Je me suis réveillée avec le goût froid de l'asphalte et le son incessant des voitures, la fin misérable de ma première vie dans une ruelle sombre de Paris. Puis, mes yeux se sont ouverts sur le plafond familier de ma chambre chez les Dubois, une douleur sourde au ventre me rappelant un accouchement récent. Chloé Martin, la fille de notre gouvernante, est entrée avec un sourire mielleux, m'apportant une soupe fumante. Son visage était l'incarnation de la sollicitude, mais ses yeux trahissaient la même lueur avide qui avait orchestré ma chute fatale. Mon cœur s' est emballé, mais j' ai forcé mon visage à l' indifférence, car les souvenirs de ma vie antérieure, d' une clarté effrayante, inondaient mon esprit. Chloé, jalouse de ma naissance privilégiée, de ma fortune et de ma vie, avait utilisé trois poules enchantées - un conte de fées sordide devenu mon cauchemar - pour tout me ravir. La première escroquerie: échanger nos bébés, transformant son enfant malformé en le mien sain, au moyen de cette même soupe, prétendument restauratrice, mais en réalité porteuse d' une plume magique. La deuxième, voler mon identité lors d' un bal masqué, faisant d' elle l' héritière Dubois et me reléguant au rang de parente pauvre et instable. Et la troisième, me dérober Louis, mon fiancé, par des boutons de manchette gravés, transformant son amour en passion aveugle pour elle, me laissant seule. Exclue, ruinée, abandonnée par tous, même ma propre famille, sans identité ni foyer, j' étais morte de froid et de faim dans la rue. Mais cette fois, j' étais de retour, juste après l' accouchement, au tout début de sa machination, avec le bol de soupe mortelle posé sur ma table de chevet, fumant, attendant de sceller mon destin une seconde fois. Une flamme froide et dure de haine brûlait dans mon cœur : cette fois, les choses seraient cruellement différentes pour elle. « Merci, Chloé, » murmurai-je d' une voix faible, jouant la jeune mère éreintée. « C' est très gentil à toi. » Je me redressai lentement, mes yeux fixés sur le liquide doré, et j' ai vu la satisfaction dans le pli de ses lèvres quand j' ai pris la cuillère. Elle pensait que j' allais tomber dans le panneau, encore une fois, que sa victoire était imminente. J' ai porté la cuillère à mes lèvres, feignant de siroter une gorgée, le liquide chaud n' ayant jamais traversé mes lèvres. « C'est délicieux, » dis-je même, avec un faible sourire. Le soulagement sur son visage était imperceptible, mais pour moi, qui connaissais son vrai visage, il était éclatant. Elle pensait avoir gagné, mais ce n' était plus mon destin qui était en jeu : c' était le sien.
Je me suis réveillée avec le goût froid de l'asphalte et le son incessant des voitures, la fin misérable de ma première vie dans une ruelle sombre de Paris.
Puis, mes yeux se sont ouverts sur le plafond familier de ma chambre chez les Dubois, une douleur sourde au ventre me rappelant un accouchement récent.
Chloé Martin, la fille de notre gouvernante, est entrée avec un sourire mielleux, m'apportant une soupe fumante.
Son visage était l'incarnation de la sollicitude, mais ses yeux trahissaient la même lueur avide qui avait orchestré ma chute fatale.
Mon cœur s' est emballé, mais j' ai forcé mon visage à l' indifférence, car les souvenirs de ma vie antérieure, d' une clarté effrayante, inondaient mon esprit.
Chloé, jalouse de ma naissance privilégiée, de ma fortune et de ma vie, avait utilisé trois poules enchantées - un conte de fées sordide devenu mon cauchemar - pour tout me ravir.
La première escroquerie: échanger nos bébés, transformant son enfant malformé en le mien sain, au moyen de cette même soupe, prétendument restauratrice, mais en réalité porteuse d' une plume magique.
La deuxième, voler mon identité lors d' un bal masqué, faisant d' elle l' héritière Dubois et me reléguant au rang de parente pauvre et instable.
Et la troisième, me dérober Louis, mon fiancé, par des boutons de manchette gravés, transformant son amour en passion aveugle pour elle, me laissant seule.
Exclue, ruinée, abandonnée par tous, même ma propre famille, sans identité ni foyer, j' étais morte de froid et de faim dans la rue.
Mais cette fois, j' étais de retour, juste après l' accouchement, au tout début de sa machination, avec le bol de soupe mortelle posé sur ma table de chevet, fumant, attendant de sceller mon destin une seconde fois.
Une flamme froide et dure de haine brûlait dans mon cœur : cette fois, les choses seraient cruellement différentes pour elle.
« Merci, Chloé, » murmurai-je d' une voix faible, jouant la jeune mère éreintée. « C' est très gentil à toi. »
Je me redressai lentement, mes yeux fixés sur le liquide doré, et j' ai vu la satisfaction dans le pli de ses lèvres quand j' ai pris la cuillère.
Elle pensait que j' allais tomber dans le panneau, encore une fois, que sa victoire était imminente.
J' ai porté la cuillère à mes lèvres, feignant de siroter une gorgée, le liquide chaud n' ayant jamais traversé mes lèvres.
« C'est délicieux, » dis-je même, avec un faible sourire.
Le soulagement sur son visage était imperceptible, mais pour moi, qui connaissais son vrai visage, il était éclatant.
Elle pensait avoir gagné, mais ce n' était plus mon destin qui était en jeu : c' était le sien.
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