Cap ou pas cap ?
J'observe le campus de ma nouvelle université, ça fait si bizarre de se dire que je suis à la fac désormais. Le lycée s'est terminé, je rentre désormais dans le monde des grands mais je ne m'y fait toujours pas après une semaine.
Le plus déstabilisant ça été de quitter la maison familiale pour s'installer dans une chambre universitaire. Ma mère était tellement triste qu'elle n'a pas pu s'empêcher de pleurer. Je riais mais j'avais vraiment envie de me lâcher aussi, je me suis abstenue pour ne pas la rendre encore plus triste qu'elle ne l'était déjà.
Pour mon plus grand bonheur, je n'étais pas seule à changer totalement d'univers. Karol Sevilla, ma meilleure amie est également avec moi et on partage la même chambre universitaire ce qui est très rassurant. Je ne me voyais pas partager ma chambre avec une autre personne qu'elle, ça aurait été impensable.
Quitter le Texas pour la Californie était très déstabilisant et étrange au début mais je suis sûre qu'avec le temps, je finirai par m'y habituer.
Karol n'est pas la seule à m'avoir suivi, Ruggero Pasquarelli aussi se trouve dans cette université. Ce mec est notre ami d'enfance mais également le garçon dont je suis amoureuse depuis déjà un moment. Karol a fini par deviner toute seule mes sentiments pour lui, elle a essayé de me convaincre de lui avouer mais j'ai refusé catégoriquement pour une seule et bonne raison. On ne peut pas être ensemble.
Ce n'est pas parce qu'il ne ressent rien pour moi, a vrai dire je n'en sais rien mais la principale raison qui m'empêche de me déclarer à lui est que nous sommes constamment en compétition depuis l'enfance.
Au début, alors qu'on s'ennuyait, on avait eu subitement envie de jouer à un jeu des plus banals, cap ou pas cap. C'était amusant et ça nous a vite mis en compétition lui et moi. Mais au fur et à mesure que le temps passait, on ne s'arrêtait plus de jouer, c'est comme si c'était devenu vital pour nous de nous lancer des défis à relever.
Depuis cette époque, on a jamais cessé de jouer, bien entendu beaucoup moins mais les défis deviennent de plus en plus compliqués à relever. Aucun de nous deux n'a jamais refusé de relever un défi, jamais. Et c'est le premier qui osera dire pas cap qui aura perdu la partie.
Malheureusement je ne peux pas lui dire ce que je ressens car entre nous, il y aura toujours ce jeu infernal. L'envie de gagner de Ruggero est surhumaine, il pourrait faire n'importe quoi pour que j'abandonne mais je ne veux pas lui faire cet honneur. J'aime jouer avec lui et je me dis que si jamais ce lien s'arrête, on ne sera plus aussi proches et je refuse que cela arrive.
Ma meilleure amie ne comprend vraiment pas cette obsession qu'on a pour ce jeu, ça la désespère plus qu'autre chose, ce que je peux comprendre. Avec un point de vue extérieur, on pourrait nous prendre pour des gros gamins qui ne savent pas quoi faire de leur temps libre mais c'est bien plus que ça, beaucoup plus.
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