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You Made Me Mad

You Made Me Mad

cathmoreau94

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Chapitres

L'amour, c'est de la chimie. Et il y a peu de chances d'obtenir une solution rose et pailletée quand on mélange deux puissants explosifs. Dans le premier tube à essai, nous trouvons Edwige. Une fille conditionnée par la vie pour être en permanence sur la défensive. Un caractère impulsif, tempérament de feu et une détermination inarrêtable. Elle rêve chaque jour de réussite et d'indépendance, rien ne pourra freiner ses ambitions si ce n'est sa grande capacité à se mettre dans de mauvaises situations. Dans le second, nous trouvons Eyden. Un garçon, produit d'une enfance jonchée de déception, manipulateur et orgueilleux, n'attendant plus rien des autres. Mettre des remparts entre lui et ses proches semble être sa meilleure défense. Il est naturellement doué dans tout ce qu'il entreprend et possède un grand potentiel gâché par ses préjugés. Alors ? Que se passera-t-il après qu'ils se soient bousculés sur le trottoir ?

Chapitre 1 C'est bien parti

Le visage appuyé contre la vitre, je regardai toute ma scolarité défiler, de l'école maternelle au coin de la rue jusqu'au lycée dans lequel j'étais jusqu'à l'année dernière, en passant par mon école primaire et le collège qui m'avait accueillit quatre ans. La voiture dépassa la rue de mon ancien lycée sans y tourner. Je vis que certains visages familiers attendaient déjà que le portail s'ouvre.

- Edwige, ne stresse pas, m'encouragea ma mère au volant. Tu vas te faire plein d'amis, tu as toujours été très douée pour ça.

Bien sûr, comme si elle en savait quoi que ce soit. Je pourrais être heureuse de ses compliments si ils étaient au moins crédibles.

- Et puis tu seras avec Lana, ajouta-t-elle.

Lana. Heureusement qu'on allait toutes les deux faire notre rentrée de première dans le même nouveau lycée. On désirait toutes les deux avoir la spécialité anglais et pour l'obtenir, il fallait changer d'établissement. Je sortis de ma rêverie quand ma mère se retourna vers moi avec un grand sourire.

- On arrive !

Elle ralentit devant le portail juste le temps de me laisser descendre et repartit aussi sec. Pas un "au revoir", pas un mot. Je ne me remis à sourire qu'en entendant une voix familière m'appeler.

- Edwige ! hurla une fille hystérique depuis derrière moi. Mon lapin !

Ça, c'était Lana. Je me retournai pour lui sourire et couru la voir en ignorant les gens qui nous regardaient bizarrement. Comme à son habitude, elle était habillée à la mode Bohème: cheveux tressés de rubans dénichées dans des brocantes, haut large et coloré, pantalon à pattes d'éléphant et motifs extravagants, imposants bijoux fantaisie et chaussures de deuxième main. Seules ses lunettes rondes faisaient exception à son style.

J'étais si contente de la voir qu'en courant, je me pris les pieds dans le trottoir et m'écrasai sur quelqu'un avec la grâce d'un cachalot. Il n'y a qu'à moi que ça arrive ?! Je poussa un cri avant qu'il ne soit étouffé par le fracas de nos corps s'écrasants au sol. Dieu merci, je n'avais pas eu mal. Or, pour lui... Il ne valait mieux pas se faire d'idées. Sans vraiment le vouloir, je m'appuyai encore d'avantage sur le garçon que j'avais bousculé -ou plutôt complètement renversé- pour me lever. Il faut savoir que, dans mon habileté légendaire, j'étais tombée, oui, mais sur lui qui, lui, avait bel et bien embrassé le trottoir.

- Putain ! Mais tu peux pas faire attention ?! s'exclama-t-il en me repoussant violemment.

Une petite voix me chuchota que moi aussi, à sa place, j'aurais tapé un putain de scandale. Mais d'un autre côté, je n'étais pas décidée à me confondre en excuses devant ce type qui m'agressait pour une petite chute. Ou alors, il t'agresse parce qu'en plus de t'être servie de lui comme d'un airbag, il s'est mangé le trottoir par ta faute. Je levai les yeux au ciel et le toisai avec le regard le plus noir que j'avais en réserve.

- Ça va, excuse moi, grognai-je en me relevant. J'ai perdu l'équilibre.

Il ricana amèrement, se relevant aussi pour me surplomber de toute sa taille. J'avais l'impression d'être toute petite tant il était imposant. Était-ce obligé qu'un abruti comme lui soit aussi bien foutu ?

- T'es nouvelle, toi, non ?

Sa remarque avait été prononcée sur un ton mauvais qui me fit réaliser tous les regards posés sur nous.

- Oui, répondis-je sèchement.

Un "Qu'est ce que ça fait ?" encore plus sec me traversa l'esprit mais je me dis que j'avais peut être déjà suffisamment abusé pour ma première matinée dans ce lycée. Et dire que le portail n'était même pas encore ouvert...

- Bravo, lança-t-il sur un ton cassant, tu as trouvé un bon moyen pour te faire remarquer dès le premier jour.

Il fit un pas vers moi et je me sentis presque défaillir tant sa présence était menaçante. Il y avait quelque chose de très brutal dans ses yeux qui me clouait sur place.

- Alors, t'as intérêt à faire profil bas, la nouvelle. Parce que si je déteste les idiotes qui courent sans regarder où elles vont, je déteste encore plus celles qui me répondent mal.

Piquée au vif, j'haussai un sourcil.

- T'aime pas qu'on te réponde, c'est ça ? répliquai-je avec insolence. Alors tu ferais mieux de te trouver des idiotes à qui tu fais peur, pour leur sortir ton discours éclaté.

Je vis très clairement dans ses yeux que j'avais fais la connerie du siècle et je m'apprêtai à en subir les conséquences quand, du coin de l'œil, je vis plusieurs élèves se retourner vers le lycée. Derrière le portail, deux surveillants étaient en train d'arriver pour le déverrouiller et nous laisser entrer dans l'enceinte de l'établissement.

- Allez, viens, on s'en fout, lança un mec en essayant de capter l'attention du fou-furieux. Laisse tomber, on va aller voir nos classes.

- Grave, renchéri un autre en essayant de l'éloigner de moi. Grouille toi.

Leur intervention me soulagea profondément. Le taré, de son côté, ne semblait pas du tout prêt à lâcher l'affaire. Mais devant l'insistance de ses potes, il finit par me décrocher un regard qui voulait dire "C'est pas fini" avant de tourner les talons. Je le vis s'éloigner, entouré de quelques mecs qui lui tournaient autour comme pour le dissuader de changer d'avis et de venir me faire la peau tout de suite.

- Edwige, ça va ?! s'exclama Lana en me rejoignant. Ce... Ça va ?

Je haussai les épaules, encore profondément agacée par l'autre abruti.

- Quel con, lâchai-je. Si il croit me faire peur ! Mais qui il est pour me parler comme ça ?! J'ai perdu l'équilibre mais j'aurais pu m'excuser bien gentiment si il ne m'avait pas agressée comme il l'a fait !

Lana, avec un regard dur, posa sa main sur mon épaule. Elle avait l'habitude de mon caractère, ce n'était pas comme si on ne se connaissait pas depuis la primaire. Mais Lana était extrêmement non violente. Elle était un peu comparable à un ange venu me remettre dans le droit chemin. Les gens étaient souvent intrigués de nous voir nous entendre si bien, moi, la fille impulsive et elle, la fille douce comme un agneau.

- Allez, viens, on y va ! s'exclama-t-elle. Et tache de l'oublier... Pas de problèmes dès le premier jour, OK ?

- C'est bien parti, marmonnai-je en avançant avec elle vers le portail.

Je sentais toujours quelques regards curieux sur nous.

- Oui, avoua-t-elle avec un petit rire nerveux. Mais ne t'inquiète pas, cet énergumène va rapidement oublier.

Je ne répondis pas. Quelque part, je tirais une certaine fierté du fait de lui avoir répondu alors qu'il n'était visiblement pas habitué à ce qu'on lui tienne tête. Est-ce que j'étais trop belliqueuse, comme le disait Lana ? Sans doute que oui. Mais je n'aimais pas me laisser faire et dès notre premier jour dans ce lycée, c'était encore pire. Je crois que je préfère cent fois être connue comme la fille qui a manqué de respect à un mec complètement taré plutôt qu'en tant que celle qui s'est confondue en excuses devant lui comme une petite bête apeurée. Je ne voulais pas qu'il oublie que je l'avais envoyé bouler.

Lana m'entraîna avec bonne humeur au milieu de la foule d'élèves de premières pressés autour des listes de noms de chaque classe. Je mis un moment à comprendre les listes. Ils notent les noms par ordre alphabétique mais par celui du prénom et non celui du nom de famille. Ça avait fait rire Lana mais moi, j'avais juste trouvé cela bizarre.

- Première huit ! m'exclamai-je en fixant mon prénom vers le haut de la liste, entre une Cassandre et un Eyden.

Je descendis mon regard en cherchant désespérément celui de Lana, elle fut la plus rapide.

- Là ! cria-t-elle. Première huit, on est dans la même classe !

On s'extirpa de la masse de personnes, folles de joie. C'était complètement inespéré ! En étant dans la même classe, on allait pouvoir s'aider avec les devoirs ou faire les travaux de groupe ensemble en attendant de faire ami-ami avec d'autres ! C'était infiniment mieux que d'être chacune dans une classe. Mais mon enthousiasme retomba quelque peu en voyant le regard de Lana fixer un point par dessus mon épaule avec un air pas rassuré. Je me retournai et vis qui elle fixait: le mec que j'avais bousculé. Lui aussi tourna la tête pour me lancer un regard assassin. Je décidai de l'ignorer.

La sonnerie retenti peu de temps après cela. L'air était chargé à la fois d'excitation et de fatigue. Je suivis Lana (et quelques élèves que nous avions identifiés comme étant dans notre classe) jusqu'à la salle indiquée sur la fiche des premières huit.

- Oh, c'est pas vrai..., s'amusa Lana en regardant encore une fois par dessus mon épaule.

Le pire était à craindre. Et je ne fus pas déçue, c'était effectivement le pire: le colérique du portail.

- Tu crois qu'il est avec nous ou qu'il attend pour la classe d'à côté ? continua Lana.

Je coulai un regard discret vers lui mais j'avais la certitude qu'aujourd'hui, le sort s'acharnait réellement contre moi.

- Je ne pense pas qu'il soit avec les première sept, boudai-je en refaisant face à mon amie. Il est trop près des gens de notre classe.

- Peut être qu'il leur parle juste...?

- Peut être.

Bien que la situation avait quelque chose d'assez ironique, quand on y pense, je n'étais pas très amusée par celle-ci. Je n'avais aucune envie de me retrouver en classe avec lui, c'était tout simplement le meilleur moyen pour qu'il n'oublie pas notre petite altercation de ce matin. Et en vue de tous les élèves qui lui parlent, je n'ai peut être pas choisi de bousculer le type le plus méconnu du lycée.

Notre professeure principale (Madame Morin, prof de mathématiques, de ce que j'en ai vu sur la liste) finit par venir nous ouvrir la porte de notre salle.

- Je vais faire l'appel pour vérifier que personne ne s'est perdu en route, commença-t-elle en sortant ses fiches d'appel agrafées les unes aux autres. Ensuite, vous irez vous asseoir dans l'ordre par lequel je vous appellerai en partant du premier rang, près de la fenêtre. On pourra envisager des changements de place plus tard. Alice Martin ? Alexandre Fazon ?

L'appel se poursuivit et j'échangeai un regard déçu avec Lana : On ne sera pas à côté. Mon prénom arriva ensuite très vite.

- Cassandre Miller ? Edwige Clark ?

Échangeant un dernier coup d'œil avec Lana, j'entrai pour aller me placer près de la fenêtre, derrière ceux qui avaient déjà été appelés.

- Eyden Morgans ?

Je tournai la tête pour voir celui qui serait à côté de moi. C'est là que je sentis mon cœur rater un battement.

- Comme on se retrouve..., commenta le psychopathe du trottoir.

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