Fraîchement diplômée, criblée de dettes et larguée par mon petit ami Beta, je ne m'attendais pas à ce qu'une nuit de folie avec un inconnu dans un club bouleverse ma vie. Deux jours plus tard, je découvre que mon coup d'un soir n'est autre qu'Elias Darrow, un Alpha milliardaire... et mon futur employeur. Comment ai-je fini par devenir l'assistante personnelle de cet homme séduisant, veuf et père d'un petit garçon mutique ? "Je ne savais pas que c'était vous lors de l'entretien..." "Moi, je savais. Et je vous ai embauchée exprès." Je fronce les sourcils. "Pourquoi ?"
Le vacarme de la porte qui claque résonnait encore dans ma tête, un écho sourd qui se mêlait à la douleur vive plantée en plein cœur. J'avais quitté l'appartement que je partageais avec Marc en emportant ce que je pouvais tenir dans une valise cabossée. Juste le nécessaire. Le reste n'avait plus aucune valeur à mes yeux, pas après l'avoir trouvé en train de détruire notre histoire avec une facilité déconcertante.
La scène continuait de tourner en boucle dans mon esprit, comme une mauvaise série dont je n'arrivais pas à changer de chaîne. Marc, torse nu, penché au-dessus de Nina Howard, ma collègue - une femme avec laquelle j'avais passé des heures à travailler sur des projets sans jamais imaginer qu'elle pourrait me poignarder dans le dos, littéralement et figurativement. Sa chemise froissée pendait à moitié du lit. Mon lit. Et leurs rires étouffés s'étaient figés lorsqu'ils m'avaient vue là, dans l'encadrement de la porte, immobile.
- « Alyssa... Ce n'est pas ce que tu crois ! » avait-il bafouillé en se redressant, maladroitement.
Nina, elle, n'avait pas dit un mot. Elle avait simplement attrapé le drap pour cacher son corps, mais le sourire narquois qu'elle avait esquissé m'avait fait plus mal que les mots maladroits de Marc.
- « Pas ce que je crois ? » avais-je répondu, la voix cassée par l'émotion. « Alors explique-moi ce que ça pourrait être, Marc. J'écoute. »
Il était resté muet. Aucun mot n'aurait pu réparer ce que je venais de voir. À cet instant, quelque chose s'était brisé en moi. Pas juste mon cœur, mais quelque chose de plus profond, une part de confiance naïve que je portais en moi depuis toujours.
Je n'avais pas pleuré, pas devant eux. J'avais simplement tourné les talons, traversé le salon où trônait encore une photo de nous deux souriants, et j'étais partie sans me retourner.
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Clara m'attendait déjà devant mon immeuble lorsque j'étais sortie, la valise bringuebalante derrière moi. Elle avait ce don de toujours apparaître au bon moment, comme si elle sentait mes malheurs à des kilomètres. Ses cheveux châtains étaient tirés en une queue-de-cheval soignée, et son expression mélangeait colère et compassion.
- « Il a vraiment osé, ce connard ? » lâcha-t-elle en ouvrant le coffre de sa voiture pour y glisser ma valise.
Je hochai simplement la tête, incapable de formuler une phrase cohérente.
- « Tu sais quoi ? Ce soir, on oublie ce type. On sort. »
Je levai un sourcil, sceptique.
- « Clara, je viens littéralement de découvrir mon copain au lit avec ma collègue. Tu crois vraiment que j'ai envie de sortir faire la fête ? »
Elle haussa les épaules avec un petit sourire en coin.
- « Justement. Si tu restes enfermée, tu vas ressasser ça toute la nuit. Alors que si tu viens avec moi... qui sait, peut-être qu'un peu de tequila et de bonne musique te feront oublier cette histoire, ne serait-ce qu'un moment. »
Je savais qu'elle avait raison, mais une part de moi se sentait coupable à l'idée de m'amuser alors que ma vie venait de s'effondrer. Pourtant, après une douche rapide et un relooking express orchestré par Clara, je m'étais retrouvée dans sa voiture, en route pour un club qu'elle adorait.
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Le lieu était bruyant, rempli de gens qui semblaient tous parfaitement insouciants. La musique pulsait à un rythme qui faisait vibrer mes os, et l'odeur mélangée de parfums coûteux et d'alcool planait dans l'air. Clara m'entraîna directement vers le bar, ignorant mes protestations.
- « Deux shots de tequila, s'il vous plaît, » ordonna-t-elle au barman, qui lui offrit un sourire charmant avant de préparer nos verres.
Je pris mon shot sans conviction, mais le liquide brûlant qui coula dans ma gorge m'apporta un semblant de courage. Clara se mit à danser presque immédiatement, et je la regardais, jalouse de sa capacité à vivre pleinement l'instant présent.
- « Viens ! » cria-t-elle par-dessus la musique, tirant ma main pour m'entraîner sur la piste.
Je me laissai faire, même si mes mouvements étaient maladroits. Les premières minutes furent gênantes, mais petit à petit, je commençai à me détendre. L'alcool aidait, sans doute, mais il y avait aussi cette ambiance, cette énergie brute qui semblait effacer tout le reste.
Et c'est alors que je le vis.
Il se tenait près du bar, un verre à la main, ses yeux sombres parcourant la foule avec une intensité troublante. Grand, avec des épaules larges et une allure qui respirait l'assurance, il semblait presque déplacé dans ce lieu chaotique, comme une œuvre d'art accrochée dans un hangar.
Nos regards se croisèrent, et ce fut comme si tout autour de nous s'était arrêté.
Je détournai les yeux, le cœur battant à tout rompre, mais je sentais encore son regard sur moi, brûlant, inévitable. Quelques instants plus tard, je le vis se diriger vers moi, son pas lent et maîtrisé, comme s'il savait exactement ce qu'il faisait.
- « Vous dansez bien, » dit-il, sa voix grave et légèrement rauque couvrant aisément le bruit de la musique.
Je ris nerveusement, ne sachant pas quoi répondre.
- « Merci, je suppose. Même si je doute que ce soit vrai. »
Il sourit, et ce sourire... c'était le genre de sourire qui pouvait faire perdre pied à n'importe qui.
- « Elias, » se présenta-t-il, tendant une main.
Je la pris, un peu hésitante.
- « Alyssa. »
Il ne lâcha pas ma main tout de suite, ses yeux plantés dans les miens, comme s'il cherchait à lire en moi.
- « Enchanté, Alyssa. »
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Ce qui suivit resta flou dans mon esprit. Je me souvenais de sa voix, de ses mains, de la façon dont il avait réussi à me faire oublier tout ce qui m'avait menée ici. Il avait cette manière de parler qui donnait l'impression qu'il voyait au-delà des apparences, comme s'il comprenait des choses que moi-même j'ignorais.
À un moment, nous étions sortis du club, la fraîcheur de la nuit m'arrachant un frisson. Je ne savais pas si c'était l'alcool ou autre chose, mais j'avais accepté son invitation sans même réfléchir.
Son appartement était spacieux, minimaliste mais élégant, à son image. Je n'avais posé aucune question. Pas sur qui il était, pas sur ce qu'il faisait. Tout ce que je savais, c'est qu'à cet instant précis, je voulais oublier.
Et Elias semblait vouloir la même chose.
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Le lendemain matin, les premiers rayons du soleil filtraient à travers les rideaux lorsque je me réveillai. Elias dormait encore, son torse légèrement découvert par le drap. Je pris quelques secondes pour l'observer, mémoriser les traits de son visage avant de me lever doucement pour rassembler mes affaires.
J'avais laissé une note, juste deux mots griffonnés sur un morceau de papier : Merci. Pardon.
Puis j'étais partie, le cœur plus léger mais l'esprit tourmenté par ce que cette nuit signifiait vraiment.
Je savais que ce n'était pas la fin de l'histoire. Ce genre de rencontre laissait toujours des traces. Mais je n'étais pas prête à affronter ce que je ressentais. Pas encore.
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