« Je regardais avec précaution le paysage autour de moi comme si c'était la dernière. En réalité, c'était vraiment le cas. Il y a des jours où l'on se réveille avec l'impression qu'on va passer une sale journée mais au final tout se passe à merveille et tous nos souhaits se réalisent. Eh bien, ce n'était pas ainsi que ma situation avait évoluée, elle s'était juste empirée au point où j'étais passé d'un paria à une offrande pour un humain complètement fou. A la base, j'avais été envoyé (ou plutôt vendue) par les miens, les amazones, pour soit disant intégrer les prétendantes (ou plutôt les idiotes qui avaient eût le malheur d'accepter de devenir les femelles) de l'Oracle, l'Alpha suprême. J'avais mis du temps à comprendre que les amazones m'avaient envoyé à la mort mais lorsque les Hommes m'avaient attrapée, tué les deux seules personnes qui avaient accepté de m'accompagner et m'avaient installée sur un Autel dans un Temple en parlant d'une prophétie, je compris que soit les amazones étaient au courant de tout mais qu'elles avaient rusé pour que je ne puisse pas fuir, soit elles ne savaient rien mais que ma mort les arrangeait. Depuis que la troisième guerre mondiale avait eût lieu, le monde était devenu fou et divisé en trois camps. Les femmes avaient été menées par la première reine des Amazones dans l'Amazon alors que les Hommes étaient restés avec les Autres, les humains. - Allons-y ! Voyons si son sang pourra le calmer... Calmer qui ? J'étais censée calmer qui ? Je les fusillai du regard, ils étaient aussi détestables que je le pensais. Ils me sacrifiaient sans même m'expliquer pourquoi, je ne savais même pas pourquoi j'avais été choisi pour accomplir leur soi-disant prophétie. Un silence étrange envahit les lieux, même les animaux avaient comme disparus, signe qu'un prédateur plus dangereux était dans les parages. Je fermai les yeux afin de sonder les environs et fut percuté par une puissance si grande que je crus tout d'abord rêver mais le fait qu'elle se déplaçait vers moi, m'assurai qu'elle était bel et bien réelle. Celui qui me venait était puissant, si fort que je me mis à tirer sur mes liens pour me libérer mais les épines écorchèrent les poignets et m'arrachèrent une atroce douleur. Soudain, il s'arrêta à quelques mètres de moi. Mon cœur s'arrêta, dans tous les sens du terme, quelques secondes où je crus mourir tandis que mon esprit s'échappait loin de mon corps. Il eût un mouvement de recul et rompit le charme qu'il avait sur moi mettant fin à l'hypnose, je pus enfin inspirer de l'oxygène puis il disparût. Puis les battements reprirent comme une renaissance dans une douleur qui me fit gémir tandis que ma poitrine me faisait mal. J'avais du mal à respirer. Je restai seule, le cœur battant à la chamade et le corps en sueur pendant plusieurs heures avant que les Hommes ne reviennent. L'un d'eux me fusilla du regard en pestant : - Elle est encore en vie ! - Poignardons-la, ça ira plus vite, il sera attirée par l'odeur du sang ! Je tentai de parler mais le bâillon mit sur ma bouche m'empêcha. Un autre homme portant une couronne, ils étaient cinq à en avoir, dit : - La prophétie dit que le seul le sang d'une vierge née de deux Alphas peut dompter l'Oracle, si nous ne le calmons pas, nous allons tous mourir ! - Tu as raison Eric, bon tuons-la qu'on en finisse ! Celui qui semblait être leur chef, prit l'arme que lui tendit un des jumeaux et je fus plongée dans les ténèbres... »
Un an plus tôt...
Ruth, je m'appelais Ruth et j'étais une amazone. Mon peuple vivait dans l'ancien continent de l'Europe, coupé du monde, des humains et des Hommes.
Notre forteresse, l'Amazon, était aussi immense qu'imprenable, et elle était dotée d'une intelligence artificielle. J'y avais passé mon enfance après la mort de ma mère.
Depuis que la troisième guerre mondiale avait eût lieu, le monde était devenu fou et divisé en trois camps.
Les femmes avaient été menées par la première reine des Amazones dans l'Amazon alors que les Hommes étaient restés avec les Autres.
Les « Autres » était un sujet tabou, personne ne savait qui ils étaient vraiment mais seulement qu'ils étaient extrêmement dangereux et humains.
- Ruth ! Dépêches-toi de descendre, nous sommes attaqués ! Nous devons y aller, cria Clara en levant les yeux vers moi.
Je sursautai et faillis glisser du toit d'une des tours de surveillance où je me trouvais. Je remis la capuche de ma cape grise puis sautai dans le vide.
Clara était celle qui avait été désigné pour s'occuper de moi, ce qui l'agaçait énormément, toute comme les autres, elle ne me faisait pas confiance. Mais comme elle était l'héritière directe de la reine Kadia, elle obéissait à l'ordre de celle-ci.
- Nous devons voir Manassé, annonça la reine.
Manassé était le roi des Hommes, il était célèbre dans le monde entier.
Il avait été couronné alors qu'il avait mon âge, après la mort prématurée de son père qui avait sauvé les hommes de la domination des humains.
Malgré sa jeunesse, il avait transformé un troupeau de mâles qui vagabondaient dans la nature en un royaume organisé et structuré. Il était très brillant, un ennemi très dangereux.
- Il n'en est pas question, protesta une vieille femme. C'est un sacrilège !
- Nous ne pouvons pas ! Ils nous croiront faibles ! Qui ne te dit pas que c'est lui qui nous a attaqués ?
La reine Kadia se tourna vers les amazones qui venaient de parler, la femme près d'elle, sa conseillère bascula sa main vers son épée et donna un coup vif.
Leurs têtes roulèrent à ses pieds. Un silence pesant suivit cette décapitation publique. La reine ne supportait pas l'insolence.
- Je ne vous demande pas votre avis, celles qui ne veulent pas venir seront exécutées ! L'Amazon peut se protéger lui-même, ajouta-t-elle avant de tourner les talons.
Personne ne contredit la reine et nous la suivîmes toutes. Il eût des explosions, les Autres tentaient de briser notre portail électrique.
Nous devions rapidement quitter les lieux avant que l'Amazon ne s'active.
Notre forteresse était capable de se protéger toute seule cependant, lorsqu'elle le faisait, elle s'attaquaient à tout être vivant, qui que ce soit...
Le trajet fut long et assez périlleux. Lorsque la nuit tomba, nous nous arrêtâmes près de nos frontières où nous installâmes notre campement.
Les blessées furent achevés, les amazones ne s'encombraient jamais des handicapés, si l'une d'entre nous était ou devenait trop faible, elle était tuée.
Depuis toute petite, on m'avait enseigné, moi encore plus que les autres, que la faiblesse n'avait pas sa place chez nous.
Même lors de nos entrainements, beaucoup de jeunes amazones avec qui j'avais grandi avaient perdu la vie lors des combats ou dans les pièges.
Nous étions désormais au nombre de cent dix mais nous étions quasiment les meilleures guerrières qui existent. La qualité valait mieux que la quantité.
La reine attendit la fin de l'enterrement où personne ne pleura, les amazones ne pleuraient jamais sous peine d'être puni ou banni, elle nous annonça :
- Les hommes sont nos ennemis et ça, ça ne changera pas ! Demain, nous allons pénétrer chez eux et combattre les humains avec leur aide mais dès le moment où nous gagnerons cette guerre, nous les exterminerons tous. Bonne nuit.
La reine Kadia était toujours radicale, quand il y avait un problème, elle le faisait disparaître. Elle avait l'intention d'accorder une trêve aux hommes mais nous savions toutes qu'ils mourraient aussi de nos mains dès la fin de la guerre.
Dès que la reine quitta les lieux, je sortis discrètement du campement, je ne pouvais dormir dans un lieu sans avoir au-préalable visité les alentours. Je courus dans la forêt noire sans me préoccuper des bruits qui m'entouraient, je savais que tant les animaux étaient là, j'étais en sécurité car ils étaient toujours en premiers à sentir le danger. Aussi lorsque je remarquai avec quelques secondes de retard qu'un silence pesant avait commencé à régner dans la forêt, je m'arrêtai aussitôt.
Je fermai les yeux afin de sonder les environs et fut percuter par une puissance si grande que je crus tout d'abord rêver mais le fait qu'elle se déplaçait vers moi, m'assurai qu'elle était bel et bien réelle. Ce pouvoir était si grand que même que la reine Kadia et les amazones rassemblées ne dégageaient pas autant d'énergie. Celui qui me suivait était puissant, si fort que je me mis à courir, je n'avais aucune chance contre lui.
Soudain je vis un ombre me dépasser et je freinai brusquement face à un être étrange. Au début, son visage était caché par l'obscurité mais peu à peu, lorsqu'il s'avança vers moi, la lune l'éclaira. Il eût un mouvement de recul et rompit le charme qu'il avait sur moi mettant fin à l'hypnose. J'en profitai pour m'enfuir. Je fus soulagé de ne pas le sentir me suivre et me dépêchai de rejoindre mes camarades, là où je savais que j'étais en sécurité, loin de lui.
Lorsque je m'allongeai, je tentai vainement d'oublier toutes les émotions qui m'avaient envahie et ces yeux qui m'avaient donné l'impression d'être frappé par la foudre d'un seul regard. Clara qui partageait une cabine avec moi me demanda lorsque je m'installai :
- Où étais-tu ?
- J'ai rencontré un mâle, chuchotai-je en me recroquevillant contre moi.
- Quoi ? Quand ? Où ? Tu lui as parl é ? questionna-t-elle en se levant rapidement.
- Dans la forêt, je ne l'ai pas vu, je suis partie en courant, marmonnai-je en fermant les yeux, bonne nuit Clara !
Je préférai couper court à la conversation afin d'éviter le genre de remarque désagréable qui finissait généralement par des insultes envers ma mère.
- Qui l'aurait cru, ça ne m'aurait pas choqué que tu t'en fuis avec lui après tout c'est ce que ta mère a fait, dit Clara en riant, on dirait que j'ai une bonne influence sur toi !
Je ne répondis pas. De toute façon, Clara comme toutes les amazones ne me voyaient que comme un traître après tout je venais d'une mère qui l'était. Je me mordillai la lèvre, je détestais les Hommes, ma mère et les amazones, je n'aurais jamais dû naître...
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