Amoureux de ma meilleure amie
corps est aussi agitée qu'une puce. Je manque d'air. Et, soudain, le visage de Jack s'impose dans mon esprit. Mes yeux se ferment, et dans un éclair, je nous vois tous les deux, au bord d'une plage. U
gée dans sa lecture. Ses cheveux gris sont en pagaille, comme si elle avait fait une coiffure dans l'urgence. Je m'arrête devant elle, et elle lève lentement ses yeux marrons pour me fixer. - Bonsoir, madame, lançai-je dans le silence lourd de la pièce. Elle hoche la tête en guise de réponse, puis se replonge dans son livre. Son geste est aussi bref que glacial, une réponse aussi froide que son regard. Je hausse les épaules, amusée, et jette un coup d'œil à ma montre. Il est déjà dix-huit quarante. Sans plus de cérémonie, je me dirige vers l'allée 5 où Jack m'attend. Je le repère immédiatement. Comment ne pas le reconnaître ? Il est tout simplement... lui. Unique, captivant, et il dégage cette présence qui ne passe pas inaperçue. Il se distingue des autres lecteurs absorbés dans leurs livres, leurs pages tournées dans un murmure discret. Jack est là, seul, feuilletant un bouquin. Il soutient sa tête d'une main, l'index effleurant lentement le bord de ses lèvres. Il ne semble pas s'en rendre compte, mais tout tourne autour de lui. Son regard, mystérieux, ses yeux noirs qui semblent détenir un secret, et sa beauté qui me hante. Ses cheveux jouent avec la brise, presque comme s'ils invitaient mes doigts à les caresser, à les effleurer comme une enfant. Un sourire niais prend forme sur mes lèvres, et mes joues rougissent légèrement. Heureusement qu'il fait sombre, sinon tout le monde aurait remarqué. J'inspire profondément, cherchant à reprendre mon souffle. Jack a ce pouvoir de me le couper littéralement. Faudrait pas que je m'évanouisse sur place. Une fois à sa hauteur, je tire doucement la chaise en face de lui. Il relève ses yeux sombres vers moi et me salue avec un sourire qui réchauffe aussitôt mon cœur - et presque la pièce tout entière. En voulant m'asseoir, je manque de peu de tomber. Je rattrape la situation avec un sourire un peu idiot, espérant qu'il n'ait rien vu... ou qu'il fasse semblant de ne pas avoir prêter attention à ma bourde. - Salut, dis-je en essayant de garder mon calme. Calme-toi, Lena... T'es en train de devenir gênante. - Salut. Désolé de t'avoir mis la pression. Je sais qu'on s'était dit dix-neuf heures, mais j'ai un truc juste après, dit-il posément. Moi aussi... Eliott m'attend au ciné à vingt-et-une heures. - T'inquiète, j'ai tout mon temps jusque-là, réponds-je avec un sourire. Il hoche doucement la tête. - Alors, qu'est-ce que tu lis ? demandé-je, les yeux rivés sur la couverture du livre dans ses mains. - Introduction à la physique quantique. Je t'ai devancée, professeure, dit-il d'un ton calme, presque espiègle. Son sérieux me fait sourire. Il a ce don de rendre tout plus captivant - même les trucs les plus incompréhensibles du monde. Je souris. - Très bon élève, le complimenté-je, les joues légèrement gonflées. Tu mérites un bonus. Ma phrase lui arrache un sourire, furtif, mais suffisant pour me faire fondre. Je sors mes affaires de mon sac à dos pendant qu'il me regarde, sourcils haussés. Lorsqu'il voit la pile de livres que je dépose sur la table, il semble surpris. - On est dans une bibliothèqu