1.Je suis une habitante de Libreville. Je ne vous parle pas de ce Lbv que l'on prend en photo la nuit pour montrer comme ces lumières sont belles. Ou de ces jolies endroits devant lesquels on pose en journée pour valoriser la ville. Non moi j'habite à "Hellbv" : sale, pauvre et découragé.
Je suis l'aînée, j'ai sept frères et soeurs. Seulement trois d'entre nous sont les vrais enfants de mon père, les autres sont les enfants que ma mère a eu avec des hommes qui l'aident à joindre les deux bouts. J'ai quatre soeurs, deux ont déjà faits des enfants, qui vivent avec nous.
J'ai 17 ans et à cause de ces quelques années ou mes parents étaient dans l'incapacité de m'envoyer à l'école faute de moyen. J'ai du retard dans mon cursus scolaire, alors j'ai décidé cette année d'apprendre à faire un métier. Comme ça si je trouve un boulot j'aiderais mes parents et je montrerais l'exemple à mes freres et soeurs.
Ce que mon père considère comme sa maison est posé dans un ravin. Quand il pleut il arrive souvent que l'on se retrouve inondé. On a l'électricité six fois dans le mois et rarement l'eau courante.
Ici on retrouve régulièrement des nouveaux nés, morts dans les poubelles et les ruisseaux. Ici quand une femme cherche son enfant égaré on sait tous qu'on parlera de lui comme étant une énième victime de crime rituel dans l'Union les jours qui suivent. Ici on ne sait pas ce que c'est une otopsie, quand on perd un proche on se rend tous chez le marabout pour savoir lequel d'entre nous l'a tué. Ici sortir avec plusieurs hommes contre de l'argent ce n'est pas de la prostitution, c'est un moyen de s'en sortir. Ici la route, c'est dans le salon des autres. Ici les bars et les églises éveillées sont côte à côte. Ici même les pasteurs sont malhonnêtes. Les politiciens viennent jusqu'ici nous vendre du rêve mais une fois qu'ils ont nos votes, il ne bouge plus le petit doigt pour nous. C'est ici que les enfants de riche viennent pour acheter leur chanvre. D'ailleurs dans notre maison, mon frère en vend et en consomme.
C'est ici que ma vie va changer
Tout a commencé quand mon père a décidé de faire des studios juste à côté de notre maison et d'y mettre des locataires. Maman s'est moquée de lui.
Elle : Bernad tu n'arrives pas à rénover cette chose que tu appelles maison. Et tu veux construire des studios ? Avec quel argent ? Tu es incapable d'avoir cinq milles dans ta poche sans tout dépenser au bar et au tiercé et tu viens nous faire le bruit!
Lui : tu parles toujours trop toi. Tu verras. Au lieu de te moquer de moi, encourage moi. Si j'y arrive Malicia (moi) ne se retrouvera plus jamais dans l'incapacité d'aller à l'école. De tous les enfants que tu pompes là, elle est la plus intelligente. C'est elle qui nous sortira d'ici.
Maman l'a tchipé. Il a haussé les épaules et a titubé jusqu'à sa chambre. Parce que oui, mon père était très bourré quand il est venu nous parler de son projet. Ce jour là personne ne l'a cru.
Mais quelques jours plutard, il est revenu avec des sacs de ciments, des planches de bois, des toles, des bâches et a ordonné à mes freres de venir l'aider. Ils ont réparés comme ils ont pu notre vieille maison. Quand ils ont fini elle n'avait toujours pas fière allure mais elle donnait l'impression qu'elle résisterait bien mieux à la prochaine saison des pluies.
Et puis ils ont commencés à faire trois petits studios juste à côté de chez nous. Nous regardions les hommes de notre maison bâtir de leurs mains une nouvelle source de revenus avec une certaine fierté. Nous leur apportions de l'eau et de la nourriture. Et quand ils avaient finis nous leur puisions et chaufions de l'eau pour leurs douches.
Quand les studios sont finis. Papa m'a fait appeler à l'intérieur de l'un d'entre eux. Quand je l'ai rejoins il était assit à même le sol. Il fumait une cigarette et buvait une Regab.
Moi : papa ?
Il a levé les yeux vers moi, et m'a sourit. J'ai souris aussi. Malgré la boisson, la cigarette, tous les problèmes et les multiples responsabilités que mon père avait je le trouvais toujours beau.
Il n'était pas un grand tendre, du moins, ca dépendait de son humeur. Parfois quand il avait trop bu ça arrivait qu'il soit violent avec nous. Il arrivait aussi qu'il disparaisse plusieurs jours sans donner de nouvelles parce qu'une femme lui avait tourné la tête mais il reviennait souriant et les bras pleins de cadeaux pour chacun de ses enfants. Et je crois que c'est l'une des raisons pour laquelle j'aime énormément mon père. Lui, il revient toujours. Pas comme les pères fantôme de la plupart de mes copines. Lui il est là et il nous montre à sa façon à lui qu'il tient à nous tous. Il a tapé le sol à côté de lui.
Lui : Viens Malicia, viens t'asseoir à côté de ton vieux père.
Je me suis assise et pour ne pas me gêner, il a éteint sa cigarette.
Lui : Malicia tu sais je t'ai toujours considéré comme mon ange dans cette maison.
J'ai souris et j'ai baissé les yeux
Lui : c'est pour te nourrir toi que j'ai pris mon premier boulot.
Jai levé les yeux vers lui.
Lui : On dit souvent que le coeur d'un parent sait pardonner son enfant bien avant qu'il fasse une bêtise, mais on n'oublie de dire que celui d'un enfant aussi peut faire la même chose pour son parent. En tout cas c'est ce que toi, tu fais sans arrêt pour moi.
Nous nous sommes regardés dans les yeux pendant quelques minutes.