Prologue Un jour le lion malade, aho lolololo il a demandĂ© la cause de sa maladie, Rien ne saurai le guĂ©rir aho lolololo Ama zinkpĂš, zinkpĂš sans caleçon ZinkpĂš bonne appĂ©tit merci! Mes amies et moi rivalisons d'ardeur dans un dĂ©hanchement pleins de joie. Nous Ă©clatons de rire... "Dotou! Dotou!" J'aperçois les femmes qui reviennent des champs Ă la lisiĂšre de la forĂȘt. Ma mĂšre m'appelle pour que je vienne la dĂ©charger de son bagage de tĂȘte. Elle porte mon petit frĂšre TundĂ© sur son dos, ses outils dans une main et sur sa tĂȘte un fagot de bois. Elle a l'air fatiguĂ©e. J'abandonne mes jeux et me prĂ©cipite pour la dĂ©charger. Le fagot est transfĂ©rĂ© d'elle Ă moi et je me saisis de ses outils.
Prologue
Un jour le lion malade, aho lolololo
il a demandé la cause de sa maladie,
Rien ne saurai le guérir aho lolololo
Ama zinkpÚ, zinkpÚ sans caleçon
ZinkpÚ bonne appétit merci!
Mes amies et moi rivalisons d'ardeur dans un déhanchement pleins de joie. Nous éclatons de rire...
"Dotou! Dotou!"
J'aperçois les femmes qui reviennent des champs Ă la lisiĂšre de la forĂȘt. Ma mĂšre m'appelle pour que je vienne la dĂ©charger de son bagage de tĂȘte. Elle porte mon petit frĂšre TundĂ© sur son dos, ses outils dans une main et sur sa tĂȘte un fagot de bois. Elle a l'air fatiguĂ©e. J'abandonne mes jeux et me prĂ©cipite pour la dĂ©charger. Le fagot est transfĂ©rĂ© d'elle Ă moi et je me saisis de ses outils.
"Maman, Kwabo!" (salutation locale)
Chacune des femmes se dirige vers sa concession silencieusement. Les seuls mots qui viennent rompre ce silence sont des au revoirs lancés par chacune devant son entrée. Enfin nous arrivons. Je vais ranger le fagot de bois et ranger les outils. Je viens prendre Tundé dans les bras de maman, je vais le laver. L'eau fraßche lui fait du bien, quelques minutes aprÚs je le pose sur ma natte, en dessous du palmier.
- Dotou, oĂč sont tes frĂšres?
- Maman, ils jouent avec leurs amis à cÎté de l'école.
- Va les chercher, il est déjà tard, Baba-Dotou (le pÚre de Dotou, pour la mÚre on dira Dotounon) va bientÎt revenir et nous préparerons le repas du soir.
Je pars en courant vers l'école primaire que nous fréquentons, j'aperçois les jumeaux Mawuéna (Dieu a donné) et Mawuégnon (Dieu est bon) qui joue avec les enfants de Follabinon (la maman de Follabi).
- MawuĂ©na! OĂč est Sessi? Maman est dĂ©jĂ rentrĂ©e. Vite tous! Rentrons!
Je vois ma soeur Mawuégnon partir dans une direction en criant le nom de notre frÚre Sessi pour l'informer qu'il est temps de rentrer à la maison. Le retour se fait dans les rires et dans la joie. AussitÎt rentrés, les filles prennent chacune un balai, tandis que Sessi va prendre son seau et se lÚve. Je vais vérifier le niveau d'eau dans la jarre, et je décide d'en rajouter pour que papa en ait suffisamment pour se laver à son retour des champs. A mon retour maman casse le bois, les filles ont fini et se se sont lavés. Sessi joue avec Tundé qui est réveillé tandis qu'elles étudient leur leçon. Je prends rapidement ma douche et viens les rejoindre.
" - Dotounon! Dotounon!"
C'est la voix de notre pÚre! Nous nous levons tous et courons à sa rencontre. Chacun le décharge comme il peut. Maman sors de la cuisine et viens saluer respectueusement notre pÚre. Il s'asseoit un moment, et maman lui apporte une calebasse d'eau. Il se désaltÚre, et soupire d'aise. Je cours porter son seau d'eau à la douche et je rejoins mes frÚres sous le palmier. La bonne odeur de l'haricot que ma mÚre prépare se répand dans la concession. Nous salivons déjà à l'idée du festin frugal qui nous attend.
Quelques minutes plus tard notre pÚre s'installe prÚs de nous. Chacun lui raconte sa journée à l'école, nous recevons des félicitations et des encouragements pour nos bons résultats. Maman apporte le dßner. Mawuena, Mawuegnon et Sessi mangent ensemble. Je mange avec Tundé, papa et maman mangent ensemble. Ce soir nous mangeons des haricots à l'huile rouge. Une fois repus, je m'occupe de faire dormir Tundé et Sessi pendant que Mawuena et Mawuegnon font la vaiselle.
Papa et Maman rejoignent leur chambre, tandis que je marche dans la concession avec TundĂ© sur mon dos. La chaleur fait que nous laissons les portes et les fenĂȘtres ouvertes jusqu'Ă tard dans la nuit. Des bribes de conversation me parviennent de la chambre des parents.
"- Baba-Dotou, je ne sais vraiment pas comment nous ferons cette année.
- Mais tu avais des réserves de haricots de l'année derniÚre.
- Les charançons ont attaqué les réserves... Il n'y a plus rien à en tirer...
La voix de maman se brise en disant ça. Papa continue :
- Nous trouverons une solution, Dotounon, ça va aller, nous nous en sortirons! Dieu ne permettra pas. Tu as compris?
- D'accord Baba.
- Deux jours par semaine j'irai à SavÚ pour transporter les bagages des gens qui voyagent, et je te ferai à un petit marché. Nous nous en sortirons. Pour nos enfants...
Je m'éloigne, le coeur serré, j'aurais voulu aider mes parents.
Quelques jours plus tard.
Je n'ai rien dit Ă personne, mais j'essaie de dĂ©charger maman au maximum dans les tĂąches mĂ©nagĂšres. Je m'attelle Ă mettre de la joie et de la bonne humeur dans la maison, et les petits font comme moi. Je ne joue presque plus avec mes amies du village, je fais toutes mes corvĂ©es et mĂȘme celle de ma maman
Ce matin, Papa n'a pas pris ses outils pour aller au champ. Il a pris son vélo trÚs tÎt pour sortir. La journée s'écoule lentement. Dans mon coeur, je prie fort que Dieu ait pitié de nous et que papa puisse trouver du travail à la ville. Je suis assise à trier les haricots, les charançons ont presque tout dévoré, mais je traque les quelques grains encore sains, pour qu'ils puissent servir à maman.
En levant la tĂȘte j'aperçois Ă la lisiĂšre mon pĂšre qui marche Ă cĂŽtĂ© de son vĂ©lo chargĂ© de deux gros sacs. Je me lĂšve en courant, le coeur dĂ©bordant de joie, ma priĂšre a Ă©tĂ© entendue. Je l'aide Ă tracter son engin jusqu'Ă la maison. Maman n'est pas encore rentrĂ©e du champ, mais je sens qu'elle aura une trĂšs belle surprise Ă son retour. Je dĂ©charge le vĂ©lo de papa, il a ramenĂ© du gari, de la farine de mais, des haricots. Je double les emballages pour ne pas que les charançons viennent dĂ©vorer nos provisions. Il a aussi pris d'autres vivres et mĂȘme un paquet de macaronis! Nous nous en sortirons cette annĂ©e encore, la famine n'aura pas raison de nous.
Cette soirée là est paisible et la joie nous habite tous. Papa nous a aussi acheté des sandales à tous!
Trois Mois plus tard.
Il n'y a presque plus de nourriture dans le village. De nombreuses familles souffrent. Nous n'avons plus le coeur à jouer avec mes amies, Yeba et Odile sont parties pour Cotonou la semaine derniÚre. Elles ont été placées chez des parents éloignés. il parait que la vie y sera meilleure pour elles.
Nous survivons grùce à Papa qui continue d'aller à SavÚ deux fois par semaine porter les bagages des voyageurs. Depuis une semaine maman se lÚve trÚs tÎt et je l'entends vomir. Ce la est déjà arrivé, et cela signifie qu'elle va avoir un bébé. Je suis contente pour nous, j'aime m'occuper des bébés.
Je suis assise sous le palmier entrain de lire mon livre. Demain dĂ©butent les compositions de fin d'annĂ©e, j'espĂšre faire la fiertĂ© de mes parents en Ă©tant la premiĂšre de ma classe. Le soleil est haut dans le ciel. Je me lĂšve pour servir le repas des enfants, ils jouent derriĂšre la maison. Je sors pour les appeler quand j'aperçois deux hommes qui se dirigent vers notre concession, ils portent un troisiĂšme. Mon coeur s'arrĂȘte :
- bonsoir, c'est ici que Baba-Dotou habite?
J'ai Ă peine la force pour secouer la tĂȘte en signe d'affirmation
- C'est toi Dotou?
- Oui
- Ton pÚre eu un accident au marché, un véhicule chargé d'igname à déraper et son chargement s'est renversé sur des personnes. ton pÚre a été enseveli sous les ignames.
Mon coeur se brise en mille morceaux. il a des blessures sur tout le corps. J'installe la natte sous le palmier et les hommes le couchent lĂ . J'installe la nourriture des enfants, j'appelle Mawuena et lui explique que je dois aller chercher Maman pour venir voir papa. J'insiste pour qu'ils soient sages, et je prends la route de la forĂȘt en courant.
Maman est assise à l'ombre, elle donne à manger à Tundé quand elle me voit arriver. A son air paniqué, on sent qu'elle réalise que quelque chose ne va pas. Elle laisse Tundé et cours vers moi, elle me secoue pour que je parle je n'ai pas le temps de reprendre mon souffle..
- Papa...... Blessé...... Maison....... Grave......... Accident
J'éclate en sanglot, j'entends maman me parler
- Dotou finis de donner à manger à Tundé puis rentrez au village. Je vais m'occuper de ton pÚre!
Elle repart en courant vers le village. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'aujourd'hui ma vie vient de basculer.
3 Semaines plus tard
Je suis assise dans la cours de notre maison avec Tundé dans les bras. J'entends papa et maman discuter entre eux... Depuis l'accident de papa, la vie a changé. Il a fallu le soigner, à l'hÎpital. Malgré cela, il marche toujours avec difficulté, porte des bandages à la poitrine, à la jambe et à la cuisse. Il ne peut ni aller au champs ni reprendre ses activités de porteur à SavÚ. Le bocconon (médecin traditionnel) est lui aussi venu faire valoir sa science, en vain.
Lorsque les parents de papa ont appris l'accident, ils sont venus nous rendre visite. Certaines tantes sont restĂ©es une semaine entiĂšre et ont entamĂ© nos rĂ©serves de provisions. J'ai remarquĂ© que maman mangeait trĂšs peu depuis quelques jours. Alors j'en fais de mĂȘme, je mange peu pour que nous puissions faire des Ă©conomies.
Papa et maman se parle, et moi j'entends tout :
- Baba, on a plus le choix... Il nous faut demander de l'aide
- Dotounon, tu sais trÚs bien ce que ça va nous coûter?
- Je sais Baba, mais on a 5 enfants, bientĂŽt 6... Il nous faut trouver une solution!
- Je vais guérir, ça va aller mieux!
- Mais on a mĂȘme plus d'argent pour te soigner Baba. tu n'a pas de force, bientĂŽt le temps des rĂ©coltes. Il nous faudra engager des ouvriers, mais avec quoi?
- Dotounon, Aie confiance, ça ira.
Je suis inquiĂšte car depuis l'accident de papa, la joie a dĂ©sertĂ© notre maison, maman essaie d'ĂȘtre forte mais nous sentons qu'elle est triste. Je m'occupe des petits pour ne pas qu'ils sentent ce qui se passe, mais tout le monde est impactĂ© par la situation. C'Ă©tait difficile de prĂ©parer les compositions de fin d'annĂ©e, mais avec Mawuena et Mawuegnon nous nous sommes souvenus des paroles de papa.
" Le travail assidu est la clé de la réussite"
Nous avons fait de notre mieux et demain l'instituteur nous donnera le classement des élÚves de la classe. Je vois les filles arrivées, je vais vers elles pour ne pas qu'elles s'approchent de la chambre des parents, car chaque conversation comme celle-là ce termine souvent par les pleurs de maman. Nous retournons vers la place du village, quand j'entends deux femmes parler. Il ne fait aucun doute qu'elle parle de notre famille :
"- C'est eux qui n'ont rien, mais ils sont toujours à faire des enfants. Et en plus ils sont orgueilleux. S'ils avaient déjà placé leur fille aßnée, ils auraient pu payer les soins de Baba-Dotou!
- Laisse les donc, on verra bien combien de temps ils tiendront comme ça!"
J'entraĂźne mes soeurs loin de lĂ ...
Nous sommes finalement rentrĂ©es Ă la maison, sans Ă©changer un mot. Je sais que les filles sont conscientes que tout n'est plus comme avant dans cette famille. Nous avons mangĂ© en silence et fait nos corvĂ©es avant d'aller nous coucher toujours en silence. J'ai du mal Ă trouver le sommeil, tout ce que j'espĂšre juste c'est d'ĂȘtre premiĂšre de ma classe.
Nous sommes en rang dans la cour de l'école, autour du drapeau, Monsieur Sotton (hommage à mon maßtre de CM2 à l'externat St Paul) le directeur annonce les classements. Il commence par les enfants du CPi (Cours préparatoire d'intégration), puis le CP1 Mawuena et Mawuegnon sont 4 et 5Úme! Je suis contente pour mes soeurs.
Arrive le tour de ma Classe, le CE1, je suis premiĂšre de ma classe, je passe au CE2 ! J'imagine la joie des parents quand je leur annoncerai la nouvelle. Je suis contente de nos rĂ©sultats car ils Ă©loigneront un peu la tristesse de la maison. J'espĂšre que papa sera guĂ©ri avant mon anniversaire. Maman me ferait peut-ĂȘtre du amiwo avec du poulet bicyclette, mon plat prĂ©fĂ©rĂ©.
AussitÎt que le directeur rompt les rangs, mes soeurs et moi nous mettons à courir vers la maison, en criant notre joie. DÚs que nos pieds foulent le sol de la cour nous sommes stoppées net par le spectacle qui s'y déroule. Une réunion de famille se déroule, tous ses participants ont le visage grave. Quand maman nous aperçoit, elle éclate en sanglot et papa détourne le regard...
Chapitre 1 Prologue
23/08/2023
Chapitre 2 01
23/08/2023
Chapitre 3 02
23/08/2023
Chapitre 4 03
23/08/2023
Chapitre 5 04
23/08/2023
Chapitre 6 05
23/08/2023
Chapitre 7 06
23/08/2023
Chapitre 8 07
23/08/2023
Chapitre 9 08
23/08/2023
Chapitre 10 09
23/08/2023
Chapitre 11 10
23/08/2023
Chapitre 12 11
23/08/2023
Chapitre 13 12
23/08/2023
Chapitre 14 13
23/08/2023
Chapitre 15 14
23/08/2023
Chapitre 16 15
23/08/2023
Chapitre 17 16
23/08/2023
Chapitre 18 17
23/08/2023
Chapitre 19 18
23/08/2023
Chapitre 20 19
23/08/2023
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