Les silences de Maman
touffé. Cinq ans. Cinq ans que je n'avais pas franchi ce seuil. L'odeur de cire et de lilas fané me transperça – le parfum d'Élise, figé dans le temps comme son sourire s
le piano à queue Steinway de ma mère. Sa laque noire, éraflée par le temps, brillait faiblement dans la pénombre. J'approchai, traçant un sillon dans la poussière. Mes doigts effleurèrent
silence. Lyon grelottait dehors, mais ces murs renf
chérir. » Ses leçons résonnaient encore. En dévissant la plaque supérieure, une bouffée d'air vieux de vingt ans me cueillit – notes de papier, cuir moisi
enve
Mon nom y était tracé à l'encre violette délavée, d'une écriture tremblée que je
e craquait sous mes doigts. À l'intérieur, une feuille de papier à lettres
ché
'avoir enfoui ce secret comme on enterre un poison. Mais certains mensonges sont des boucliers. To
. Interdit. Notre histoire a failli tout détruire, et elle a fini par le détruire, lui. Je ne peux en dire plus ici. Sache seulement qu'il est mort à cause de moi. À cause de toi. À cause de
au-delà de
ma
'est pas celui que tu crois. » Les mots dansaient devant mes yeux, flous. Laurent. Un inconnu. Un fantôme. Mon ventre se tordi
un mouvement dans le jardin me glaça. Une silhouette encapuchonnée, immobile près des rosiers d'Élise. Elle leva lentement
e couvercle du piano venait de se refermer bruta
esait sur moi. Combien de temps passai-je ainsi, à guetter chaque craquement de la vieille demeure ? La pluie cessa enfin à l'aube. Mes doigts engourdis lâchèrent la lettre d'Élise. Une