Les sentinelles de la reine Ou'Teikh - Tome 1 : La valse des Golems
ère p
sion d
ouvements
de ce dimanche vingt-six juillet de l'année 2020. Nous venions de passer une de ces chaudes nuits d'un été Géorgien durant laquelle une moite chaleur nous avait accablés. L'aube de ce dimanche d'été s'annonçait lentement et en toute délicatesse comme pour ne brusquer personne. Allongé dans m
La jubilation intérieure que je ressentais alors n'en était que plus légitime. C'est au prix d'énormes efforts que j'avais enfin regagné cette liberté que des gestes au demeurant simples et naturels me procuraient. Une volonté d'acier nourrie au fil des mois par une immense frustration, celle d'être privé de l'usage de mes jambes, avait fini par avoir raison de leur inertie. Patients invalides que nous étions, en permanence assaillis par quelques doutes qui nous taraudaient l'esprit au point de l'aveulir totalement. Allions-nous un jour retrouver l'usage de nos membres meurtris et paraître des êtres normaux ? Nous é
éducation, mais dans une sorte de laboratoire aux lendemains prometteurs. Médecins et praticiens spécialistes de reconstruction comme de rééducation nous y chantaient avec insistance, « qu'à cœur vaillant, rien d'impossible ! » Tous ne juraient que par un verbiage hautement médical et technique incompréhensible pour les profane
oratoire de
erie qui vous plonge dans l'activité de ces corps valides. Chaque effort qui se soldait en échec semait en nous un désenchantement teinté d'une profonde mélancolie. Nous regrettions alors ces temps lointains et d'insouciance où nos membres nous soutenaient solidement. Mais résolues à combattre cette adversité qui m'immobilisait, mes jambes reconquirent avec acharnement des pans entiers
nos chambres nous offraient une magnifique vue panoramique du parc boisé qu'abritait le Centre médical Flanagan. Cette institution
der ou de désespérer ces mains expertes qui nous soignaient, confortaient dans l'idée que l'homme était un être réparable et que les évolutions de la technique combinées à celles de la science permettaient d'y remédier admirablement. Ayant retrouvé la mobilité de mes jambes depuis peu, l'exercice de la marche me procurait une indicible jubilation quasi fébrile. Marcher en toute autonomie jusqu'à la salle de bain devenait u
is confortablement sur mon fauteuil près
s'infiltrait à travers la baie entrebâillée. Elle effleurait délicatement mon visage telle une fraîche et douce caresse. Je fermais un instant les yeux pour lui consacrer toute l'acuité de mes sens. Au loin, le son d'une douce mélodie parfaitement exécutée au piano par des doigts virtuoses parvenait à mes oreilles. Je savourais d'autant l'instant, car cette composition m'était des plus familières. Elle provenait de la chambre d'un autre pensionnaire, Carlo Di Gabrieli. L'homme, un octogénaire qui derrière ses airs pudiques à
it admirablement du concerto pour piano numéro 21 de Mozart.Une malencontreuse chute sur les marches du prestigieux Centre d'Arts Woodruff, la résidence de l'Orchestre symphonique d'Atlanta, lui avait valu une sévère fracture de la hanche. Après avoir passé quelques semaines à L'Hôpital Hartford de l'Université d'Emory où il subit une intervention chirurgicale, il fut transféré au Centre Flanagan pour une rééduca