De très loin, le chant des coqs. Quelquefois, le cri de quelques oiseaux. Au plus loin dans le ciel, le cri du tonnerre. Sur les toits des maisons, quelques petites gouttes de pluie.
Ce matin de bonheur là, Roméo était presque déjà en éveil. Toute la nuit, i n'avait pas pu fermer les yeux. Ah oui, en pensant à sa vie de galère, diplômé sans moyen d'ouvrir un atelier, le jeune homme d'environ vingt-neuf ans avait un tas de souci.
- Seigneur, comment se fait-il que ceux avec qui j'ai passé mes quatre ans d'apprentissage seront en train de rouler de belles motos et moi qui avais été encore plus intelligent qu'eux dans le temps sera en train de traîner les pieds et les fesses sur des taxis motos ? finissait-il par se demander en larmes.
A ses côtés, était aussi en éveille sa femme Francine. Celle-ci avait le même souci. Elle se demandait elle aussi pourquoi tant de dévolus secouait le couple ? Se nourrir leur paraissait tout le temps difficile ; le vêtir, le couple n'en considérait guère car, il faudra tout d'abord assouvir le besoin de l'estomac avant de penser à ce qui va protéger le corps. Mais à peine que l'homme finit la dernière tranche de sa plainte que la jeune femme, longeant machinalement la main droite, caressant la poitrine de son homme, lui diti :
- Ne te plains pas, bébé, ça ira, j'en suis sûre et certaine.
- Cogne-moi la paix, s'écria de dire l'homme, tout rouge ; tu es la poisse qui ennuie ma vie sinon, depuis trois ans que tu t'es installée sous mon toit, plus aucune chance. Je regrette de t'avoir connue, je te le jure. Certaines femmes apportent le bonheur à leur mari ; d'autres, c'est du malheur, ton cas en témoigne.
Et sur ce, Roméo roula du lit et abandonna la chambre à coucher qui représentait la salle conjugale et se dirigea au salon.
La jeune femme, comme ces humiliations venaient de lui tomber du ciel, se mit à pleurer en transe, regard fixé sur le plafond.
Lorsqu'elle eut pleuré pendant plusieurs minutes, voire une trentaine environ, elle se calma et s'empara de son téléphone, lança un appel et, de sa voix amplie de tristesse, elle dit à son correspondant qui décrocha son appel : « maman, votre fils a encore commencé la même chose». Et au bout du fil, elle entendit une question à laquelle elle répondit : « il continue toujours de me traiter comme l'autrice de ses malheurs ». Et aussitôt, les larmes de la jeune femme redoubla encore d'ardeur.