En public, il n'était qu'un simple assistant dans l'empire qu'elle dirigeait d'une main de fer. En privé, il était l'époux secret de la femme d'affaires la plus influente du pays. Lorsqu'Elias a découvert que sa femme, Sophia, finalisait un mariage arrangé avec un puissant investisseur, il a compris qu'il n'avait jamais été qu'une ombre dans sa vie. Blessé, il a choisi de disparaître. Quand ils se sont revus, Sophia a été frappée par l'aura nouvelle d'Elias, devenu un entrepreneur redoutable. « Tu joues les magnats, maintenant ? » a-t-elle lancé avec mépris. Il s'est contenté de sourire. « Ça ne te regarde pas, ma chère ex-femme. » Mais Sophia savait qu'elle venait peut-être de perdre l'homme qu'elle avait secrètement aimé... et qu'il ne comptait pas lui pardonner.
Chapitre 1
Sophia n'avait pas l'habitude de prendre des pauses. Pas même pour respirer. Le stress, la pression, tout cela faisait partie du jeu, et elle avait appris à vivre avec. Aujourd'hui, comme d'habitude, elle dévalait les escaliers du bureau, ses talons frappant le sol avec une rapidité méticuleuse, jusqu'à son bureau, où des piles de dossiers l'attendaient. Le téléphone ne cessait de vibrer, des messages s'accumulaient. La machine de l'entreprise ne s'arrêtait jamais.
Mais il y avait une constante dans ce tourbillon : Elias.
Son assistant, l'homme qu'elle ne voyait pas, mais qui avait les mains dans tout, les yeux partout. En théorie, il n'était qu'un rouage, discret, efficace, presque invisible. Mais elle savait mieux. Il savait ce qu'il fallait faire avant même qu'elle le demande, anticipant chaque besoin avec une précision effrayante. Si l'on devait comparer l'entreprise à une machine, il était l'huile qui faisait tout tourner sans qu'on le remarque.
Les premiers mois avaient été une simple formalité. Elle l'avait engagé comme assistant exécutif, une tâche banale pour quelqu'un de son calibre. Mais les choses avaient vite évolué. Le regard qu'ils s'échangeaient, une tension sous-jacente, avait fait naître un autre type de lien entre eux. Une forme de complicité silencieuse. Ce n'était pas de l'admiration, ni même du respect. C'était quelque chose de plus vague, de plus insidieux.
Elle entra dans son bureau, la porte se refermant dans un claquement net derrière elle. Elle s'approcha de son bureau, ses yeux se fixant sur l'écran. Une réunion urgente avec un investisseur. Elle n'avait pas le temps pour ça. Elle soupira. Elias n'avait pas encore apporté la dernière analyse sur le marché chinois.
« Bien, Sophia, arrête de fuir, il va falloir faire face », se murmura-t-elle à elle-même.
Elle s'apprêtait à faire un geste brusque en éteignant l'écran quand la porte s'ouvrit doucement.
« Elias, » dit-elle, sans se tourner, sa voix tranchante comme du verre.
L'homme entra, sans un bruit, son regard déjà sur l'écran, comme s'il savait de quoi elle parlait.
« Le rapport sur le marché chinois est prêt, » dit-il sans détour, « vous devrez juste l'approuver. »
Il posa une clé USB sur son bureau, puis s'éloigna sans un mot de plus. Pas de question, pas de demande d'approbation. Rien. Il savait qu'elle n'allait pas lui poser de questions.
Sophia le regarda s'éloigner, un frisson d'irritation lui parcourant la nuque. Pourquoi avait-elle ce sentiment que tout ça était plus qu'une simple transaction professionnelle ? Qu'il n'était pas qu'un assistant, mais quelque chose d'autre... quelque chose qu'elle n'avait pas encore envie de comprendre.
Elle secoua la tête, refoulant cette pensée. Elle avait trop de choses à faire pour se perdre en réflexions inutiles. Mais la vérité, c'était que chaque geste, chaque mot, chaque regard échangé avec lui l'emplissait d'une sensation étrange, un mélange de besoin et de rejet. Elle savait que tout était une question de contrôle. Et, si elle était honnête, elle n'aimait pas perdre le contrôle. Elle n'aimait pas que quelqu'un, même lui, soit capable de faire naître cette sensation.
Quelques heures plus tard, un autre coup à la porte.
« Elias, tu sais que je déteste quand tu fais ça. Entre. »
Cette fois, il n'y avait pas de documents à déposer. Il tenait un café. Son regard était calme, mais il y avait quelque chose dans la façon dont il la fixait, comme un défi tacite. Il savait qu'elle savait. Elle savait qu'il savait. C'était cette vérité non dite entre eux.
« Un café ? » demanda-t-il, sans vraiment attendre de réponse. Il posa la tasse sur le coin du bureau. Puis il s'approcha d'un pas, avec une lenteur presque insolente.
« Tu es dans mes affaires, Elias, » dit-elle sans détour. « Pourquoi est-ce que tu viens ici si souvent ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? »
Il resta là, sans bouger, ses yeux fixés sur elle. Son visage était aussi impassible qu'à son habitude, mais elle ne pouvait s'empêcher de sentir cette pression croissante. Il n'avait pas besoin de parler. Mais il le fit quand même.
« Parce que vous êtes... intéressante. Vous n'êtes pas comme les autres, » dit-il. Ses mots étaient nets, simples, mais cela fit comme une déflagration dans son esprit. « Vous avez un pouvoir, Sophia. Un vrai pouvoir. Et vous savez l'utiliser. Mais vous avez aussi une faiblesse. »
Elle haussait un sourcil, une part d'elle-même prête à exploser de colère, mais une autre part de plus en plus curieuse, fascinée, l'empêchait de réagir. « Quelle faiblesse ? » demanda-t-elle, sa voix plus froide qu'elle ne l'aurait voulu.
Il ne répondit pas immédiatement. Il la regarda, la laissant digérer ses mots. Puis, d'un ton plus grave : « Vous avez trop peur de tout perdre. Mais vous ne savez pas ce que vous avez déjà perdu. »
Elle le fixa, son cœur battant plus fort que d'habitude. Cette conversation, ce regard, tout ça était différent. C'était comme s'il avait vu quelque chose en elle qu'elle-même n'avait jamais vu.
Un silence s'installa. Trop lourd, trop chargé. Puis il tourna les talons, sortant de la pièce comme si rien n'était. Sophia resta là, la main suspendue dans l'air au-dessus de la tasse de café. Elle n'avait jamais ressenti une telle tension. Ni avec ses partenaires d'affaires, ni même avec ceux qu'elle avait eus dans sa vie personnelle. Il n'y avait pas de « jeux » entre eux, pas de fausses promesses. Mais il y avait cette vérité, et c'était la première fois qu'elle se sentait aussi déstabilisée.
Ce soir-là, en s'endormant, elle se rendit compte qu'elle pensait à lui d'une manière différente. Pas comme l'assistant sur lequel elle pouvait s'appuyer. Non. Il était plus que ça. Et elle n'était pas prête à affronter ce qu'il pourrait signifier pour elle.
Le lendemain, le matin arriva trop vite. Mais son regard se croisa avec le sien dans le hall, et elle ne put s'empêcher de frémir. Une question flottait dans son esprit, mais elle n'osa pas la poser à haute voix. Et lui, il savait déjà qu'elle l'avait vue. Mais il se contenta de l'ignorer, de s'effacer, de repartir dans son rôle. Un rôle qu'il tenait avec une maîtrise parfaite.
Mais quelque chose avait changé.
Et elle n'était pas prête à accepter ce changement. Pas encore.
Autres livres par vino
Voir plus