Îles d'idylles
ins vint procéder à la récupération de la frêle dépouille. Avec humanité, les deux préposés s'emparèrent du corps inerte et léger qu'ils posèrent sur une civière, elle-même couverte d'un sac mor
plus jamais taquiner voire se disputer gentiment avec celle qu'il avait toujours vouvoyée, par respect et par amour pour elle. Je l'avais même surpris, juste a
feutré de ses pneus caressant le gravier, comme s'il emportait Augusta avec la plus grande préca
désagréable me porta jusqu'à l'ivresse, celle de profondeurs abyssales d'où je tentai à cœur perdu de faire renaître celle qui était partie... pour toujours. Dans ces moments suspendus, on tente de retrouver le son d'une voix, le velouté d'une main qui caresse, la suavité d'un baiser, le sourire
du théâtre de Guignol, la musique de la vie, la chaleur toute solaire de l'amour, les crèmes à la vanille et le pain perdu à la cannelle ? À la place, l'automne finissant achève de pulvériser les feuilles
les obsèques, régler les problèmes de succession, vider puis vendre la maison, recoller les pots cassés avec la partie de la famille
nné le nom des petits-enfants, sachant bien que trois sur les cinq avaient coupé tous les ponts avec celle qui, paradoxalement, leur avait toujours tout donné équitablement sans attente en retour. On y imprima quand même, au sein du volet intérieur, la photo du centenaire, même si toute la famille n'y figurait pas, et pour cause. On n'allait quand même pas faire l'impasse s
omme dans un film au timing serré, concis, le directeur de l'athanée nous téléphona pour nous avertir que la toilette mortuaire était terminée et qu'A
nt presque outrancier, je garderai de ma grand-mère une image très proche de ce qu'elle était dans la vraie vie. Ce sentiment me consola quelque peu, si tant est qu'il puisse y contribuer. Augusta était belle, de cette beauté tant intérieure qu'extérieure qu'ont les grandes dames de ce monde. Très digne et humain, celui qu'on appelait croque-mort mais qui, en l'occurrence
ment torves. Chic, simple et classieux, comme l'était ma grand-mère. Même si je n'arrivais pas à m'imaginer que cette caisse puisse lui servir d'ultime demeure, je me sentis rassuré qu'elle ne fût pas mise en bière
s'en était allée par-delà les nuages. Elle comprit tout de suite à mes yeux rougis que ma douleur était complète. Sa mère et moi, l'entourant de mille précautions, lui annonçâmes la triste nouvelle. Elle se blottit alors contre nous et pleura à chaudes l