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La Prophétie de la Lune Noire

La Prophétie de la Lune Noire

herlinmaud

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Chapitres

Jamais Kylian et Axel, amis depuis leur plus tendre enfance, n'auraient imaginé découvrir un autre monde alors qu'ils pensaient partir pour New-York. Leur destin à présent bouleversé, ils ignorent encore ce qui les attend...

Chapitre 1 Le départ

Le premier mot qui s’échappa de sa bouche en ce splendide jour ensoleillé fut « Saleté ! », et la sonnerie qui criait dans toute la chambre s’estompa brusquement, lorsque Kylian abattit violemment son poing sur l’objet du délit à l’origine de tant de vacarme. Le jeune homme grommela et se frotta les yeux, agacé. Il inspira profondément et contempla quelques secondes le plafond de sa chambre. Son énervement laissa place à une joie soudaine et ses lèvres s’étirèrent en un sourire heureux lorsqu’il réalisa que c’était aujourd’hui le jour qu’il attendait avec tant d’impatience.

Une année de plus au lycée s’était achevée hier, la veille au soir. Un chapitre de plus s’était terminé. Une page de plus devait être tournée. Aujourd’hui, c’était enfin le premier jour de ses vacances et il s’en allait pour New-York aux côtés de son ami. C’était une excursion qu’ils avaient attendue toute leur vie et elle se réalisait enfin ! À cette seule idée, son cœur bondissait de joie. Une joie qui s’évanouit bien rapidement lorsque la voix de sa mère se fit entendre au bas de l’escalier :

— Kylian, dépêche-toi ! Nous allons bientôt en courses !

Un soupir lui échappa et il rabattit les couvertures de son lit pour se lever. Il détestait les courses et il se sentait encore un peu fatigué, mais il s’était couché très tard hier au soir. Peut-être n’aurait-il pas dû abuser de la console, mais Axel l’avait nargué en prétextant être meilleur tireur que lui à un jeu de tir. Finalement, il l’avait regretté et avait même poussé l’audace à le traiter de tricheur.

Le jeune homme se traîna jusqu’à la salle de bain d’un pas lent, aussi dignement qu’un zombie l’aurait fait. Là, devant la glace, il examina son visage, s’ébouriffa les cheveux, bailla à s’en décrocher la mâchoire et se gratta le bras. Il devait se préparer pour aller au magasin, acheter quelques bricoles, de quoi survivre pendant le voyage. Il avait besoin de sa dose de sucreries réglementaire et il avait presque réussi à convaincre sa mère que c’était essentiel pour sa santé et que son médecin le lui avait vivement conseillé. Mais elle n’était pas dupe…

Après quelques rapides coups de gant de toilette bien placés et un brossage de dents exemplaire, Kylian ressortit de la salle de bain propre comme un sous neuf, une serviette nouée autour de ses hanches. Il trottina jusqu’à sa chambre et enfila ses vêtements en toute hâte tandis que sa mère l’appelait pour la énième fois, d’une voix de plus en plus agacée. Il remit rapidement un peu d’ordre dans ses cheveux châtains toujours en pagaille et dévala les escaliers, son téléphone portable à la main, puis grimpa dans la voiture. Sans plus se préoccuper de ce qui se passait autour de lui, le jeune homme ouvrit sa messagerie et lut le message envoyé par son ami très tôt ce matin :

« Prêt pour le voyage du siècle ? ».

Kylian sourit et tapa nerveusement sur les touches de son cellulaire, tout excité à l’idée de ce voyage.

« Oh oui ! Depuis plusieurs années déjà ! ».

Et la seule réponse qu’il eut en retour fut : « Ce sera le plus beau et le plus inoubliable voyage de toute notre vie, pote ! ». Sa mère ne manqua pas de remarquer son excitation, mais l’idée de savoir son fils aussi heureux ne manquait pas de la ravir.

Une fois dans le magasin, Kylian tenta de garder un rythme de marche normal, mais son empressement pour le voyage lui fit inconsciemment accélérer son allure et sa mère le rappela.

— Tu devrais peut-être surveiller ta petite sœur et ton petit frère, non ? D’autant que tu ne les reverras pas avant deux bonnes semaines !

— Oui, tu as raison… Lucas, tu vas me tenir la main, d’accord ?

Son frère, âgé de cinq ans à peine, glissa sa petite main dans la sienne en le regardant avec de grands yeux. Chloé, plus jeune et assise dans le chariot, ne détachait plus son regard du sien depuis leur entrée dans le magasin. Ses petites boucles blondes anglaises encadraient un joli visage aux joues bien rouges et Kylian ne pouvait s’empêcher de s’attendrir devant sa bouille. Il marcha donc aux côtés de sa mère en veillant bien sagement sur son frère et sa sœur. Il eut le loisir de choisir tout ce qu’il voulait emporter dans l’avion pour le voyage, que ce soit à grignoter ou à boire. Il tenta même de négocier une ou deux bandes dessinées ainsi qu’un jeu vidéo, mais sa mère refusa pour ce dernier. Sans surprise.

Lorsqu’ils approchèrent de la caisse, Kylian sentit son téléphone portable vibrer dans sa poche. Il le sortit et décrocha tandis que sa mère se chargeait de sortir les articles du chariot pour les poser sur le tapis de caisse.

— Allô ? Salut vieux, tu vas bien ?

C’était son ami, Axel. Il aurait dû parier avec lui qu’il serait incapable d’attendre seize heures sans lui téléphoner. Ils étaient indécollables, et parfois ses parents s’inquiétaient de leur relation fusionnelle, au point de se demander si leur fils n’éprouvait pas quelques sentiments envers Axel. Il leur avait juré que non. Seulement, il avait grandi à ses côtés, ils avaient côtoyé les mêmes écoles, alors Kylian considérait davantage Axel comme son frère plutôt que comme un ami.

— J’ai vraiment hâte d’y être, mais le temps ne passe pas, c’est pénible ! se plaignit Axel.

— Oui, je sais. Et moi je suis actuellement dans un magasin…

— Tu t’occupes de notre kit de survie ?

— Ma mère a assuré !

— Ah, magnifique ! Moi, je suis devant Zombie’s war revange, je me fais démonter par d’autres joueurs depuis une heure environ, impossible de me concentrer…

Un sourire effleura les lèvres de Kylian. Sa mère lui lança un regard plein de reproches et il leva les yeux au ciel. Il avait vraiment en horreur les courses. Il fit mine d’aider sa mère, déposant les articles un après l’autre sur le tapis de caisse, sans prendre la peine de les placer correctement, obligeant ainsi sa mère à tout réorganiser. Il entendait parfaitement ses soupirs, il la sentait énervée, mais il savait que derrière cette colère se cachait de la peur. Ce qui était tout à fait normal. Elle allait être privée de son fils deux semaines entières, livré à lui-même, abandonné dans une jungle hostile, exposé à tous les prédateurs existants et, surtout, il se trouverait vingt-mille pieds au-dessus de sa tête dans quelques heures à peine. C’était une pensée suffisante pour paniquer une mère.

Lorsqu’ils rentrèrent, son père était enfin de retour à la maison et s’occupait de tondre la pelouse. Quand il les vit arriver, le coffre plein à craquer de courses diverses, il arrêta aussitôt la tondeuse et se précipita vers eux pour les aider à décharger le coffre, sans oublier de voler un baiser à sa tendre femme.

— La route a été ? demanda-t-elle en lui donnant deux énormes sacs.

— Atroce. Des bouchons partout, des tracteurs sur toutes les routes, et des gens excités au volant.

— Et ta mère va mieux ?

Kylian laissa ses parents seuls et s’empressa de ramener les sacs à la maison pour y faire le tri et ranger tout ce qui devait être rangé dans sa valise, avec un sourire béat aux lèvres. Tous les paquets de bonbons furent engloutis par son sac qu’il comptait garder près de lui dans l’avion, avec une bouteille de soda, des écouteurs, ses deux nouvelles bandes dessinées et son appareil photos. Il avait gardé quelques photos de Julie et voulait les montrer à son ami. Axel savait parfaitement que Kylian attendait depuis des mois le bon moment pour lui avouer ses sentiments. Jamais il n’arrivait à l’approcher et pas plus tard que la semaine dernière, elle s’était invitée chez lui ; ils avaient bu un verre ensemble et elle lui avait proposé de prendre quelques photos d’elle en souvenirs, pour qu’il puisse attendre jusqu’à la prochaine rentrée scolaire. Et cela, Axel l’ignorait encore. Kylian avait hâte de lui en parler.

— Arrête de sourire aussi stupidement, le taquina sa mère.

Son sourire s’effaça aussitôt et Kylian sentit ses joues le brûler. Il préféra éviter de croiser le regard de sa mère mais devinait parfaitement son sourire tandis qu’elle apportait les dernières courses pour les poser sur la table de la cuisine.

— Elle te plaît, cette Julie, n’est-ce pas ?

Et comment diable pouvait-elle savoir qu’il pensait à elle ? Les mères avaient toutes ce don de lire dans les pensées de leurs enfants quand il s’agissait d’amour.

— Non, pas du tout. C’est simplement une amie…

— Et c’est pour cette raison que tu la dévorais des yeux la dernière fois qu’elle est venue ici ?

Pour toute réponse, Kylian se racla bruyamment la gorge et préféra se concentrer sur le tri de ses bonbons. Sa mère lui ébouriffa les cheveux et lui ordonna de préparer le repas avant qu’ils ne prennent trop de retard, affirmant que le temps passerait plus vite que Kylian ne voulait le croire. Et elle ne se trompait que très rarement.

***

Kylian tremblait. De peur ou d’excitation, il n’en savait trop rien, mais il tremblait et son souffle était saccadé. Encore une fois, sa mère avait vu juste. Il n’avait pas vu le temps filer et le voilà qu’il se trouvait déjà assis dans l’avion, aux côtés de son ami. La voix de l’hôtesse de l’air, par ailleurs, ne tarda pas à se faire entendre :

« Mesdames et messieurs, veuillez attacher vos ceintures, le décollage est imminent ». Sur ces paroles prononcées d’une voix si douce et charmeuse, Kylian s’exécuta aussitôt. Son cœur battait à folle allure. Il avait hâte d’arriver à destination. New-York les attendait, son ami et lui. Le jeune homme se tourna vers Axel, tout excité.

— The Big Apple ! dit-il sur un ton enjoué.

— New-York est à nous !

Kylian n’avait jamais mis un pied dans un avion et se sentait quelque peu nerveux. Dans l’espoir d’oublier son malaise, il décida de fermer les yeux et se reposer un peu. Le temps passerait peut-être plus rapidement. Axel préféra attendre que l’avion ait décollé avant de piquer un somme à son tour. Ce n’était pas la première fois qu’il voyageait. Malgré tout, il ne parvenait toujours pas à s’habituer à cette sensation étrange qu’il ressentait quand l’avion décollait et quittait la terre ferme pour se retrouver dans les airs. Une fois que l’avion décolla et fut tout à fait stabilisé, Axel put enfin se détendre et fermer les yeux. Kylian, lui, pianotait sur son cellulaire.

Une heure s’était à peine écoulée et Kylian montrait déjà les photos de Julie à son ami. Il fit glisser son index sur l’écran de son téléphone portable, dévoilant une nouvelle photo de la jeune fille. Elle était tellement splendide sous les rayons du soleil. Et son sourire était si éblouissant.

— Tu vois ? Je ne t’ai pas menti…

— Alors vous êtes ensemble ?

— Je ne sais pas, mais je crois qu’elle me réserve quelque chose pour la rentrée. Ses paroles étaient étranges…

— Si elle t’aime, Kylian, alors elle a bien caché son jeu. Je suis pourtant assez doué pour deviner les sentiments des autres, mais elle m’a carrément dupé sur ce coup-là.

— Elle n’est pas comme les autres, Axel, et c’est peut-être pour cette raison qu’elle a réussi à te tromper. Il y a quelque chose de différent, chez elle, que je ne parviens pas à déterminer…

« Mesdames et messieurs, nous traversons actuellement une zone de turbulences. Pour votre sécurité, veuillez attacher votre ceinture et garder votre calme. Merci. » Lorsqu’il vit les passagers attacher leur ceinture, alors que l’avion était légèrement secoué, Kylian en fit tout autant. À première vue, la situation ne paraissait pas dramatique et les hôtesses continuaient de circuler entre les différentes classes, souriant comme si de rien n’était.

— Tu as déjà eu ce type de problèmes ? s’enquit Kylian.

— De quoi ? Les zones de turbulences ? Oui, rien de très grave, ne t’inquiète pas. Ça arrive souvent en avion.

— Ah bon ?

— Kylian, tout va bien, ne t’inquiète pas.

Axel lui fit un clin d’œil en souriant et attacha sa ceinture lui aussi. L’avion trembla et un choc l’ébranla violemment. Quelques cris d’angoisse fusèrent, puis le calme revint. Tranquillement, Axel se pencha pour fouiller son sac et sortit un livre sous l’œil attentif de son ami. À l’instant même, l’avion piqua soudainement du nez et Kylian vit les hôtesses de l’air être projetées vers l’arrière de l’avion alors que lui-même sentait une force incroyable le plaquer contre son fauteuil.

Kylian voulait crier, hurler, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Il serra avec force les bras du fauteuil, jusqu’à ce que les jointures de ses mains en deviennent blanches. Livide, il tourna la tête pour regarder par les hublots de l’avion et, la seconde d’après, les masques à oxygène apparaissaient devant chacun des passagers. Toutes les alarmes retentissaient, les gens criaient et paniquaient. Et il y avait de quoi.

Tel un automate et malgré la panique qui l’envahissait, Kylian s’empara du masque. Il sentait son cœur battre avec une force démesurée contre sa poitrine et tout son corps trembler. Pris de vertiges, il regarda son ami pour trouver un peu de réconfort dans son regard. Il n’y voyait que de la peur. Axel avait toujours été optimiste. Rien ne pouvait l’effrayer, mais aujourd’hui les choses étaient différentes. Tel devait être leur destin et ils ne pouvaient pas en échapper. Il ne sentait plus même son cœur battre, les cris des passagers raisonnaient dans sa tête, et il essaya d’échapper à cette réalité en fermant les yeux. Puis soudain, plus rien. Aucun son, aucun bruit, aucune image, seules les ténèbres.

***

Lentement, Kylian battit des paupières. Un peu sonné, il ne remarqua pas l’obscurité autour de lui. En revanche, la première chose qu’il ressentit, à son réveil, fut une douleur fulgurante qui lui traversait la jambe. Il n’eut qu’à baisser les yeux pour distinguer difficilement un petit morceau de métal planté dans sa cuisse, ainsi qu’une tâche sombre sur son pantalon. Sûrement du sang. Paniqué, il gémit en serrant les bras du fauteuil, tremblant de tout son corps. Il fixa sa jambe un long moment avec un air affolé, légèrement groggy, avant de réaliser ce qui s’était produit. Il retira son masque et se tourna alors vers son ami, lequel n’avait toujours pas repris conscience. Il était blessé au front et du sang avait coulé le long de sa joue jusqu’à son cou. De plus en plus affolé, Kylian secoua vigoureusement son ami.

— Eh… Axel ? Axel !

Un léger grognement s’échappa des lèvres d’Axel, mais il ne se réveilla pas. Kylian le secoua avec plus de vigueur, dans le vain espoir de le voir émerger de son inconscience. Une chose était sûre : son ami était encore en vie, mais il était impossible pour Kylian d’évaluer son état et la peur ne lui permettait pas de réfléchir clairement ou de se concentrer. Les mains tremblantes, il tenta de détacher en vain sa ceinture. Elle restait bloquée.

— Non, souffla-t-il d’une voix tremblante, la respiration haletante. À l’aide ! À l’aide !

Était-ce un cauchemar ? La réalité ? Kylian espérait se trouver dans un mauvais rêve et pourtant, il avait un étrange pressentiment : celui que tout ceci n’était que trop réel.

— Oh, mince… mais qu’est-ce qui s’est passé ?

La voix de son ami rassura profondément Kylian, si bien qu’il sentit quelques larmes couler sur ses joues. Axel était réveillé ! Il était vivant et conscient ! Soulagé, Kylian tenta une nouvelle fois de se détacher tout en remerciant le Ciel d’avoir sauvé son ami.

— Axel ! Tu vas bien ?

Axel ne lui répondit pas et regarda tout autour de lui, abasourdi et sous le choc. Lorsqu’il prit conscience de l’ampleur des dégâts, il fut saisi d’une peur panique qui le tétanisa. Et Kylian comprit tout de suite qu’il lui faudrait du temps avant de pouvoir se reprendre et réfléchir de façon lucide à la situation.

Il se détourna alors de son ami et tenta obstinément de déboucler sa ceinture, mais lorsqu’il releva la tête, à l’affût d’un objet qui puisse l’aider à se débloquer, il crut apercevoir, plus loin, ce qui ressemblait à une branche. Elle traversait l’un des hublots cassés. Interloqué, Kylian se pencha davantage en avant afin d’observer le paysage par la vitre brisée. Il ne voyait rien, tout était sombre à l’extérieur. Il faisait nuit. Néanmoins, il lui semblait deviner les formes hasardeuses de hauts arbres et il entendait de curieux bruits, dont un hululement.

— Génial… s’exclama-t-il dans un demi-murmure, à bout de nerfs. Les secours ne viendront jamais !

— Quoi ? Pourquoi ? bafouilla Axel en se tournant vers lui, le regard lointain, vide.

— Nous nous sommes écrasés au milieu d’une forêt…

Avec un soupir, Kylian sortit son téléphone portable de la poche de son pantalon en grimaçant, mais il était éteint et la lumière rouge au-dessus de son écran indiquait que la batterie était vide. Il tenta alors avec le téléphone d’Axel, mais comme il s’y attendait il n’y avait pas de réseau.

Entre-temps, Axel s’était levé et longeait les rangées en secouant les passagers, mais il ne semblait n’y avoir aucun survivant. L’avion avait à présent une triste allure de cimetière.

— Il n’y a pas trente-six mille solutions… Il faut chercher les secours, nous devons sortir de l’avion, souffla Axel d’une voix blanche.

— Il faudrait déjà que je puisse me dégager, ma ceinture reste bloquée !

— Attends…

Axel revint vers lui à grandes enjambées et s’acharna sur le système de blocage de la ceinture jusqu’à ce qu’il cède. Une fois libéré, Kylian se releva d’un bond, mais sa blessure le rappela à l’ordre et lui envoya un choc électrique qui le cloua dans le siège, lui coupant le souffle. Alors Kylian referma ses doigts autour du morceau de métal, prêt à le retirer, mais Axel l’en empêcha.

— Tu ne devrais pas faire ça. Si le métal a touché une veine importante, le retirer va provoquer une hémorragie que je ne suis pas certain de pouvoir arrêter. Tu vas t’appuyer sur moi, d’accord ?

— Ok…

Axel aida Kylian à se relever et passa son bras autour de ses épaules. Ils quittèrent ce qu’il restait de l’avion pour se retrouver à l’air libre.

Lorsqu’ils furent hors de l’avion, Axel put respirer sans avoir l’impression d’étouffer. Il resta un moment immobile à écouter les bruits de la forêt, et quand il se sentit un peu moins sonné et étourdi par le choc du crash, il se retourna pour faire face à l’engin, entraînant son ami. C’était à peine croyable. Comment une telle chose avait-elle pu se produire ? Les avions étaient pourtant sécurisés et jamais il n’avait rencontré le moindre problème…

La pâle lumière de la lune éclairait faiblement les lieux et permettait à Axel d’admirer le triste tableau qui s’offrait à ses yeux. L’avion était complètement détruit, le cockpit avait été séparé du reste et la queue avait disparu. De la nourriture traînait à terre, ainsi que des couverts et des boissons. Les chariots avaient été renversés et les rideaux qui séparaient les classes étaient déchirés. L’un d’eux pendait lamentablement dans le vide et la barre de fer s’était arrachée du mur. La plupart des vitres avaient éclaté. C’était un véritable désastre.

Soupirant, Axel se détourna de l’avion et regarda autour de lui, abattu. Ils se trouvaient en plein cœur d’une forêt, au milieu de nulle part.

— Nous devons avancer, suggéra Kylian.

— La forêt est peut-être dangereuse, nous devrions rester ici. Dans ton état, avancer ne serait pas très prudent, souligna Axel.

— J’en ai parfaitement conscience, mais je refuse de rester au milieu de tous ces cadavres, Axel. Avançons, s’il te plaît.

Axel ne pouvait jamais rien refuser à Kylian et, de toute manière, lui aussi refusait de rester à proximité d’autant de corps sans vie. C’était glauque. Il prit une grande inspiration et commença à avancer au même rythme que Kylian. Leur progression s’avérait lente et fastidieuse, la douleur à la jambe de Kylian empêchant ce dernier de prendre réellement appui sur elle.

— Je me demande où nous nous sommes écrasés, murmura Kylian pour combler le vide qui s’installait.

— C’est une excellente question, lui répondit son ami. En toute logique, nous aurions dû mourir, engloutis par les flots marins de l’océan Atlantique. Kylian, en partant de Paris à destination de New-York, après plus d’une heure de vol, nous avions largement quitté les abords de la France. Nous étions au-dessus de l’océan. Comment avons-nous pu nous retrouver sur la terre ferme ?

La remarque pertinente de son ami laissa Kylian perplexe. Ils continuèrent d’avancer sans prononcer un mot, chacun perdu dans ses pensées.

Ils ne firent que quelques pas avant de s’arrêter, les sens mis en alerte par un bruit étrange. À leur droite, le buisson frémit et les deux jeunes hommes eurent un même mouvement de recul.

— Qu’est-ce que c’était ? chuchota Kylian en fixant le buisson.

— Je ne sais pas, lui répondit Axel. Nous sommes dans une forêt, en plein cœur de la nuit. C’est un animal, ça ne fait aucun doute, mais quant à savoir lequel…

— Tu crois qu’il pourrait s’agir d’un animal sauvage ?

— Pourquoi ? Tu as déjà vu des animaux domestiques se promener la nuit dans une forêt ?

Il n’avait pas tort, il fallait le reconnaître. Kylian inspira profondément et tenta de se calmer, mais un grognement rauque lui fit perdre son sang froid et il poussa son ami dans la direction opposée.

— Nous devrions partir ! dit-il à voix basse.

Les fougères s’écartèrent tout à coup pour laisser apparaître un sanglier. Celui-ci ne les remarqua pas et renifla le sol, à l’affût de quoi se nourrir. Il tapa et gratta la terre de son sabot en grognant. Kylian et Axel n’osaient plus bouger, de peur d’effrayer la bête et que celle-ci décide de charger. Elle était encore trop prise dans sa recherche de nourriture mais, malgré tout, elle redressa la tête et les aperçut. Aussitôt, le sanglier s’immobilisa et demeura parfaitement silencieux.

— Il ne faut surtout pas bouger, conseilla Axel.

Ils restèrent ainsi quelques secondes, à défier l’animal du regard, mais Kylian sentait la douleur dans sa jambe l’élancer, alors qu’il s’appuyait sur elle et s’efforçait de rester immobile. Malheureusement pour lui, sa jambe ploya sous son poids et Axel le rattrapa pour le garder debout. Le sanglier chargea aussitôt.

— Cours !

Ils se retournèrent tant bien que mal et commencèrent à courir aussi vite que la blessure de Kylian le permettait.

— Tu devrais t’en aller ! cria Kylian.

— Jamais je ne te laisserai, et tu es blessé !

— Pars, Axel ! Va-t’en !

Kylian le poussa nonchalamment alors que l’animal arrivait sur lui, mais un rugissement soudain fendit l’air et, l’instant d’après, le sanglier beuglait et poussait des cris déchirants. Étonné, Kylian ne put s’empêcher de se retourner pour voir une masse sombre soulever l’animal qui soufflait difficilement, la peau lacérée par de profondes griffures. L’odeur du sang emplit l’air et Kylian eut un haut-le-cœur. Il aperçut des yeux rouges luire dans l’obscurité et entendit un étrange son qu’il perçut comme un grognement. Tétanisé, le jeune homme commanda à ses jambes de courir dans la direction opposée du monstre qui le dévisageait, mais son corps refusait d’obtempérer. Et puis, tout à coup, il ressentit une vive douleur à la tête, battit des paupières et sombra.

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