Pour Lady Elizabeth Burghley, la pression pour se marier augmente. C'est irritant et fatiguant. Sa passion est de rĂ©ussir en tant qu'artiste, et si elle doit se marier, elle veut que son mari soit quelqu'un qu'elle aime. Alors, lorsqu'elle tombe sur un garde-chasse Ă©cossais torse nu, beau, parfois hargneux, qui a lui-mĂȘme un cĂŽtĂ© crĂ©atif, elle ne peut s'empĂȘcher d'espĂ©rer que le destin lui ait donnĂ© un titre. Parce que, oh, ils sont si bien assortis, leur attirance grĂ©sille, la luxure rĂšgne, il la comprend et elle lui. Ses yeux pĂ©tillent de dĂ©sir, et quand il la cherche, au fond de la forĂȘt alors qu'ils sont seuls, la rĂ©sistance est vaine et elle succombe Ă ses maniĂšres de sĂ©duction. Mais Lady Elizabeth aurait dĂ» rĂ©sister. Parce que tout n'est pas comme il semble, et quand la vĂ©ritĂ© Ă©clate, elle se retrouve dans de nouveaux pays, avec un nouvel avenir Ă dĂ©cider, et potentiellement un nouveau mari â mais l'aime-t-elle toujours ?
Lady Elizabeth Burghley s'essuya le front du dos de la main et s'arrĂȘta pour Ă©couter le chant d'une grive des broussailles. La journĂ©e se rĂ©chauffait, mĂȘme Ă l'ombre de la forĂȘt ancienne qui s'Ă©tendait juste au sud de Burghley House, mais cela n'avait pas empĂȘchĂ© les oiseaux de faire leur musique.
Et cela ne l'avait pas dissuadée de se promener avec du papier et de la peinture en remorque. Elle avait passé la matinée à prendre le thé avec les amis de sa mÚre et à les écouter se plaindre de son manque de prétendants. Elle ne savait pas pourquoi ils s'en souciaient. Ce n'étaient pas leurs annulaires qui étaient dépourvus de bijoux. Ce n'était pas dans leurs agendas qu'il manquait un grand jour.
Elle s'arrĂȘta et manipula soigneusement une tige de ronce dĂ©terminĂ©e pour l'Ă©carter de son chemin â ses mĂ©chantes pointes n'attendaient que d'accrocher sa robe et ses bas. Le chemin n'Ă©tait pas trĂšs frĂ©quentĂ© ici, mĂȘme s'il Ă©tait discernable. Ă la mĂȘme Ă©poque l'annĂ©e derniĂšre, elle avait trouvĂ© des anĂ©mones des bois en pleine croissance, un tapis de petites tĂȘtes blanches et un plaisir Ă capturer en dĂ©tail. Aujourd'hui, elle espĂ©rait en trouver davantage, mais pour l'instant, sans succĂšs : seulement de l'ail, du chĂšvrefeuille, des campanules et de l'aspĂ©rule. L'aspĂ©rule Ă©tait jolie, une mousse de minuscules pĂ©tales qui lui rappelait un nuage blanc grandissant par une journĂ©e de ski bleu. Si elle n'avait pas de chance de trouver des anĂ©mones, elle peignait plutĂŽt l'aspĂ©rule.
Un scrabble dans les sous-bois Ă sa droite attira son attention. Elle s'arrĂȘta, regardant l'enchevĂȘtrement de verdure. Qu'est-ce que c'Ă©tait? Dans son esprit, c'Ă©tait un serpent ou un rat ou peut-ĂȘtre une hermine Ă fourrure orange. Elle retint son souffle, serra son tableau dans ses mains gantĂ©es et regarda fixement.
Un cri soudain â le cri d'alarme d'une femelle merle â et la crĂ©ature sortit des sous-bois dans un battement frĂ©nĂ©tique.
« Au nom du bon Dieu », murmura-t-elle. "Ce n'est pas comme si j'allais vous mettre dans une tarte, Mme Blackbird."
Elle secoua la tĂȘte et continua de marcher. Lorsqu'elle atteignit une bifurcation sur le chemin, elle s'arrĂȘta. Par oĂč Ă©tait-ce Ă partir d'ici ? L'annĂ©e derniĂšre, avait-elle tournĂ© Ă gauche ou Ă droite ?
Il n'y avait aucun souvenir dans sa mémoire, alors elle haussa les épaules et prit le chemin de gauche. Elle était gauchÚre, une autre chose qui ennuyait sa mÚre, donc elle avait probablement choisi cette voie.
De larges empreintes de pattes avec des griffes distinctes traversaient la piste. Les blaireaux Ă©taient lĂ . Elle en avait vu un une fois, alors qu'elle se promenait avec son pĂšre, mais c'Ă©tait il y a longtemps.
Continuant et scrutant le sol feuillu de la forĂȘt Ă la recherche de flore, elle enjamba une petite bĂ»che tombĂ©e, puis traversa une zone de soleil coulant de la canopĂ©e. Ici, elle a fait une pause.
Un pic tapait bruyamment au-dessus de sa tĂȘte, marquant son territoire. Et un panache de moucherons dansait dans la lumiĂšre, virevoltant, valsant et spirale de haut en bas. Au-delĂ des rayons de soleil, quelque chose brillait.
Eau : un petit lac ou un grand Ă©tang.
Le chemin virait vers lui et elle aussi, attirée par la fraßcheur. Un talus pierreux contenait une autre bûche, pourrissante à une extrémité et échouée en biais. "Donc je ne suis pas parti à gauche avant." Si elle l'avait fait, elle se serait souvenue de ce joli endroit.
Assise, elle mit ses peintures de cÎté et Îta ses chaussures. Ensuite, elle a soulevé sa robe jusqu'à ses cuisses et a soigneusement roulé d'abord son bas droit, puis son bas gauche. Elle les a mis sur ses peintures. Enfin vinrent ses gants, qu'elle ajouta par-dessus ses bas.
Pendant un instant, elle regarda les poissons, de délicats petits ménés, briller alors qu'ils s'élançaient dans l'eau claire. Puis elle se leva, releva sa robe jusqu'aux genoux et plongea son orteil gauche dans l'eau fraßche.
"Oh!" Elle a ri. Ăa faisait du bien.
Encore quelques pas et elle Ă©tait jusqu'aux chevilles. Elle soupira, puis ferma les yeux et leva son visage vers le soleil.
Soudain, elle se sentit plus lĂ©gĂšre, plus libre, comme si la matinĂ©e de conseils et d'inquiĂ©tudes n'avait pas eu lieu. Le lac forestier l'emportait. Elle Ă©tait encore jeune, elle avait tout le temps de trouver un mari, et en plus, un mari qu'elle aimait. Les choix de sa mĂšre, qui lui Ă©taient proposĂ©s depuis plusieurs annĂ©es, Ă©taient totalement inadaptĂ©s. Au mieux ennuyeux, au pire effrayant, ou complĂštement indisponibles, dans leur cĆur sinon sur papier.
"Hé, les petits poissons," dit-elle en baissant à nouveau les yeux. Ses pieds étaient flous et pùles sur le fond du lac ; un tout petit peu d'herbe verte dérivait devant son gros orteil. Elle le regarda, souhaitant peindre sa forme enrubannée, mais bientÎt il passa devant lui.
Au bord du lac â de la taille d'une pelouse de tennis mais avec des coins incurvĂ©s Ă©crasĂ©s â les chĂȘnes rouges, les chĂątaigniers et les hĂȘtres Ă©taient couverts de feuilles et de lichens. Beaucoup avaient des troncs dĂ©formĂ©s avec une Ă©corce fissurĂ©e, indiquant qu'ils Ă©taient plus ĂągĂ©s que n'importe quel humain. Quatre gros rochers, de la forme et de la couleur de grosses pommes de terre, se trouvaient sur la rive opposĂ©e, et au sommet du plus gros rocher, un geai la regardait avec mĂ©fiance.
Elle s'immobilisa complÚtement, ne voulant pas l'effrayer jusqu'à ce qu'elle ait admiré son plumage rose sombre avec une bande bleue surprenante sur ses ailes. Il tenait quelque chose dans son bec, une baie ou une graine d'une certaine description.
Une Ă©claboussure Ă sa droite. Elle se tourna pour observer les ondulations. Un petit poisson avait probablement bondi pour attraper une mouche.
Le geai a pris son envol et, dans un Ă©clair bleu, il a disparu. Mais ça avait quand mĂȘme Ă©tĂ© un plaisir de le voir. Elle se demandait ce qu'elle pourrait dĂ©couvrir d'autre lors de sa promenade aujourd'hui.
* * * *
Thomas Kilead, duc de Farrington, tenait son stylo-plume prĂ©fĂ©rĂ© posĂ© au-dessus d'une feuille de papier vierge et regardait la jeune femme qui venait de surgir de l'Ă©paisseur de la forĂȘt. Elle se tenait sur la berge de galets, tenant quelque chose dans ses mains gantĂ©es, et Ă©tudiait l'eau.
Il restait immobile Ă l'ombre d'un chĂȘne, ne voulant pas ĂȘtre vu. AprĂšs tout, il Ă©tait venu des Highlands pour profiter de moments tranquilles seul. Le mois dernier, c'Ă©tait exactement cela, mais maintenant... maintenant, une crĂ©ature ressemblant presque Ă une nymphe Ă©tait apparue comme si elle sortait de nulle part et elle se tenait lĂ©gĂšrement embrumĂ©e par une fine bande de brume qui flĂąnait au-dessus de l'eau.
Est-ce qu'il rĂȘvait ? La solitude et l'isolement, l'esclavage de ses pensĂ©es, de sa plume et de ses mots, l'avaient-ils rendu complĂštement fou ?
Il fronça les sourcils et ignora un moucheron qui le harcelait. Que faisait-elle? Qu'allait-elle faire ?
Semblant prendre une dĂ©cision soudaine, elle s'assit sur la bĂ»che qu'il avait lui-mĂȘme utilisĂ©e quelques jours plus tĂŽt et dĂ©posa sa petite cargaison. D'un mouvement du pied droit puis du pied gauche, ses chaussures atterrirent sur les pierres, l'une Ă l'envers, la pointe pointĂ©e vers le bord de l'eau.
Une hirondelle effleura la surface de l'eau, buvant une gorgée au vol. Elle ne semblait pas le remarquer car elle avait relevé sa robe au-dessus de ses genoux et exposé ses bas.
Bon sang.
Que faisait-il assis ici Ă regarder ? Il fallait qu'il se fasse connaĂźtre. C'Ă©tait la bonne chose Ă faire.
Mais il ne l'a pas fait, car le moment allait et venait, et maintenant elle roulait son bas gauche le long de sa jambe, exposant une chair crémeuse, de longs mollets galbés et des chevilles fines.
Ses respirations étaient superficielles. Un sentiment de méfait l'envahit. Mais comment avait -il fait quelque chose de mal ? Il s'occupait de ses propres affaires et attendait que l'inspiration s'empare de lui.
C'était elle qui l' avait dérangé .
Le bas suivant fut glissĂ©, se dĂ©tachant de sa fine cheville avant d'ĂȘtre emportĂ© par un rayon de soleil et posĂ© Ă cĂŽtĂ© du premier. Le matĂ©riau Ă©tait si transparent et diaphane, une aile de fĂ©e.
Il dĂ©glutit. Sa gorge Ă©tait serrĂ©e. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas apprĂ©ciĂ© la sensation de la chair douce d'une femme Ă cĂŽtĂ© de la sienne. Trop long. C'Ă©tait peut-ĂȘtre pour cela qu'il Ă©tait fascinĂ©.
Chapitre 1 Chapitre 1
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Chapitre 2 Chapitre 2
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Chapitre 3 Chapitre 3
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Chapitre 4 Chapitre 4
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Chapitre 5 Chapitre 5
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Chapitre 6 Chapitre 6
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Chapitre 7 Chapitre 7
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Chapitre 8 Chapitre 8
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Chapitre 9 Chapitre 9
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Chapitre 10 Chapitre 10
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Chapitre 11 Chapitre 11
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Chapitre 12 Chapitre 12
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Chapitre 16 Chapitre 16
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Chapitre 17 Chapitre 17
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Chapitre 18 Chapitre 18
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Chapitre 19 Chapitre 19
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Chapitre 20 Chapitre 20
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Chapitre 21 Chapitre 21
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Chapitre 22 Chapitre 22
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Chapitre 23 Chapitre 23
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Chapitre 25 Chapitre 25
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Chapitre 40 Chapitre 40
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