~Alexia-
Une panique glaciale serra Alexia dès qu'un hurlement perça la nuit, proche et menaçant.
« Laissez-moi tranquille ! Je vous en supplie ! » cria-t-elle, poursuivie par les gardes féroces de son père. Elle fuyait à travers la forêt, sa robe élimée claquant dans le vent, ses vieilles chaussures glissant sur les feuilles humides.
Des ronces accrochaient ses bras, griffant sa peau claire. Les mèches de ses cheveux bruns s'échappaient de son chignon mal fixé, fouettant son visage.
Ses yeux ambrés s'ouvrirent en grand. Les arbres bougeaient. Quelque chose approchait. Trop vite.
Elle ne pouvait pas encore se métamorphoser. Sa majorité n'était pas atteinte. Les mâles changeaient à vingt ans. Les femelles, un an plus tard.
Elle s'accrochait désespérément à la force brute que lui donnait son sang alpha.
« Reviens ici, Alexia ! » rugit son père. « N'essaie même pas de fuir ! C'est un ordre de ton alpha ! »
Son corps fléchit. Chaque mot du patriarche brisait un peu plus sa résistance. Elle chancela, impuissante.
Des hurlements lugubres résonnaient à travers la forêt sombre. Le vent fouettait les arbres, emportant avec lui les espoirs brisés d'Alexia.
« Non ! S'il te plaît ! » implora-t-elle. Ses yeux se remplirent de larmes tandis qu'elle comprenait que ses efforts avaient été vains.
Son corps dévala la pente boueuse, heurté par chaque pierre, chaque racine. Quand enfin elle s'arrêta, elle se redressa en tremblant. Devant elle, comme une vision cauchemardesque, se tenait Alpha Roland Reed, son père, chef de la meute de Cross River, flanqué de son fils aîné et de trois guerriers.
Les genoux d'Alexia cédèrent. Elle se jeta au sol, sanglotant.
« Je t'en supplie, père... Ne fais pas ça. Je peux changer. Je travaillerai pour la meute. Je t'obéirai. Mais ne me livre pas comme ça ! »
Depuis trois ans, sa vie avait basculé. Elle était devenue une servante dans sa propre maison, exploitée par sa belle-mère et ses demi-frères. Elle cuisinait, nettoyait, s'épuisait jour et nuit, sans jamais recevoir un mot de reconnaissance. Et maintenant, son père la livrait à un alpha brutal, pour une alliance. Elle n'avait que vingt ans.
Tous ses rêves de liberté, d'amour véritable, s'étaient évaporés.
« Tu ne saisis pas la gravité de la situation ! » répliqua Roland. « La meute est en péril. Le roi alpha a ordonné cette union. Tu préfères que ta famille soit détruite ? Que tes amis, leurs parents souffrent à cause de toi ? »
Il soupira lourdement. « Le roi n'accepte aucun refus. Tu sais ce que ça implique. »
Puis, d'une voix dure, il ordonna : « Emmenez-la. »
On la traîna de nouveau au grenier, cette pièce sordide qu'on appelait sa chambre. Drake, son demi-frère, la poussa violemment contre le sol, comme s'il n'avait devant lui qu'un objet sans valeur.
Elle entendit le bruissement derrière elle. En se retournant, elle vit Drake, tremblant, les yeux fixés sur elle, dévoré par un feu malsain. Ses jambes dénudées semblaient l'ensorceler.
Alexia réagit d'un coup, saisie d'effroi. Ses pupilles dilatées trahissaient la panique. Elle cria : « Vas-y, fais-le si tu l'oses, tu mourras ! »
Ce n'était pas la première fois que son demi-frère tentait de l'atteindre. La dernière fois, une douleur aiguë l'avait stoppé net, comme si son cœur refusait de continuer.
« Tu recommences ?! Tu veux mourir ?! » hurla Roland. Surgissant sans prévenir, il empoigna Drake et le plaqua violemment contre le mur.