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LE POIDS DU PASSÉ

LE POIDS DU PASSÉ

Divine ST

5.0
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52
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21
Chapitres

C'est l'histoire d'Une jeune femme au caractère austère et distant avec le monde qui l'entoure, la solitude et le silence valent mieux pour elle que d'être entourée de ses proches. Un soir, alors qu'elle se retrouvera dans un bar, le jour de la commémoration du décès de son père, elle se verra raconter son histoire à une serveuse indiscrète. Entre joie, amour, regrets, déceptions et douleurs, Elle ouvrira son cœur meurtri à une inconnue sans se douter que la vie est si souvent surprenante…

Chapitre 1 1

Il y a plusieurs choses dans la vie qui m’agacent et le bruit en fait partie, je masse mes tempes en regardant mon neveu, Pablo, qui s’évertue à crier à pleins poumons en faisant voler son avion en jouet de sa petite main. Du haut de ses cinq ans, ce petit a beaucoup trop d’énergie. Je demeure assise sur ma chaise et je porte mon verre de cocktail à mes lèvres, c’est froid et sucré, j’aime ça.

Un gros bruit se fait entendre, Pablo vient de faire tomber des assiettes qui étaient posées sur la table, je soupire en déposant mon verre, je sens que je vais me faire rabâcher les oreilles d’ici peu.

« Non, mais, c’est quoi tout ce désordre ! »

Qu’est-ce que je disais ?

La voix stridente de ma petite sœur, Victoire, vient de se faire entendre, elle est debout, les mains sur les hanches, et semble évaluer le désordre que son fils a fait dans son salon.

— Qu’est-ce qui se passe ici ? Ayana, comment peux-tu regarder Pablo faire autant de désordre sans rien dire ? hurle-t-elle en me regardant.

Je ne comprendrai jamais cette manie qu’ont les mères de crier à tout-va, ne peuvent-elles pas s’exprimer calmement ? Et pourtant, on peut bien se faire entendre sans aucun hurlement.

— Ayana, je te parle !

Je hausse les épaules.

— Que voulais-tu que je fasse ? Il vit sa vie, dis-je sur un ton détaché.

— Il vit sa vie ? Tu es sérieuse lorsque tu dis qu’un garçon de cinq ans vit sa vie ? Tu te moques de moi là, Ayana !

Des pas se font entendre, notre mère, Marlène Oyiba, entre dans le salon avec un plateau dans ses mains.

— Que se passe-t-il ici ? fait-elle en déposant le plateau sur la table qui est devant moi.

— Il se trouve que ta fille ici présente a laissé son neveu faire tout ce désordre alors qu’elle pouvait bien l’en n’empêcher. Ayana n’est même pas capable de surveiller Pablo juste quelques petites minutes.

Je plonge ma main dans le plateau et je pioche un cornichon couvert de ce qui me semble être du jambon sur un cure-dent, je fourre le tout dans ma bouche.

— Je fais comment maintenant ? Bientôt les invités arrivent et je dois encore ramasser tout ce désordre, est-ce que tu sais que je suis debout depuis ce matin à cuisiner et qu’actuellement, je suis épuisée ?

— Rien à foutre ! dis-je, calmement en fixant ma sœur.

— Ayana ! fait notre mère sur un ton de reproche.

— Tu vois maman ? s'insurge Victoire. Est-ce que tu vois comment Ayana est ? Tu vois comment ta fille est ?

Je me lève de ma chaise, je vide mon cocktail, puis je prends mon sac à main.

— Au revoir, dis-je.

Je me dirige vers la porte et je sors de la maison de ma sœur.

— Tu n’avais pas envie d’être là de toute façon, entends-je dire Victoire.

Elle a beau être bruyante ma sœur, mais elle a raison, je n’avais aucune envie d’être chez elle pour cette fête en l’honneur de la promotion qu’elle a eue à son travail, le fait de devoir voir et discuter avec les amis et collègues parfaits de ma sœur m’aurait irritée plus qu’autre chose. De toute manière, je sais ce que l’entourage de ma sœur pense de moi : que je suis une femme froide, insensible et désagréable. Ce qui est d’ailleurs vrai, je crois même que tout le monde autour de moi pense ainsi et pour être franche, cela ne me fait absolument ni chaud ni froid.

« Bonjour »

Je lève la tête vers cette voix, c’est le voisin de Victoire qui a emménagé dans la maison d’en face il y a quelques mois, je le sais parce que maman a dit au cours d’une discussion entre Victoire et elle en ma présence qu’elle connaissait sa mère. Le voisin qui me semble avoir une trentaine d’années tient la laisse d'un chien qui s’agite vivement à ses pieds, cet homme me fixe attendant surement le remuement de mes lèvres, je le dépasse sans répondre à sa salutation. Je n’ai aucun problème avec lui, c’est juste que je ne vois pas l’utilité de lui dire « bonjour » en retour, j’ai mieux à faire.

Je monte dans ma voiture que je conduis en direction de chez moi. Une fois dans mon appartement, je me dirige dans ma chambre et je me jette sur le lit, je ferme les yeux en soupirant d’aise. Je préfère largement le silence de ma chambre que de m’efforcer à être à la fête de Victoire qui doit certainement être en train de me maudire dans son cœur actuellement, mais je suis déjà habituée.

Six mois plus tard,

Aujourd’hui c’est mon dernier jour de la semaine au travail, le week-end peut enfin débuter. J’ai hâte de rentrer chez moi. Je ne suis pas de ces personnes qui ont des gens qui les attendent à la maison, aucun compagnon ni d’enfant ne m’attend, mon appartement est totalement vide, mais n’empêche que chaque jour après le boulot, je me presse d’être parmi les premières personnes de cette entreprise à partir tôt.

Je sors de mon bureau après avoir rangé mes affaires, je me dirige vers la sortie sans adresser la parole à qui que ce soit, je n’ai aucune familiarité avec mes collègues, je préfère garder mes distances et je suis sûre qu’ils ont compris au fil du temps qu’ils devaient en faire de même, de toute façon mon poste de comptable m’évite bien les discussions inutiles avec certains employés, je discute juste avec qui de droit et surtout lorsque cela est nécessaire concernant le boulot.

Lorsque j’arrive à mon appartement, je me jette dans les draps après avoir pris ma douche, je veux juste dormir.

***

La musique sert à adoucir les mœurs, parait-il, j'ai beau en écouter, mais cela ne fonctionne pas avec moi, je ne suis certainement pas la cible. J’augmente le volume de cette chanson que diffuse mon ordinateur portable et je me lève du lit en chantonnant à tue-tête. J’ouvre mon placard et j’en sors une robe noire droite que je sais parfaite sur mon corps. J’enfile la robe en prenant soin de porter des sous-vêtements en dentelle.

Je prends ma trousse à maquillage et je me place devant mon miroir. La chose qui est fabuleuse avec le maquillage, c'est qu’il arrive aisément à camoufler les imperfections, j’aurais aimé qu’il puisse aussi cacher les imperfections de ma vie toute entière, mais on ne peut malheureusement pas tout avoir.

Mon téléphone sonne, je découvre en regardant l'écran que c’est ma mère.

— Allô ? dis-je en décrochant.

— Ayana dis-moi, qu'est-ce que je t’ai fait de mal ?

La voix de mère est tremblante, elle a sans aucun doute pleuré. Je m’assois sur mon lit, je connais déjà la raison de cet appel et je sais comment ça va se terminer. Depuis cinq ans, à la même date du même mois, c’est la même chose qui se répète à chaque fois.

— Qu’est-ce que j’ai encore fait ? demandé-je sur un ton moins détaché que je le voudrais.

— Aujourd’hui c’est la date du décès de ton père et nous avons fait un tour au cimetière et ça tu le sais parfaitement ! Mais tu n’as même pas daigné faire le déplacement, Ayana, on ne parle pas d’un inconnu ou d’un simple membre de la famille, mais de ton père, dit-elle en reniflant.

Je dépose le téléphone sur mon lit et j’active le haut-parleur.

— Pourquoi... snif... pourquoi agis-tu ainsi ?

Je ne réponds pas, je prends cette question de manière rhétorique, c’est bien connu, les parents adorent les questions rhétoriques.

— Mon mari est mort, ton père est mort et depuis son enterrement, tu n’as plus jamais mis les pieds au cimetière. Et même lorsque nous nous réunissons en famille afin de lui rendre hommage, tu ne te déplaces pas, tu n’en as rien à faire, ça me fait tellement mal.

Ma mère éclate en sanglots, je l’écoute pleuré sans dire un seul mot.

— Tu pourras avoir d’autres amis, tu pourras rencontrer d’autres amours, mais un parent, on ne le remplace jamais ! Jamais, Ayana !

Une autre voix me parvient à l’autre bout du fil.

— Allô, Ayana ?

C’est la voix de Victoire, elle a pris le téléphone de notre mère.

— Je t’écoute, dis-je, calmement.

— Ayana, je sais que tu t’enfiches de tout le monde, je sais que tu t’en fiches de nous et qu’il n’y a que ta petite personne qui t’intéresse, mais pour la mémoire de papa, pourquoi ne veux-tu même pas faire un effort ?

Je fixe le mur devant moi, mine de rien, le jaune est une couleur qui ressort bien à l’intérieur d'une maison.

— Tu es ma grande sœur, Ayana, et pourtant tu t’évertues à agir en irresponsable, pour papa tu peux bien mettre ton égoïsme de côté, ça fait cinq ans que papa est partie et…

La voix de ma sœur se brise, l’émotion dans sa voix me montre qu’elle est à deux doigts de pleurer.

— J’ai compris, Victoire, au revoir.

Je raccroche sans lui donner le temps d’en placer une, je mets mon téléphone en mode silencieux.

Je me lève du lit et je me replace devant mon miroir. Mon père était vraiment un homme exceptionnel, un homme bien, et aujourd’hui, j'agis comme une égoïste sans cœur et je sais que c’est mal, mais c’est ainsi que les choses sont faites.

Après un dernier coup de fond de teint, je couvre mes lèvres d’un rouge à lèvres, couleur rouge sang qui me va si bien. Je prends mon sac à main, j’y fourre mon téléphone. Une fois à l'extérieur de la maison, j’avise l’heure, 21 h 38, je suis dans les temps.

Je marche une qinzaine de minutes, puis j’arrive devant un bar. Je pénètre dans la salle, j’évalue du regard le nombre de personnes qui sont assis dans ce bar, il y a quand même assez de monde ce soir.

Je me dirige au fond de la salle, je m’assois à une table vide et je dépose mon sac sur la table.

« Bonsoir »

Je lève la tête, une serveuse se tient devant moi avec un calepin et un crayon dans ses mains.

— Bonsoir, réponds-je

— Qu’est-ce que je vous sers ?

— Une bouteille de Baileys avec des glaçons.

— D’accord.

Elle se retourne et s’en va.

Je pointe mon regard sur la salle qui s’active vivement autour de moi, je reste silencieusement assise, je regarde simplement le monde.

Continuer

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