Je me dirige vers ce qui me semble ressembler à une salle à manger. Je vois déambuler des zombies totalement enfermés dans leurs angoisses, hermétiques au monde qui les entoure. Leur démarche est lente, sans dynamisme tels des escargots écrasés par la lourdeur de leur coquille. Certains sourient aux anges, béats, d’autres semblent montés sur ressorts véritables piles électriques. Ici, ça transpire la souffrance. Et moi ? Est-ce que je leur ressemble ?

Tel un mouton de Panurge, je suis le mouvement. Tout à coup, je me sens seule au monde, en plein milieu de la pièce, ne sachant où aller m’asseoir. Il ne me semble pas que l’infirmier Roi m’ait donné des directives précises à ce sujet. Allez, Adèle, courage !

Je me dirige, au hasard, vers une table de quatre. Je m’assieds sur la seule chaise libre, en face d’un jeune homme à l’air affable.

— Dégage !

— Pardon ?

— Dégage, je te dis, c’est ma chaise.

— Votre chaise ? Il me semble que vous en ayez déjà une.