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Rouge Poursuite : Tome 1 — Kali

Rouge Poursuite : Tome 1 - Kali

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Chapitres

Kali, jeune diplĂŽmĂ©e, est sur le point de se marier lorsqu'elle rĂ©alise que cela ne lui convient pas. Elle dĂ©cide alors de s'enfuir loin de chez elle. Dans la nouvelle rĂ©gion qui lui sert de refuge, elle dĂ©couvre un monde nouveau dans lequel les lĂ©gendes deviennent rĂ©alitĂ©. Entre enlĂšvements, meurtres et poursuites, sa vie va complĂštement changer. Pourra-t-elle s'en remettre ? À PROPOS DE L'AUTEURE InspirĂ©e par ses diffĂ©rentes lectures, Virginie Blanc saute le pas et s'engage dans cette aventure fascinante qu'est l'Ă©criture. Avec Kali, elle signe le premier tome de sa saga intitulĂ©e Rouge poursuite.

Chapitre 1 No.1

Chapitre 1

J'Ă©tais lĂ , allongĂ©e sur l'herbe, dans ma robe de mariĂ©e. Je sentais sur mes bras les petits brins qui me chatouillaient, une agrĂ©able sensation de plĂ©nitude envahissait tout mon ĂȘtre. Mon esprit vagabondait, je me noyais dans un fatras de souvenirs.

Aujourd'hui aurait dĂ» ĂȘtre le jour le plus merveilleux de ma vie, le jour que toutes les femmes attendent avec un dĂ©sir insoutenable, le jour de mon mariage. Seulement voilĂ , j'Ă©tais lĂ , dans ce champ, seule.

Thomas et moi avions grandi ensemble, mes parents avaient acheté la maison voisine de la sienne l'année de mes quatre ans, je me souviens encore de notre premiÚre rencontre. Un petit garçon blond, aux yeux verts, avec des joues bien garnies, était venu à ma rencontre alors que je jouais dans mon jardin, nous avions échangé nos prénoms et depuis ce jour nous étions devenus inséparables.

Mon pÚre et le sien étaient collÚgues de travail ; son pÚre directeur et le mien, co-directeur d'une grande entreprise nationale de télécommunication, un poste moins bien placé, mais la paye du mois était bien arrondie. Je n'avais manqué de rien et remerciais la vie tous les jours de m'avoir donné autant de chance.

Nous avons fait toute notre scolaritĂ© dans la mĂȘme Ă©cole privĂ©e de notre ville oĂč tous les bourgeois des environs avaient inscrit leurs enfants. Nous Ă©tions les meilleurs amis du monde. Toujours collĂ©s ensemble.

Dans notre adolescence, nous nous amusions Ă  relever des dĂ©fis. DĂ©fis plus bĂȘtes les uns que les autres, mais cela nous faisait passer le temps. Le jour de mes seize ans, pour cadeau, je reçus une lettre de lui ; mon dĂ©fi, si je l'acceptais, Ă©tait que l'on se marie Ă  nos vingt-quatre ans, si nous ne l'Ă©tions pas encore. Une autre lettre de ma part lui parvint avec ces simples mots : J'ACCEPTE LE DÉFI. Franchement, Ă  seize ans, qui aurait pu se douter que ma rĂ©ponse allait ĂȘtre prise avec sĂ©rieux, mais voilĂ ...

Le seize avril, jour de mon anniversaire, jour de mes vingt-quatre ans, je reçus un texto pour me souhaiter un joyeux anniversaire et me donner rendez-vous dans un restaurant chic de la cÎte. OK, je n'avais plus vu Thomas depuis deux ans, mon doctorat en sciences me prenant tout mon temps, on ne s'était appelés qu'à de rares occasions comme Noël et le jour de l'An et... pour nos anniversaires.

Je me languissais de le revoir, il me manquait. On se disait tout avant, on arrivait Ă  surmonter nos peurs, nos angoisses, nos troubles ensemble, en Ă©quipe. Nos Ă©changes me manquaient. Certes, je m'Ă©tais fait des amis Ă  la fac, mais ce n'Ă©tait pas pareil.

Le lendemain, apprĂȘtĂ©e comme jamais, une petite robe noire qui laissait voir le dĂ©but de ma poitrine gĂ©nĂ©reuse et m'arrivait en haut des genoux, des talons noirs Ă©galement et une petite veste parme, je me rendis au rendez-vous dans ma voiture blanche toute cabossĂ©e que j'avais pu m'acheter seule Ă  la sueur de mon front, en travaillant dans une petite supĂ©rette de la ville, pendant les vacances et les week-ends.

Thomas m'attendait Ă  l'entrĂ©e du restaurant dans un magnifique smoking noir. Son visage avait encore changĂ©, il s'Ă©tait affinĂ©, finies les joues gourmandes. Ses cheveux, d'un blond presque blanc Ă©tant petit, Ă©taient devenus chĂątain clair. Un bouc s'Ă©tait formĂ© sur son menton maintenant carrĂ©. Il mesurait bien un mĂštre quatre-vingt-cinq, on devinait des bras musclĂ©s sous ses vĂȘtements. Ses yeux, qui me semblĂšrent encore plus verts qu'avant, me regardaient avec un air malicieux, il Ă©tait devenu un homme.

Il me prit dans ses bras avec tendresse, deux ans que je n'avais pas senti ses bras autour de moi, cette Ă©treinte me fit du bien, oui. J'Ă©tais dans les bras de mon meilleur ami et, Ă  ce moment-lĂ , je me rendis compte que j'avais envie qu'il soit plus qu'un simple ami. Pourquoi aujourd'hui et pas avant, cette question me passa Ă  l'esprit, la rĂ©ponse Ă©tait pour plus tard. Nous entrĂąmes enfin dans le restaurant aprĂšs nous ĂȘtre dit des banalitĂ©s comme « comment vas-tu ? » ou « ça faisait longtemps. »

La nuit douceétait un restaurant chic. Son chef, triplement étoilé, savait marier les ingrédients afin que toutes les saveurs éclatent en bouche.

Le restaurant disposait d'une petite réception, une dame brune d'un certain ùge, avec un rouge à lÚvres auburn, trop voyant à mon goût, nous mena vers notre table. Thomas avait dû prévoir ça depuis des mois, car la liste d'attente était plus grande que mon bras.

La salle du restaurant Ă©tait vaste. Des tables rondes, plus ou moins grandes, Ă©taient rĂ©parties çà et lĂ . Les clients attablĂ©s Ă©taient tous habillĂ©s dans un style chic. Notre table pour deux Ă©tait un peu Ă  l'Ă©cart, contre le mur cĂŽtĂ© gauche de l'entrĂ©e. Elle Ă©tait recouverte d'une jolie nappe couleur rose pĂąle, la couleur des murs d'un gris clair se mariait trĂšs bien avec. La table Ă©tait dressĂ©e avec raffinement et une bouteille de champagne dans un seau rempli de glace pilĂ©e nous attendait. Une petite musique douce en fond sonore faisait que ce lieu Ă©tait comme enchantĂ©. Le bruit de la fontaine, au milieu du restaurant, me faisait penser au bruit d'une petite riviĂšre. Un sentiment de bien-ĂȘtre m'envahit.

Toute dĂ©tendue, je m'assis en face de lui. Notre soirĂ©e se passa trĂšs bien, entre les souvenirs d'enfance et le rĂ©cit de nos vies actuelles, aucun moment gĂȘnant, comme je le craignais, n'eut lieu. Il Ă©tait devenu cadre dans l'entreprise de son pĂšre d'oĂč son smoking grand luxe et l'invitation dans un restaurant oĂč les plats Ă©taient presque aussi chers que mon ordinateur portable.

À la fin de la soirĂ©e, une chose inattendue se produisit, pour moi, pas pour lui. Une chose que jamais je n'aurais pu imaginer. Sa demande en mariage. Je pense que la surprise et l'incomprĂ©hension inscrites sur mon visage se voyaient tellement que mĂȘme un aveugle aurait pu le voir.

AprÚs ce moment de stupeur, je me mis à rire tellement fort que j'eus honte pour moi quand les clients commencÚrent à se retourner et à me regarder de travers. Mon rire se rompit net quand il me tendit une lettre, la lettre que j'avais écrite à mes seize ans et qui disait : j'accepte le défi.

Ne sachant plus quoi dire, je pris mon sac et partis aussitĂŽt, sans mĂȘme me retourner, laissant Thomas seul et, je ne le sus que plus tard, triste.

Une semaine aprÚs, le remords ne m'ayant pas quitté, je décidai d'appeler Thomas pour lui donner rendez-vous, il fallait que l'on discute et que je m'excuse pour mon comportement. Le rendez-vous était fixé pour 15 h dans un café de mon quartier. On était fin avril, le mistral avait cessé et la température devait avoisiner les vingt-cinq degrés. AprÚs avoir enfilé un pantalon noir fin, un débardeur rose bonbon et mes petites ballerines noires, je filai.

Il m'attendait, gĂȘnĂ©, n'osant pas trop me regarder. L'Ă©treinte d'il y a une semaine ne se fit pas, j'avais un petit pincement au cƓur. Nous nous dĂźmes simplement bonjour, puis nous nous installĂąmes Ă  une table en terrasse. AprĂšs avoir commandĂ©, lui un soda et moi une limonade citron, un silence gĂȘnant s'installa. Il rompit le silence, Ă  mon grand soulagement, en s'excusant de m'avoir mise mal Ă  l'aise. Le fou rire qui me prit fut soudain. AprĂšs avoir repris mes esprits, je m'excusai en retour. Notre conversation continua sur des banalitĂ©s, mes examens, les vacances... nous avons discutĂ© pendant deux bonnes heures, la gĂȘne avait disparu. Nous nous quittĂąmes en nous promettant de nous revoir trĂšs vite, c'est ce que nous fĂźmes une semaine aprĂšs, puis la semaine suivante. Un mois aprĂšs l'Ă©chec du restaurant, nous sortions ensemble. Thomas Ă©tait tout ce qu'une femme dĂ©sirait : grand, beau, sincĂšre, joyeux et riche, mĂȘme si ce dernier point ne fait pas forcĂ©ment le bonheur.

Fin mai, il avait pris une semaine de vacances pour ĂȘtre avec moi. Pour nous dĂ©couvrir autrement, m'avait-il dit. Nous n'avions pas encore sautĂ© le pas pendant ce premier mois, mais il Ă©tait bien dĂ©cidĂ© Ă  le faire, tandis que moi, je n'en Ă©tais pas certaine. J'Ă©prouvais des sentiments, mais pas encore assez pour offrir ma virginitĂ©. Il le comprit quand il vit le clic-clac dĂ©pliĂ© dans mon appartement une chambre. Cette semaine-lĂ , il ne tenta rien, il fut d'une douceur incomparable, prĂ©voyant, affectueux. On s'abandonna Ă  des cĂąlins, mais sans passer Ă  l'acte ; je n'Ă©tais pas prĂȘte et il le comprenait. Le dernier jour, avant qu'il ne retourne Ă  son travail, un petit dĂ©jeuner m'attendait. AprĂšs avoir englouti deux croissants et mon thĂ© ; lui, deux pains au chocolat et son cafĂ©, il se mit Ă  genou et sortit un Ă©crin de sa poche. Il me fit de nouveau sa demande en me disant qu'il m'avait toujours aimĂ©e, que j'Ă©tais la femme de sa vie et que cette semaine passĂ©e avec moi avait renforcĂ© ses sentiments. Dans un Ă©lan de gĂ©nĂ©rositĂ© et pour ne pas le blesser, j'acceptai.

Je retournai le lendemain en cours avec une jolie bague de fiançailles au doigt. Mes sentiments pour lui Ă©taient sincĂšres, mais je n'arrivais pas Ă  savoir si c'Ă©tait de l'amitiĂ© ou de l'amour. Durant tous mes cours de la journĂ©e, je pesai le pour et le contre, consciente que cette dĂ©cision dĂ©terminerait le reste de ma vie. À la fin de la journĂ©e, il y avait plus de pour, ma dĂ©cision Ă©tait prise.

Ma mĂšre Ă©tait au courant avant mĂȘme que je ne l'appelle, elle avait prĂ©vu la date, l'heure, le lieu et mĂȘme le repas ; mon mariage se dĂ©roulerait le vingt-et-un juillet Ă  quinze heures Ă  l'Ă©glise notre dame de Beauvoir, la rĂ©ception se ferait au Mas des AngesoĂč un repas des plus prestigieux nous attendrait. MalgrĂ© mes rĂ©ticences, tout allait trop vite pour moi, elle resta sur sa position. Ne voulant pas dĂ©cevoir ma mĂšre, j'acceptai.

Mes examens terminés et mon doctorat en poche, mes études étant finies, je déménageai du petit appartement meublé que je louais depuis cinq ans pour revenir vivre chez mes parents. Une petite régression dans ma vie dont je me serais bien passée.

Ma mÚre s'affairait à préparer mon mariage. Je la laissai faire, je n'avais pas envie d'y participer, je ne savais pas pourquoi, mais je n'étais vraiment pas emballée, je n'avais pas envie d'y penser alors que c'était mon mariage.

AprĂšs plusieurs essayages de robes, je trouvai LA robe. Une belle robe de princesse, le bustier avait des broderies oĂč s'enfilaient des perles de culture, il faisait bien ressortir ma poitrine. Le bas me faisait penser aux robes que portaient les reines Ă  la cour, mes cheveux roux ondulĂ©s faisaient un beau contraste avec la blancheur de la robe. Je me trouvai jolie, comme une princesse.

Le mariage approchait Ă  grands pas. Je n'avais pas beaucoup vu Thomas ces derniers jours. Sa mĂšre l'avait accaparĂ© pour la prĂ©paration. Nos mĂšres s'Ă©taient mises en relation pour nous faire un mariage de rĂȘve. Mon stress devenait de plus en plus intense, je n'avais plus d'appĂ©tit, je dormais trĂšs peu, trop de questions se bousculaient dans ma tĂȘte.

Le vingt-et-un juillet, jour J, je me levai Ă  huit heures, avec le stress j'avais trĂšs peu dormi, j'Ă©tais Ă©puisĂ©e. AprĂšs un bref regard dans le miroir de la salle de bain, je me sentis encore plus blanche que d'habitude, mes yeux verts ressortaient encore plus Ă  cause du manque de sommeil et des petites marques rouges en striaient le blanc. Avec ma mine dĂ©confite, je descendis pour dĂ©jeuner, mĂȘme si je n'avais vraiment pas faim. Ma mĂšre Ă©tait tout excitĂ©e, une vraie pile Ă©lectrique, elle Ă©tait dĂ©jĂ  lavĂ©e et habillĂ©e, prĂȘte Ă  se rendre chez le coiffeur et l'esthĂ©ticienne.

Le rendez-vous chez le coiffeur me changea un peu les idées. La coiffeuse eut du mal à faire tenir mes cheveux bouclés dans un chignon version mariage. Avec un peu d'huile de coude, elle était parvenue à les dompter. Son stock de barrettes avait largement diminué. Le rendez-vous chez l'esthéticienne dura moins de temps. J'avais demandé un maquillage discret, je n'avais pas envie de ressembler à un pot de peinture. Ma mÚre, elle, avait opté pour un maquillage un peu plus soutenu qui lui faisait ressortir les yeux qu'elle avait verts, comme moi.

À onze heures, nous Ă©tions maquillĂ©es et coiffĂ©es. Le stress me serrait l'estomac, impossible de manger, mes pensĂ©es Ă©taient troublĂ©es. Est-ce que j'allais vraiment me marier ? Le doute s'immisçait en moi. Avais-je seulement envie de cette vie-lĂ  ? Il n'Ă©tait plus temps de se poser ce genre de questions, l'heure approchait.

À quatorze heures trente, nous arrivĂąmes devant l'Ă©glise, toute la famille de Thomas, la mienne, nos amis Ă©taient lĂ . Entre toutes ces personnes, j'aperçus Thomas, grand, beau, fort, mais il manquait quelque chose. À peine descendue de la voiture grise dĂ©capotable, dĂ©corĂ©e pour l'occasion que j'Ă©tais dĂ©jĂ  ensevelie sous une montagne de bisous, d'accolades, de « tu es magnifique ». Une fois la foule en dĂ©lire passĂ©e, je rĂ©ussis Ă  me frayer un chemin vers Thomas pour lui faire un baiser sur la joue

La peur me prit au ventre, un gouffre commença Ă  se former dans ma tĂȘte. Pourquoi maintenant ? Il fallait que je repousse mes Ă©motions, mais je n'y arrivais pas. Vous avez dĂ©jĂ  eu la sensation que tout votre monde s'effondrait ? Eh bien lĂ , Ă  ce moment prĂ©cis, pour moi, ce fut le cas.

L'heure Ă©tait venue, les invitĂ©s commençaient Ă  entrer dans l'Ă©glise, le dernier fut Thomas, il m'embrassa avant d'y aller au bras de sa mĂšre. Mon pĂšre me tendit le sien. Les invitĂ©s se tenaient tous debout dans l'Ă©glise, ils attendaient que je m'avance le long de l'allĂ©e pour rejoindre mon futur mari, mais une force invisible m'en empĂȘchait ; je n'arrivais pas Ă  faire un pas, mon esprit cherchait la faille. Qu'est-ce qui clochait ?

Et là, dans un moment de lucidité, je compris. Cette vie n'était pas pour moi, j'avais envie de liberté, de découverte, de plus de temps tout simplement. Alors ce que je fis était pour moi la seule option, je me retournai et je partis, prenant mes jambes à mon cou et courant le plus vite possible, le plus loin de cette vie qui ne m'était pas destinée.

AprĂšs plusieurs minutes et vĂ©rifiant que personne ne me suivait, je m'Ă©croulai au milieu d'un champ. J'Ă©tais bien consciente du mal que j'avais fait autour de moi, et je me dĂ©testais pour ça, mais je ne pouvais pas me marier Ă  un homme qui aurait donnĂ© son cƓur pour moi alors que moi, je n'aurais rien pu lui donner Ă  part mon amitiĂ©. Thomas mĂ©ritait mieux que ça, il mĂ©ritait une femme qui se dĂ©vouerait autant que lui et cette femme ce ne pouvait ĂȘtre moi.

AprÚs plusieurs heures de réflexion, ma décision était prise.

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