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ManĂšge Interminable

ManĂšge Interminable

Miny Browny

4.9
avis
164
Vues
7
Chapitres

"Il existe quelques sujets capables de me faire chialer. La mort, l'innocence, et le passĂ©. Ce qu'ils ont en commun ? Une fois partis, ils ne reviennent jamais." Un joli petit parc d'attractions. "Ne vous fiez pas aux apparences ; elles sont trompeuses." Une foule qui fuit. Quatre personnes qui poursuivent. "Le Destin en a dĂ©cidĂ© ainsi. Et le Destin, dans ce monde, c'est moi." Un cadavre suivi d'un autre cadavre. "La vie est une torture et la mort, la dĂ©livrance." Nos souvenirs reviendront au fil du temps. Mais il sera trop tard, quand nous comprendrons que l'ignorance Ă©tait un cadeau divin. "Le malheur aurait moins de valeur sans le bonheur." *** Une partie peut ĂȘtre lue indĂ©pendamment des autres, mais elles sont toutes liĂ©es et traitent diffĂ©rents aspects. On retrouve toujours : la mort, l'humour, les sujets sensibles, les relations humaines, et les parcs d'attractions. Partie 0 - DĂ©couverte (terminĂ©e) Court, mignon, drĂŽle et sentimental, avec un trio sympathique composĂ© d'un distant et froid, d'une naĂŻve et mignonne, puis d'un Ă©loquent drĂŽle. Partie I - RĂ©volte (en cours) Beaucoup d'humour, d'amour, de morts, d'actions, de rĂ©flexions et de moments touchants, le tout en crescendo, avec une vingtaine de personnages. Partie II - Origine (en projet) C'est la dĂ©finition mĂȘme du rĂȘve : adieu le rĂ©alisme, d'un simple voyage en avion on peut passer Ă  une station spatiale avec des extraterrestres, et le but ultime de tout ça est de se comprendre. Partie III - Cinq (en projet) Cinq en un, de l'horreur, Ă  la romance, Ă  l'historique, Ă  la science-fiction, pour finalement retourner Ă  la fantaisie, on passe par tous les genres en empruntant divers lieux. Et ce n'est pas fini, il y a encore d'autres parties en cours de projet...

CapĂ­tulo 1 Partie 0 - Prologue + Chapitres 1~5

Partie 0 - DĂ©couverte

"Je n'ai plus peur du noir. J'ai peur des humains maintenant."

Enfermés dans un parc d'attractions, avec des tueuses à leur poursuite, les prisonniers de ce monde ne peuvent rien faire d'autre que d'attendre patiemment leur mort.

Dans ce désastre, une petite fille débarque.

C'est l'espoir.

***

Prologue 0

Les nuages sont roses, comme des barbes Ă  papa.

Sur le balcon d'un chĂąteau, accoudĂ©e Ă  la barriĂšre, BĂȘta observe le parc, chantonnant un air. Elle se redresse puis met une oreillette.

BĂȘta : Mesdames, prĂ©parez-vous. L'heure du spectacle approche, nous allons passer Ă  l'action dans (elle regarde sa montre) deux minutes et quarante-cinq secondes. Gamma, ĂȘtes-vous lĂ  ?

Silence.

BĂȘta : Je rĂ©pĂšte : Gamma ? (elle patiente)... Pour la troisiĂšme et derniĂšre fois : Gamma ?... Bien, alors Delta ?

Delta : Je suis en position.

BĂȘta : Heureuse de l'entendre. Mademoiselle Delta, auriez-vous l'amabilitĂ© de m'informer la localisation de notre chĂšre Gamma ?

Delta : Euh... Alors, voyons voir... C'est bon, je l'ai trouvée. Elle est dans sa chambre.

BĂȘta : Et que fait-elle ?

Delta : Elle dort.

BĂȘta se fige. Puis elle soupire.

BĂȘta, souriante, d'une traite : Merci, j'irai Ă  sa rencontre tout Ă  l'heure afin d'exprimer tout mon amour pour elle en l'enlaçant passionnĂ©ment au point qu'elle en aura quelques cĂŽtes brisĂ©es.

Delta : Euh, BĂȘta, calme-toi. C'est dĂ©jĂ  mieux que la derniĂšre fois oĂč elle avait, euh, disons, rĂ©glĂ© les choses Ă  sa maniĂšre.

BĂȘta : Vous avez raison, mademoiselle. Vous savez toujours quoi dire pour me consoler.

Delta : J'ai parfois du mal Ă  distinguer le vrai de l'ironie avec toi...

BĂȘta : Ne vous mĂ©prenez pas, c'Ă©tait sincĂšre. Puisque Gamma n'est pas en situation de faire son devoir, nous allons passer au plan B.

Delta : Fais attention ; je ne veux pas te revoir souffrir. Ils ont appris à se défendre...

BĂȘta : Je suis touchĂ©e de me trouver Ă  une place aussi importante dans votre cƓur. Mais ne vous inquiĂ©tez pas.

BĂȘta regarde sa montre.

BĂȘta, toujours souriante : Dans prĂ©cisĂ©ment cinq minutes et treize secondes, j'aurais eu le temps d'exĂ©cuter les cinq cibles indiquĂ©es par Alpha.

BĂȘta monte sur la barriĂšre avec lĂ©gĂšretĂ©, sort son Ă©pĂ©e et regarde sa montre.

BĂȘta : Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un.

Elle se laisse tomber dans le vide.

Puis à un mÚtre du sol elle disparaßt et se téléporte, les pieds à terre, accroupie, avec grùce et douceur.

***

0.1 - Fuite

Une petite fille court parmi les différents stands, débordant de produits mais inoccupés. Une légÚre mélodie résonne dans les airs. Ses cheveux chùtains foncés, courts et ondulants flottent au vent, suivant le rythme de ses pas et de sa respiration.

Fillette, crie : Au secours ! À l'aide !

Elle se retourne. Il n'y a personne.

Fillette : S'il vous plaĂźt ! Il y a quelqu'un ?

La joyeuse mélodie continue.

Elle remonte ses lunettes rondes qui n'arrĂȘtent pas de tomber.

Fillette : Aidez-moi ! Je vous en supplie !

Elle s'appuie sur ses genoux pour reprendre son souffle.

Une ombre passe. C'est l'ombre d'une personne avec des cheveux longs et lisses, possédant une main monstrueusement grande, démesurée, avec des griffes acérées.

Fillette, crie : Ah !!!

Un jeune garçon, ayant Ă  peu prĂšs la mĂȘme taille que la petite fille, sort d'un stand Ă  peluches.

Il est habillé en noir, avec des cheveux noirs, et possÚde des yeux noirs ainsi que des lunettes rectangulaires. Seule sa couleur de peau est pùle.

Corbeau : Viens ! Vite !

La fillette court vers lui. Corbeau s'apprĂȘte Ă  l'emmener dans sa cachette souterraine, mais elle se jette dans ses bras. Bien sĂ»r, il est dĂ©stabilisĂ© ; ce n'Ă©tait pas le moment. Mais il ne savait pas comment rĂ©conforter quelqu'un.

Fillette, pleure : Merci, merci beaucoup.

Corbeau, murmure : Suis-moi.

Dans le stand, Corbeau ouvre une trappe puis ils y descendent ensemble.

***

0.2 - Cachette

L'escalier mÚne à une petite piÚce en bazar avec beaucoup de babioles. Corbeau laisse entrer la fille d'abord, puis descend et vérifie derriÚre lui.

Corbeau, ferme la trappe : Qu'est-ce qui se passe ?

Ils arrivent au pied de l'escalier. La petite fille regarde Corbeau puis le sol, debout, gĂȘnĂ©e, se tortillant les mains.

Corbeau : Tu peux t'asseoir sur cette chaise.

Il indique une chaise positionnĂ©e devant un bureau oĂč des tas de feuilles se trouvent Ă©parpillĂ©s avec des piles de dossiers entassĂ©es et divers objets personnels. La petite fille se fraye un chemin avant d'y arriver sans rien faire tomber ou bouger.

Corbeau : Bon, je suis dĂ©solĂ© pour ce bordel. On m'appelle Corbeau, et tu peux me tutoyer. Tu veux quelque chose Ă  boire ? J'ai de l'eau... et peut-ĂȘtre du jus de pomme.

Fillette, sourit : Du jus de pomme ?

Corbeau : Ok, je vais chercher s'il en reste.

Il va ouvrir un petit frigo avec dix milliards d'aimants, et se penche pour attraper une bouteille à moitié remplie. Puis il sort un verre d'un placard.

Corbeau, verse le jus, de dos : Tu t'appelles comment ?

Fillette : Je ne sais pas...

Corbeau : Tu n'as pas trouvé avec toi un petit badge ou quelque chose du genre avec la photo et le nom d'un animal quand tu t'es réveillée ?

Fillette : Euh, je ne sais pas. (elle prend le verre que lui tend Corbeau) Merci !

Corbeau : Avec plaisir. Alors dis-moi ce que tu sais.

Fillette : Je... (elle réfléchit) J'ai oublié... Je ne me souviens plus de ce qui s'est passé avant mon réveil ici.

La petite fille boit son jus de pomme.

Fillette, heureuse : Oh, c'est bon, merci beaucoup !

Corbeau : T'inquiÚte. Donc qu'est-ce qui s'est passé aprÚs ton réveil ?

Fillette : J'ai vu une dame. Alors je me suis levée pour aller la voir, et quand j'ai essayé de lui parler, elle a essayé de... m'attraper. Violemment. Donc je me suis enfuie parce que son rire me faisait peur... Brrr, j'ai des frissons rien que de l'imaginer.

Corbeau : Tu peux me décrire à quoi elle ressemblait ?

Fillette : Euh, alors, elle avait des cheveux noirs et longs, puis elle portait un costume violet.

Corbeau : Avec un petit chapeau haut-de-forme ?

Fillette : Oui. Comment tu le sais ?

Corbeau : Est-ce qu'elle avait... une main particuliĂšre ?

Fillette : Quand elle a essayé de m'attraper, oui, sa main s'est transformée. Elle est devenue gigantesque, comme ça, c'était incroyable !

Corbeau : Je vois... C'est la Folle qui te poursuivait.

Fillette : La Folle ?

Corbeau : On la surnomme comme ça parce qu'elle est totalement folle, et violente en plus, mais en vrai c'est Gamma, enfin je crois.

Fillette, baille : Ah d'accord.

Corbeau : Et tu n'as pas été blessée, ça va ?

Fillette : Oui, ça va. J'ai... (elle vacille un peu) juste sommeil tout à coup.

Corbeau : Tu devrais te méfier des inconnus.

Fillette : Oui...

Corbeau : Surtout quand la personne te propose de t'emmener dans un sous-sol isolé.

La petite fille tombe, inconsciente.

***

0.3 - Corbeau

DeuxiÚme sous-sol. C'est une cave sombre, avec énormément de poussiÚre et des toiles d'araignée. Par rapport à la piÚce d'avant, on peut dire qu'il fait vide. La petite fille se retrouve attachée sur une chaise, les yeux bandés. Elle se réveille, encore un peu étourdie.

Fillette : OĂč suis-je ?... Pourquoi il fait si noir ?... Corbeau ?...

Elle commence Ă  transpirer.

Fillette : Je... Je n'arrive plus à respirer. Je n'arrive plus à respirer. (elle avale sa salive, et essaye de prendre de plus grandes inspirations) Je... S'il vous plaßt... Allumez la lumiÚre ! (elle se courbe un peu, sa respiration s'accélÚre) S'il vous plaßt !

Elle commence Ă  pleurer.

Fillette : J'ai l'impression de m'Ă©touffer... S'il vous plaĂźt... Il y a... Il y a quelqu'un ?!

Elle commence Ă  trembler, et pleure de plus belle.

Silence.

Ses pleurs ne cessent pas.

Alors la lumiĂšre s'allume. Corbeau enlĂšve le bandeau des yeux de la fille.

Corbeau, sans expression : Si c'est de la comédie, tu mérites un Oscar.

Aprùs un coup d'Ɠil furtif sur Corbeau, la petite fille regarde le sol, continuant de pleurer, la respiration toujours instable.

Fillette : Merci...

Corbeau : De quoi ? De te séquestrer ici ?

Fillette : Désolée.

Corbeau : Pourquoi ?

Fillette : Je... je ne sais pas.

Corbeau s'assoit sur une chaise en bois en face d'elle qui craque. Pendant ce temps, toujours la tĂȘte baissĂ©e, la petite fille continue de prendre de grandes inspirations.

Corbeau : C'est quoi ton nom.

Fillette : Je ne sais pas... Je ne m'en souviens pas.

Corbeau, prend une pause avant de reprendre : Quand la Folle te poursuit, tu n'en sors jamais indemne normalement. Comment as-tu fait pour t'en sortir sans aucune Ă©gratignure ?

Fillette : J'ai couru... J'ai aussi essayĂ© de me cacher... Puis quand elle semblait ĂȘtre loin ou regarder autre part, j'ai couru dans la direction opposĂ©e... Je n'ai rien fait de spĂ©cial...

Corbeau : C'est impossible. La Folle est beaucoup plus rapide que la moyenne, et mĂȘme si elle n'est pas trĂšs prĂ©cise dans sa maniĂšre de pourchasser quelqu'un, elle ne va jamais perdre de vue sa proie. Et mĂȘme si elle perdait de vue sa proie, elle serait capable de te trouver facilement car elle connaĂźt cet endroit comme sa poche, contrairement Ă  toi, si j'ai bien compris, qui vient Ă  peine d'arriver. Donc c'est impossible. (Ă  part, dans sa tĂȘte) *Sauf si la Folle voulait juste s'amuser Ă  faire peur une gamine venant de dĂ©barquer et qui ne semblait pas savoir Ă  qui elle avait affaire.*

Fillette : Je ne mens pas... Moi non plus, je ne sais pas comment j'ai fait... Je n'ai rien à dire d'intéressant, désolée... Je suis inutile... Je vous fait perdre votre temps.

Corbeau : Est-ce que tu as bien compris la situation dans laquelle tu te trouves ? Tu es la victime qui se trouve attachée, et je suis le méchant qui abuse de toi.

Fillette : Désolée...

Corbeau : POURQUOI ?

Fillette : De... D'ĂȘtre aussi stupide ?

Corbeau soupire.

Corbeau, dans sa tĂȘte : *Elle ne sait vraiment rien, ce n'est pas possible !*

Silence.

Corbeau l'observe. Elle tremble toujours. Il décide de remonter.

Corbeau, Ă  part : *Juste une couverture et...*

Fillette : S'il vous plaĂźt ! Ne me laissez pas seule ici. J'ai... j'ai peur...

Corbeau, toujours dans sa tĂȘte : *Mais qu'est-ce que je vais faire de cette gamine ?... Dans quoi je me suis encore embarquĂ© ?*

Il se retourne et leurs regards se croisent. Elle fait beaucoup trop pitié.

Corbeau, Ă  voix haute : J'en ai marre...

Fillette, elle renifle : Je suis désolée...

Corbeau : ARRÊTE DE DIRE "DÉSOLÉE" !

Fillette : DĂ©... (d'une petite voix) Oui.

***

0.4 - Noir

Corbeau, Ă  lui-mĂȘme : *ImbĂ©cile, imbĂ©cile, imbĂ©cile.*

Toujours dans la cave, ils sont assis en face Ă  face. Corbeau fait trembler sa jambe droite.

Corbeau : ArrĂȘte de me faire ces yeux doux ! Tu crois que tu vas m'avoir comme ça ? Eh bien non, je ne suis pas dupe !

Fillette : DĂ©... Pardon, d'accord.

Corbeau : Bon, ça commence à faire plusieurs heures et tu ne sembles pas vouloir parler.

Fillette : Je ne sais vraiment rien ! Je le jure.

Corbeau : Je vais te dire quelque chose, moi. Je ne vois absolument pas ce qu'une gamine viendrait faire ici. Surtout si elle est mentalement aussi faible. Tu es bien trop innocente et pure. Ce genre de personne n'existe pas dans ce monde. Comme tu l'as pu constater, nous sommes dans un parc d'attractions, et nous y sommes prisonniers. C'est impossible de s'enfuir de ce lieu, tout simplement parce que si on en sort, mĂȘme si on marche tout droit, on finit toujours par arriver devant le portail du parc.

La fillette reste silencieuse et continue d'Ă©couter.

Corbeau : On connaĂźt trois tueuses. D'abord, BĂȘta, qu'on appelle l'Hypocrite, une femme avec les cheveux courts, blonds platines, les yeux noirs, et une tenue blanche et dorĂ©e. Elle a toujours son Ă©pĂ©e sur elle et c'est la plus intellectuelle. Ensuite, Gamma, celle que tu as rencontrĂ©e, la Folle, qui est impulsive. Puis Delta, qu'on surnomme la Voyante, qui porte une cape blanche avec des losanges verts sur les bords. Elle est blonde et elle a un bandeau ou un masque sur les yeux. C'est la moins dangereuse. BĂȘta, Gamma et Delta, des lettres grecques. Il manque quelque chose, tu ne penses pas ?

Fillette : Euh quoi ?

Corbeau : Alpha. SĂ»rement la tĂȘte du groupe. Personne ne l'a vu. On ne sait pas qui elle est, ni Ă  quoi elle ressemble, ni si elle existe vraiment. Ce qui signifie que tu peux trĂšs bien ĂȘtre elle.

Fillette, regarde le sol : Oh...

Corbeau : C'est peut-ĂȘtre un homme, peut-ĂȘtre une enfant, on ne possĂšde aucune information, et c'est bien pourquoi il faut se mĂ©fier d'absolument tout le monde.

Fillette : Mais pourquoi on est prisonnier ?

Corbeau, prend une pause avant de dĂ©cider de rĂ©pondre : On l'ignore. On ne sait mĂȘme pas pourquoi on se fait tuer. Et elles continuent leur massacre, quand ça leur chante. On a perdu notre mĂ©moire, mais elle revient avec le temps. On doit sĂ»rement se rappeler de notre vie entiĂšre juste avant de mourir. Peut-ĂȘtre qu'on est tous des criminels, et qu'on reçoit notre peine dans ce monde. Ce monde irrĂ©el. Il y a bien trop de choses inexplicables pour que ce monde soit rĂ©el. Mais alors, qu'est-ce qu'une gamine aurait bien pu faire pour finir ici ?

Fillette : Mais, vous aussi, vous ĂȘtes un gamin...

Silence. Corbeau fixe la fille qui fuit son regard.

Fillette : Atchoum !

Corbeau, dans sa tĂȘte : *Elle ne s'est pas plainte une seule fois depuis son arrivĂ©e. Par politesse j'aurais aimĂ© lui apporter une couverture ou quelque chose mais elle a peur d'ĂȘtre seule, et je n'ai pas envie de partir en Ă©tant conscient qu'une gamine suffoque dans ma cave...*

Moment de réflexion.

Fillette : Vous pouvez partir si vous voulez. Je suis désolée de vous avoir retenu tout à l'heure. Je me suis un peu plus habituée, ça devrait aller...

Corbeau est lĂ©gĂšrement Ă©tonnĂ© qu'elle le dise d'elle-mĂȘme.

Corbeau, perplexe : Je reviens.

Il se lÚve puis quitte la cave. Il part en laissant la lumiÚre allumée. La petite fille reste sagement sur la chaise. Elle relÚve son visage et contemple la lampe sur le plafond.

Noir complet. On entend le tic tac de l'horloge, qui s'accélÚre.

La lumiĂšre s'allume, le silence s'installe de nouveau. Corbeau est de retour, avec une couverture et de la nourriture.

Corbeau : Putain, je le savais.

Il accourt vers la petite fille. Sa chaise s'était renversée sur le cÎté, elle transpirait et avait du mal à respirer.

Corbeau : Hé, je suis là ! Pourquoi la lumiÚre s'est éteinte, bon sang ?! Hé, réponds si tu m'entends !

Il la détache. Elle garde les yeux fermés, par peur. Sa respiration est saccadée.

Corbeau : Regarde-moi ! HĂ© ho !

Il la tient par les Ă©paules. Il sent qu'elle tremble.

Elle semble vraiment aller mal.

Corbeau : RĂ©ponds ! Ça va ? C'est bon, je suis lĂ .

Toujours la respiration instable, elle redresse la tĂȘte.

Elle ouvre légÚrement ses yeux.

Corbeau : Tu me vois ?

Corbeau se fige. Elle lui avait souri faiblement.

Puis elle s'Ă©vanouit et tombe dans ses bras.

AprĂšs quelques secondes, Corbeau passe sa main sur son propre visage et soupire.

***

0.5 - Hamster

De retour au premier sous-sol, Corbeau est en train de faire le ménage. La petite fille est allongée sur son lit, sous la couette, entourée de peluches.

Corbeau, en boucle : Imbécile, mais quel imbécile...

Il renverse la poubelle sans faire exprĂšs.

Corbeau : Argh. Fait chier.

Il ramasse. La fillette se réveille. Elle se retourne et regarde Corbeau, à moitié réveillée.

Fillette, se redressant d'un coup : Ah je suis vraiment désolée !!

Maladroite, elle vacille et tombe du lit, en faisant tomber une pile de livres au passage.

Fillette : AĂŻe... (elle se tient le coude gauche) Pardon !

Corbeau : Ça va ? (il l'aide à se relever et la laisse s'asseoir sur le lit) Reste à ta place gentiment si tu veux me faire plaisir.

Fillette : Désolée, je ne l'ai pas fait exprÚs !!

Corbeau ne répond pas. La petite fille fuit son regard.

Malaise.

Corbeau : Ne crois pas que je te fais confiance car c'est absolument faux.

Silence.

Corbeau : Tu te sens comment ?

La petite fille le prend dans ses bras. Elle recommence Ă  pleurer. Corbeau ne sait pas quoi faire et reste raide, plutĂŽt nerveux.

Sans ajouter un mot, elle le lùche et retourne s'asseoir sur le lit, avec une peluche serrée contre elle, un peu plus calme.

Corbeau, froid : HĂ©, c'est ma peluche.

Elle se cache sous la couette, on ne voit que ses yeux. On l'entend renifler.

Corbeau : Tu as combien de litre d'eau de réserve ? J'ai l'impression que tu pleures à chaque occasion.

Il lui tend un mouchoir. Elle le prend et se mouche.

Corbeau : T'as perdu ta langue ?

Fillette, montre la peluche : Je peux l'emprunter ?

C'est un hamster doré. Elle le supplie des yeux.

Corbeau : Je m'en fous des peluches, je ne suis pas un gamin comme toi.

Fillette : Merci !

Elle serre le hamster contre elle, contente.

Corbeau : C'est vraiment la seule chose qui te préoccupe dans cette situation ?

Hamster le regarde sans rien dire. Corbeau soupire.

Celui-ci remarque qu'elle tient encore son coude gauche. Alors il se dirige vers un placard et sort un sac en plastique vert qu'il pose sur le lit.

Corbeau, sort les bons produits, essaie d'ĂȘtre le plus distant possible : Ça c'est pour les hĂ©matomes. Si tu as des Ă©gratignures, tu prends le coton et tu te dĂ©sinfectes avec ça, puis tu appliques ça. Les pansements sont lĂ . Et tu te dĂ©brouilles toute seule, je ne suis pas infirmier.

Corbeau repart Ă  ses occupations. La petite fille se dirige prudemment vers les produits. Elle retrousse sa manche gauche. En effet, il y avait une petite Ă©gratignure. Alors elle fait ce que Corbeau lui avait dit.

Ce dernier jette un coup d'Ɠil. Il dĂ©couvre des cicatrices sur l'avant-bras de la petite fille.

Leurs regards se croisent, et il détourne rapidement le sien en continuant ce qu'il faisait.

Corbeau : Tu ne te souviens vraiment de rien ?

Fillette : Non.

Corbeau, d'un ton froid : À partir d'aujourd'hui tu vas t'appeler Hamster, et tu es ma prisonniĂšre, donc interdiction de mettre le nez dehors. Enfin, sauf si tu veux te retrouver de nouveau face Ă  la Folle ou une autre tueuse. Puis interdiction de rencontrer d'autres personnes. De toute façon tu ne connais personne. Si jamais quelqu'un rentre ici, tu devras te cacher directement. Sauf si tu veux rencontrer un nouveau psychopathe qui va te sĂ©questrer. Je peux te dire avec certitude que tu ne pourras jamais rencontrer de gens aussi fragiles et pures que toi. Ici il n'y a que des fous, mĂȘme s'ils n'en ont pas l'air. Donc ne te fais pas avoir. MĂ©fie-toi de tout le monde. MĂ©fie-toi de moi aussi. Surtout de moi. N'oublie pas ce dernier point, je suis sĂ©rieux.

Fillette : Merci.

Corbeau : Ah, et interdiction de dire "merci" et "désolée".

Fillette : Mais...

Corbeau : Tu veux que j'ajoute "mais" Ă  la liste ?

Fillette : DĂ©... (la tĂȘte basse) D'accord, j'arrĂȘte.

Continuer

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UN PATRON SI SEDUISANT

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