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Je sens les derniers rayons de soleil de l'année me chauffer la peau, je n'ai pas envie d'ouvrir les yeux, depuis le décès de Franck, une partie de moi est partie avec lui. Et le plus dur c'est le matin, me réveiller seul dans ce grand lit, qui a été témoins de notre amour, de nos disputes, je ne sais pas comment j'arrive encore à trouver la force de continuer à vivre sans lui, il me manque tellement.
- maman ...
Je me retourne, et vois cette petite tête qui me donne cette force, notre fille Emy. Elle ressemble beaucoup à son père, mais j'évite trop de lui en parler, elle a déjà du mal à comprendre pourquoi du jour au lendemain son papa n'est plus rentré à la maison. J'ai essayé de lui expliquer qu'il était parti rejoindre les anges, je pense que c'est ce que dire tout les parents qui se trouvent dans cette situation, mais elle n'avait que 2 ans et demi quand Frank a eu ce accident tragique.
Aujourd'hui, Emy va sur ses 5 ans, et je me dois de garder le sourire et la volonté de vivre pour elle. Et puis ce n'est pas comme s'il était complètement parti, une partie de lui vis à travers notre enfant.
Comme tous les matins, Emy vient se faufiler dans mon lit, avant que l'on se prépare pour aller à l'école, c'est notre petit moment à toutes les deux, on se fait des câlins, on discute de ce que l 'on va faire de nos journées.
- maman?
- oui, mon petit cœur?
- c'est bientôt Noël
- sur un encore un petit peu de temps, sur est que le 6 octobre, je lui réponds en souriant.
- oui, mais j'aimerais aller voir le grand le sapin maman, tu crois que l'on peut?
Tous les ans, avec son père, on l'amenait à Central parc pour contempler les illuminations de Noël, et c'est fou l'émerveillement qui se dessine sur son visage en même temps que les lumières s'allument. J'ai continué même après le décès de Frank de l'amener, je sais à quel point pour un enfant Noël est rempli de joie, de magie, de rêve et je me sentirais encore plus mal de lui enlever tout cela.
- je te promets que l'on ira, et cette année, tu vas même pouvoir faire du patin à glace.
- c'est vrai maman? s'exclame-t-elle .
- oui, tu es assez grande pour en faire.
Son visage rayonne autant de bonheur que le soir où ces fameuses lumières s’illuminent sur le gigantesque sapin. Si son père pouvait la voir, il serait tellement fier d'elle.
- on va aller se préparer pour aller à l'école.
Je l'embrasse tendrement sur le front, et nous sortons du lit, pour choisir nos tenues, ma fille une véritable petite princesse, elle a déjà ses goûts vestimentaires et tiens à choisir, comment elle va s'habiller pour aller à l'école . Je pense qu'elle tient sûrement cela de moi, avant le décès de Frank, je pouvais passer des journées entières à faire les boutiques, je ne dis pas que je me laisse aller, non c'est juste que nous avons plus le même train de vie.
Mon mari avait sa propre entreprise, une maison d'édition, mais les derniers mois avant son accident, elle ne se portait pas très bien et quelques jours avant sa mort, il a été obligé de vendre. Heureusement, il avait souscrit à une assurance-vie, ce qui fait que j'ai pu rembourser une partie des nombreuses dettes qu'il avait accumulées, mais j'ai également dû vendre notre sublime villa.
À ce jour, nous vivons dans un petit appartement, dans un quartier populaire de New York, mais ce qui me manque, c'est un travail. J'ai eu Emy très jeune, je n'avais que 21 ans, j'ai dû arrêter mes études pendant quelques années. Mais depuis 6 mois, j'ai enfin obtenu mon diplôme de responsable d'édition, les livres, c'est l'une de mes plus grandes passions, je pourrais lire des heures entières sans m'arrêter.
J'ai postulé dans l'ancienne maison d'édition de mon mari, mais cela fait 2 mois, que je n'ai même pas eu une réponse négative, j'aurais pensé qu'en voyant mon nom, il me serait plus facile obtenir un travail après tout, cette entreprise porte toujours le nom de mon mari "Porter Books".
J'ai donc décidé de reprendre mon nom de jeune fille, Lilou Curtis, cette maison d'édition me tient tellement à cœur, que je veux pouvoir y travailler tout en continuant de sentir la présence de Franck. Ma mère me dit souvent que je vis trop avec le passé, elle a peut-être raison, mais pour l'instant je ne me sens pas prête à tourner la page sur mon mariage.
Je choisis de moi vêtir, d'une robe cintrée noire et blanche, avec des escarpins noirs, pas trop haut sinon je ne vais jamais réussir à finir ma journée. New York est une grande ville, certes, il y a beaucoup de transport en commun, mais il ne faut pas avoir peur de faire des kilomètres à pied pour arriver à un rendez-vous à l'heure.
- maman, je suis prête.
- je vais te préparer ton petit-déjeuner.
- maman?
- oui, Emy!
- tu es la plus belle, me dit-elle avec un immense sourire.
- oh! Mon cœur, viens là.
Je lui fais signe de venir dans mes bras, pour la serrer contre moi.
- maman, pourquoi tu n'as pas d'amoureux?
- tu le sais ma chérie, ton papa reste mon amoureux même s'il n'est plus avec nous, je lui réponds avec les larmes aux yeux.
- c'est triste maman, tu crois qu'un jour je pourrais avoir un nouveau papa?
Je suis choqué de ses paroles venant d'une petite fille de son âge, je ne m'y attendais pas du tout. Il faut que je retienne mes larmes pour lui montrer que je suis force tout comme elle. Mais je me retrouve face à une situation assez délicate, la présence d'un papa lui manque, je le sais, mais aucun autre homme ne pourra remplacer son père.
- mon cœur, ton papa, restera toujours ton papa, peut-être qu'un jour j'aurais un amoureux, mais jamais il ne remplacera ton papa, je lui explique d'une voix calme.
Elle m'entoure avec ses petits bras autour de mon cou, et dépose un petit bisou sur ma joue. Je ne sais pas si elle a compris, d'habitude je demande toujours conseil à ma mère pour ce genre de situation. Ma mère sait comment expliquer à une petite fille que son père ne reviendra pas, on peut dire que j'ai vécu la même chose sauf que le mien père n'est pas mort, il a juste choisi de plaquer ma mère du jour au lendemain quand j'avais seulement 8 ans et je ne l'ai plus jamais revu. La seule sensation que je connais, c'est l'absence d'un père tout comme ma fille, mais toutes les deux, on forme une bonne équipe, et on va réussir à s'en sortir.
****
Encore une journée des plus normales qui s'achève. J'ai l'impression de vivre toujours les mêmes journées depuis 2 ans. J'amène Emy à l'école, puis je continue intensément ma recherche d'emploi, j'enchaîne les rendez-vous, mais à chaque fois c'est la même chose, vous n'avez pas assez d'expérience, etc. . Le pire, c'était quand je portais encore le nom de mon mari, j'avais le droit à un interrogatoire, "pourquoi ne pas travailler dans la maison d'édition de votre mari?", "Pourquoi avoir vendu l'entreprise?" ". Cela me serre le cœur, mais depuis que je porte mon nom de jeune fille, je suis plus tranquille, et les employeurs me jugent pour mon curriculum et pas pour les fautes de mon mari.
Vers midi, je vais rendre visite à ma mère, et la plupart du temps je reste déjeuner avec elle. On parle de tout et de rien, mais aujourd'hui je suis préoccupé par ce que m'a dit Emy, ce matin. Je sais déjà ce que ma mère va me conseiller, d'essayer de tourner la page et de refaire ma vie, sauf que moi je ne peux pas à chaque fois qu'un homme s'approche un peu trop de moi, me complimente ou me drague, j'ai l'impression de tromper Frank.
Ma mère a refait sa vie, un an après que mon père a mis les voiles. Et je ne lui n'en ai jamais voulu, bien au contraire, John a joué le rôle du beau-père parfait, même encore aujourd'hui avec Emy, il est un grand-père adorable et aimant. Mais bon peut-on comparer ma situation avec la sienne, je ne pense pas.
Après avoir passé une grande partie chez ma mère, c'est pitoyable mes journées sont tellement ennuyeuses que je les passe avec ma mère, je donnerais n'importe quoi pour avoir une vie bien plus passionnante à commencer par travailler.
Vers 16H je vais chercher Emy à l'école, j'évite de m'y attarder, le regard des autres parents est le même que la plupart des personnes que je rencontre, de la pitié. C'est vrai être veuve à seulement 26 ans, n'est pas très joyeux, mais je pense qu'à quel âge, la douleur est la même, on perd notre pilier, notre amour.
Emy s'entend plutôt bien avec ses camarades de classe, mais je sens que par rapport aux autres enfants, elle ne se sent pas trop à sa place. Le plus dur, c'est pour la fête des pères, ou le spectacle de fin d'année, je m'en veux tellement qu'elle soit obligée de vivre cette horrible épreuve. Quand on est parent, on veut toujours le meilleur pour ses enfants, et moi j'ai le sentiment d'échouer dans mon rôle de mère.
- maman, crie t-elle en courant vers moi.
Elle me saute dans les bras, et s'agrippe à mon cou comme si cela faisait des jours qu'elle ne m'avait pas vus. J'ai connu ce sentiment de perdre le seul parent qui nous reste, on veut profiter de chaque moment que l'on vit avant qu'il ne parte à son tour.
- tu as passé une bonne journée mon cœur?
- oui, et toi maman?
- il me tardait de te serrer fort dans mes bras.
Je la serre encore au plus près de moi, mes journées sont bien longues sans ma fille.
- je suis allé voir Mami Diane et Papi John.
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