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Sous la coupe du Gémeau

Sous la coupe du Gémeau

Constellation

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Chapitres

Une nouvelle au lycée, quel cliché ! Mais une nouvelle vivant isolée sur une colline avec comme seule famille un oncle asocial a de quoi intriguer. Surtout si celle-ci a des manies pour le moins inhabituelles...

Chapitre 1 Une aide indésirée

<< Faites attention à la nature humaine, derrière un sourire peut se cacher des désirs d'une extrême puanteur. >>

Symphonie dessina une rose sur son cahier. Elle hésita entre différentes nuances de rouge pour colorier ses pétales.

— Si le bon Dieu avait mis autant de temps pour choisir les couleurs, la création du monde se serait faite en un siècle.

— Victor, la réprimanda gentiment la jeune fille.

— Allons allons. Tigresse. Range les griffes.

Il alla servir des clients à deux tables de là. Puis revint vers elle. Il trouva l'adolescente entrain de colorier la première pétale.

— Quel talent ! S'exclama Victor.

Elle lui tira la langue en guise de réponse.

— J'ai fait des pancakes au sirop d'érable.

— Te connaissant il ne doit plus en rester, siffla-t-elle.

L'homme eu un sourire malicieux puis passa de l'autre côté du comptoir.

— Je t'en ai gardé justement.

Sur ce, il sortit une assiette joliment présentée.

— Waouh ! Fit la jeune fille. Malheureusement...

— Non, non, la coupa Victor. Ne me sors pas une autre excuse. Après une vingtaine de visites tu n'as jamais goûté à ma cuisine. Je commence à me sentir offenser. Mange. Cadeau de la maison.

— Victor...

— Symphonie si tu es allergique au sirop d'érable je t'offrirais des pancakes sans accompagnement.

Elle prit une bouffée d'air avant de tirer l'assiette vers elle. Elle fut parcouru de frissons. Victor l'observait inquiet. Il avait toujours soupçonné l'adolescente d'être anorexique bien qu'elle ait des hanches pleines. Il ne l'avait jamais vu ingurgité quoi que ce soit, trouvant toujours des excuses non crédibles. Même pendant les soirées elle n'avalait jamais rien. Même pas des amuse-bouches, et encore moins des boissons. Ni même des cocktails natures. Elle prit un bout de pancake qu'elle porta à ses lèvres. Elle le mâcha très lentement comme si elle découvrait le goût pour la première fois. Elle en reprit une autre bouchée juste après. Mais elle se mit à tousser violemment juste après l'avoir avalé.

— Symphonie, hurla l'oncle de la jeune fille en les rejoignant.

— Pourquoi tu lui as donné à manger ? Gronda-t-il Victor en traînant sa nièce aux toilettes.

Là, elle toussa au point de vomir le contenu de son estomac. Son oncle lui tapota le dos et empêchait ses cheveux de se mélanger au vomis. Lorsque Symphonie eut fini de dégurgiter, elle alla se rincer le visage et la bouche toujours avec l'appui de son oncle.

— Elle va mieux ? Demanda Victor sur le pas de la porte une expression inquiète peinte sur le visage.

— Oui mais pas grâce à toi, lui fit froidement Newton.

— Je ne savais pas qu'elle était allergique aux pancakes ou au sirop d'érable.

— La prochaine fois évite juste de la nourrir Victor. Bonne soirée.

Newton sortit en traînant presque sa nièce qui avait retrouvé condescendance. Celle-ci lança au passage un regard désolé à Victor. Le duo sortit donc du snack à pas de géant. Newton força presque sa nièce à grimper dans son pickup. Il prit place près d'elle sur le siège passager.

— Qu'est-ce qui t'es passé par la tête bon sang ? Hurla-t-il.

— Il semblait vexer que je ne touche jamais aux petits plats qu'il me concocte. Je voulais juste être gentille.

— A quoi ça sert d'être gentille si c'est pour finir dans une tombe ?

— Oncle Newton je voulais aussi savoir quel goût ça avait. Juste une fois...foutue maladie ! Fit-elle en se calant dans son siège.

L'homme se radoucit. Il reconnaissait avoir eu une réaction disproportionnée.

— Bon oublions cette histoire tu veux. Ma tournée est terminée. Tu veux faire un truc en particulier ?

— Un détour par le parc ? Proposa-t-elle en faisant les yeux doux.

— Allons-y alors.

Le parc était tout juste à cinq minutes du snack «LA CAVE» qui appartenait à Victor. Ils s'y rendirent donc sans encombre. Le parc était quasiment vide ce jour. Juste quelques rares cyclistes et couples étaient dispersés ça et là. Symphonie et son oncle s'installèrent près du lac, leur endroit favoris. Ils avaient même adopté un petit rituel. Newton s'allongeait sur le dos, les mains derrière la tête et se mettait à siffloter un air musical. Symphonie quand à elle s'asseyait en tailleur et perdait son regard dans la contemplation du lac. Elle connaissait d'ailleurs déjà tellement bien l'étendue d'eau inerte qu'elle l'avait dessinée plusieurs fois. Pourtant, elle ne se lassait pas de l'observer. Ce qui la mettait particulièrement en joie ce jour était le retour des canards qui avaient déserté le lac des mois plutôt dû à l'hiver.

— La prochaine fois nous viendrons avec de quoi nourrir les canards, dit-elle tout sourire à son oncle.

— En attendant nous pouvons les nourrir ensemble, fit une voix à quelques pas d'eux.

Notre duo avait donc tourné la tête vers l'intrus. Il s'agissait d'une femme d'un certain âge accompagnée d'un jeune homme aux cheveux blonds comme le blé, à la silhouette élancée et d'un mètre quatre-vingt dix au moins.

— Je me nomme Blanche, fit la femme avec un sourire amical. Et voici mon fils Soul. Et vous ?

Newton se redressa et adressa un sourire poli à la femme en répondant :

— Je me nomme Newton. Et à côté de moi il s'agit de ma nièce Symphonie.

Les regards mi-curieux mi-surpris des nouveaux arrivants se portèrent sur l'adolescente.

— Votre nièce ? fit Blanche.

Cela avait de quoi surprendre. Newton était un quadragénaire blond muni d'une barbe et Symphonie une jeune fille de couleur café.

— Oui. Ses parents sont en voyage donc en attendant je m'occupe d'elle, répliqua Newton qui avait compris sa question muette mais ne souhaitait pas s'y attarder.

— Je vois..., Fit Blanche. Et pour combien de temps ?

— Aucune idée, fit négligemment Newton.

Il la trouvait bien trop envahissante, trop curieuse.

— Comment des parents sains d'esprit peuvent abandonner leur enfant pour entreprendre un voyage ? S'enquit Blanche visiblement choquée.

— Ce n'est pas grave madame, intervint Symphonie. J'ai l'habitude. Et puis mon oncle veille très bien sûr moi ne vous en faites pas.

Newton lui lança un regard empli de fierté.

— Tu vas dans quel lycée ? Demanda le dénommé Soul en prenant place près de Symphonie.

— Pour le moment aucun.

— Comment ça aucun ? S'immisça Blanche.

— Elle n'était pas censée mettre autant de temps chez moi. Du coup je n'ai pas jugé bon de l'inscrire dans une école.

Blanche se mit en face du reste du groupe en prenant la parole :

— Il faut donc rapidement remédier à cette situation. Viens au lycée Splant. Mon fils y fréquente.

Cela ressemblait à la tournure d'un vieux film. Une parfaite inconnue apparaissant dans nul part et qui prend à cœur d'épauler les protagonistes. Cela ne pleut pas à Newton...Il est vrai que peu de choses plaisait vraiment à l'homme aux tendances asociales.

— Non, s'empressa de dire Newton. Et puis nous sommes déjà au deuxième trimestre....

— Trimestre qui n'a commencé qu'il y'a une semaine. Ne me dites pas que vous préfériez que votre nièce loupe une année ?

— Ce n'est pas de ça qu'il s'agit...et puis...même si je le souhaitais ses parents n'ont laissé aucun de ses documents officiels pour permettre son inscription où que ce soit.

Blanche frappa dans ses mains avec entrain.

— Ce n'est pas un problème voyons. Mon frère est le proviseur du lycée. Je lui expliquerai la situation. Vous nous remettrez ses papiers lorsque ses parents reviendront afin que nous complétions son dossier scolaire le moment venu.

Newton se tourna vers Symphonie dont le regard pétillait visiblement d'excitation. Cela ne le rassura pas. Bien au contraire. Voyant sa réticence, Blanche décida d'insuffler le coup de grâce.

— A moins bien sûre que vous ayez des choses à cacher.

A cette phrase, Newton se redressa comme piqué. À son ton il comprit. C'était pour cela qu'elle les avait abordé. La finalité était de faire entrer Symphonie dans cette école. Mais pourquoi ?

-- Merci mais on s'en passera, dit-il avec le sourire le plus faux qu'il ait.

-- Je ne crois pas, fit Blanche Blanche. Je le dis pour son bien à elle. Si les services sociaux apprennent cela je doute qu'elle ne reste avec vous encore longtemps.

Une menace dissimulée. À cet instant Newton se dit que le diable était une femme.

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