Îles d'idylles
I
rach
tres animaux, la voilà qui se retranchait dans un silence teinté de respect, mêlé d'admiration pour celle qui terminait son ultime séjour sur la terre des vivants. Sous un crachin gras et un ciel bas, la petite église Saint-Sébastien avait troqué le bleu de ses pierres pour un gris plus sale, comme si elle avait voulu participer à l'événement en cho
. Augusta avait un dernier habit à la mesure de sa personne : rayonnant d'espoir (elle détestait le noir et le cérémonial empesé des funérailles d'antan). Aucune croix ni aucun signe distinctif d'appartenance religieuse ne venaient l'oblitérer. Elle avait vécu libre, elle était morte dans le même esprit. Ce n'était pas le moment de lui
qu'à moi. Une jalousie imbécile, accompagnée de malentendus stupides, avait définitivement rompu le cordon. J'avais secrètement espéré que la mort nous réunirait, ne fût-ce qu'une dernière fois... Mais la rancœur s'avérait beaucoup plus tenace que je ne le pensais. Sur un signe discret de l'homme d'Église, je fus donc chargé d'allumer les cierges entourant la défunte. Je le fis avec déférence pour celle à qui je devais q
s. La force des caractères a parfois de ces comportements telluriques rappelant la tectonique des plaques : irrésistible mais fondamentale pour la formation de la terre et la beauté de ses multiples reliefs ! S'il réussit à terminer le premier paragraphe sans craquer, le second se fit quelque peu attendre. Pris par un hoquet tout embué de larmes, c'était une des rares fois où je le vis pleurer, sans retenue. L'arrachement qui me minait était aussi
vert aux autres. Il se rappela le bon souvenir de Victor, affirmant à ses ouailles du jour que, malgré sa coloration morose, le ciel – le vrai – devait être à la fête autour des retrouvailles d'Augusta et de son mari ! Il embraya ensuite sur la relation fusionnelle qui me liait à ma grand-mère. Il savait de quoi il parlait puisqu'il en avait été le témoin, notamment quand il venait prendre le café à la maison, après le décès de Victor. En bon curé de campagne, il cherchait à entourer de l'affection de Dieu (c'étaient ses mots) les âmes en peine. Il expliqua aussi, ce que j'ignorais tota
que, durant mes études d'histoire de l'art, je l'avais étudiée ainsi que le reste de l'édifice, ce qui m'avait valu les félicitations de ma professeure, pourtant d'une exigence totale et d'une faculté laudative rare. Augusta en avait été très fière et très intéressée, elle qui plaçait les manifestations artistiques au-delà de toute autre chose
petite mé
n après-midi au soleil, m'a empli le cœur d'un voile sombre. Le moment que je redoutais tant venait de se produire et je ne pouvais pas m'i
m'a toujours ébloui. Ce sens du partage, ce don d'amour total, tu en as fait notamment bénéficier ma femme, ta petite-fille par alliance, depuis nos fiançailles, puis Madeline, ton arrière-petite-fille dès ses
uvient de ta fierté devant ses résultats scolaires. Absente aujourd'hui, session d'examens de Noël oblige, elle sait que tu veilles sur elle, que
. Mais ton exemple restera à jamais gravé dans mon cœur. La douleur de l'adieu, l'incompréhension qui la suit, me remé
agne, puisqu'il n'
plus haute que le
pprendre, à défa
rs et vivre des
e bien des chapitres au bonheur d'être ensemble. Merci d'avoir été ce que tu fus. Je ne cesserai jamais d
r mais p
ilou" pour t
pudique à foison, ne pleurait jamais. Papa et maman se tenaient la main, se labourant les doigts pour tenter de contenir leur trop-plein d'émo
s rien. Une dernière fois, les haut-parleurs emplirent la nef, le chœur et les cœurs d'un morceau de musique suppléant à merveille lettres et paroles : le prélude appelé « Goutte d'eau », composé sur l'île de Majorque par un pianiste au faî
tres adultes ce passage obligé, je m'éclipsai discrètement pour m'isoler une nouvelle fois près du
ignant, tenaillé par un mal qui était appelé très vite à devenir endémique : un manque labourant mes chairs par un arrachem