REVENGE PORN
rra me juger futile, vénale ou cupide. Mais ces temps de faste n'effaceront pas une enfance de dénuement. Je suis née au Cameroun, en 1987 à la clinique Sende de Yaoundé. Jusqu'à mes trois ans,
enait de quitter, l'avait tuée par balle dans son sommeil. Au Cameroun, l'indépendance et la liberté d'esprit peuvent coûter la vie aux femmes. Ce premier traumatisme n'en est pas vraiment un, car je n'ai gardé que peu de souvenirs de ma marraine et de cette nuit tragique. Mais je crois avoir hérité d'une bonne partie de son caractère. Et des ennuis qui vont avec. Je n'ai jamais vraiment su dans quelles affaires baignait mon père. Je sais simplement qu'il avait des activités liées aux marchés publics. Alors que je venais de fêter mes cinq ans, il a été arrêté par la police et placé en détention. Il est resté en prison pendant un an. Aujourd'hui encore, j'ignore la nature précise de ce qu'on lui a reproché. Du jour au lendemain, nous n'avions plus assez d'argent pour nous loger. Nous sommes partis vivre chez ma grand-mère à Obala, un village situé à une cinquantaine de kilomètres de Yaoundé. Ce déménagement forcé et les mois qui ont suivi constituent une période sombre de mon enfance. Ma timidité s'est transformée en une solitude noire. Je m'enfermais des heures durant dans l
ui. En rentrant de l'école, la teigne de récré que j'étais se transformait en agneau. Je me souviens de ces après-midi entières passées à aider ma mère à cuisiner, ou à enlever les peaux mortes des pieds de mon père après sa sieste. Je jouais
retrouver une activité stable dans la construction de routes, mes parents ont organisé un
t toujours vivoté, et même si mon père n'était pas Crésus, il était jalousé. Mon oncle Michel était
étoile, alors que nous n'avons rien », a-t‐il lancé à l'adresse de mon père. « Pourquoi n'avons-no
a promesse d'un sort malveillant qui lui serait jeté. Ma mère est sortie de ses gonds. « Comme
vie presque comme si de rien n'était. Je ressentais la peur et l'impuissance de ma mère. Je la parta
er la main, sauf un inconnu, qui a insisté pour le saluer longuement. Une semaine après, il a ress
our expliquer sa mort brutale. La disparition de mon père nous a fait passer d'une vie modeste à la pauvreté. Obligée de travaill
même lit. Ma mère était alors enceinte de ma petite sœur. Mes frères et moi devions marcher une heure pour arriver à notre écol
it prétexte à toute sorte de jeux et de rencontres amusantes. Un pompiste s'était pris d'affect
it de l'argent, j'ai pu intégrer l'un des meilleurs établissements de la ville. Ce coup de pouce du destin n'a pas suffi à me motiver. Mes résultats scolair
100 euros par mois – soit un peu plus que les 80 euros du Smic camerounais ce qui nous a permis
meubles délabrés divisés en studios. Pour rentrer chez soi, on devait passer par le salon du vois
habitants n'ont rien. Pas même l'espoir d'une vie meilleure. Mais ils ont la joie au cœur. Les assiettes sont vides mais on se nourrit au rire, à la bonne humeur, à la solidarité, comme autant de r
ne crise d'adolescence en bonne et due forme. À la maison, ma
. J'avais juste envie de sortir, de m'amuser. Je traînais encore une dégaine de
hemin de terre lambda se transforme en stade surchauffé. À l'époque, ma grande copine de jeu s'a
proposer, j'étais de mon côté ravie de pouvoir profiter de sa penderie. Chez moi, l'achat d'un nouveau vêtement était un événement rare. Je n'avais par exemple qu'une seule paire de chaussures pour l'année scolaire, et il me fallait en prendre soin. Quand elle pouvait se le permettre, ma mère es
porte. J'étais si fière. Fière de porter les couleurs des Lions. Fière aussi du nom du joueur de l'équipe floqué à l'arrière du maillot. Un détail qui avait sans doute échappé à ma mère au moment de l'achat. C'était celui de l'étoile montante de notre équipe nationale. Un jeune talent pro