Après quatre ans d'un mariage discret, Élise Moreau avait tout fait pour être la femme idéale, mais cela n'avait pas suffi. Gabriel Delcourt, héritier d'un empire financier, l'avait rejetée froidement, lui offrant une compensation financière pour tourner la page. Brisée mais fière, Élise était partie sans se retourner. Elle s'était reconstruite et était devenue une traductrice renommée, admirée dans le cercle des affaires. Rapidement, son charisme et son talent avaient attiré l'attention des élites, et elle n'était plus la femme timide d'autrefois. Gabriel, quant à lui, n'avait jamais prêté attention à son ex-femme après leur séparation... jusqu'à ce qu'il la revoie, rayonnante et entourée d'hommes influents. Elle était désormais courtisée par des héritiers de grandes fortunes, et chaque apparition d'elle faisait parler d'elle. Mais le choc le plus grand fut d'apprendre qu'elle était enceinte. Furieux et troublé, Gabriel lui demanda un jour : "Qui est le père de cet enfant ?" Avec un sourire sarcastique, Élise répondit : "Pourquoi cela t'intéresse-t-il encore ?" Quatre ans plus tard, dans un aéroport bondé, il l'aperçut tenant par la main une petite fille aux yeux identiques aux siens... C'est à cet instant qu'il comprit l'ampleur de son erreur.
La salle était immense, baignée dans une lumière tamisée qui donnait une aura feutrée à l'événement. Élise tira nerveusement sur la manche de sa robe bleu nuit, mal à l'aise dans cet univers où tout semblait calculé, réglé au millimètre près. Les serveurs en gants blancs circulaient entre les tables, déposant des coupes de champagne aux invités en costume hors de prix. Elle jeta un regard furtif autour d'elle, se sentant presque illégitime dans ce décor opulent.
- Concentre-toi, Élise, murmura-t-elle pour elle-même en ajustant l'oreillette de son micro.
Elle était là pour une raison précise : assurer la traduction en simultané pour un investisseur étranger venu négocier un partenariat avec un grand groupe français. C'était une opportunité précieuse pour sa carrière, et elle n'avait pas le droit à l'erreur.
- Élise, tout va bien ? demanda son mentor, Claire Duret, une traductrice chevronnée qui l'avait prise sous son aile depuis son entrée dans le métier.
- Oui... enfin, je crois.
Claire lui adressa un sourire encourageant avant de disparaître dans la foule. Inspirant profondément, Élise se concentra sur la discussion qui se déroulait à quelques mètres d'elle. L'homme qu'elle traduisait, un milliardaire américain au sourire carnassier, échangeait avec un Français dont l'allure dégageait une prestance intimidante.
Gabriel Delcourt.
Ce nom ne lui disait rien, mais il ne fallait pas être un génie pour comprendre qu'il était quelqu'un d'important. Sa silhouette élancée, son costume parfaitement taillé et son regard perçant en disaient long sur son influence. Il écoutait son interlocuteur avec une froideur maîtrisée, les bras croisés, comme si chaque mot devait être soigneusement pesé avant qu'il ne daigne y accorder de l'intérêt.
Élise se redressa et se prépara à traduire lorsqu'elle croisa le regard de Gabriel. Un frisson la parcourut. Ses yeux bleu acier, perçants et intransigeants, se posèrent sur elle avec une pointe d'agacement.
- C'est elle, la traductrice ? lâcha-t-il, sceptique, en français.
L'homme américain hocha la tête, et Élise sentit le rouge lui monter aux joues. Elle avait l'habitude des clients difficiles, mais Gabriel Delcourt n'était pas simplement exigeant : il la jaugeait avec une froideur qui la mit immédiatement sur la défensive.
- Je suis ravie de travailler avec vous ce soir, monsieur Delcourt, répondit-elle d'une voix posée.
- Nous verrons si ce sentiment est réciproque, rétorqua-t-il, impassible.
La pique était gratuite, et pourtant, elle eut l'effet d'une gifle pour Élise. Elle sentit son cœur tambouriner contre sa poitrine, mais elle refusa de se laisser intimider. Serrant légèrement ses doigts autour de son carnet de notes, elle planta ses yeux dans les siens.
- Je vous assure que je suis compétente, dit-elle avec calme. Et je préfère que nous nous en tenions aux faits plutôt qu'aux jugements hâtifs.
Un silence tomba entre eux. Un bref éclair d'amusement traversa le regard de Gabriel, mais il disparut aussi vite qu'il était apparu. Il détourna les yeux et se contenta d'un hochement de tête avant de se concentrer à nouveau sur la conversation.
Élise sentit un mélange de colère et d'excitation l'envahir. Il y avait chez cet homme une arrogance qu'elle trouvait insupportable, mais en même temps, il lui offrait une opportunité de prouver sa valeur.
La soirée continua dans cette tension sous-jacente. Chaque échange de regard entre eux était une bataille silencieuse. Chaque phrase qu'elle traduisait était exécutée avec une précision millimétrée, comme pour lui montrer qu'elle était plus qu'à la hauteur.
Mais alors qu'elle commençait à se détendre, la situation prit une tournure inattendue.
Son père, François Moreau, apparut soudain à ses côtés, un sourire exagérément chaleureux aux lèvres.
- Élise, ma chérie ! Je suis ravi que tu sois là ce soir !
Elle sentit immédiatement le piège. Son père n'avait jamais caché son ambition pour elle : il voulait la voir mariée à un homme influent, quelqu'un qui pourrait lui assurer un avenir confortable. Et en voyant Gabriel Delcourt à ses côtés, il avait sans doute flairé une opportunité en or.
- Monsieur Delcourt, permettez-moi de vous présenter ma fille.
Élise se tendit. Gabriel posa un regard indéchiffrable sur elle, puis sur son père.
- Nous avons déjà fait connaissance, répondit-il d'un ton neutre.
Son père sembla satisfait. Il posa une main affectueuse sur l'épaule d'Élise.
- Ma fille est brillante, n'est-ce pas ? Une femme comme elle a besoin d'un homme à sa hauteur.
Élise sentit son estomac se tordre de malaise. Elle voulait disparaître, fuir cette conversation qui la réduisait à une simple candidate au mariage plutôt qu'à une professionnelle compétente.
Mais Gabriel, lui, semblait amusé. Un rictus effleura ses lèvres alors qu'il observait la scène.
- Je suppose que vous aimeriez me convaincre de cela, monsieur Moreau ?
- Disons que les bonnes alliances ont toujours été bénéfiques pour les affaires, répondit François avec un clin d'œil.
Élise n'en pouvait plus. Elle attrapa son père par le bras et l'éloigna de force.
- Papa, arrête ! siffla-t-elle. Tu me mets dans l'embarras !
- Mais je ne fais que penser à ton avenir, ma chérie. Tu pourrais...
- Non, Papa. C'est mon avenir, pas le tien.
Elle se détacha brusquement de lui et s'éloigna pour reprendre son poste. Mais en tournant les talons, elle croisa une fois de plus le regard de Gabriel. Il la fixait avec un intérêt nouveau, comme s'il venait de découvrir un détail intrigant chez elle.
- Je vois que vous n'aimez pas qu'on décide pour vous, murmura-t-il.
- Et je vois que vous aimez juger sans connaître, répliqua-t-elle, piquée.
- Intéressant.
Et sur ce mot énigmatique, il s'éloigna.
Élise resta figée, le cœur battant. Il n'y avait rien de romantique dans cette rencontre, rien de tendre ou de doux. Juste une tension palpable, une confrontation de caractères. Mais au fond d'elle, une petite voix lui soufflait que ce n'était que le début d'un jeu dangereux.
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