Il y a toujours plus rusé que soi et cette histoire en est la preuve.
Tout ce que ma soi distante famille avait demandé pour la cérémonie de la dote était bien la, posée à même le sol dans la maison que Baby et moi nous avions loué pour pouvoir reproduire encore et encore notre mascarade.
Cette famille savait exactement quoi faire car ils avaient déjà l'habitude de jouer ce rôle, chacun devait passer récupérer sa paie le lendemain et après ni vu ni connu.
Des régimes de plantains, des porcs, des tines d'huile, sel, sacs de macabo il y'avait de tout. Maman et moi on variait d'ethnie selon l'ethnie de notre "client" et on recrutait les membres de notre famille en fonction de l'ethnie qu'on s'était attribué.
C'était quasiment une fois tous les six mois qu'on avait ce genre de cérémonie, la préparation psychologique du client prenait souvent plus de temps que prévu, emmener un homme a doter une femme était un exercice très difficile au Cameroun, vu comment les hommes fuyaient de plus en plus les engagements et le mariage.
Mais on s'assurait chaque fois que c'était un gros coup, un homme riche, un héritier, un divorcé, un veuf, parfois c'était maman la mariée, plus souvent elle en fait ,sauf que cette fois-ci c'était moi qui était la mariée.
Il faisait un peu froid et dans ma tenue en pagne et raphia, j'avais hâte de me couvrir dans mon canapé chez moi. Dieu merci mon "mari" et sa famille vite pris congé ce jour là.
- Bébé on va partir ma famille et moi, je reviens te chercher?
- Oui mon cœur, je finis la réunion avec ma famille et je t'appelle. Je suis tellement épuisée
Il m'a regardé en souriant
- Ne t'inquiètes pas, je vais te laisser te reposer ce soir mais demain...
ses yeux se sont mis à briller. Je me suis demandée à cet instant là si j'aurais été heureuse d'être la femme de Soleil J'ai embrassé mes beaux-parents et ma belle famille, qui avaient été super, tout s'était bien passé. Ils sont partis et on a chargé la voiture avec tout ce qu'il fallait, on avait de toute façon l'habitude. La deuxième étape consistait à faire en sorte que le mariage s'arrête là.
- Tania, en voiture.
Baby, c'était comme ca que j'appelais maman depuis que j'étais petite, car on avait vécu, je dirais même grandi ensemble chez ma grande tante, et c'est comme ca qu'on l'appelait là-bas.
A l'époque je pensais qu'elle était ma grande sœur et que ma grande tante était ma maman. Baby m'a déposé chez moi et on a peaufiné le reste du plan avant de se partager le butin. Mon "père acteur" avait carrément exigé une somme en espèce de plusieurs millions, et Soleil mon fiancé en avait les moyens, il avait donné tout ce qu'il fallait. Il m'aimait à la folie et je me demandais si maman allait facilement le séduire. Ça marchait chez mes prétendants comme chez les siens, parce qu'on se ressemblait et elle était tout aussi en forme que moi.
On ne manquait jamais d'aller à la salle de sport trois fois par semaine, on avait une alimentation plus que saine, on faisait des soins, elle buvait toute sorte de potion jeunesse, du coup elle était sublime et on s'aimait beaucoup. Elle était ma meilleur amie, car je n'en avais pas, on se disait tout. Cette amitié était née quand on avait été chassée de chez ma grande tante, et dans la rue on avait du développer tout genre de stratégie pour pouvoir nous en sortir.
Elle m'a appris à mentir pour nous protéger, à toujours chercher à tirer quelque chose de ceux qui nous approchaient pour qu'on puisse avoir à manger, et puis finalement, elle a rencontré un blanc qui a pris soin de nous et l'a fait voyager;
A son départ malgré toute la haine que ma tante avait de maman elle a tout de même accepté de me reprendre, je n'avais pas le choix, maman m'avait tout simplement dit de retourner là bas et ma tante savait que les euros allaient suivre, ce qui fut le cas.
J'ai vécu les deux ans les plus difficiles de ma vie dans cette maison, du coup quand j'ai appris que ma mère avait écourté son séjour et rentrait au Cameron deux ans plus tard, au grand désespoir de ma tante qui recevait de l'argent tous les mois, j'ai jubilé, j'avais hâte de sortir de cette maison là. J'évitais de raconter à Baby tout ce que je subissais pour ne pas l'inquiéter, je ne lui avais pas dit que l'argent qu'elle envoyait là, ne me servait pas beaucoup car j'étais tout le temps entrain d'être mise à la porte de l'école, parfois je ne trouvais même pas mon plat de nourriture en rentrant de l'école et je dormais affamée. Baby ne m'a donné aucune explication quant à son retour soudain de la France, mais elle avait mis un peu de sous de côté pour que je puisse suivre une formation et travailler rapidement.
- Ma fille ton vrai mari sera ton travail, il faut que tu sois indépendante
C'était ca sa chanson de tous les jours pendant ma formation en secrétariat bureautique. Quand ma formation s'est achevé, elle a joué de ses relations pour que je trouve un travail très bien rémunéré dans une société d'import export qui était basée à Douala mais avait un bureau à Yaoundé.
Derrière son apparence d'aventurière, Baby s'assurait que j'ai tout, et que je ne me compromette pas. Elle ne cessait de me donner des conseils, de refuser que je puisse sortir avec des hommes pour de l'argent, elle m'a même aidé a acheter mes meubles quand je me suis installée. Pour pouvoir lancer l'arnaque qu'on faisait, elle m'a enseigné comment emmener les hommes à m'épouser dans céder, sans coucher avec eux. voila pourquoi ils se précipitaient pour m'épouser, je les séduisais, les aguichais mais je ne libérais pas, pas de mariage pas de sexe. Elle savait aussi quoi me donner, je ne sais pas si c'était vraiment ca qui marchait, mais elle avait chaque fois une poudre d'une couleur différente, un parfum qui me rendait irrésistible et les mettais à mes pieds.
Au début, on avait peur que ca foire mais après quelques années on avait réussi à bien roder notre scenario. Selon le plan, Baby devait ranger les vivres et l'argent chez elle, ensuite retourner dans la maison où Soleil pensait qu'on vivait ensemble. Je devais éteindre mon téléphone et las de m'appeler sans succès, il allait s'y rendre pour me chercher et là elle était sensée, le séduire, le droguer et je devais atterrir et les surprendre entrain de commencer à s'amouracher alors là je devais faire un scandale, mettre fin à la relation malgré toutes ses supplications.
J'ai profité des deux heures de répit qui se présentaient devant moi pour m'allonger sur mon sofa, j'ai mis de la musique et j'ai soufflé. J'aimais beaucoup cette atmosphère de confort que j'avais bâti chez moi.
J'habitais dans un immeuble en bordure de route à Etoa Meki, c'était sécurisé par une caméra de surveillance et un gardien.
Baby m'avait aidé à payer le loyer pour un an et je me la coulais franchement douce. Je n'avais pas vraiment de petit copain à cause de déception sur déception.
Chaque fois que je tombais amoureuse ca finissait en queue de poisson, soit ils avaient d'autres copines, soit il venait juste profiter de mon corps, soit des menteurs ou des frappeurs. Bref, de ces kankan histoires.
Un jour Baby m'a dit que ma grand-mère paternel l'avait maudit, quand elle avait quitté mon père, que ni elle ni aucune de ses filles n'allaient être heureuse en mariage. Mais comme d'habitude elle n'avait donné aucun détail.
J'ai entendu mon téléphone sonner pendant que je somnolais. Oh zut j'avais oublié d'éteindre mon téléphone et Soleil m'appelait déjà. J'ai éteint mes deux téléphones. J'avais une ligne fixe sur laquelle Baby allait me faire signe comme à l'accoutumée.
À suivre
Chapitre 1 Chapitre 1
25/03/2022
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