Elle l'avait quitté pour toujours. « Tu ne m'avais pas vue, » lui avait-elle dit, « ni moi, ni ce dont j'avais besoin. » Khalil se souvenait de ses promesses : « Je te rendrai heureuse, je te protégerai. » Mais le silence et les mensonges avaient fini par tout détruire. Lorsqu'ils se séparaient, elle n'avait pas cherché à se justifier. Simplement, elle était partie. Des années passèrent, et alors que le vent du regret soufflait fort sur lui, il la retrouva, transformée, et pleine de nouvelles cicatrices. L'amour qu'il croyait disparu ressurgit, mais elle l'avait oublié, lui et tout ce qu'ils avaient été. Khalil devait choisir : réparer ce qu'il avait brisé, ou laisser le passé engloutir le présent. Elle, elle savait déjà.
Chapitre 1
Le téléphone vibre. Khalil laisse les vibrations se prolonger, observant l'écran qui ne montre que le nom de sa famille, une notification quelconque. Il attend encore. Le vibreur cesse. Il s'apprête à poser le téléphone quand il retentit à nouveau. Il décroche sans regarder.
– Khalil, c'est ton père. J'ai des nouvelles.
Un silence trop long avant qu'il ne continue.
– C'est fini. Elle t'a quitté. Elle est partie, sans rien dire, sans même une explication.
Le monde de Khalil se fige. Les mots de son père résonnent dans sa tête, comme une cloche qui n'en finit pas de tinter. Elle est partie. Il y a un moment de vide, une absence qui s'installe dans ses entrailles. Son souffle se fait court. Ça n'avait pas l'air possible. Pas avec elle. Pas avec ce qu'ils avaient.
– Comment ça ?... Pourquoi ?
Sa voix est éteinte, perdue. Il se lève, trébuche, se raccroche à la première chaise qu'il trouve.
– Je ne sais pas. Elle a pris ses affaires et elle est partie. Elle ne t'a pas laissé de message. Rien. Elle est juste partie. C'est tout.
Il s'assoit. Il se sent vidé, comme si tout avait disparu, tout ce qu'il avait construit. Il passe une main dans ses cheveux. Ses doigts frémissent. Tout semblait aller si bien, pourtant. Ils s'étaient retrouvés après des années d'éloignement, les choses s'étaient remises en place si naturellement, comme si rien n'avait changé, comme si rien n'était cassé.
Mais il n'avait pas vu. Ou peut-être qu'il ne voulait pas voir. Peut-être qu'il se disait que tout allait s'arranger avec le temps. Peut-être qu'il pensait qu'il n'y avait pas de retour en arrière possible, qu'elle le garderait, qu'ils resteraient ensemble. Mais elle l'avait laissé sans un mot, sans une explication. Et ça, c'était pire que tout.
Elle avait dit qu'elle reviendrait, qu'elle avait besoin de temps. Mais il savait, au fond, qu'elle ne reviendrait pas. Elle avait suffoqué dans leur relation. Elle avait disparu de sa vie, laissant son cœur là, au milieu de tout. Il avait vu les signes, mais il n'avait pas su les lire.
Il se rappelle leurs premiers moments. Comme si c'était hier. La première fois qu'ils s'étaient vus, il n'avait rien ressenti de spécial. Elle n'était pas sa type. Trop froide, trop distante. Pas vraiment son genre. Mais, au fil des semaines, au fur et à mesure qu'ils se sont croisés, ses yeux l'avaient fasciné. Il se souvient de la manière dont elle l'avait regardé ce soir-là, cette lueur particulière dans son regard. Elle lui avait dit qu'elle ne voulait pas de cette relation. Il ne l'avait pas cru. Il pensait qu'il pouvait la convaincre. Il avait tort. Elle n'était pas comme les autres. Elle avait sa propre force, sa propre indépendance. Ce n'était pas une faiblesse, mais une barrière. Une forteresse qu'il n'avait jamais réussie à franchir.
Il se souvient d'un autre moment. Lorsqu'elle était allée faire un tour avec ses amies, il avait attendu. Il l'avait attendue pendant des heures, pensant qu'elle reviendrait, qu'elle allait l'appeler. Quand il l'avait vue revenir, il l'avait attirée dans ses bras, la serrant comme si c'était la dernière fois qu'il la tiendrait. Il l'avait sentie frémir sous ses mains, un frémissement qu'il n'avait pas compris à l'époque. Il ne savait pas encore qu'elle se sentait piégée. Elle lui avait murmuré : « Laisse-moi. » Mais il l'avait ignorée, enfouissant sa main dans ses cheveux, la pressant contre lui. Pourquoi avait-elle dit ça ? Il ne comprenait pas. Il ne pouvait pas comprendre. Mais, en réalité, il savait. Quelque part au fond de lui, il savait qu'il n'avait pas su lui offrir ce dont elle avait besoin.
Le téléphone de Khalil vibre encore une fois, cette fois c'est un message. Il n'ose pas ouvrir. Un malaise étrange lui serre la poitrine. Il n'a pas besoin de le lire pour savoir ce qu'il contient. Il le sait déjà. La décision était prise. Elle ne reviendrait pas.
Les souvenirs défilent en boucle. Un dîner à la lueur des bougies, des rires dans la nuit, leurs corps s'effleurant sous les draps. Il se souvient de la chaleur de ses lèvres contre les siennes, de la douceur de sa peau. Il se souvient des promesses qu'ils s'étaient faites, des projets qu'ils avaient dessinés ensemble. Des rêves qu'ils avaient partagés, comme si tout était possible. Et pourtant. Et pourtant, il se rend compte qu'il a échoué. Pas parce qu'il n'a pas essayé, mais parce qu'il n'a pas compris ce dont elle avait besoin.
Le silence devient pesant. Il a l'impression que tout son corps est devenu une masse de ciment, lourde, glacée. La tristesse, la colère, la confusion. Il se sent comme un navire qui a perdu son cap, à la dérive, sans savoir où aller. Tout s'effondre autour de lui. Tout ce qu'il avait de solide, de tangible, s'évapore.
Il pose son téléphone, le regardant sans vraiment le voir. Elle n'est plus là. Il ferme les yeux, mais tout revient, trop fort, trop vite. Les souvenirs du passé, les promesses non tenues, les espoirs brisés. Il se sent stupide. Il aurait dû savoir. Il aurait dû sentir qu'elle n'était pas faite pour lui. Elle était trop libre pour être enfermée dans une relation comme la leur. Trop fière. Trop indépendante. Trop forte. Il se dit qu'il n'avait pas su la voir, qu'il avait été trop centré sur lui-même pour comprendre ses besoins, ses désirs.
– Elle est partie. Khalil, elle ne reviendra pas, lui dit son père au téléphone.
Il sent la lourdeur de ces mots, une certitude glacée qui s'insinue en lui. Une réalité qu'il ne peut fuir. Il aurait voulu crier, hurler, mais il est paralysé. Par quoi ? Par la peur de tout avoir perdu, par la douleur d'un amour qui ne reviendra jamais.
Il raccroche, son corps lourd et figé, ses pensées en tumulte. Il reste là, sans bouger, le regard perdu dans le vide. Il repense à ce qu'elle lui avait dit avant de partir : « Tu ne m'as pas vue. Ni moi, ni ce dont j'avais besoin. » Elle avait raison. Elle avait toujours eu raison. Mais lui, il n'avait pas voulu le voir. Il ne l'avait pas vue. Pas vraiment. Et maintenant, il ne la verrait plus jamais. Elle était partie, emportant avec elle un morceau de lui qu'il ne retrouverait plus jamais.
Il ferme les yeux. Il y a des choses qu'on ne récupère pas. L'amour, la confiance, et parfois, la vérité. Et lui, il n'aura jamais cette chance.
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