Dieu... j'ai l'impression qu'il est en train de faire fondre l'arriĂšre de ma tĂȘte. C'est la sonnerie qui me libĂšre de ce fardeau pesant. Je m'Ă©tire en voyant des potes se rapprocher de moi. Mon poing se tend vers eux, et Ă tour de rĂŽle, ils viennent entrechoquer leurs doigts serrĂ©s aux miens. Nous Ă©changeons briĂšvement sur le cours.
- Comme d'habitude, tu m'as bluffĂ©e ! J'aimerais tellement ĂȘtre comme toi-mĂȘme pour une journĂ©e... gĂ©mit Michelle en balançant ses cheveux colorĂ©s de gauche Ă droite.
- Crois-moi, une journée dans ma peau est bien plus chiant que tu le penses.
Je cherche du regard Luke tout en rangeant mes affaires.
- Il est dĂ©jĂ sorti, si c'est ce que tu veux savoir, m'informe Mike avec un sourire gĂȘnĂ©.
- Ah oui ? Merci. Enfin, non... je veux dire, je ne veux pas savoir ça... du tout !
C'est bĂȘte, mais je sens bien mes joues s'enflammer. Bordel...
- Euh... le prof' m'a appelée, on se retrouve à l'asso ! me précipité-je, déboulant les escaliers.
- Adi ! m'interpelle Tiphany, toujours avec sa lime Ă ongles entre les mains.
- Quoi ?
- D'ici lĂ , faudra lui dire !
Je soupire en roulant des yeux. Si elle savait à quel point j'aurais voulu tout lui dire. Cette poésie, c'était pour lui... et son regard insaisissable m'a d'autant plus perturbée. Dieu sait combien je suis passée devant le tableau pour qu'il me remarque de par mon intelligence, mais apparemment, ce n'est pas ça qu'il l'attire. Le relooking n'a pas fonctionné non plus.
Plus le temps passe, et plus je me rends Ă l'Ă©vidence ; il faudra mettre Ă exĂ©cution le plan « Tiph-agis », - parce que Tiphany n'y va pas de main morte lorsqu'elle aime quelqu'un -. C'est ce qui me fait justement peur, j'ai Ă mon poignet une montre connectĂ©e qui se met Ă clignoter comme une alarme lorsque mon cĆur s'affole. C'est en premier lieu pour rĂ©gler mon Ă©tat de santĂ©, mais lĂ , ça devient plus gĂȘnant qu'autre chose.
J'ai imaginĂ© la scĂšne plus de soixante-dix mille fois dans ma tĂȘte, et on en arrive Ă la mĂȘme conclusion : ça va foirer. Je secoue la tĂȘte pour me concentrer sur ce que mon professeur va me dire.
- Eh bien Adriana, j'aimerais que tu...
Chapitre 1 Embrasement
21/05/2021