Croiser un regard qui pénètre jusqu'à l'âme. C'est là que réside le véritable amour. Mais comment l'atteindre lorsque tout semble vous opposer ? Différence d'âge, environnement chaotique, cicatrices du passé... et un traumatisme insurmontable. Cette histoire explore les obstacles invisibles mais bien réels qui séparent ceux qui s'aiment, tout en mettant en lumière la force et la résilience de ceux qui, malgré tout, choisissent de se relever. Bien que cette œuvre demeure une fiction, elle résonne profondément avec les réalités que tant de personnes traversent. Un hommage à ceux qui ont trouvé la force de se reconstruire, peu importe la violence du choc.
Le bourdonnement constant des conversations résonnait dans le café, mêlé à l'odeur enivrante de grains de café fraîchement moulus. Léna ajusta son écharpe autour de son cou, plus par habitude que par besoin, et se fraya un chemin parmi les tables bondées. Ce café du coin, situé juste en face de son bureau, était devenu une sorte de refuge. Ici, elle pouvait s'échapper un instant de la pression quotidienne, se fondre dans l'anonymat et savourer un café noir sans devoir faire semblant d'aller bien.
Elle s'installa près de la baie vitrée, sa tasse fumante en main, le regard perdu au-delà de la rue animée. Un instant de calme précieux dans une vie qu'elle essayait encore de recoller. Mais malgré le chaos extérieur, quelque chose d'étrange l'habitait ce jour-là. Une sensation indistincte. Comme si quelque chose, ou quelqu'un, attendait de la percer à jour.
Elle releva les yeux, presque instinctivement, lorsque la porte du café s'ouvrit à nouveau, laissant entrer un flot d'air frais et un jeune homme aux traits indéniablement marqués. Il semblait légèrement désorienté en cherchant une table libre. Puis, leurs regards se croisèrent.
Le monde sembla ralentir.
Léna sentit un frisson la parcourir. Ce n'était pas la première fois qu'elle croisait des inconnus dans un café, mais jamais un simple échange de regards ne lui avait provoqué une telle réaction. Le jeune homme, Alexis, figé dans son élan, la fixait avec une intensité déroutante. Son expression trahissait la même surprise, comme s'il venait de faire une découverte qu'il n'avait pas anticipée.
Leurs yeux restèrent accrochés, comme si chaque battement de cils était une seconde de plus dans ce moment suspendu. Léna cligna des paupières, troublée. Le battement rapide de son cœur lui fit détourner le regard, rompant l'étrange magie de cette rencontre visuelle.
Elle serra la tasse dans ses mains, essayant de se reconcentrer sur autre chose, mais la tension dans sa poitrine ne faiblissait pas. Elle le sentait toujours là, quelque part dans la pièce. Inexplicablement, irrationnellement, elle le sentait.
De son côté, Alexis s'était installé à une table près du comptoir, l'esprit agité. Il ne comprenait pas pourquoi ce regard l'avait autant déstabilisé. Il avait l'impression d'avoir plongé dans quelque chose de profond, de sombre, et pourtant irrésistiblement attirant. Ses pensées se dispersaient alors qu'il essayait de retrouver son calme, mais chaque seconde passait dans une confusion étrange.
Léna, elle, ne savait pas quoi faire. Elle avait déjà vécu cette sensation autrefois – cette impression d'être vue, mais cela s'était terminé en désastre. Son esprit lui criait de fuir, de ne pas revivre une histoire semblable. Mais son cœur la retenait. Quelque chose dans ce regard lui avait semblé différent. Mais après tout, n'était-ce pas exactement ce qu'elle pensait la première fois qu'elle avait fait confiance ? Ses doigts tremblèrent légèrement autour de sa tasse.
Elle jeta un coup d'œil furtif vers lui. Il était beau. Pas dans le sens classique, mais d'une manière captivante. Ses traits étaient définis, ses cheveux légèrement en bataille, et un air pensif marquait ses sourcils froncés. Il semblait se battre intérieurement, tout comme elle. Cette reconnaissance silencieuse de la douleur dans un inconnu était presque trop pour elle.
Soudain, son portable vibra sur la table, rompant l'intensité de l'instant. Elle sursauta, puis répondit rapidement. C'était Chloé, sa meilleure amie.
- « Hé, tu viens au dîner ce soir ? »
- « Peut-être... » murmura Léna, encore trop distraite pour donner une vraie réponse.
- « Peut-être ? Tu te rends compte que ça fait des semaines qu'on ne t'a pas vue ? Tout le monde s'inquiète pour toi, Léna. » La voix de Chloé portait une douce insistance. Elle savait ce que Léna traversait, et elle tentait de la soutenir, sans la brusquer.
- « Je sais... c'est juste que... » Léna hésita, incapable de formuler ses pensées. Comment expliquer à Chloé qu'en une fraction de seconde, son monde venait d'être bouleversé, juste par le simple regard d'un inconnu ?
- « Je ne te force pas, mais pense-y, d'accord ? » ajouta Chloé avant de raccrocher.
Léna posa son téléphone et inspira profondément. Elle devait reprendre le contrôle. Elle n'était plus cette fille naïve d'autrefois. Elle s'était promis de ne plus se laisser emporter par ses émotions, de ne plus être vulnérable.
Cependant, avant qu'elle ne puisse reprendre ses esprits, Alexis se leva soudainement et se dirigea vers elle. Son cœur s'accéléra.
- « Excusez-moi, » dit-il doucement, sa voix grave trahissant une légère nervosité. « Je ne veux pas paraître intrusif, mais... je crois que nous avons partagé un moment... spécial. Est-ce que je me trompe ? »
Léna resta un instant sans voix, son cerveau essayant de traiter ce qui se passait. Pourquoi lui parlait-il ? Que devait-elle dire ? La chaleur dans ses joues s'intensifia.
- « Je... je ne sais pas, » murmura-t-elle enfin, son regard fuyant le sien.
Alexis esquissa un sourire hésitant, presque désolé.
- « Désolé, c'est juste que... Je ne sais pas comment expliquer ça. » Il passa une main nerveuse dans ses cheveux. « Ce genre de choses n'arrive pas souvent, n'est-ce pas ? »
Léna hocha la tête, mais une alarme intérieure s'était déjà déclenchée. Trop proche. Trop vite.
Elle se redressa légèrement, sentant l'urgence de partir. Ses souvenirs se mirent à affluer, rappelant des douleurs qu'elle avait essayé d'enfouir. Elle ne pouvait pas faire cela, pas encore.
- « Je suis désolée, je dois y aller, » dit-elle précipitamment en se levant, renversant presque sa tasse sur la table.
Alexis écarquilla les yeux, pris de court par son brusque départ. Il n'eut même pas le temps de réagir avant qu'elle ne ramasse ses affaires et disparaisse presque aussitôt dans la foule du café.
En la voyant franchir la porte, un sentiment étrange le submergea. Il avait l'impression d'avoir manqué une opportunité, quelque chose de rare et précieux. Pourtant, il restait là, figé, sans savoir comment la retrouver ou même pourquoi il en avait envie.
Léna, de son côté, marchait rapidement dans la rue, son cœur battant à tout rompre. Elle avait agi instinctivement, poussée par la peur. L'idée d'être vulnérable à nouveau la terrifiait. Mais en même temps, une part d'elle regrettait déjà son départ précipité. Pourquoi avait-elle si peur ?
Les lumières de la ville commençaient à scintiller alors que le soleil déclinait doucement à l'horizon. Elle se sentait vide, comme si elle avait laissé quelque chose derrière elle dans ce café. Mais elle ne pouvait pas se permettre de revenir en arrière.
Pas maintenant.
Pas avec lui.
Elle serra les poings et continua à marcher, tentant de calmer les battements frénétiques de son cœur. Mais le visage d'Alexis, ses yeux perçants, restaient gravés dans son esprit.
Et quelque chose lui disait que ce n'était que le début.
Léna marchait rapidement dans les rues, le cœur battant encore de sa fuite précipitée du café. Le visage d'Alexis restait gravé dans son esprit, ses yeux perçants, comme s'ils avaient capté quelque chose d'intime en elle. Ce regard la troublait bien plus qu'elle n'osait l'admettre. Elle n'avait jamais été aussi bouleversée par une simple rencontre, et cette réaction violente lui rappelait des souvenirs qu'elle s'efforçait d'oublier.
En franchissant la porte de son petit appartement, Léna se laissa tomber sur le canapé, ses jambes tremblantes sous elle. Le silence qui régnait dans son espace familier n'apportait aucune paix. Il ne faisait qu'amplifier le tourbillon de pensées dans lequel elle se trouvait. Elle porta une main à sa poitrine, comme si elle pouvait ainsi calmer les battements frénétiques de son cœur.
Les souvenirs commencèrent à remonter, malgré elle.
Il y a quelques années, avant que tout ne change, elle était une jeune fille insouciante. Elle avait confiance en elle, en la vie, et surtout en les autres. Jusqu'à ce soir-là. Ce moment où tout avait basculé.
C'était une fête, comme il y en avait tant à l'université. Les rires fusaient de toutes parts, les verres de bière circulaient, et la musique pulsait dans l'air. Léna se souvenait encore de la sensation de légèreté qui l'avait habitée cette nuit-là. Elle se sentait invincible, vivante. C'était avant l'obscurité, avant qu'une confiance aveugle en quelqu'un ne la conduise dans une chambre à l'étage.
« Tu es sûre que ça va ? » lui avait demandé Émilie, son amie, alors qu'elle suivait un garçon dans les escaliers.
« Oui, t'inquiète, je connais Léo, » avait-elle répondu en riant.
Léo était un ami d'amis, quelqu'un de sympathique avec qui elle avait échangé quelques mots. Ils étaient montés pour discuter au calme, c'est tout. Du moins, c'était ce qu'elle croyait. Les premières minutes avaient été normales. Léo lui avait offert un verre, et ils avaient parlé de tout et de rien. Puis les choses avaient changé. Léna se souvenait du moment exact où son sourire à lui s'était transformé en quelque chose de plus sombre. Il s'était rapproché trop vite, trop près.
« Léo... Je pense que je vais redescendre, » avait-elle dit, mal à l'aise.
Mais il n'avait pas reculé. Au contraire, il s'était avancé davantage, son regard devenant plus insistant.
« Pourquoi tu pars si vite ? On est bien ici, non ? »
Chapitre 1 Chapitre 1
10/10/2024
Chapitre 2 Chapitre 2
10/10/2024
Chapitre 3 Chapitre 3
10/10/2024
Chapitre 4 Chapitre 4
10/10/2024
Chapitre 5 Chapitre 5
10/10/2024
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