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Ambitieuse, Maligne, charmante, experte en séduction: voilà qui résume la personnalité de Keira Friedmann. Abandonnée très jeune par sa mère, elle trouve refuge chez une dame qui fort malheureusement passa de vie à trépas. Laissée à elle même, elle bascule dans un monde corrompu et finit par être le nº1 sur la liste d'Interpol. Qui aurait cru qu'elle finirait par s'éprendre du policier qui avait de son incarcération sa raison d'être ?

Chapitre 1 .

— Même sous ce masque, je vous reconnaîtrais entre mille !

Keira faillit avaler de travers le liquide ambré qu'elle venait à peine de porter à la bouche. Sachant bien que cette voix ne pouvait appartenir à une seule personne elle resta figée refusant de lui faire face. Comment s'était-il arrangé pour la retrouver. Elle s'était pourtant donner un mal fou pour surveiller ses arrières.

— Friedman ?

— Dawson, Quelle surprise ! Fit-elle avec un sourire crispé.

— Alors Friedmann, qu'êtes-vous venue voler cette fois-ci ? Une brioche, un collier, un objet d'art ou ce tableau de valeur ?

Il pointa du doigt l'unique œuvre d'art dressé sur le mur.

— Je vous ai observé, Mlle Friedmann ; et le regard rempli de convoitise que vous n'avez cessé de porter sur ce magnifique tableau m'a mis aussitôt en alerte. Vous avez réussi à tromper cet agent de sécurité. Néanmoins, je ne suis pas dupe. Je savais que vous essayeriez de vous faire passer pour l'un des invités à cette soirée pour dérober une nouvelle fois des objets de valeur. Après tout, c'est la seule chose que vous savez faire de votre misérable existence.

— N'en avez-vous pas marre de me suivre à chaque fois ? Vous prenez un malin plaisir à me rendre l'existence impossible. Dois-je vous rappeler que je ne suis pas du genre à me laisser prendre ? Mr Dawson, vous n'avez aucune idée de ce qui pourrait bien vous arriver si vous continuez à me rentrer sous les pattes.

— Figurez-vous que je n'ai pas peur de vous, Mlle Friedmann. Je ne trouverai la paix que lorsque vous serez derrière les barreaux.

— Laissez-moi vous dire qu'il n'y a aucune chance que cela arrive. Vous êtes tellement pathétique, savez-vous ? Quelle est cette obsession démesurée de me faire croupir coûte que coûte. N'avez-vous rien trouvé de mieux à faire ? Je suis loin d'être l'unique criminelle de cette grande ville.

— La liste est bien longue, je l'avoue ! N'empêche que vous restez ma priorité.

Keira exhala un soupir de frustration...

— Vous m'exaspérez. Laissez-moi tranquille ! Déclara-t-elle en pivotant.

Alors qu'elle s'apprêtait à s'en aller Daniel empoigna son avant-bras et la força à se retourner.

— Je vous ai à l'œil, dit-il en pointant sur elle un doigt d'avertissement. Un faux-pas et je vous assure que vous passerez la nuit, que dis-je ? des nuits dans un endroit que je n'ai nul besoin de vous décrire.

— Dans ce cas aurai-je droit à des posters de vous tout nue dans ma cellule ? S'enquit-elle en le fixant d'un regard aguicheur. Je n'aurai pas à m'ennuyer entre ces quatre murs si j'ai à ma porter des magnifiques photos de vous en boxer, elle ajouta en faisant un clin d'œil... J'imagine l'effet qu'elles me feront...

— La seule chose dont vous disposerez sera une glace dans laquelle vous vous regarderez vieillir au fur et à mesure que les années passeront. Profitez bien de cette soirée, elle sera votre dernière, une fois que je vous passerai les menottes. Je vous imagine bien dans une combinaison de détenu. Elle vous irait à merveille, savez-vous ? Et comme par hasard, il s'avère que votre couleur préférée, c'est l'orange. Drôle de coïncidence ; non ? Fit-il d'un sourire moqueur.

D'un regard assassin, Keira l'observa disparaître dans la foule. Il ne manquait plus que ça. Que ce séduisant flic soit dans les parages à surveiller ses moindres faits et gestes. Elle était venue uniquement pour ce tableau ; alors pas question que sa présence fût un frein pour ses plans savamment élaborés

— Il veut la guerre ? Eh bien il sera servi, marmonna-t-elle en s'emparant du verre d'un invité sur son passage.

— Non ! Mais vous n'en avez pas le droit. Si vous en voulez, allez vous servir au bar comme tout le monde. C'est à vous que je parle !

Keira ne fit guère attention aux propos de cet homme. Elle vida outrageusement le contenant tout en se dirigeant vers le bar bondé de monde. Par chance, elle trouva une place libre et s'empressa de s'asseoir.

— Je vous sers quoi Mlle ? Demanda le barman qui avait remarqué sa présence.

— Un Scotch svp.

Un air ennuyeux peint sur le visage, elle sillonna la pièce du regard à la quête de ce flic. Bizarrement elle ne le trouva nulle part. Aurait-il quitté la place ? Cela l'étonnerait, d'autant plus qu'il était là pour la surveiller. Elle s'empara du verre à présent plein que lui tendit le barman. Alors qu'elle s'apprêtait à porter sa flûte à ses lèvres, elle croisa le regard charmeur que lui jetait à travers le masque un homme d'une trentaine d'année assis à quelque mètres d'elle. Encore un mâle de plus qui allait sûrement la baver de belles paroles dans le but d'avoir une nuit avec elle. Elle se leva discrètement pour ne pas à écouter un discours qui n'allait sans doute pas tarder à sortir de la bouche de ce bellâtre.

— Auriez-vous quelques minutes à m'accorder ? Lança une voix dans son dos.

Keira devina qu'il s'agissait bien de cet homme. Elle exhala un soupir et leva les yeux au ciel. Elle fit volte face et le surplomba du regard.

— Non, elle répondit sèchement.

— Et si vous revoyez votre réponse Mlle ? Je n'ai pas l'intention de vous draguer.

— Vous m'en direz autant, fit-elle en croisant les bras.

Pense-t-il qu'elle allait le croire ?

— Vous me faites penser à quelqu'un. Vous me permettez ?

Contre toute attente, il retira son masque. Keira qui n'en revenait pas qu'il ait osé le faire haussa les sourcils. La bouche légèrement entre-ouverte elle le fixait de ses grands yeux sombre, comme tétanisée. Cet imbécile ne manque pas de culot. Alors qu'il essayait de se faire un nom sur ce visage qu'il lui semblait si familier Keira arracha de ses mains son masque avec un regard de reproche à l'appui.

— Mais de quel droit osez-vous ? Vous ai-je donné la permission de retirer mon masque ?

Keira remarqua qu'il était plus occupé à la détailler qu'à l'écouter. Ce qui eut l'exaspéra. Elle eut envie de lui assener une gifle mais pouvait-elle se permettre de faire un scandale au risque de se faire mettre à la porte alors qu'elle n'avait même pas encore en sa possession le tableau qui allait changer le cours de sa vie ? Elle s'efforça à s'exhorter au calme et remit son masque. Il ne fallait surtout pas qu'elle gâche tout.

Elle le dépassa en le jaugeant du regard. Il n'allait pas s'en tirer comme ça, se promit-elle intérieurement. Cet homme ne perdait rien pour attendre.

— Keira ?

La concernée se figea sur place. Avait-il réellement prononcé son prénom ? Elle tourna la tête en sa direction et demeura comme pétrifiée. Cet homme avait retiré son masque et elle pouvait déceler les traits de son visage.

— Keira Friedmann, il répéta en s'approchant d'elle. Tu ne te souviens pas de moi ?

Elle ne répondit pas. Elle se contenta de le fixer intensément.

— Ne me fais pas croire que tu n'as aucune idée de qui je suis, s'étonna t'il en la regardant de travers. C'est moi, Vicente Rodriguez.

— Et ? Fit-elle avec vivacité. Écoutez monsieur, je suis assez surprise que vous connaissiez mon nom. Je n'ai vraiment aucune idée de qui vous pouvez être ; alors désolée si j'ai du mal à me souvenir de vous. Sur ce, je vous laisse.

Avant qu'il n'eût le temps d'ajouter un mot, Keira avait déjà disparu de son champ de vision. Pour la première fois depuis quinze ans, il avait enfin eu la chance de la retrouver. Jamais il n'aurait pu imaginer qu'elle ne la reconnaîtrait. C'était assez bizarre pour lui et bien même frustrant. Ils avaient quand même partagé ensemble des moments des plus intimes. Même son nom n'évoquait rien à sa mémoire.

Keira n'en pouvait plus de cette soirée. D'abord la présence de ce Daniel Dawson la mettait dans tous ses états sans parler de cet homme qui l'avait accostée de la façon la plus désagréable. Se tenant debout au milieu de la grande pièce, elle fixait inlassablement le tableau qui était toujours accroché au mur. Il lui fallait un plan B pour le récupérer d'autant plus qu'elle n'avait pas prévu que ce flic allait prendre part à cette soirée. Cet homme qui en était tout le temps après elle comme une sangsue allait à coup sûr tenter n'importe quoi pour l'arrêter.

— D'où est-ce que vous m'espionnez, Dawson ? S'enquit-elle en sillonnant minutieusement la pièce.

La sonnerie de son portable annonça soudainement l'arrivée d'un message dont elle devina bien l'expéditeur. Il ne lui fallut que quelques secondes pour le retirer de sa pochette et lire le message qui lui était adressé. Avec un sourire en coin, elle se remit dans la contemplation de ce tableau. Tout allait bien se passer comme elle l'avait espéré. Au diable Dawson et à elle ce magnifique tableau.

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