Béatrice et James, mariés depuis peu, vivent une vie de couple assez paisible. Mais derrière l'apparence d'un couple parfait se cachent des tensions, des désirs inavoués et des secrets qui pourraient tout détruire. Passant Noël chez les parents de Béatrice dans un ranch isolé, ils découvrent que l'amour ne se résume pas aux moments de tendresse, mais qu'il est aussi marqué par des frustrations, des confrontations et une quête insatiable de réconfort. Entre la la pression et les attentes démesuré des belles familles, ainsi que la froideur d'un mariage qui s'étiole et la chaleur des passions réprimées, le couple qui semblait parfait autrefois se retrouve aux frontières de leurs amours avec un divorce imminent. Parviendront ils à surmonter ces épreuves ou vont-ils laissé leurs amours se transformer en haine.
Béatrice et James, deux amoureux passionnés, avaient choisi de passer Noël chez les parents de Béatrice. Elle avait passé la journée à cuisiner avec sa mère. James, quant à lui, détestait ces après-midis où il devait regarder le football avec son beau-père, assis sur le canapé. Il se sentait obligé de prétendre s'intéresser au match, tout en rêvant d'être ailleurs. Pour lui, ces moments en famille représentaient une grande perte de temps.
Depuis le matin, ils n'avaient pas eu un seul instant pour se retrouver seuls. Les baisers de Béatrice lui manquaient cruellement. James détestait les fêtes de fin d'année, surtout lorsqu'elles impliquaient plusieurs nuits au ranch "Cysley", ce qui signifiait souvent abstinence forcée.
À un moment, dans un couloir, James attrapa la main de Béatrice et la tira vers lui pour tenter de l'embrasser.
- Viens par ici, ma belle, que je savoure tes lèvres, murmura-t-il.
- Mais ça ne va pas ! Et mes parents alors ? Ils sont juste à côté. Tu sais que mon père est toujours aussi vieux jeu, même si nous sommes mariés.
Elle essaya de se dégager, mais il la tenait fermement, l'empêchant presque de respirer.
- Allez, juste un petit bisou, insista James en lui caressant les fesses, une légère érection le trahissant.
- Arrête ! Tu sais que ce n'est pas possible ici. Si tu te montres sage, je te promets que tu auras tout ce que tu veux quand on sera rentrés. Mais il faudra attendre un peu, ajouta Béatrice en esquivant son baiser.
Céder maintenant signifiait devoir trouver un coin discret pour apaiser les ardeurs de James, ce qui n'était pas envisageable dans cette maison où l'intimité était inexistante. Soudain, une voix grave résonna :
- Eh bien ! Ne faites pas vos cochonneries ici ! Vous vous tenez bien. De toute façon, maman va bientôt servir. Allez, détachez-vous. Et toi, James, ma fille n'est pas un morceau de sucre.
Le père de Béatrice, les poings sur les hanches, les regardait sévèrement. James et Béatrice échangèrent un regard consterné avant de rejoindre la grande salle sous les yeux mécontents du père.
Les parents de Béatrice, Naomie et Grégoire, avaient acheté cette vieille maison au début de leur mariage. Grégoire y avait investi beaucoup de temps et d'énergie, et aujourd'hui, il était fier du résultat. Le ranch, autrefois en ruine, affichait désormais une magnifique façade rénovée, ce qui avait coûté une petite fortune à Grégoire.
James, surnommé « Bazin » par ses collègues, était un citadin dans l'âme, préférant la ville avec ses lumières, ses cafés élégants, le métro, et même les embouteillages. Pour lui, le silence de la campagne était une torture, et il avait du mal à supporter l'odeur du fumier émanant de l'élevage de chevaux de son beau-père.
Après leur mariage, Béatrice avait rejoint James à Paris, même si elle n'aurait jamais d'enfants. Pour combler ce manque, elle travaillait dans une crèche, une vocation pour elle.
Béatrice, toujours élégante, avait fière allure avec ses lèvres rouges cerise et ses cheveux ondulés. Sa beauté moderne et sophistiquée attirait les regards.
La salle à manger, avec ses grands volumes, ressemblait à une cathédrale. Naomie servit les hors-d'œuvre : du saumon fumé, des tomates cerises à la mayonnaise, et d'autres plats froids. Rien de tout cela ne plaisait à James, bien qu'il reconnaisse les talents culinaires de sa belle-mère. Le jour précédent, elle avait dressé une table somptueuse, bien qu'ils ne soient que quatre à réveillonner.
Naomie revint de la cuisine avec une carafe de vin rouge, qu'elle proposa :
- Qui veut du vin ?
- Juste un peu pour moi, répondit James.
- Pas pour moi, maman, merci, je vais prendre de l'eau, dit Béatrice.
Naomie fronça les sourcils en regardant sa fille. Puis, Grégoire, insistant :
- Allons, ma chérie, c'est un bon vin. Ça te donnera des couleurs. Tu sembles bien pâle. Tu n'aurais pas dû quitter le ranch.
Pour montrer l'exemple, il se servit une bonne rasade de vin, qu'il avala bruyamment. Béatrice, les mains tremblantes, refusa avec fermeté :
- Pas aujourd'hui, papa !
Elle posa la main sur son verre, se rappelant la terrible gueule de bois de l'année précédente. Grégoire, incompréhensif, éclata de rire :
- Ma fille ne boit pas d'alcool à Noël ? C'est une première !
L'atmosphère devint tendue, surtout lorsque le vin commença à colorer les joues de Grégoire. James avala une gorgée de vin, mais il eut du mal à la faire passer. Assis en face, il scrutait la salle à manger, inquiet, comme une proie. Béatrice et son père échangeaient des regards défiants, chacun refusant de céder.
James se demandait si ce conflit allait durer éternellement. Il n'avait pas l'intention de passer une nuit de plus sans la chaleur de sa femme. Heureusement, la minuterie du four interrompit la dispute. La dinde, rôtie à la perfection, embaumait la pièce de ses arômes.
Le repas débuta enfin, mais le retard causé par la dispute agaçait James. Vers vingt-deux heures, il ne tenait plus en place. Il se leva avant même que le dessert ne soit servi.
- James ! Tu pars déjà ? Et la bûche alors ? Je la donne aux cochons ? vociféra Grégoire.
James prit une profonde inspiration avant de répondre calmement :
- Beau-papa, on a déjà passé deux jours chez vous, il est temps de rentrer. Et demain, mes parents viennent nous rendre visite.
- Ce n'était pas ce qui était prévu, tu ne te plais pas chez nous ?
- Si, bien sûr, Grégoire, répondit James, mentant sans vergogne. Depuis le début, il avait prévu de ne rester que deux nuits et pas une de plus. Béatrice allait sûrement lui en vouloir, mais il voulait retrouver la tranquillité de leur appartement.
Le vieil homme, exaspéré par la tournure de la soirée, serrait les poings de frustration. Sa femme, Naomie, lançait des regards acérés vers lui, son visage crispé, ses yeux vifs. Grégoire la scrutait, cherchant à trouver quelque chose à redire, mais Naomie, bien consciente du tempérament impulsif de son mari, lui adressa un signe de tête encourageant, comme pour lui signaler qu'il était temps de lâcher prise. Face à la détermination de sa femme, Grégoire se résigna, son visage passant du rouge à un rose plus apaisé.
- J'espère que la soirée vous a plu, dit-il finalement avec un sourire forcé, cherchant à calmer l'atmosphère.
James et Béatrice échangèrent un regard complice, un sourire discret aux lèvres.
- Oui, papa, c'était très bien. Maman, ta dinde aux marrons, c'est toujours mon plat préféré.
Béatrice s'essuya la bouche avec une serviette en papier, fit crisser sa chaise en se levant, et sans un mot de plus, se dirigea vers l'entrée pour enfiler son manteau.
- Attends, ma chérie, je vais te préparer un peu de dinde aux marrons pour la route, il en reste assez pour nous.
Autres livres par Rêverie
Voir plus