La famille Bennet vivait dans le paisible village de Longbourn, entouré de collines verdoyantes et de champs à perte de vue. Mr. Bennet, un homme d’esprit acéré et de nature quelque peu indolente, passait ses journées plongé dans ses livres ou observant avec une ironie bienveillante les caprices de sa famille. Son épouse, Mrs. Bennet, était tout son opposé ; énergique, bavarde et souvent excessive, elle avait une seule obsession : marier ses cinq filles, toutes aussi différentes les unes que les autres.
L’aînée, Jane, était la plus douce et la plus belle. Sa gentillesse et sa disposition égale faisaient d’elle le modèle de vertu et de grâce. Elizabeth, la seconde, se distinguait par son esprit vif et son caractère indépendant. Elle avait un sens aigu de l’observation et une facilité à lire les intentions des autres, bien que cela la conduise parfois à des jugements trop hâtifs. Mary, la troisième, était studieuse et sérieuse, mais manquait souvent de discernement social, se perdant dans des dissertations moralisatrices. Les plus jeunes, Catherine et Lydia, étaient insouciantes et frivoles, Lydia étant particulièrement aventureuse et souvent en quête de nouveauté et d’attention.
La maison Bennet résonnait toujours de bruits : les discussions animées de Mrs. Bennet sur les derniers potins du village, les rires de Lydia et Kitty, les chants de Mary à son piano-forte. Pourtant, derrière cette façade animée se cachait une tension palpable. Mrs. Bennet ressentait une pression immense à marier ses filles. Avec la modeste dot qu’elles possédaient, elle savait que trouver des maris respectables pour chacune d’elles serait une tâche ardue. Elle répétait souvent que si l’une d’entre elles ne faisait pas un bon mariage, la famille serait en difficulté financière.
Un matin, Mrs. Bennet entra précipitamment dans le salon, ses yeux brillants d’excitation. « Mr. Bennet, avez-vous entendu la nouvelle ? » s’exclama-t-elle, essoufflée.
Mr. Bennet, levant à peine les yeux de son livre, répondit d’un ton indifférent : « Quelle nouvelle pourrait bien vous mettre dans un tel état, ma chère ? »
« Netherfield Park est enfin loué ! Et par un jeune homme riche, Mr. Bingley, avec une fortune considérable. Il est célibataire, et il est venu en chercher une femme ! » Elle se tourna vers ses filles, son visage rayonnant. « Jane, Lizzy, c’est votre chance ! »
Elizabeth sourit à sa mère, amusée par son enthousiasme. « Maman, nous ne savons rien de cet homme. Peut-être n’est-il pas à la recherche d’une épouse. Peut-être même ne restera-t-il pas longtemps à Netherfield. »
Mrs. Bennet, cependant, n’était pas d’humeur à laisser ces détails ternir sa bonne humeur. « Peu importe ! Nous devons l’inviter à dîner dès que possible. Jane, tu es notre plus grande chance. Tu es si belle et si douce. Comment pourrait-il ne pas tomber amoureux de toi ? »
Jane rougit légèrement, habituée à ces compliments, mais elle savait que sa mère exagérait souvent les choses. Elizabeth, elle, se contenta de lever les yeux au ciel en souriant. Elle aimait sa mère, mais elle savait que l’obsession de cette dernière pour les mariages était souvent source de stress inutile.
Mr. Bennet, en bon observateur des caractères, ajouta non sans malice : « Nous pourrions aussi envisager de louer Jane pour attirer tous les jeunes hommes de la région. Cela serait une entreprise fort rentable, ne pensez-vous pas ? »
« Mr. Bennet ! » s’exclama Mrs. Bennet, choquée mais amusée par la remarque de son mari. « Vous ne devriez pas plaisanter sur de telles choses. »
« Je plaisante, bien sûr, » répondit-il calmement. « Mais je suis curieux de savoir ce que vous pensez faire si Mr. Bingley ne trouve pas Jane à son goût. »
Mrs. Bennet, ne se laissant pas décourager, répondit : « Impossible ! Jane est parfaite sous tous rapports. Et si, par malheur, il ne la choisit pas, nous avons encore quatre autres filles, toutes aussi charmantes. » Elle se tourna vers Elizabeth, l’œil pétillant. « Lizzy, tu serais une excellente deuxième chance. »