Pendant cinq ans, Daniel avait tout donné à son mariage avec Helena. Il l'avait aimée avec une dévotion sans faille, l'avait soutenue dans ses ambitions, avait cru en leur avenir commun. Mais pour elle, il n'avait été qu'une ombre. Une présence silencieuse, éclipsée par sa soif de succès. Un matin, il s'était réveillé seul. Une lettre l'attendait sur la table : *Je ne peux plus continuer comme ça. Tu mérites mieux.* Puis, plus rien. *** Trois ans plus tard, Helena refait surface. Sous le nom d'Elara Vasquez, héritière d'un empire financier, stratège redoutée et femme d'affaires implacable. Elle est la reine d'un monde dont il n'a jamais fait partie. Et pourtant, lorsqu'elle le voit entrer dans cette salle de gala, son cœur manque un battement. Daniel n'est plus l'homme qu'elle a abandonné. Il n'est plus ce mari négligé, perdu dans son ombre. Il est devenu l'architecte d'un empire rival, un homme puissant et admiré. Elle s'approche, incertaine, mais il la devance : - Helena... ou devrais-je dire Elara ? Sa voix est froide, tranchante. Elle tente de parler, mais une femme glisse sa main dans celle de Daniel et pose un regard amusé sur elle.
Chapitre 1
La lettre était posée là, seule sur la table, comme un signal. Daniel se tenait en face, les yeux fixés dessus. Son souffle se coupait. Il avait pensé à tout, sauf à ça. Elle avait disparu. Il n'avait même pas entendu les bruits de ses pas se faufiler dans l'appartement vide. Elle s'était envolée sans un mot, sans un regard en arrière.
Il se souvint de la dernière fois qu'il l'avait vue. La nuit était tombée, il était rentré tard, trop tard. Elle l'attendait, comme toujours, mais pas cette fois. Pas avec le même regard. Elle ne l'avait pas accueilli comme d'habitude, la chaleur, la complicité qui existaient encore, malgré tout. Ce soir-là, elle avait posé sa tasse de thé sans un bruit, avait dit qu'elle était fatiguée, mais il avait vu. Il avait vu dans ses yeux quelque chose de distant. Ce qu'il n'avait pas voulu voir pendant trop de mois. Trop de semaines. Trop de jours où il s'était dit qu'elle n'irait nulle part.
Il avait essayé de parler, de la retenir, mais elle s'était fermée. Elle n'était plus là. Pas totalement. Ses silences étaient devenus des murs, et il n'avait jamais su comment les franchir. Maintenant, elle l'avait laissé là, sans explication. Juste une lettre, une simple lettre. Une phrase qui déchira tout en lui : * »Je ne peux plus continuer comme ça. Tu mérites mieux. »*
Il avait appelé, bien sûr. Il avait appelé mille fois. Mais elle ne répondait plus. Elle avait disparu, effacée de son monde comme si elle n'y avait jamais existé. Il n'avait jamais cru en la solitude, mais maintenant, il la connaissait. Il connaissait la douleur de se réveiller un matin et de se rendre compte que la personne qui comptait plus que tout était partie. Tout semblait absurde, un piège. Il pensait qu'elle reviendrait, qu'elle lui dirait que c'était une erreur, qu'elle regrettait. Mais non. Rien.
La maison semblait plus vide que jamais. Il la parcourait comme un étranger, touchant les objets qui avaient été les siens à tous les deux, mais qui maintenant n'avaient plus aucune signification. Elle l'avait laissé dans ce vide. Ce vide qui le dévorait. Il errait, ne mangeait pas, ne dormait pas. Ses pensées étaient des ennemis invisibles qui le poursuivaient sans relâche. Chaque minute, chaque seconde le poussait un peu plus au fond. L'alcool n'aidait pas. Le sexe n'aidait pas. Rien n'aidait. Il avait cherché à combler le vide avec des choses superficielles, des plaisirs futiles, mais tout cela était devenu sans goût. Il n'avait jamais cru à la notion de « vide intérieur », mais à présent, il la vivait. Il se retrouvait dans une impasse sans issue.
Il pensait à elle tout le temps. À la façon dont elle marchait, dont elle parlait, à la lumière qui brillait dans ses yeux lorsqu'elle riait. Quand il fermait les yeux, c'était tout cela qu'il voyait. Ses gestes, sa voix. Et pourtant, elle avait choisi de partir, de s'en aller, sans lui laisser une chance de réparer ce qu'il avait brisé. Il n'était même pas sûr de ce qu'il avait brisé, mais il savait qu'il avait échoué. Il savait qu'il avait échoué bien avant que la lettre arrive.
Elle l'avait quitté pour une raison qu'il ne comprenait pas totalement. Il savait qu'elle avait des rêves, des ambitions, des envies. Mais lui ? Il n'était qu'un homme qui s'était perdu dans ses propres ambitions. Un homme qui avait oublié de la regarder. À force de courir après ses projets, il ne l'avait pas vue s'éteindre petit à petit. Elle lui avait demandé, lui avait supplié d'arrêter, de faire des compromis, mais il n'avait pas su. Il s'était persuadé qu'elle resterait. Après tout, il était Daniel, celui qu'elle avait aimé, celui qu'elle avait épousé.
Mais il s'était trompé.
Il n'était plus celui qu'elle avait épousé. Il n'était plus cet homme qui, un jour, lui avait promis que rien ne les séparerait. Les promesses se sont effacées avec le temps. Elle lui avait montré la sortie, et il n'avait pas vu le chemin. Quand elle avait parlé de partir, il n'avait pas réagi. Il avait fait semblant de ne pas l'entendre. Et maintenant, il ne pouvait pas comprendre pourquoi elle était partie. Ou peut-être qu'il ne voulait pas comprendre.
Il s'était réveillé en sueur. Le silence dans l'appartement était écrasant. Il avait regardé la lettre, puis il l'avait déchirée en morceaux. Cela ne servait à rien. Elle n'était plus là. Il n'avait plus de réponses. Et ça le rongeait. Il aurait donné n'importe quoi pour pouvoir juste lui parler une dernière fois. Une seule fois. Pour comprendre. Pour savoir.
Il sortit de l'appartement. Il n'avait pas de destination. Il marchait sans but, comme un animal en cage. La rue était déserte. Personne pour lui poser des questions. Personne pour lui demander ce qui n'allait pas. Personne pour lui rappeler que la vie continuait, que le monde tournait. Il n'en avait rien à faire. Le monde pouvait bien se taire. Il n'en avait plus rien à foutre.
Il entra dans un bar, sans aucune idée de ce qu'il faisait là. Les lumières étaient faibles, la musique étouffée. Il s'installa au comptoir, commanda un whisky, puis un autre. Il en avait besoin. Il avait besoin de quelque chose pour oublier, pour faire taire cette voix dans sa tête qui lui disait qu'il avait tout perdu. Une autre bouteille. Il n'était pas là pour discuter, juste pour boire. Il espérait que l'alcool ferait le travail qu'il n'arrivait pas à accomplir lui-même. Tout se noyait, tout devenait flou.
C'est là qu'il la vit. Une femme, au fond du bar. Il n'y prêtait pas attention, trop absorbé dans ses pensées. Mais son regard se posa sur elle. Ses cheveux blonds, ses yeux qui semblaient capturer la lumière de la pièce. Il la fixa, comme une tentative de se distraire. Elle lui lança un regard furtif. Pas de sourire. Juste un regard curieux. Il détourna les yeux, mais quelque chose en elle l'attirait. Il se leva, se dirigea vers elle sans réfléchir. Peut-être espérait-il juste qu'un contact avec une inconnue suffirait à faire taire la douleur.
« Tu es seul ? » demanda-t-elle d'une voix basse, presque indifférente.
Il hocha la tête. « Et toi ? »
Elle haussait les épaules. « Peu importe. »
Ils restèrent là, dans une forme de silence confortable. Il avait l'impression qu'elle savait quelque chose qu'il ignorait, que cette rencontre n'était qu'une diversion pour éviter de penser à ce qu'il venait de perdre. Mais, d'un autre côté, c'était une tentative d'oubli. Il savait qu'il ne pouvait pas fuir éternellement. Mais pour l'instant, il allait essayer. Juste essayer.
Autres livres par vino
Voir plus