Toi, pour toujours

Ella

C’est le soir de mes 22 ans.

Les filles ont décidé, qu’il était temps de me sortir de ma grotte. Stacy et Gaby discutent sur le canapé.

- Ella, dépêche ! On va être en retard ! S’écria Gaby.

- J’arrive dans deux minutes, laisse-moi le temps d’enfiler mes chaussures.

Je regarde ma tête dans le miroir. Ça doit bien faire trois ans que je ne suis pas sorti en boîte. Entre mes cours d’art et mes petits boulots, j’ai du mal à me dégager du temps. Heureusement que Stacy et Gaby ne m’ont pas lâché. Elles ont toujours été là pour moi. On s’est rencontré en primaire, alors qu’un des garçons de la classe m’embêtait. Elles ont tout de suite pris ma défense, m’ont pris par la main et ne l’ont jamais lâché.

Il y a trois ans, j’ai perdu mes parents dans un accident de voiture. Et puisque je suis fille unique, j’ai été confié à ma grande tante. Tante Mary est adorable. Elle a toujours essayé de bien faire, de combler le trou béant qui grandissait en moi. Mais malgré toute cette gentillesse, j’ai toujours eu du mal m’habituer à sa présence. Je préfères largement me réfugier dans mes livres d’art, au musée ou m’occuper l’esprit avec mes petits boulots.

Enfin bref, ce soir c’est différent. On ne pense pas à tante Mary, aux boulots ou aux arts. Ce soir, on sort et on fait la fête!

Pour l’occasion, j’ai fait un tour dans les magasins avec Gaby, notre styliste en chef. J’ai acheté une superbe robe moulante noir, une paire d’escarpins d’une hauteur indécente! Et une magnifique veste en cuir noir. Sans elle, je ne me serais jamais permis ces folies.

J’avais l’air d’une vrai lionne dans le miroir. Je me reconnaissais à peine. Stacy était passé par là. Elle étudiait la coiffure et avait un vrai don pour le maquillage. Contrairement à mon habitude, elle avait décidé qu’il était préférable de laisser mes cheveux lâché. Brun rosé, long et bouclé, ils tombaient en cascade sur mes épaules. Pour ce qui est de mon visage, elle a opté pour un maquillage léger. Le trait noir sur mes yeux était bien suffisant pour les faire ressortir.

Elles se sont tout de suite levé en me voyant sortir de la salle de bain.

- Je savais qu’une bombasse se cachait sous cette vieille salopette! Tu es renversante. Dit Gaby en me dévisageant de haut en bas.

- Elle a raison. J’ai vraiment fait du bon boulot.

Dit Stacy en riant.

- Merci les filles.

Le rouge le montant aux joues, je me mis derrière elles en les poussant vers la sortie.

Notre chauffeur nous attendait depuis un moment. Jim était arrivé un peu en avance. Adossé contre la voiture, il fumait sa clope en tapotant sur son téléphone. En voyant la lumière des escaliers s’allumer, il a levé la tête.

- Je rêve! Ella, c’est toi ? Il se frotta les yeux. Mais où est ta salopette ?? Et tes pinceaux? Les filles, je dois bien avouer que vous avez tout donné et que vous ne vous êtes pas ratés.

- Arrêtes de dire des bêtises ou on te laisse sur le trottoir. Dis-je tout bas.

- N’est pas ! Répondît Gaby. Et encore, on a eu qu’une malheureuse petite heure pour la préparer. Elle a faillit tout annuler y’a même pas deux heures ! J’ai dû la traîner hors du musée moi même, où elle allait encore y passer la nuit.

- 3 mois pour la convaincre de sortir avec nous. J’ai bien cru qu’on y arriverait pas. Enchaîna Stacy.

- Ok, et bien je suis là maintenant alors allons-y ! M’écrirai-je.

J’étais trop gêné pour rester dans cette tenue en plein milieu de la rue.

Devant le Dolce.

Jim nous pose devant le Dolce. Il va se garer un peu plus loin. Je n’ai pas l’habitude d’être en talon. Et ils me font déjà mal aux pieds. Après avoir retrouvé d’autres gars de la bande à Jim, les filles me traîne au bar. Une première tournée de shooters nous met dans l’ambiance. Je trouve la musique agréable. Elle donne envie de bouger. Après le quatrième shoot, je décide d’aller danser. Et nous voilà sur la piste. Ça fait tellement longtemps que je ne me suis pas laissé aller. Je ferme les yeux et commence à bouger. Je sens un frisson agréable parcourir mon corps.

Après trois musiques, je repars vers notre table pour me servir un verre. Les garçons avaient commandé plusieurs bouteilles. Mon choix s’est porté sur la tequila. Après avoir descendu trois verres cul sec, je repars en me dandinant, pour rejoindre les filles au milieu de la piste.

Sur le chemin je percute quelques choses. Je m’arrête, recule d’un pas en m’excusant et relève la tête en replaçant de la main mes cheveux vers l’arrière.

Mon souffle se coupe. Bordel, c’est lui. J’y crois pas. Je m’attendais a pas mal de choses ce soir mais absolument pas à le croiser ici. Je baisse le regard.et maintenant, je suis immobile, incapable de bouger le petit doigts.

- Pas de soucis. Dis-t-il en s’éloignant.

Il ne m’a pas reconnu. Non mais sérieux! Je suis furieuse. Ok, ça fait trois ans, trois ans c’est long mais quand même. Il pourrait au moins me reconnaître. J’aperçois Stacy au loin. Je décide de la rejoindre.

- Ca va? Tu passes une bonne soirée ? T’es toute blanche ma belle. S’inquiète-t-elle. Vas-y mollo sur l’alcool, t’as pas l’habitude.

- Ca va super! La rassurai-je. Ça va vraiment super bien. En parlant de ça, je vais m’en servir un petit dernier, tu en veux un ?

- Non, merci. Pas pour l’instant.