PRĂT SUR GAGE Yvonne est une jeune femme sans scrupules qui ne fait pas grand cas de la douleur que ses actions peuvent causer aux autres. Elle se dit ĂȘtre du monde de "ceux qui mangent" et elle en brandit bien le drapeau! impĂ©nitente, voire fiĂšre de sa dĂ©mesure, elle est du genre Ă tirer son bonheur de ce qui cause du tort Ă autrui. C'est donc de la plus rude et inattendue des maniĂšres qu'elle finit par apprendre que, quiconque crache en l'air, finit tĂŽt ou tard par recevoir sa bave Ă la figure.
1. BOSS LADY
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-S'il vous plaßt, accordez-moi un mois de plus, je vous en supplie, fait la femme en face de moi, le désespoir plein le regard.
- Madame, sortez. On s'est dit tout ce qu'on avait à se dire, j'ai une activité à faire tourner, bon sang ! Vous me perdez le temps, fais-je froidement
- Je suis veuve et cette maison est pour moi et mes enfants le seul bien de valeur que nous possédons. Nous allons nous retrouver à la rue si vous me la prenez.
- Vous n'aviez qu'Ă me repayer dans le dĂ©lai comme le stipule ce contrat que vous avez signĂ©. J'ai rempli ma part du contrat en vous faisant le prĂȘt, vous n'avez pas rempli la vĂŽtre, les consĂ©quences sont lĂ . J'ai le droit de saisir la maison car vous n'avez pas respectĂ© les conditions du prĂȘt accordĂ©.
- C'est indépendamment de ma volonté. Un sinistre concours des circonstances...
- J'ai Ă©tĂ© trĂšs patiente avec vous, en vous accordant des rallonges sur deux mois, sans mĂȘme que vous n'ayez Ă payer extra. Je dois rĂ©cupĂ©rer mon argent, coupĂ©-je, intransigeante
- Je vous supplie de m'accorder un autre mois. Juste un autre mois, je vais faire de mon mieux vous apporter vos 10 000 $. Je ne peux pas perdre cette maison. J'avais l'argent, mais des voleurs m'ont attaquée...
- Madame Salima, veuillez quitter mon bureau. Ceci est mon business, mon activité qui me permet de vivre décemment. Je ne dirige pas une charité, vous comprenez ? Vous n'avez pas pu me repayer comme convenu, je saisis donc le bien immobilier pour le mettre en vente aux enchÚres et récupérer mon argent. Mon équipe passera vous faire déguerpir de la propriété.
- Nooon ! Vous ne pouvez pas me faire ça.
- Oh que si, je peux ! Et en toute légalité.
- Je vous en supplie, ne me faites pas ça, s'écrie-t-elle, éclatant en sanglots.
- Elle se lĂšve, contourne mon bureau et vient se prosterner devant moi, me suppliant de lui accorder plus de temps.
Elle commence Ă vraiment m'agacer, cette grosse chouette.
- Mbari ! Idriss ! appelé-je, tout en regardant avec dédain la femme à mes pieds.
Mes deux hommes de main rappliquent sans tarder.
- Sortez-la d'ici.
- S'il vous plaĂźt ! supplie-t-elle
- Madame, allons-y !
- Accordez-moi un mois de plus...
Sans mĂ©nagement, Mbari et Idriss la trainent hors de mon bureau, pendant qu'elle continue de supplier en pleurant tout son saoul. D'une main, je lisse ma brĂ©silienne et ajuste ma veste de marque, avant de me concentrer sur les documents Ă©talĂ©s sur mon bureau. Yvonne Kavembi, Boss Lady Kav pour plusieurs, je suis la fiĂšre propriĂ©taire de Haraka-Raka Cash, une entreprise qui fait dans le prĂȘt sur gages et qui est trĂšs connue dans la ville de Goma. Je prĂȘte de l'argent aux emprunteurs qui en Ă©change dĂ©posent quelque chose de valeur qui sert de garantie en cas de dĂ©faut de remboursement. Les garanties varient entre bijoux, meubles, appareils Ă©lectroniques, vĂ©hicules, terrains, maisons etc. Cela fait huit ans que je me suis lancĂ©e dans ce business et il me rapporte vraiment gros. Il faut dire que je me suis donnĂ© les moyens pour qu'il me rapporte gros. Eh oui, dans la vie, on se doit d'ĂȘtre futĂ© pour manger les meilleurs fruits du pays.
C'est une industrie risquĂ©e qui requiert qu'on ait des soutiens, vu les intimidations auxquelles on peut parfois faire face, mais je suis blindĂ©e de ce cĂŽtĂ©-lĂ . Non seulement mes deux parents sont magistrats et sont trĂšs craints et respectĂ©s dans cette ville, je suis Ă©galement une vraie dure Ă cuire qui a su se bĂątir une rĂ©putation qui dĂ©courage toute forme de foutaise Ă mon Ă©gard. Tous ceux qui approchent mon entreprise pour des prĂȘts savent que je ne suis pas un petit fretin intimidable qu'on peut rouler dans la farine, mais plutĂŽt un requin qui n'hĂ©site pas Ă dĂ©vorer quiconque s'hasarde Ă faire le plaisantin. Mon tĂ©lĂ©phone qui sonne me fait lever la tĂȘte du document que j'Ă©tudiais. C'est Fofo qui appelle, un de mes gars sĂ»rs que j'utilise pour les filatures et vĂ©rifications.
- Fofo, sema (Fofo, parle) dis-je aprÚs avoir décroché
- Boss Lady, j'ai suivi le monsieur comme tu me l'as demandé et je me suis renseigné sur lui. Effectivement, il a sa fille qui vit en Europe qui lui fait réguliÚrement des mandats pour son maintien.
- Ah, je vois. On fait comme d'habitude. Tu gardes tes petits sur lui, surveillez tous ses mouvements. DÚs qu'il se rend à l'agence pour récupérer l'argent promis par sa fille, vous l'attaquez et lui ravissez tout !
- D'accord, Boss Lady.
- Je ne veux surtout pas qu'il soit en mesure de me rembourser. Comme ça, le bateau mis en gage sera à moi.
- C'est noté, Boss Lady.
- Bien.
Je raccroche, dĂ©pose le tĂ©lĂ©phone sur la table et continue avec ce que je faisais avant l'interruption. Des fois, lorsque la garantie d'un emprunteur attise mon intĂ©rĂȘt, je m'arrange de maniĂšre Ă ce qu'il ou elle ne soit pas en mesure de me repayer, en lui mettant fĂ©rocement les bĂątons dans les roues. C'est grĂące Ă cette ingĂ©nieuse tactique que, du haut de mes 35 ans, j'ai pas mal des biens de valeur Ă mon nom. Comme je l'ai dit plus tĂŽt, je me donne encore et toujours les moyens, pour que mon activitĂ© me rapporte vraiment gros. La femme que mes hommes de mains ont traĂźnĂ©e hors de mon bureau est l'une des victimes de ma tactique. Elle devait faire opĂ©rer dare-dare son enfant malade, et il lui faillait des milliers de dollars pour ce faire. Elle s'est donc tournĂ©e vers moi pour un prĂȘt, et comme garantie elle a fait dĂ©poser dans nos coffres les papiers de sa jolie petite villa qui m'a vraiment beaucoup plu aprĂšs inspection. Je me suis donc assurĂ©, avec l'aide de Fofo et les fourmis rouges (le nom de son gang) qu'elle ne soit pas en mesure de me rembourser. Elle m'avait assurĂ© que son grand frĂšre dans le grand KasaĂŻ lui enverrait de quoi me rembourser, aprĂšs la vente de la plantation familiale. Mes Ă©lĂ©ments qui la traquaient discrĂštement lui ont volĂ© tout l'argent Ă sa sortie de l'agence de transfert .
Mon téléphone sonne à nouveau, cette fois il s'agit de ma meilleure amie Nadine. Je décroche avec un sourire.
- Madame Aberi, on dit quoi ? fais-je gaiement
- Non non, jusque-lĂ je suis encore mademoiselle Muteb. Je ne deviendrai Madame Aberi que la semaine prochaine.
- Va lĂ -bas.
- Tu as pu nous réserver la place dont on a discuté avec les filles ?
- Mais bien sûr ! Depuis quand doutes-tu de mes capacités ? C'est dans le sac. Tout est en place. Tu n'as pas eu tort de me designer comme demoiselle d'honneur en chef.
Elle rit, heureuse. Elle se marie la semaine prochaine à Delphin Aberi, un gros bonnet de la douane, avec qui elle sort depuis prÚs de trois ans. Ce Samedi, c'est l'enterrement de sa vie de jeune fille, et c'est moi qu'elle a chargé d'en gérer la logistique. Dans notre groupe de quatre amies, je suis la plus ùgée et aussi la seule sans plan de mariage dans un futur proche.
1. Nadine se marie la semaine prochaine.
2. Le mariage de Clémence est dans trois mois.
3. Tania vit déjà avec son compagnon blanc, et elle nous a laissé entendre qu'ils officialiseront les choses vers la fin de l'année.
Moi, le mariage, je n'y crois pas trop car je ne suis pas monogame dans l'Ăąme, j'aime ĂȘtre libre et croquer la vie Ă pleine dent. Se marier c'est s'enchaĂźner Ă une seule personne, alors qu'il y a des millions de beaux spĂ©cimens dans le monde avec qui expĂ©rimenter des choses piquantes et intenses. Si la bouche a droit Ă la diversitĂ©, pourquoi pas mon niou-niou ?
Toutes les quatre, nous sommes devenues amies Ă l'universitĂ©. Nous avons toutes fait le droit et sortons des familles dont les noms pĂšsent lourd dans la ville de Goma. Que voulez-vous ? Un aigle ne frĂ©quente pas les moineaux. Je suis la seule du groupe Ă m'ĂȘtre lancĂ©e dans les affaires aprĂšs avoir exercĂ© pendant deux ans. Mes amies ont prĂ©fĂ©rĂ© des mĂ©tiers plus conventionnels, elles ont toutes des trĂšs bons postes dans le systĂšme de justice. Loin de moi l'idĂ©e de dire qu'elles ne sont pas brillantes et capables, mais il est vrai que le nĂ©potisme a jouĂ© un grand rĂŽle dans l'obtention des postes bien rĂ©munĂ©rĂ©s dans lesquels elles sont confortablement assises. Les parents puissants, c'est à ça que ça sert. Ils aplanissent les sentiers.
Lorsque Nadine met fin Ă la conversation, je jette un coup d'Ćil Ă ma montre. Il est dĂ©jĂ 13h35. J'ai un rendez-vous cul Ă 15h00 avec celui que j'ai surnommĂ© "l'Ă©talon". Je ris toute seule lorsqu'une image de lui vient danser devant mes yeux. La nature l'a dotĂ© d'un sexe si long, si Ă©pais ! Et il sait si bien s'en servir. La premiĂšre fois qu'on l'a fait, j'ai cru mourir de plaisir. Se faire fourrer par l'homme dont la partenaire dort paisiblement dans la piĂšce Ă cĂŽtĂ©, c'est le summum du goĂ»t. Je fourre tĂ©lĂ©phone et autres nĂ©cessaires dans mon sac Ă mains, tire mes clĂ©s de l'un des tiroirs et quitte mon bureau. Je vais dans mon restaurant favori qui est juste en face, je commande du steak et des frites. Il me faut prendre des forces avant le rendez-vous avec "l'Ă©talon". Pendant que je mange, je peux voir les gens entrer et sortir du bĂątiment construit sur deux niveaux qui abrite mon entreprise. Au rez-de-chaussĂ©e se trouve la boutique oĂč sont exposĂ©s des appareils Ă©lectroniques (laptops, tĂ©lĂ©phones, tablettes, etc.) ainsi que des meubles, tous de seconde main. Une bonne partie a Ă©tĂ© rachetĂ© dix fois moins chĂšre des clients dĂ©sespĂ©rĂ©s qui voulaient de l'argent urgemment. Une belle affaire. Il y a prĂšs de la boutique un comptoir avec deux employĂ©s qui reçoivent des clients qui viennent avec des objets Ă mettre en gage ou Ă vendre simplement. Leur travail consiste Ă recevoir les objets, en estimer la valeur et accorder le prĂȘt ou conclure l'achat. Les personnes qui viennent pour des grands prĂȘts montent Ă l'Ă©tage oĂč se situe mon bureau.
Je descends un verre de vin lorsque je finis de bien me repaitre, je me fais la note mentale de mùchouiller des chewing-gums à la menthe pendant le trajet vers le lieu du rendez-vous. Je rÚgle la note et quitte le restaurant, je traverse la route et vais monter dans ma voiture stationnée sur le parking de mon entreprise. Je passe cinq minutes à répondre aux messages WhatsApp de l'étalon qui m'attend déjà dans la chambre d'hÎtel et aussi aux messages d'un autre avec qui je suis encore au stade "flirt". Je quitte la vicinité, salivant à la perspective des plaisirs à venir. En m'engageant sur la voie principale, je manque de percuter un jeune qui file insouciamment sur son chukudu (une sorte de grande trottinette utilisée pour le transport de marchandises). Heureusement que je suis vigilante.
- Petit imbécile ! Lui crié-je, alors qu'il continue son chemin, ses guenilles au vent.
Je trouve qu'il y a maintenant trop de motos et ces sales chukudus sur les routes de la ville. Une loi leur interdisant formellement l'accĂšs Ă certaines parties de Goma doit ĂȘtre votĂ©e, parce que lĂ , ce n'est vraiment pas intĂ©ressant. Je conduis pendant une quinzaine des minutes, avant d'arriver Ă l'hĂŽtel trĂšs discret oĂč "l'Ă©talon" et moi avons nos habitudes. Il prend Ă chaque fois la mĂȘme chambre. Bien que cet hĂŽtel se trouve dans un coin oĂč je ne risque pas de croiser quelqu'un qui me connaĂźt, je reste quand-mĂȘme vigilante ; je passe des grosses lunettes de soleil et attache un foulard en mode hijab, avant de dĂ©sembarquer. Je marche prestement vers la double porte d'entrĂ©e, la pousse et entre, le cĆur battant fort. Ă comme j'aime cette montĂ©e d'adrĂ©naline ! Le danger de se livrer Ă quelque chose d'interdit et le risque de se faire prendre font palpiter mon sexe avec une violence qui fait trembler mes membres. La jeune femme Ă la rĂ©ception me fait un sourire poli auquel je ne rĂ©ponds pas.
- Bonjour ! fais-je, froide.
- Bonjour Madame.
- J'ai réunion avec un ami à la chambre 17.
- Il vous attend.
- Merci.
Je me dirige vers la chambre avec un petit sourire fauve sur les lĂšvres. Quand je m'arrĂȘte devant la porte noire avec dessus un dix-sept dorĂ©, je retire lunettes et foulard et frappe. La porte s'ouvre, me laissant voir un Delphin dĂ©jĂ en tenue d'Adam. Je saute sur lui, prĂȘte Ă le dĂ©vorer.
Eh oui, l'étalon à l'entrejambe extraordinaire n'est personne d'autre que Delphin Aberi, l'homme à qui Nadine dira « Oui, je le veux » la semaine prochaine. Cela fait environ une année que Delphin et moi nous dévorons mutuellement. Ne me méprenez pas, j'aime beaucoup mon amie et n'ai aucune intention de lui prendre son homme. Le problÚme avec moi est que j'adore les sensations que me procure le fait de prendre ce qui est à autrui. Pendant que je tourne mes reins sur Delphin, savoir qu'il est le fiancé d'une femme qui me fait confiance et qui ne se doute de rien intensifie les orgasmes. Surtout quand je pense que je converserai avec elle plus tard et lui ferai des grands sourires, tout ça aprÚs avoir fini de bien traire son homme.
M'arrive-t-il de me sentir coupable ?
Non. C'est la vie.
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