La danse des papillons: Tome II
oc et de Tunisie. Les quelques mois écoulés dans ce pays ne m'avaient guère vue changer d'avis sur ma façon de me comporter vis-à-vis de mon père, plus taciturne
te pour ma première fois depuis bien longtemps. Il n'en fallait pas plus pour me replonger dans mon désarroi. Il ne me restait plus qu'à attendre leur retour pensais-je en marmonnant ce que j'avais de mélancolie en moi. Je me rappelais alors mon cher ami le colonel au Maroc, lui chez qui nous habitions alors, me conseillant souvent de m'armer de patience, ce que je ferai évidemment en attendant leur retour, que faire d'autre ! J'avais du vague à l'âme en observant les pigeons volant en groupe, d'un toit à l'autre pour atterrir enfin sur celui choisi par le meneur. Ils ne se quittaient jamais. J'enviais leur union et j'enviais surtout leurs ailes que je n'avais pas... comme j'aurais aimé m'envoler aussi, les suivre mais pour ne
entrer. Dans la petite impasse contiguë à la rue se dressait un grand portail en bois épais de couleur verte, aussi sombre que le mur sur lequel était apposée une plaque dorée faisant ressortir le nom du collège. Je redoutais de pénétrer dans ce lieu. Je me souviens avoir pris la main de mon père tant j'étais apeurée, je ne me reconnaissais pas, moi, craintive tandis que je défiais la terre entière il y a peu, en d'autres lieux. En y regardant bien, ce mur me donnait le vertige. Pas moyen de s'évader de cet endroit pensais-je subitement. Une femme vint nous ouvrir la grande porte me tirant de mes pensées. Elle était grande et d'un port rigide, étriquée dans une robe grise trop large tenue par une ceinture noire, fine, lui enserrant la taille. Ses cheveux étaient longs, coiffés en chignon, ils lui dégageaient le visage si émacié que cela
ursaut comme poussée par un sentiment d'angoisse face à cette femme dont le regard sévère me jaugeait. Je lâchais la main de mon père tant la mienne l'enserrait, si fort que cela me donnait des fourmillements. Sans doute se sentait-il soulagé aussi tandis que je tentais une pose décontractée face à ce cerbère de femme, la fixant tout aussi sûrement qu'elle le faisait sur ma petite personne. N'ayant aucune intention de baisser les yeux, je décidais que la guerre était déclarée entre elle et moi. Je la dévisageais tant qu'elle cessa de me regarder, du moins c'est ce que je croyais puis elle se leva de son siège se rapprochant de nous. Assise sur la bordure du bureau, face à nous, elle tendit une main sèche à mon paternel quand j'évitais de lui tendre la mienne, encore endolorie. Il y avait bien longtemps que j'avais refusé le rôle que tenait ce père envers moi aussi l'appelais-je souvent mon paternel, mon père à mes yeux demeurant mon grand-père maternel, pépico tout comme j'appelais maman ma grand-mère maternelle ma chère mémé. En effet, je n'avais connu qu'eux de ma naissance à ma petite enfance lorsqu'à huit ans, mon paternel décida de me reprendre afin de m'élever, oui, mais à sa manière. Ceci dit, après les politesses d'usage, mon dossier scolaire rame