Le destin a ses propres rÚgles et Lucia qui pensait reprendre sa vie en main, se retrouve contrainte d'endosser un rÎle qui la dépasse. Devenir la femme de l'héritier du clan Caruso allait lui réserver bien des surprises...
- Lucia, qu'est-ce que tu fiches ? Tu n'as pas encore fini cette partie de la rue ?!
Josie se précipita vers la jeune contractuelle, tandis qu'elle restait figée, encore sous le coup de l'émotion.
- Qui c'est ? Tu connais ce type ? L'interrogea son binĂŽme une fois Ă sa hauteur.
- Non, bredouilla Lucia en ne quittant pas du regard l'homme qui venait de monter dans son bolide et de démarrer. C'est...
Elle ne finit pas sa rĂ©ponse, que sa collĂšgue jeta un Ćil sur la contravention en miettes devant ses pieds.
- Il y a vraiment des cas dans cette ville. Avec la voiture qu'il conduit, ne me dis pas que ça lui ferait mal de régler une misérable prune. Puis en voyant le bloc de bordereau complÚtement chiffonné entre les mains de sa collÚgue. Attends ? Ne me dis pas qu'il t'a aussi pris le talon ?! Tu te souviens de son numéro de plaque ?
- Je... je suis désolée... je l'ai noté machinalement mais je ne m'en rappelle plus.
Josie réprima un juron, et alors que le contrevenant était déjà au bout de la rue, elle tenta de relever son numéro.
- Rhaaa ! Je ne vois rien d'ici...
« Qu'est-ce qui m'a pris ? Se demanda Lucia qui émergeait doucement de son état. Je me suis formée à ce genre d'incident, alors pourquoi je suis restée sans réagir. »
En temps normal, ça ne se serait pas passé ainsi. Plus de deux ans à ce poste et c'était la premiÚre fois qu'elle restait pétrifiée devant une personne mécontente.
Les yeux glacials et menaçants de l'homme qui l'avait pris Ă parti, sa haute stature et son Ă©tat de colĂšre l'avaient comme muselĂ©. Elle n'eut pas, mĂȘme, la force de respirer tandis qu'il lui faisait remarquer, et pas de la plus agrĂ©able des maniĂšre, qu'il avait Ă peine dĂ©passĂ© le temps allouĂ© par la place minutĂ©e. A aucun moment il n'avait Ă©levĂ© la voix, mais l'autoritĂ© et la condescendance, qui Ă©manait de cette derniĂšre, n'en n'Ă©tait pas moins intimidante.
S'il en avait fait la demande, poliment, Lucia aurait mĂȘme repris l'amende, elle n'Ă©tait pas du genre Ă aligner une personne pour une minute de retard. Mais ce type n'avait mĂȘme pas essayĂ© de nĂ©gocier, il s'Ă©tait juste abattu sur elle comme la foudre.
Ce qui avait participé à déstabiliser la jeune femme, était cette étrange impression. Elle ne connaissait pas cet homme, mais son air, ou plutÎt son regard, lui était familier.
- Te tracasse pas, fit Josie en comprenant qu'elle ruminait encore ce qui venait de se passer, on a tous des journées sans... Qu'est-ce que tu fais ? S'interloqua-t-elle en voyant Lucia s'accroupir, soudainement.
- Ăa se voit non ? Je ramasse les morceaux du bordereau. En les recollant j'arriverai peut-ĂȘtre Ă dĂ©chiffrer l'immatriculation de ce mec.
- Laisse tomber. On a bien trop Ă faire pour se prendre la tĂȘte avec un puzzle. Et puis, fit sa collĂšgue en lui dĂ©signant des poteaux de feux de signalisation Ă l'angle de la rue, avec un peu de chance les camĂ©ras ont peut-ĂȘtre enregistrĂ© quelque chose.
Trop occupée à récupérer les bouts de papiers qui étaient semés un peu partout autour d'elle, Lucia ne l'écoutait que d'une oreille. Puis en se rapprochant du bord du trottoir, un objet scintillant attira son attention. Un solitaire argenté serti d'une belle pierre.
Du bout des doigts, elle saisit la bague avant de se rappeler, qu'elle avait entendu un lĂ©ger son mĂ©tallique, durant son altercation avec ce type. Ce bijoux lui appartenait peut-ĂȘtre. Des initiales Ă©taient gravĂ©es Ă l'intĂ©rieur : C.L, ainsi qu'un poinçon tĂȘte d'aigle.
- De l'or ? Marmonna-t-elle en se relevant.
- Qu'est-ce que tu racontes ? Demanda Josie en se penchant au-dessus de son Ă©paule pour tenter de voir ce qu'elle faisait.
- Non, rien, fit-elle en glissant le solitaire dans sa poche. On devrait aller manger, on est bien assez en retard comme ça.
- Bonne idée, je meurs de faim.
Une poisse n'arrivant jamais seule, la journée de Lucia passa sous le signe de la guigne : rien sur les images prises par les caméras des feux et un passage de savon en bonne et due forme par sa cheffe, qui releva sa négligence dans cet incident.
- Je déteste vraiment ce job, pesta la jeune femme en sortant du bureau de sa supérieure. A quel moment je me suis dit qu'il serait cool de dresser des ProcÚs-Verbaux ?
Enfin, elle savait trÚs bien qu'elle s'était engagée dans cette voie par dépit, aprÚs le lycée. Elle devait travailler pour subvenir à ses besoins et surtout aider sa mÚre dont la santé était devenue mauvaise.
Aujourd'hui elle était seule, et s'obstiner à garder cet emploi n'avait plus de sens. Elle voulait prendre un nouveau départ. A vingt-deux ans, elle espérait se lancer dans le domaine qui l'avait toujours intéressé : L'art. Plus précisément, la peinture.
Quelques jours auparavant, elle avait sauté le pas et avait donné sa démission. A présent, il ne lui restait plus qu'une semaine à tenir, aprÚs quoi, elle serait libre.
Au vestiaire, elle se changea rapidement et passa un coup de brosse sur ses cheveux. Enfin c'était vite dit. Sa tignasse indisciplinée faisait de la résistance comme toujours. Elle en profita pour retirer la bague de la poche de son uniforme et la rangea dans son sac. Elle comptait rendre le bijoux à l'homme qui l'avait malmené, une fois qu'elle aurait mis la main sur son identité.
Ce soir-lĂ , Josie voulut absolument la trainer pour prendre un verre. Un rituel que les deux collĂšgues s'octroyaient rĂ©guliĂšrement depuis le dĂ©cĂšs de la mĂšre de Lucia. Avant cela, il aurait Ă©tĂ© impensable pour cette derniĂšre de faire autre chose, que de rester au chevet de l'ĂȘtre qui lui Ă©tait le plus cher au monde.
- Champs-ElysĂ©es Clemenceau ? Demanda Lucia aprĂšs que sa collĂšgue lui ai fait signe qu'elles descendaient Ă cette station. OĂč est-ce qu'on va ?
- Je te l'ai dit, c'est une surprise. Alors suis-moi sans poser de questions.
AprĂšs une petite trotte, Josie s'arrĂȘta devant l'entrĂ©e d'un grand hĂŽtel parisien et se tourna vers son amie en souriant :
- Que penses-tu de prendre notre verre ici, ce soir ? Vu que ça sera probablement la derniÚre fois qu'on le fera en tant que collÚgues, on doit marquer le coup, non ?
- Josie... fit la jeune femme Ă©mue aux larmes.
- Hé si tu commences à chialer, j'annule la réservation...
- Non c'est bon, fit-elle en essuyant ses yeux du revers de sa manche. En tout cas, tu es la plus cool des collĂšgues et surtout, la plus chic des amies...
Elle ne le montrait pas Ă cause de son caractĂšre tĂȘtu mais Josie Ă©tait trĂšs attachĂ©e Ă Lucia et l'inverse Ă©tait vrai. Elles avaient le mĂȘme Ăąge et avaient passĂ© leurs concours de contractuelles ensemble.
Le destin voulut aussi qu'elles se retrouvent employĂ©es dans la mĂȘme ville. Deux ans Ă travailler en binĂŽme, ce n'Ă©tait pas rien et cette sĂ©paration prochaine pesait beaucoup sur les deux amies.
Le bar de l'hÎtel n'avait rien de comparable à ce que Lucia avait vu jusque-là . C'était carrément une autre dimension. Tout y était démesurément grand et faste, surtout le plafonnier. Une ambiance feutrée et teintée d'un bleu apaisant invitait à la détente et à la décontraction. AprÚs la journée qu'elle venait de passer, ce lieu était tout indiqué pour la remettre d'aplomb.
Leur tables ayant été réservées, les deux femmes furent accompagnées à celle-ci par un jeune serveur à l'allure impeccable. Alors que Lucia allait prendre place, une haute silhouette d'homme, traversa le fond de la salle et attira son attention.
- Ăa va ? S'enquit son amie en se tournant en direction de son regard.
- C'est juste que j'ai cru voir..., non, rien oublie ça. Je dois avoir la berlue fit-elle en balayant l'idée d'avoir aperçu le type de ce matin. Alors on commande quoi ?
- Ce que tu veux...
La soirĂ©e dĂ©butait et du monde commençait Ă emplir les lieux. Lucia n'avait pas l'habitude de boire mais encouragĂ©e par sa collĂšgue qui voulait absolument fĂȘter son dĂ©part, elle essaya quelques cocktails en vogue dans les lieux.
Que n'avait-elle pas fait ? La tĂȘte lui tournait et des bouffĂ©es de chaleur l'empĂȘchaient de respirer Ă son aise. Prise de nausĂ©e, elle s'excusa auprĂšs de Josie et quitta la table en direction des W-C.
- Il faut que je tienne, se rĂ©pĂ©ta la jeune femme qui sentait que son estomac faisait des remous. J'y suis presque, ça doit ĂȘtre par-lĂ ...
TĂȘte baissĂ©e, Lucia pressa le pas comme elle pouvait. En arrivant au couloir qui menait au toilette, un haut le cĆur puissant fit remonter toutes les boissons qu'elle avait avalĂ©. Le jet incontrĂŽlĂ© vint atterrir sur le pantalon et les chaussures d'un homme qui venait d'en face.
- Oh ! DĂ©solĂ©e, s'excusa-elle sans relever la tĂȘte et encore en proie Ă la nausĂ©e.
- Encore vous ?! Gronda une voix que Lucia reconnu immédiatement et qui la fit dégriser trÚs vite.
Non, c'était impossible. Elle devait halluciner sous l'effet de la boisson. Oui c'était ça. Le Black Mojito et le Sex on the Beach étaient la cause de ce mirage. La personne qui l'avait prise à partie dans la matinée ne pouvait pas se retrouver ici, en face d'elle.
- Monsieur Caruso, vous allez bien ? Fit un homme en accourant vers lui.
- Comment ça pourrait aller ? Cette ivrogne vient de vomir ses tripes sur mes chaussures. Et mon pantalon...
Ce timbre grave à l'accent méditerranéen, ce regard froid et cette silhouette dominatrice, il n'y avait pas l'ombre d'un doute, cet homme était bien réel et il la dominait de sa hauteur...
Chapitre 1 Nouveau départ
21/10/2021
Chapitre 2 La bague
21/10/2021
Chapitre 3 Nonnu
21/10/2021
Chapitre 4 Proposition
21/10/2021
Chapitre 5 L'arrangement
21/10/2021
Chapitre 6 DĂ©part pour Syracuse
23/10/2021
Chapitre 7 Un vol inattendu
23/10/2021
Chapitre 8 La demeure des Caruso
25/10/2021
Chapitre 9 La robe
25/10/2021
Chapitre 10 Les vĆux
25/10/2021
Chapitre 11 Le baiser
26/10/2021
Chapitre 12 Venise
26/10/2021
Chapitre 13 Laure
26/10/2021
Chapitre 14 Le cousin de Vincenzo
26/10/2021
Chapitre 15 La Familia
26/10/2021
Chapitre 16 Et si c'Ă©tait de l'amour
26/10/2021
Chapitre 17 Un rĂȘve
26/10/2021
Chapitre 18 La plage des Caruso
26/10/2021
Chapitre 19 Confidence
26/10/2021
Chapitre 20 Milano
26/10/2021
Chapitre 21 Soirée mondaine
26/10/2021
Chapitre 22 Ne pleure pas, c'est toi qui a commencé
26/10/2021
Chapitre 23 Les Termes du contrat
27/10/2021
Chapitre 24 Le contrat change
27/10/2021
Chapitre 25 Sors avec moi
27/10/2021
Chapitre 26 Le début
27/10/2021
Chapitre 27 Un petit ami
27/10/2021
Chapitre 28 La découverte de Don Marco
27/10/2021
Chapitre 29 Le retour tant attendu
27/10/2021
Chapitre 30 Anniversaire
27/10/2021
Chapitre 31 Le cadeau
27/10/2021
Chapitre 32 Cannoli
28/10/2021
Chapitre 33 Des bras réconfortants
28/10/2021
Chapitre 34 La fille d'un escroc
28/10/2021
Chapitre 35 Notre accord est nul et non avenu
28/10/2021
Chapitre 36 DĂ©part
28/10/2021
Chapitre 37 Une famille ruinée
28/10/2021
Chapitre 38 Tu étais prévenue
28/10/2021
Chapitre 39 Pas d'autres choix
28/10/2021
Chapitre 40 Taormina
28/10/2021
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