Îles d'idylles
s de
mé, tu restais bien présente parmi nous : quelques photographies accrochées aux murs, des objets qui parlaient, des lieux qui fleuraient bon la mémoire du cœur... Autant de petites bornes sen
tacles d'école et qu'elle cherchait à présent parmi les nuages perchés au-dessus de notre jardin. « Elle est là mémé Augusta ? » me demandait-elle régulièrement en pointant une forme blanche en mouvement. J'acquiesçais sans savoir combien
transistor apparaissait saturé, rendant le son presque intolérable aux oreilles. Puis ce fut au tour du steward, un grand balèse au regard fermé, d'expliquer mécaniquement les consignes de sécurité. Ses gestes fendaient l'air sans grande conviction, son spectacle déçut l'enfant. Le mime Marceau avait encore du pain sur la planche pour que son art y trouvât sa plénitude ! Après un nouvel instant d'attente, un remorqueur vint chercher l'appareil, le positionna sur la bonne piste. L'engin roula lentement jusqu'à son aire d'envol. Durant tout ce temps, la petite fille se demandait comment il allait faire pour extraire ses dizaines de tonnes du tarmac et, surtout, comment allait-il réussir à se faufiler entre la m
émé Augusta ? » Nous étions rendus sur le champ à la difficulté de vivre l'enfance quand elle est émaillée de drames. La leçon était sans appel. Pourquoi faut-il toujours que notre pudeur imbécile dissimule la vérité aux gens que l'on aime ? Pourquoi est-ce si difficile de trouver les mots justes pour expliquer la vie, de son début à la fin ? Pourquoi se retrancher sempiternellement derrière des fables qui se voient éventées dès la première manifestation de maturité venue, au risque de laisser des blessures faire leur travail de sape pour le reste d'un parcours sur terre ? Moi-même j'en avais souffert quand, un peu moins âgé que ma fille, j'avais vu disparaître trois de mes grands-parents en deux ans. À cette époque, les enfants ne voyageaient pas en avion et pourtant, le ciel me semblait une valeur refuge plus que contestable. « Y avait-il vraiment de la place pour tout le monde ? » me demandai-j
ait personne là-haut alors... » me dit-elle du haut de ses dix ans accomplis. Comme tu dois bien rire là où tu es. Comme tu as dû savourer à pleine bouche cet instant de vérité, malgré la peine que tu as dû ressentir face à la détresse d'un être sans défense ! En même temps, je t'imagine rassérénée : ton arrière-petite-fille est à
e mille répliques au jour le jour. Cet humour acéré, que tu m'as transmis, je m'en sers en abondance. Il est devenu ma marque de fabrique autant que ma carapace, même dans les moments les plus tragiques. Ta propre fille s'en inquiète parfois, pensant que je me fous de tout alors que je cherche simple
e sur ta terre que le grand espace sidéral ne peut que te faire la fête... C'est alors que je revois défiler cette riche traversée des vivants que tu me contais quand j'étais enfant et dont certaines bribes les p
pman, La plage