Ayant grandit avec sa mère, Tessa Johnson voit son monde s'écrouler quand celle-ci perd la vie face à un cancer. Elle se retrouve à devoir vivre avec son père et son frère avec qui elle n'avait pas pris contact depuis le départ de ceux-ci. La cohabitation avec eux semble facile jusqu'à ce que le meilleur ami de son frère, Cole Martins, va faire écrouler son monde. Entre trahison, jalousie, illégalité et souffrance Tessa va devoir faire des choix qui risqueront de briser des relations.
Comment se sentir quand un des membres les plus proches de notre famille meurt et nous laisses complètement perdue sans la moindre parole parce que selon lui, il ne voulait pas nous voir souffrir inutilement. . .
" Tessa ? "
Je lève la tête et fixe l'homme assis devant moi. Il s'agit de l'avocat de maman. Brun, grand, le teint hâlé... plutôt bel homme en quelques sortes. Il me tend quelques documents et débite soudainement un flux surprenant de mots à la minute. Je suis malheureusement bien trop occupée à penser à mère pour pouvoir prêter attention à ce qu'il raconte.
Il y une semaine, maman a sombré dans un sommeil... du moins, elle a quitté notre monde. Elle souffrait d'un cancer depuis maintenant 3 ans. Elle m'a préparé à ce moment depuis le jour où elle a appris qu'elle ne vivrait pas jusqu'à ma majorité. Tout ce qu'elle aurait dû m'apprendre en une vie, elle me l'a appris en peu de temps... et les dernières mesures qu'elle m'a données ont été claires et nettes.
" Votre père est en route d'après ce que j'ai pu comprendre. Mais si vous préférez être placée en famille d'accueil...
– Maman a fait un choix. Je le suivrai à la lettre. Soufflais-je. "
Il hoche la tête et pose finalement une enveloppe devant moi. Je la récupère ainsi que les autres documents, et les glisse dans mon sac à dos. Bien qu'elle m'ait appris beaucoup de choses, vivre sans mère va être très compliqué et nouveau pour moi.
" Un adulte doit encore signer ces documents la et puis on se quittera certainement pour de bon. . . "
J'acquiesce et pose un regard sur ma valise posée à l'entrée. Cette maison va me manquer énormément. J'ai toujours vécu ici. Je n'ai même jamais voyagé donc je n'ai jamais dormi ailleurs que dans cette maison.
Je n'ai pas eu le temps non plus d'apprendre à connaître mon père et mon frère et là je vais devoir à présent vivre avec eux. Je ne peux pas le dire à voix haute mais je crains extrêmement le changement à venir. Je tripote mes doigts sous la table tout en essayant de répéter ce dont je me souviens de mon frère : les cheveux brun, les yeux couleurs noisettes et il est de 4 ans plus âgé que moi.
Dans le cas de mon père, son image reste floue dans mon esprit. Il travaillait beaucoup pendant les deux années où on a vécu avec lui et je n'étais même pas en âge de savoir à quoi il ressemblait. Je ne suis donc pas sûre d'avoir passé assez de temps avec lui.
" Ah, ça doit être eux. Restes là, je vais les accueillir. "
Je hoche la tête silencieuse, prend une grande inspiration et pose mes mains à plats sur mes cuisses. Respires Tes'... Respires.
J'entends soudainement une voix et le son des roulettes de ma valise sur le parquet. Incapable de bouger, je prends de grandes quantités d'oxygène pour me calmer. Tout ira bien. Tout se déroulera exactement comme maman me l'avait expliqué, comme sur des roulettes.
" Tessa ? "
Je sursaute à l'entente de mon prénom et me lève doucement avant de me retourner. La personne face à moi porte un jean noir déchiré au niveau des genoux ainsi qu'un t-shirt blanc. Cheveux bruns, les yeux noisette. . .
" Jason. . . murmurais je assez fort pour qu'il entende. "
Il hoche la tête et approche calmement. Je ne bouge pas et ce, même quand il m'enlace tendrement et passe une main hésitante dans mes cheveux. Il ressemble tellement à maman. . .
Mes yeux se remplissent rapidement de larme tandis que j'entoure sa taille de mes bras et laisse court à mes sanglots étouffés.
Je pleure parce que je ne suis plus seule. Je le serre de toutes mes forces en priant pour qu'il ne se brise pas et pleurant à présent à chaudes larmes. Sa main dans mes cheveux devient tremblante mais ne cesse de bouger.
Consoler. . . j'avais besoin de ça. Durant les heures qui ont suivis le décès de maman, je n'ai versé aucune larme sachant que personne ne les essuierait. Mais maintenant, je ressens le besoin d'évacuer tout ce surplus de larmes. .
.
" Maman. . . elle est plus là. . . bredouillais je.
– Je sais. . . je sais. Me souffle-t-il. "
La tête collée à son torse, je peux entendre son cœur battre à tout rompre. Il a l'air tout aussi affecté que moi et ça me touche. Beaucoup même.
" Tout ira mieux. Je te le promets. Maman ne souffre plus de ce cancer. . . et à présent qu'elle est partie. . . on fera tout pour prendre soin de toi. Ne t'en fais pas. "
Je hoche la tête et me détache finalement de lui. Il passe ses doigts sur mes joues et essuie toutes les larmes qui ont dévalées celles-ci.
" Tu ressembles beaucoup à maman. Déclare-t-il en me carressant la joue.
– Toi aussi. Fis-je en reniflant.
– Au moins on peut être sûr qu'on n'a pas été adopté. Ironisa-t-il en prenant ma main. Appelle moi Jay. . . "
Je lui offre un petit sourire tandis que nous nous asseyons en face de l'avocat. Il donne les documents à Jay qui sort un stylo de sa poche arrière et signe sans pour autant me lâcher la main.
Je suis secouée par quelques soubresauts et ne peut m'empêcher de renifler ce qui fait apparaître un petit sourire sur les lèvres de l'homme en face de nous. Je tente de le lui rendre mais esquisse simplement une petite grimace.
" Eh bien Tessa, c'est le moment de se quitter. Grandis bien et ne te mets pas trop de pression au cours des jours à venir.
– D'accord.
– On va prendre soin d'elle. C'est la princesse de la famille après tout. "
Jay. . . Il semblerait que l'on s'entendra à merveille. J'espère que ce n'est pas qu'une simple impression. Après tout on va passer pas mal de temps ensemble.
Il m'aide à me relever et pose soudainement ses lèvres sur mon front. Il est apparemment très tactile. . . je me suis trompée. Voilà déjà un point qui nous différencie. Il serre la main de l'avocat de maman qui lui demande de faire penser à notre père d'appeler. D'ailleurs, ça aurait dû être lui et non Jay qui devait me récupérer, mais on en reparlera en privé.
Monsieur Palmer, allias l'avocat, nous accompagne jusqu'à la berline noire et s'incline légèrement en guise d'au revoir. Jay m'ouvre une porte et je m'y en gouffre. Je me répète en silence que c'est ce que maman aurait voulus. Du moins, c'est ce qu'elle voulait alors. . . je vais devoir prendre sur moi.
" On est arrivé Tessa. "
Je bats des paupières et soupire en constatant que le soleil est déjà couché. Rouler prendre, l'avion puis rouler de nouveau. . . je dois dire que c'est épuisant.
Je m'étire doucement et ouvre la portière pour m'extirper de l'habitacle de la voiture.
La maison, non que dis-je, la villa qui se dresse devant moi me donne l'intime conviction que si papa n'a pas pu venir me récupérer c'est parce qu'il travaille.
" Viens. me chuchote Jay en prenant ma main."
Je me retourne légèrement inquiète pour mes affaires qui sont , à ma grande surprise, pris en charge par des hommes en costume. Monsieur papa semble plutôt bien payé.
" Bienvenue à la maison ! Chantonne Jay en me tirant à l'intérieur. "
Je ne peux m'empêcher d'ouvrir la bouche de stupéfaction. C'est magnifique. . . Ça change de notre maison. J'ai du mal à croire que je suis amenée à vivre ici.
" Tu dormiras dans ma chambre le temps qu'on finisse ton dressing. M'informe-t-il. Tu peux piquer une tête dans la piscine quand tu veux. . .
– Et papa ?
– Il déplace ses rendez-vous pour passer du temps avec nous. En ce moment, je pense qu'on en a tous les 3 besoin. "
Je lève un sourcil avant de me tourner vers ce qui semble être la cuisine. Elle a l'air immense. Comme le reste de la maison d'ailleurs. . . Jay reste un peu plus en arrière les mains derrière le dos. Il attend patiemment que je finisse d'admirer un sourire attendrissant collé aux lèvres. . . un frère qui, il me semble, m'avait fait une promesse. Du haut de mes 1m66 et d'une timidité qui me dévore l'intérieur, je le regarde et ouvre la bouche :
" Tu t'en rappelles ?
– Pardon ? Me questionne-t-il.
– La promesse que tu m'avais faites le jour de votre départ à toi et papa. Tu t'en rappelles ? "
Il bat plusieurs fois des paupières avant de froncer les sourcils. Je le savais. . . je secoue la tête et me balance d'avant en arrière avec une envie irrépressible de hurler. On était beaucoup trop jeune pour comprendre ce qu'implique une promesse.
" Viens voir. "
Il me prend la main et se dirige vers le grand escalier central donnant sur l'étage au-dessus. Il me force à me presser dans le long couloir éclairé par de nombreux lustres et bifurque finalement vers une porte où son prénom y est marqué. Il ouvre la porte et J'en déduis rapidement qu'il s'agit enfaite de sa chambre.
Assieds-toi sur le lit. "
J'obéis sans broncher tandis qu'il se dirige à mon opposé. Il dépose ce qui semble être ses clefs sur la commode et se poste devant un grand cadre photo nous représentant. Il le décroche avant de le déposer délicatement au sol et de me rejoindre sur le lit.
" On peut dire que j'ai tenu un peu ma promesse non ? "
Sur le mur, il est écrit "Je viendrai te chercher Tessa en gros caractères.
" Tu t'en rappelles. . . Dis-je le souffle coupé.
– Bien sûr. Je ne vis que pour ça. Au départ c'est papa qui me le rappelait. Et à 10 ans, j'ai décidé de le marquer ici.
– Ça fait 12 ans que c'est écrit là ?
– Le temps passe vite. Souffle-t-il tristement.
– Hum. . . c'est vrai. "
C'est bel et bien l'une des choses que je n'oublierais certainement pas de Jason. Cette promesse.
Je souris en regardant de nouveau le mur et balance mes pieds d'avant en arrière. Génial. Je me sens tout de suite beaucoup mieux. En tant qu'asocial, je trouve cette situation très étrange. Est-ce que c'est parce que c'est mon frère ? Peu importe je me sens drôlement heureuse bien que. . .
" Maman parlait de vous souvent. Votre départ a laissé un grand vide. Elle disait souvent qu'on se rassemblerait coûte que coûte. "
Je toussote légèrement fatiguée de parler. Jay me tend une bouteille d'eau sortit de nul part. Je l'accepte sceptique, puis souffle discrètement de soulagement en découvrant qu'elle n'a jamais été ouverte. Je n'ai pas pour habitude de parler autant.
" Papa l'aimait beaucoup. Dès qu'il en avait l'occasion, il appelait maman. Je trouvais ça mignon. Marmonna-t-il morose.
– Ne parlons pas de ça pour l'instant, déclarais-je. Je ne suis pas tout à fait prête. . . 'Fin. . .
– Ouais je comprends t'inquiètes. En tout cas. On n'est pas près d'avoir une belle-mère.
– Pourquoi tu dis ça ? Papa n'est pas attirant ?"
Un bruit sourd se fait entendre tandis que Jay se relève un sourire aux lèvres.
" Viens en juger par toi-même. "
Son ton soudainement enjoué attisa ma curiosité sur le physique que pourrait avoir notre père. Je le suis donc et quitte la pièce pour me diriger vers l'escalier.
" Oh. Jay. . . Tu as prévu de sortir ce soir ou tu me fais l'honneur de ta présence pour le dîner ?
– Euh je pense que je vais rester dîner. Mais regardes plutôt qui j'ai ramené avec moi de mon petit voyage. "
Il ferme le réfrigérateur et pose enfin son regard sur ma petite personne. Je tape du bout des doigts sur le rempart des escaliers et le fixe tout aussi silencieuse que lui il l'est actuellement. Le verre qu'il tenait dans sa main s'écrase en mille morceaux arrachant des plaintes de la part de Jason qui recule en levant les mains au ciel.
" Tessa. . . ? Murmure-t-il presque incapable de croire que je suis bel et bien face à lui. "
Je descends donc les escaliers d'un pas pressé sans pour autant être très rassurée et me stoppe devant lui avant de l'enlacer tendrement une pointe d'angoisse au fin fond de mes entrailles. C'est mon papa. . .
" Tu m'as tellement manqué ! Déclarais-je en larmes et la gorge serrée.
– Toi aussi mon cœur. "
Il me tiens les épaules à bout de bras et me regarde, fasciné ou heureux. . . je n'arrive pas vraiment a décelé ce que c'est.
" Tu as tellement grandit. Constate-t-il en fronçant les sourcils. Je suis tellement désolé de ne pas avoir été là pour vous plutôt mon cœur. . .
– Ce n'est pas ta faute. . .
– J'aurais dû être à vos côtés. . . "
Il prend mon visage en coupe et l'analyse avec précaution. J'ai l'impression d'être une relique qui vaut pas mal de dollars tant il est doux à mon égard.
" Bienvenu à la maison mon ange. "